Archive annuelles: 2016

Les murs tombent dans le Bois Lejuc !

Les murs tombent dans le Bois Lejuc !

Aujourd’hui, près de 500 personnes, jeunes, moins jeunes, militant-e-s de tous les horizons, habitant-e-s, agriculteurs, ont réinvesti le Bois Lejuc et procédé à sa remise en état dans une atmosphère festive et déterminée. Plusieurs centaines de mètres de pans de mur illégalement érigés ont été abattus, d’autres redécorés, des arbrisseaux plantés. Quelques plants de légumes plantés lors de l’occupation de la forêt du 19 juin au 7 juillet, rescapés de la reprise de la forêt par l’Andra, ont même été repiqués.

deco190Militant-e-s récemment mobilisé-e-s et opposant-e-s de la première heure se sont retrouvé-e-s à l’ombre des arbres libérés pour pique-niquer et refaire le monde sur les ruines du mur. Avec la chute de ce mur, ce n’est pas seulement un symbole de la violence et du passage en force de l’Andra qui est tombé ; c’est aussi la chape de plomb de la fatalité et de la résignation qui s’est fissurée.

down2Cette fronde populaire est une saine et légitime défense face au rouleau compresseur de l’Andra, prête à tout pour imposer CIGÉO (emploi de vigiles surarmés, mépris des lois, mépris des décisions de justice). Les centaines de personnes arrivées dans le bois ont pu constater l’ampleur des dégâts infligés à la forêt : coupes dans des futaies de jeunes arbres, nouvelles et larges saignées dans les taillis… Certains indices laissent d’ailleurs penser que l’Andra a poursuivi ce défrichement illégal même après la décision de justice du 1er août. Nous attendons avec impatience les échéances juridiques à venir.

deco152Face à l’étendue des dégâts et la mauvaise foi de l’Andra, il nous semble plus qu’essentiel de continuer à défendre la forêt dans les jours et semaines à venir !

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La Meuse : ses vaches, ses éoliennes, ses flics.

Témoignages et perspectives sur l’occupation policière du Sud-Meuse.

L’état d’urgence en milieu rural

Ne pas lutter, c’est laisser s’approfondir et pourrir en soi le sentiment d’impuissance, l’impression toujours vérifiée de n’avoir prise sur rien. C’est en partie pourquoi nous ne cessons de nous battre : pour conjurer l’impuissance, pour construire peu à peu les conditions d’un agir commun – ou tout simplement de la joie. Mais voilà, face à ça, il y a les flics. Encore et toujours, avec une obstination déconcertante, l’équipe des bleus vient boucher nos horizons, gâcher nos pistes de danse et d’action. On finissait presque par s’habituer aux cages des manif’ urbaines, mais ces dernières semaines, c’est bien dans les profondeurs du sud-Meuse, dans l’un des départements les plus désertifiés de France, que l’État policier (et d’urgence) dessine l’un de ses visages hideux, crispé, obstiné, omniprésent, et foutrement flasque en même temps. Pour y voir un peu plus clair, nous voudrions parcourir ces dernières semaines à peu près chronologiquement, en tentant d’identifier les différentes stratégies mises en œuvre pour mater la révolte. Quelles leçons peut-on en tirer sur les évolutions du maintien de l’ordre social et politique ? Quelles pistes pour le déjouer ?

Rendre le territoire à son usage prescrit.

Le pouvoir ne peut se permettre de laisser des groupes s’opposer concrètement à l’aménagement capitaliste du territoire. En occupant le bois Lejuc, nous bloquions la totalité des travaux qui y étaient prévus ; nous avions le champ libre pour saboter ce qu’il y restait de matériel et de clôtures ; nous établissions progressivement un point de ralliement aux énergies combatives et aux espoirs renaissants. De plus, l’habitation permanente du territoire contesté concurrençait gravement la Police quant à sa prérogative majeure : elle seule doit pouvoir tenir durablement des positions. De tout cela donc, il ne pouvait être question plus longtemps. Légitimé par la « justice », le pouvoir nucléocrate/policier pouvait alors user des techniques classiques : engager l’expulsion du bois au moyen d’un dispositif militaro-policier écrasant (200 GM contre une vingtaine d’occupant-e-s) qui permette des affrontements courts et réduise ainsi les possibilités de blessés visibles. Ils ont compris que cela risquait d’augmenter le coût médiatico-politique des expulsions. À noter : les flics sont également passés en nombre par les bois, acceptant ainsi de s’éloigner de leurs véhicules, pour prendre les occupant-e-s sur les côtés et les empêcher de tenir un affrontement en face-à-face.

