« non ça va pas »

je voulais écrire un texte perso sur la situation ici et comment je me sens en ce moment à Bure, depuis le 22 février, jour de l’expulsion.J’ai envie d’écrire quelque chose parce que j’ai l’impression que ce qui transparaît de la situation en ce moment sur vmc est super léger par rapport à ce que je vis et peut etre par rapport à ce que d’autre vivent.

La forêt me manque toujours. Je me suis pas remis du fait qu’on ai volé nos vies si facilement et sans que les flics en soient menacés plus que ça. Dans une vidéo où l’on voit une machine détruire nos lieux de vie, quelqu’un.e hurle « vous allez payer pour ça ». Ils n’ont pas payé pour ça. Ils n’ont pas payés non plus pour les deux ami.es qui sont en taule depuis l’expuls’ et la personne qui passe en comparution immédiate qui risque aussi la prison préventive. Et pour la personne qui vient de se manger 8 mois ferme alors qu’il est en taule depuis octobre, arrêté près de la forêt.

Évidemment notre vengeance ne peut pas être à la hauteur de ce qu’il nous font subir.

D’où la frustration et la pensée omniprésente dans ma tête que ce monde est dégueulasse, pourri et qu’il le sera éternellement.

Les flics occupent encore en permanence la place de la mairie devant la maison à bure. Comme d’hab ils patrouillent en permanence sur les routes et les villages alentour.

Ca fait tournure médiatique mais la répression à atteint un niveau sans précédent ici.

Y’a eu plus d’arrestation en 1 mois que dans les deux dernières années précédent l’expulsion.

Y’a eu une quarantaine de vérif’ d’identité
Y’a eu environ 25 garde à vues dont beaucoup on durée 48h

Et de ces GAV, il y a 22 procès.

La machine policière et judiciaire tourne à plein régime.

Difficile de pas se sentir impuissant.e

« La répression renforce notre détermination ». Y’a des moments où je sens que c’est que de la communication est que c’est pas vrai. Mais à d’autre moments je ressens ça comme une évidence. Bien sûr que j’ai plus la rage, que j’ai envie d’aller plus loin. Ça ancre en moi plus profondément des choses que je ressentais déjà. Par rapport aux flics, à la justice à l’etat, à la plupart des choses qui existent.

Je crois qu’on est beaucoup à être fatigué.e.

Je sais pas si ce qui ressort de ce texte c’est qu’il y a besoin de monde, interprétez comme vous le voudrez.

En ce moment quand on me demande banalement si ça va, je répond « non ça va pas ».