Un réel talent de communication
Non contente de ne pas respecter, une fois de plus, les délais de justice, en faisant une irruption brutale dans le bois ce 23 janvier, avec ses machines et vigiles, l’ANDRA a fait à nouveau la démonstration de son incompétence chronique.
L’été dernier, dans sa précipitation à raccourcir les délais pour les travaux du projet CIGÉO, l’ANDRA avait déjà cru bon s’affranchir de la légalité en défrichant sans autorisation. Une « petite erreur d’appréciation », disait-elle dans son communiqué, après avoir été condamnée en justice à remettre le bois en état sous 6 mois.


Au final, leur travail n’avait pas du tellement plaire à la direction parisienne car ce dernier avait du démissionner très mystérieusement fin août, son départ maquillé en départ en retraite. Nous n’avions alors pas manqué de lui signifier notre regret de le voir partir après quelques années de si bons et laconiques services. En effet, en près de dix années à la direction, il est bien difficile de recenser plus d’une vingtaine de phrases dans ses déclaration à la presse.

Le même M. Torres admettait néanmoins que les « opérations de défrichement réalisées dans le Bois Lejuc auraient du bénéficier d’une autorisation de défricher ». Un surprenant mea culpa pour une entreprise habituée à mentir par omission.
Son bref mandat lui aura tout de même permis de s’illustrer dans une émission de France Inter où les interventions des ami-es du réseau Sortir du Nucléaire avaient achevé de démontrer son incapacité à paraître crédible. Sans rancune Patrick ! Tellement remarquable qu’on ne trouve quasiment plus trace de lui sur un moteur de recherche, quelques mois plus tard.
En septembre l’ANDRA accueille son nouveau directeur, David Mazoyer, un ingénieur des mines et ancien bureaucrate du ministère de l’écologie, en charge de la modernisation. C’était avant de passer en 2013 à la direction des voies navigables de France. On ne doute pas que ce pedigree l’aura doté d’une conscience aigüe des problématiques environnementales.
Mais visiblement ce dernier ne montre pas plus de crédibilité comme communiquant. Après la nouvelle irruption de l’ANDRA dans le Bois Lejuc ce lundi 23 janvier, M. Mazoyer bafouillait ainsi sur France 3 Lorraine: « Je m’explique difficilement effectivement cette réaction, alors que nous sommes toujours dans cette logique de remise en état et de remise en ordre et de nettoiement des éléments de béton qui jonchent le bois et qui sont, je dirais, pas très heureux à bien des égards … de laisser ces éléments tels quels. »

Et lorsqu’après avoir eu la surprise de voir des tractopelles défoncer les travées forestières pour atteindre desi bouts de mur,, nous avons osé dénoncer la violence de l’opération, l’ANDRA s’est fendu d’un tweet de réponse au notre et qui plaidait « juste une opération de remise en état du bois ». Alors à quoi pouvaient donc bien servir les 3 camions de graviers qui suivaient les machines, et pourquoi n’avoir pas choisi d’emprunter la route de remblai créée l’année passée pour amener là ces bouts de mur ? Pourquoi avoir choisi en décembre de nous avertir, lorsque l’ANDRA était venue replanter quelques centaines d’arbres dans le nord de la forêt, et avoir décidé de débarquer aussi brutalement ce lundi sans prévenir ?

Un laboratoire de polyvalence

Prenons M. Emmanuel Hance pour exemple : fils d’une famille d’agriculteurs vosgiens, ingénieur agronome de formation. Bombardé «ingénieur chargé des opérations foncières » ou «responsable opérations extérieures 


Ingénieur à l’ANDRA, c’est parfois aussi planquer des caméras de chasse pour surveiller les routes autour de Bure, en toute illégalité, troller les réseaux sociaux, jouer les voisins vigilants avec les antinucléaires ou jouer les agents immobiliers pour l’ANDRA et ses personnels.
Devant tant de polyvalence, on ne peut que s’inquiéter des opportunités d’emploi que promet l’ANDRA, et dont on ne voit pas trop la couleur au bout de 16 ans d’existence. Un ingénieur de perdu c’est dix emplois qui reviennent. À se demander si le GIP Meuse, qui sert à acheter le silence des municipalités autour contre quelques lampadaires rouges, paye les heures sup que ne doivent pas manquer de cumuler nos amis ingénieurs de l’ANDRA. On les sent parfois fatigués, comme lorsque l’un d’entre eux déclare au JT de France 2 du 29 novembre dernier : «aujourd’hui on sait qu’on pourra avoir des incendies et des accidents au fond et c’est pour cela qu’on étudie toutes les solutions possibles. Cette solution reste la plus sûre.». Une précieuse expertise quand on sait que c’est un accident qui a tué un ouvrier d’Eiffage en janvier 2016 et que c’est un « petit incendie » qui a fait fermer le centre jumeau de CIGÉO, le WIPP, au Nouveau Mexique, durant presque 3 ans. Nous voilà pleinement rassurés, la meilleure solution n’en est pas une mais c’est la meilleure que ces apprentis sorciers aient trouvé.

On peut sans doute évoquer aussi ces vigiles qui durant l’été 2016 ont surgi des bois, équipés comme leurs voisins gendarmes mobiles. Seule fantaisie d’équipement, les manches de pioche en bois ayant servi à molester plusieurs militants pacifistes qui avaient eu le malheur de se trouver sur leur chemin.
Après ce léger dérapage, on aurait pu croire que ces vigiles bossant pour l’entreprise EPR (sic) ne reparaîtraient pas de sitôt. Pourtant, ces derniers occuperont le bois durant un mois, dans des huttes de bois tressées, en bon copinage avec les gendarmes mobiles avant de déserter le terrain à la veille de la destruction du mur, fin août. On retrouve exactement les mêmes, à plusieurs reprises au cours des mois de novembre et décembre, en escorte d’un huissier. Et enfin, pour leur grand retour dans le Bois Lejuc, ce lundi 23 janvier, marchant aux côtés de machines de chantier, sous la houlette du terrible Hance.
Bref, ça nous vous rappelle pas un peu les républiques mafieuses tout ça ? Une poignée de chefetons incompétents mais tout puissants qui dilapident les caisses et règnent en toute impunité sur un territoire ; des légionnaires qui sillonnent les bois à l’arrière de leurs pick-up, sous le regard complice de la gendarmaille. Il ne manque que l’odeur de poudre des kalashnikov et les diamants irradiés pour parfaire ce tableau d’une Meuse nucléarisée.
Le roi est mort, vive l’ANDRA !
J. pour l’automédia de Bure
PS : au moment de la publication de cet article nous apprenons le renvoi de l’audience de jugement de Sven Lindstroem, notre ami occupant du Bois Lejuc, à la demande de l’ANDRA. Rajoutons donc une mention spéciale pour l’excellente équipe juridique de l’ANDRA qui ne manque jamais de nous surprendre par ses choix avisés qui nous laissent toujours de bons espoirs de remporter des victoires là où les dés sont pourtant souvent pipés …
Un petit détournement de notre ami Mazoyer pour la route :