A présent que le bois est rendu à son destin prescrit de destruction, il s’agit pour eux de tenir la position.

Le partenariat public-privé dans la gestion de la violence.

Moins de dix jours après l’expulsion, nous nous lançons à la reconquête du bois. De ce qu’on peut alors comprendre de la stratégie de l’ennemi : tenir l’entrée principale du bois (par la route) qui mène au cœur du bois que nous avions habité et qui sert à présent de plaque tournante pour les machines de chantier et les flics. Sur ce point, ils ont réussi puisque nous ne sommes parvenu-es qu’à contourner leurs positions et à occuper des parcelles du bois plus au nord. Apparemment, l’idée des flics était qu’au cas où des petits groupes de militant-e-s pénétraient dans le bois, il valait mieux lâcher les chiens que risquer de désorganiser les positions gendarmesques. Les milices privées engagées par l’ANDRA prenaient alors le relais pour pourchasser les militant-e-s, les intimider, les effrayer ou les tabasser. Même une fois des parcelles du bois réoccupées, des groupes de vigiles très bien équipés et bien formés s’affrontaient avec des dizaines d’occupant-e-s. Leurs charges étaient plus rapides et plus violentes que celles des flics, n’hésitant pas à aller au corps-à-corps et à frapper. Leur offensivité et leur imprévisibilité les rendaient plus difficiles à combattre que des lignes de flics classiques.

mercenaires

L’utilisation de ces milices par les forces publiques pour à la fois tenir des positions (protéger le chantier) et attaquer les militant-e-s nous paraît assez inédite dans les dernières années. À Sivens, les milices FN(SEA) qui se liaient à la gendarmerie et aux élus locaux étaient assez offensives mais restaient bien moins équipées, bien moins militarisées et entraînées que les milices de l’ANDRA qui semblent se recruter dans les écoles militaires ou chez d’anciens légionnaires. Leur rôle était essentiellement un rôle de pression médiatique, de blocage logistique et d’intimidation, en lien avec des élus et des syndicats, tandis que les milices de l’ANDRA jouaient un rôle à part entière dans le maintien de l’ordre policier. Contrairement aux groupes d’exploitants anti-zadistes à Sivens, nous n’avons pas affaire à un laissez-faire encourageant de la part des gendarmes, mais bien à une inclusion forte dans les stratégies de répression politique. À noter : juste après que des mercenaires ont été filmés par un média mainstream en train d’étrangler une copine, les GM sont arrivés pour les engueuler et les éloigner : il s’agit donc toujours de préserver publiquement le rôle d’impartialité, la place d’arbitre de l’État et, bien sûr, son monopole de la violence.

Le capitalisme néolibéral n’est absolument pas qu’une affaire économique. Il ne s’agit pas non plus d’un « retrait de l’État » comme beaucoup le croient. Le néolibéralisme, c’est le redéploiement de l’État à travers de nouveaux dispositifs, de nouveaux outils de répression, de surveillance et de contrôle. Tout comme les forces de l’ordre et les tribunaux servent de relais aux intérêts capitalistes, les milices privées peuvent servir de relais plus ou moins momentanés au maintien de l’ordre étatique. L’alliance de l’État aux forces capitalistes ne date pas d’hier, mais prend aujourd’hui des formes et des ramifications spécifiques que nous avons besoin de comprendre.

