Récit du blocage d’un camion transportant le mur de l’ANDRA
Nous publions ici un récit du blocage matinal d’un camion transportant des morceaux de mur de l’ANDRA, mardi 19 juillet entre 8h30 et 10h.
Un camion chargé de morceaux de murs de béton, immatriculé SK, s’arrête dans Bure. Le conducteur est sorti du véhicule avec une feuille où était noté l’adresse du laboratoire de l’ANDRA. Il demandait sa route. Il ne parlait pas bien français. Il a demandé si nous étions des touristes. Des copains se sont approchés pour parler avec lui et certains avec l’intention de monter sur le camion. Comme le chauffeur était dans l’incompréhension de la situation, nous lui avons demandé quelle langue lui parler. Il parlait italien. Une copine lui a donc expliqué en italien notre opposition au projet et que les murs qu’il transportait étaient destinés à la construction du mur autour de la plateforme dans le bois Lejuc. Il a alors exprimé qu’il comprenait qu’on s’oppose au projet et qu’il trouvait ça bien, et que ça ne le dérangeait pas que son camion reste bloqué là pendant trois jours. On lui a proposé de prendre un café, il a souri. Il a cependant demandé à ce qu’on appelle son patron avec son téléphone pour lui expliquer la situation. Personne n’a appelé car dans l’agitation, il ne nous a finalement pas donné son téléphone. Des copains ont commencé à peinturlurer le camion et le chargement ( « Première sommation » a été inscrit sur la cabine).
Un deuxième camion est arrivé et a essayé de dépasser le premier. Le conducteur arrêté a alors demandé pourquoi nous laissions passer son collègue. Nous avons alors arrêté le second camion en pensant qu’il travaillait pour la même entreprise. Un copain a alors aspergé le pare-brise avec de la peinture. Le second camion s’est arrêté un peu plus haut que le premier, en laissant le passage libre aux voitures.
La gendarmerie est arrivée par la route de l’église. Ils étaient quatre, plus le commandant Dubois (responsable principal des opérations sur le projet). Les copains se sont éloignés du camion sauf deux qui se sont fait arrêter. D’un coup environ 70 personnes ont accouru en criant : « Libérez nos camarades !». Un copain arrêté a essayé de s »échapper mais un gendarme lui a couru après et l’a rattrapé. Ils ne voulaient pas les relâcher. Sous la pression des opposant-e-s qui commençaient à entourer les gendarmes, ils ont dû rendre les deux copains. Ensuite, d’autres gendarmes sont arrivés en renfort. Plusieurs fourgons de gendarmes sont arrivés par trois côtés. Ils se sont déployés dans les rues adjacentes. La route principale était dégagée. La tension a monté et pas mal de personnes se sont faites gazer de bon matin.
Un(e) copain(e) est venu(e) prévenir que le second conducteur était vraisemblablement un conducteur indépendant qui travaillait pour une papeterie et que son camion était un camion loué. Nous avons alors pris l’initiative de nettoyer le camion, pensant que celui-ci n’avait pas de liens avec le projet. Un(e) copain(e) a essayé de porter un café au premier conducteur, les flics ont refusés. Il/Elle est allé(e) vers le second conducteur pour lui en proposer.
3 fourgons de gendarmes mobiles sont arrivés et se sont déployés notamment à proximité du campement et des véhicules. Quelque temps plus tard (15-20min), les policiers se sont repliés sous les huées, les chants et les danses des opposants. Sur fond de musique « Alors on danse » de Stromae, les gendarmes s’en sont allés, sous le regard amusé de quelques habitant-e-s du village… « Ce n’est que le début », prédisait l’un d’entre eux, regardant avec satisfaction les gendarmes reculer, lesquels montraient pour la première fois en 20 ans le village de leur sales gueules casquées.