L’échéance se rapproche très rapidement et nous sommes à présent plus d’une vingtaine à nous activer sur le chantier du futur campement VMC et tout autant pour celui des Ami-e-s de la revue Silence. Des barnums, dômes, abris, douches, tentes font peu à peu leur apparition un peu partout.
Un échaffaudage s’est érigé au long du bâtiment principal en vue d’y fixer une gouttière, tandis que nous avons reçu le bois destiné à construire une mezzanine à l’intérieur. Le gros oeuvre débute ce jeudi et devrait s’achever en début de semaine prochaine. Nous pourrons ainsi héberger le centre automédia sous la charpente et laisser l’espace au sol disponible pour un grand infokiosque.
Depuis lundi soir nous avons eu la surprise de voir s’installer une ZAPP, une zone à protéger par la paix, devant les grilles de l’ANDRA. Le groupe de musique des Bure-Haleurs a planté sa tente sur les pelouses qui bordent l’entrée principale du centre d’enfouissement. Des banderoles ont recouvert les buissons devant le centre tandis que des messages tracés à la craie recouvrent les routes d’accès. Hier soir un concert improvisé a réuni autour du groupe les Ami-e-s de Silence et un certain nombre d’ami-e-s venus nous aider sur le chantier. Un grand moment surréaliste, entre les enfants qui font des percussions sur les grilles de l’ANDRA, une farandole endiablée qui a défilé devant les gendarmes et vigiles, des pistolets à eau qui les arrosent et ces derniers, sidérés, qui filment avec leurs téléphones portables [1] . Dans un premier temps les autorités alertées avaient mobilisé avant-hier plusieurs véhicules de gendarmerie et des rochers ont été déposés tout au long de la pelouse pour y dissuader l’extension de la ZAPP. Mais en fin de compte, hier soir, les deux derniers gendarmes, rassurés sur l’absence de risques terroristes ont quitté le terrain et l’ont abandonné au public du concert.
Ce matin, réveil au son des cloches médiatiques : les journalistes en mal de sensationnalisme ont décrété une ZAD dans la Meuse, France Inter y voit « un nouveau Sivens », France Info le futur « épicentre de la lutte anticapitaliste ». Le tout assaisonné dans une soupe confuse au possible : on y apprend que trois camps s’installent début août (source : un article sur démosphère Alpes de Hautes-Provence), on y rajoute une citation du député Denis Baupin et une petite chanson des Bure-Haleurs. Bref, la mauvaise presse a encore de beaux jours devant elle.
Côté flics, ça tourne sur les routes, un peu d’hélico dans l’air mardi soir et des voitures qui se relaient devant l’ANDRA pour surveiller la ZAPP. On a eu le droit à une petite visite sur le terrain d’un duo de gendarmes qui nous demandaient de veiller à la bonne circulation des agriculteurs sur la route devant notre campement. Si ce n’est que ça qui les inquiète, pas de soucis, nous entretiendrons une relation courtoise avec les moissonneuses. Nous avons tout de même signifié aux gendarmes, surpris de ne pas se voir accueillis chaleureusement, que le terrain était privé et qu’on ne tenait pas à particulièrement à leur visite. Pourtant nous ne sommes pas les seuls à ne pas apprécier leur ballet incessant dans les villages : plusieurs habitants s’en sont plaints et se sentent intimidés délibérément par la bleusaille. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu la préfecture que trop de policiers visibles ça fait mauvaise impression et ne contribue pas à dorer le blason de la maréchaussée. D’autant que ça n’empêche pas des panneaux de signalisation de militer sur les routes …
Pour ce qui nous concerne, en revanche, nous avons poursuivi notre porte à porte dans les villages des environs et nous avons, à quelques rares exceptions près, accueillis avec bienveillance et curiosité. Il faut dire que nous nous comportons plus courtoisement que M. Hance qui, d’après des témoignages concordants (y compris au sein de l’ANDRA) a un caractère peu avenant. Menacer nos pacifiques ami-e-s de la ZAPP d’évacuation ou les habitants alentour d’expropriation quand ils ne veulent pas vendre ça ne doit pas être un boulot facile, il faut dire … [2]. Mais nous saluons néanmoins les efforts louables de l’ANDRA pour se faire bien voir auprès des corrompus, de ceux qui ne veulent rien voir et rien entendre, par des campagnes publicitaires d’un sens humoristique indéniable. Les autres savent à quoi s’en tenir depuis 15 ans.
[1] le ministère va encore devoir se fendre d’une note sur le devoir de réserve sur les réseaux sociaux
[2] avant de nous honnir et nous menacer à notre tour, nous conseillons à ce monsieur de se renseigner sur l’effet Streisand (du nom de la chanteuse).