Sur la sous-traitance privée de la violence d’État

À Sivens (ou Roybon) :

https://blogs.mediapart.fr/laurent-cougnoux/blog/210415/derives-fascistes-la-fnsea

https://reporterre.net/A-Sivens-les-milices-de-la-FDSEA

https://reporterre.net/A-Sivens-Hollande-se-sert-des

https://www.youtube.com/watch?v=jGWOtZKY4mw

Occupation permanente et omniprésente du territoire.

Après notre retrait du bois (aux alentours du 18-19 juillet), les flics et les mercenaires vont s’efforcer de protéger les travaux ainsi que les flux de camions qui convergent vers le chantier. Nous faisons des vigies pour évaluer et prévoir ces flux, nous bloquons des routes ou des sorties d’entreprises sous-traitantes, nous sabotons des machines. Un mur d’enceinte de 3.8km de long commence à être construit (jour et nuit) pour permettre le défrichement tout aussi illégal. À ce moment-là, les mercenaires vont jouer un rôle bien moindre (notamment après le petit scandale médiatique qui a tout de même mené à la démission du directeur adjoint) : ils restent globalement dans le bois. En revanche, les gendarmes de la région et les Gendarmes mobiles ne vont pas du tout s’arrêter là.

Depuis plusieurs semaines maintenant, ils organisent un quadrillage hallucinant du sud-Meuse, en concentrant leurs efforts autour de Bure, Mandres, Luméville et Saudron. Puisqu’ils ne peuvent plus nous expulser directement du territoire (la Maison de la résistance et l’ancienne gare de Luméville étant des propriétés privées), leur stratégie va consister à intensifier jusqu’à la lie les contrôles des piétons, vélo et voitures, les fouilles, la surveillance par hélicoptère (et « l’avion de tourisme » de l’ANDRA), les barrages surprise, les filatures, le fichage systématique, les intimidations diverses, les humiliations, les coups de pression… Cela concerne en priorité les militant-e-s et les habitant-e-s du coin opposés à CIGEO, même si cela finit par toucher à peu près tout le monde, des paysans qui partent travailler aux personnes âgées qui veulent rendre visite à leurs enfants, en passant par des jeunes de 15 ans. L’un des habitants a compté pas moins de 36 contrôles à son encontre en quelques semaines, et souvent plusieurs fois par jour. Il ne s’agit évidemment pas que d’un manque de coordination entre les services, mais d’une stratégie délibérée de harcèlement visant à décourager toute velléité de révolte, à vous exposer comme un élément à mater et comme un animal traqué. En un mot : à vous réduire à l’impuissance. Presque à chaque fois que nous sortons de la Maison ou de la Gare, par exemple pour aller chercher des courgettes, une voiture de gendarme nous suit. Dès que nous montrons le bout de notre nez, un appareil photo est là braqué sur nous, quand ce n’est pas une caméra. Des patrouilles mobiles tournent autour de nos lieux de vie tous les quarts d’heure en moyenne. Un flic s’amusent à te regarder aux jumelles à cinq mètres de distance en rigolant avec son collègue. Un autre se poste à vingt mètres de la Maison en faisant des aller-retour entre nous et son trombinoscope.

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Les réactions des copains et copines face à ces opérations d’occupation massive du territoire sont diverses. Certain-e-s finissent par s’en moquer, certain-e-s développent une haine toujours croissante, d’autres encore se sentent résigné-e-s et d’autres enfin ont parfois envie de disparaître. Car nous ne parlons pas là d’un espionnage discret de services de renseignement, mais bien d’une surveillance tout à fait visible, qui cherche précisément son efficacité dans son caractère omniprésent et systématique. On ne compte plus les petites phrases du commandant Dubois. À une militante masquée : « Vous, je vous connais, je reconnais votre voix », ou lors d’un contrôle de voiture : « Non, pas besoin, on a déjà tout ce qu’il faut sur lui ». Encore une fois, l’objectif n’est donc pas seulement d’obtenir des renseignements précis sur chaque personne, sur chaque déplacement, sur chaque soutien, pour remplir des fiches S ou autre. L’objectif est de signifier à celleux qui se battent : vous n’avez aucune chance, nous sommes partout, nous savons qui vous êtes, où vous habitez, quels sont vos amitiés, etc.

