Bure night fever

Récit non objectif d’une virée karaoké à l’orée du Bois Lejuc

 

Vendredi 5 août nous étions quelques’un.es à nous dire qu’un anniversaire d’ami ça se fête, mais pas n’importe où ni n’importe comment. En #étédUrgence ça se fête en lisière du Bois Lejuc !

Sur les chemins qui traversent la lande, un convoi enjaillé et chamarré de plusieurs voitures a pris la direction de la nouvelle et rutilante vigie, depuis la Maison de la Résistance. A la croisée des sentes champêtres et de la triste route qui mène au Bois colonisé et emmuré par l’ANDRA, sous la protection de la bleusaille, un checkpoint militarisé à souhait a temporairement interrompu notre joyeuse équipée. Une quarantaine de gendarmes disposés tout autour de leurs monotones carrosses a tenu a s’assurer que nous ne transportions pas d’armes de dérision massive. À notre insistance, leur n+2 (n-2 du commandant Dubois qui dirige toute la martiale clique), a bien voulu nous laisser lire la réquisition préfectorale les autorisant à fouiller tout véhicule et contrôler toute âme à 10 km à la ronde de 19h à 1h du matin. Rassurés que ce contrôle fortuit au milieu des champs était seulement motivé par la conscience professionnelle et le soucis de prévenir toute conduite sous emprise stupéfiante, nous avons pu poursuivre notre route en laissant derrière nous quelques litres d’essence en consigne.

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Arrivés au pied de la vigie, nous avons installé écran, projecteur, sono, tables, instruments et bonne humeur outrancière devant la gendarmesque décontenancée par tant d’impudeur. Au clair de soleil déclinant, une ecocup de cocktail-vigie à la main, nous avons fait sa fêIMG_3978te à l’excellent repas de notre cantine autogénéreuse. Quelques branchements improvisés plus tard nos voix se sont élevées dans une dysharmonie parfaite pour entonner Piaf, Brassens, merci patron, Aufray et quelques florièges moins avouables du patrimoine de la chanson française. Seule fausse note : contre toute attente, vigiles atteints de sinistrose et gendarmesque intimidée ne se sont pas joints à la fête et sont restés dans leur coin de bois, sous le faisceau livide des projecteurs. Nous remercions toutefois ces derniers d’avoir assuré la technique lumière et le service de sécurité. Et, il faut le reconnaître, sans ces derniers, venus en force (de l’ordre), nous aurions été moitié moins nombreu.ses.

IMG_4144 Bref, un moment riche qui, malgré la fraîcheur du soir, quelques interruptions techniques, s’est prolongé jusqu’à une heure indue, dans la joie et le bon humour (quolibets avinés à moitié pardonnés …).

Comme il se doit, au retour, le checkpoint militarisé de l’aller a tenu à s’assurer que le quota d’éthylotest serait respecté et que nous n’allions pas sillonner les routes la bouche pateuse et l’oeil luisant. Un sens aigu du devoir qu’il faut reconnaître à nos compagnons de routes, qui les pousse à s’attarder au-delà de l’heure de la réquisition pour nous souhaiter une nuit peuplée de rêves bleus. Il faut noter aussi que deux de nos ami.es restés dormir à la vigie ont eu le droit à quelques petits blagues de bon goût des « timides gendarmes »(1) qui ont mis un peu de temps à seIMG_4154 dérider : au cours de la nuit un petit « alors ça s’encule ? » est venu bercer leur sommeil et à l’aube un retentissant concert de « cocorico » a entouré la vigie. Le bon humour est rare de nos jours, nous saluons la force et richesse créative de nos voisins de vigie qui savent maintenir nos relations à un niveau stimulant, malgré les ingratitudes d’une vie frustre dans les bois, avec les (mous)tiques, l’oppression de l’obscurité bruissante de la forêt et la fraîcheur humide des nuits meusiennes.

Allez, sans rancunes, on remet ça la semaine prochaine, avec les foules que le récit de cette folle soirée ne manquera pas de drainer à Bure !

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(1) dixit le maréchal des logis interrogé le lendemain sur le manque d’entrain de ses collègues lors de cette mémorable soirée.