Il s’agit aussi de désarmer les révoltes contre ces contrôles eux-mêmes. Les gendarmes ou GM ont pris l’habitude de nier le fait qu’ils nous observent constamment (par exemple qu’ils regardent aux jumelles une copine qui sort de la douche), ou bien de renvoyer le problème sur d’autres services ou d’autres brigades. Il y a dans ces dispositifs quelque chose de terriblement pervers qui empêche la colère de s’extérioriser : exposer la surveillance tout en la niant lorsque le surveillé y rechigne. L’humiliation tient aussi à cela, être réduit à un objet d’observation sans pouvoir crever les yeux de ceux qui nous observent. Face à la surveillance et aux contrôles individualisants, il est bien plus difficile de trouver sa cible, d’exprimer sa révolte. C’est bien leur but : nous affronter séparément, nous isoler, n’assumer le conflit que dans les situations où nous sommes seul-e-s. Il s’agit bien sûr aussi de nous isoler du reste de la population, de nous figurer comme des individus tellement dangereux qu’ils nécessiteraient un tel dispositif.

Il y a dans ce déploiement massif quelque chose de profondément délirant et absurde. Il faut s’imaginer concrètement des contrées désertifiées où plus de la moitié des véhicules qui circulent à présent sont des véhicules de flics (voitures, jeeps militaires, fourgons…). Il faut s’imaginer des cordons de GMs le long d’un champ, il faut s’imaginer trois voitures de gendarmes qui viennent bloquer une personne seule dans sa voiture, voire une personne âgée seule qui marche sur la route. Plusieurs habitants nous ont confié qu’un tel climat réveillait en eux le souvenir de la guerre et de l’Occupation. Il faut s’imaginer l’uniforme presque partout, le bruit quasi-quotidien de l’hélicoptère (et des avions de chasse de Saint-Dizier). Un tel tableau ne provoque pas forcément de l’horreur. Chez beaucoup d’entre nous, il provoque un extraordinaire sentiment d’absurdité. Tant de flics parachutés là, dont la quasi-totalité ignorent ce pour quoi ils ont été envoyés ici (à savoir : protéger un chantier illégal). Il faut imaginer l’absurdité d’une patrouille de flics, gilets par balles et mitraillettes à la main, avec dans les parages pas plus de trois militants déguisés et de dix vaches somnolentes.

Comment déjouer l’état d’urgence rural ?

Cette question attend bien plus de réponses que les quelques pistes que nous lançons ici.

On peut les ignorer, se foutre de leur gueule, les baratiner, refuser des injonctions, des contrôles ou des amendes… Mais bien sûr ce sont là des réactions individuelles et qui peuvent laisser sur le carreau des personnes plus affectées par ce harcèlement. Une stratégie de résistance générale et collective peut consister à se rendre indiscernables. Si nous sommes identifiés en tant qu’individus, au moins les tactiques et les rôles que nous jouons doivent-ils les dérouter, se transformer au gré des circonstances, des rapports de force, de la présence médiatique ou de nos caprices. Émeutier d’un champ un jour, citoyen légaliste qui demande des comptes le lendemain, danseur fou le surlendemain. Cette stratégie est d’autant plus importante que l’objectif du dispositif policier est aussi de nous présenter sous un seul visage aux populations alentours.

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Nous pouvons également retourner cette surveillance contre les flics, même si c’est aussi risqué. Il y a quelques jours nous avons construit une tour de vigie de quelques mètres de haut (sur la propriété d’un paysan allié), à une quinzaine de mètres de l’entrée du bois. Sans conteste cette action les a bien embêté, même s’ils ont depuis décuplé les contrôles entre cette vigie et nos lieux pour nous décourager de s’y rendre. Il y a quoi qu’il en soit quelque chose que les flics ne comprendront peut-être jamais : NOUS NE CÉDERONS JAMAIS.

A l’équipe des bleus nous disons aujourd’hui : profitez bien de notre petit nombre et de notre fatigue relative. Bientôt, des vagues de révolte submergeront vos bagnoles, vos sourires de cow-boy et vos murs de honte.

À demain.

* Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs, agence responsable du projet CIGEO, projet d’enfouissements des déchets les plus radioactifs dans des centaines de km de galeries à 500m sous terre.

* Dubois est le commandant de gendarmerie qui gère sur le terrain ces opérations de répression politique.

Fil info du 8 au 14 août

Vendredi 11 août

Aujourd’hui, rendez-vous 16 h à la Maison de Bure pour aller construire une nouvelle vigie dans un nouvel endroit pour surveiller les travaux illégaux de l’Andra !

À partir de 21h, repas partagé et concert à la gare !

Jeudi 10 août

Surprise aujourd’hui : nous apprenons que l’arrêté du maire de Mandres prétendant « régulariser » les travaux vient d’être retiré par le préfet : le maire n’était pas compétent pour produire un tel acte !

Cependant, le préfet nous aurait apparemment pondu son propre arrêté, qu’on refuse cependant de nous montrer car il n’aurait pas vocation à être publié (acte fantôme ou irrégularité du côté de la préfecture ?). Qu’importe : en l’absence de texte rendu public, l’Andra ne peut pas se prévaloir d’une régularisation de ses travaux !

En revanche, la préfecture a bien voulu publier quelques petits actes préparés spécialement pour ce week-end, qui interdisent notamment sur le territoire de Bure et Mandres l’utilisation de bouteilles en verre, les feux d’artifices, la consommation d’alcool sur la voie publique, etc.

À la gare, les gens continuent d’arriver, près d’une centaine maintenant. On bricole, on scie, on discute, on se retrouve…

Mercredi 10 août

Rendez-vous à 9h30 pour une réunion logistique et de vie collective au terrain de la Gare de Luméville.

Rendez-vous à 16h devant l’ANDRA pour un pot de départ en retraite anticipée du Directeur adjoint de l’ANDRA et Directeur du site de Bure, Jean-Paul Baillet. Petits fours et champagne au rendez-vous…

Retour sur le pot de départ de Jean-Paul Baillet

Ambiance détendue pour le pot de départ de notre amis Jean-Polo. Dans un premier temps, la pluie fait son entrée puis la musique se met à résonner. Comme dit l’adage, départ pluvieux, départ heureux. A la fin de l’averse, on installe les tables qui vont accueillir les petits fours et les cadeaux pour célébrer la fin des annuités de Mônsieur Baillet. Au final, y’avait plus d’invités que prévu, sont tous venus déguisés en bleu les cons!!! Au moins, ils ont pu assister au discours d’adieu émouvant rédigé par les plus proches collègues de l’intéressé. Il a ensuite été rappelé les minimisation qui ont été déclarées suite à la mort en janvier d’un ouvrier. S’en suit un diaporama comme tout bon départ qui se respecte. La boom reprend, les renforts arrivent de l’intérieur des grilles: ce sont les gorilles qui sortent. On s’approche de l’entrée, on cotillone, on re-décore, on fait la chenille et puis on chante Baillet ciao, ciao, ciao. Après, ce sont les collectifs des femmes à trois seins, irradiées de Kukushima qui prennent la parole. Gertrude de la Duboissinière et son amie gallicisme dans le 16e qui s’expriment tour à tour sur leurs tourments depuis leur exposition aux radiations. Elles souffrent du regard des gens qui se posent trop souvent sur cette partie de leur poitrine. Soudain le dispositif décide de casser la décor et de nous pousser sous prétexte de laisser sortir les employés. Soit, une fois qu’ils sont bien rangés, ils prennent volontiers a pose pour les portraits. C’est qu’on commence à se reconnaître à force de se retrouver dans les mêmes soirées. Ce soir à la gare, par contre, c’est soirée privée. Joyeux départ en retraite quand même et bienvenue l’amie Therez.

 

Mardi 9 août

À l’ordre du jour, chantiers à la gare (point accueil, tables, signalétique dans et autour du terrain, château d’eau, raccordement eau, etc.), une réunion de préparation du pot de départ de Jean-Paul Baillet et une grande réunion plénière à la Gare en soirée.

1020160809_113147h : ce matin une partie des patates semées à l’automne, dans un champ racheté par l’ANDRA pour y faire passer une future voie ferrée d’acheminement de déchets nucléaires, ont été récoltées. Bien que petites, elles promettent une belle session frites pour tout le monde. Opération #fritonslAndra imminente…

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13h : lors d’un tractage à destination des habitant.es dans le village de Mandres, un ami qui salue de la main les gendarmes à leur millionième passage de la journée se fait contrôler par eux. Une dialogue de sourd s’engage entre mauvaise foi et a priori sur ce que nous sommes et défendons. On a le droit pour la énième fois à la caricature de l’écologiste pas cohérent parce qu’il utilise sa voiture et fume des cigarettes qui produisent des gaz à effet de serre. Bref, encore un grand moment de paternalisme condescendant…

19h : un véhicule ami est contrôlé, papiers demandés. La réquisition autorisant le contrôle des passagers est demandée, une voiture de gendarmerie est mobilisée spécifiquement pour l’amener. Durant ce temps, des renforts arrivent d’une autre voiture. La réquisition enfin arrivée, elle s’échappe malencontreusement des mains d’un ami, les gendarmes s’énervent et veulent contrôler tout le monde. En vain : refusant le contrôle, tout le monde s’éloigne à pieds, les gendarmes renoncent.

Soirée : réunion avec une cinquantaine de personnes, dont plusieurs habitant.es des villages voisins. On précise le programme des 5 jours à venir : mercredi pot de départ de Jean-Paul Baillet, jeudi réunion des différentes composantes de la lutte et préparation des promenades du samedi, vendredi concert en pied de vigie, samedi présentations des enjeux de la lutte locale et promenade de découverte des environs, dimanche manifestation !

Lundi 8 août

Midi : du monde commence à arriver un peu du côté de la gare et de la maison. Des renforts bienvenue pour les innombrables tâches logistiques qui nous attendent avant ces deux semaines de campement-chantiers-actions.

Aprèm : du côté de la gare cuisine collective, atelier, toilettes sèches et coin vaisselle sont déjà en place

On appretape_amicale_dubois2nd que le commandant Dubois a « averti » l’agriculteur qui nous prête généreusement quelques mètres carrés de son champ pour la vigie que si une quelconque action de ce week-end, entraînant des troubles à l’ordre public, partait de la vigie vers le mur, il en serait tenu responsable, pourrait se voir confisquer son champ et être entendu mardi dans le cadre d’une enquête judiciaire.

Nous sommes allés trouver le commandant à l’orée Dubois afin qu’il précise ses sources d’information concernant les troubles à l’ordre public de ce week-end. Nous lui avons par ailleurs rappelé qu’un champ de blé est plutôt ouvert, qu’il arrive que des gens y passent donc à pied, quelles que soient leurs intentions, et qu’on ne peut donc pas en tenir responsable le propriétaire, sauf à exiger de tous les paysans qu’ils clôturent leurs champs d’un mur de 3km, embauchent des vigiles pour y patrouiller et le fassent protéger par une brigade de gendarmes mobiles.

L’occasion aussi de réévoquer les intimidations et contrôles incessants que subissent certains riverains, particulièrement celles et ceux qui sont un peu trop proches de nous.

Soirée : réunion logistique avec la douzaine de personnes nouvellement arrivées aujourd’hui, on retrouve peu à peu le fourmillement qu’on a connu durant tout le mois de juillet.

 

Bure night fever

Récit non objectif d’une virée karaoké à l’orée du Bois Lejuc

 

Vendredi 5 août nous étions quelques’un.es à nous dire qu’un anniversaire d’ami ça se fête, mais pas n’importe où ni n’importe comment. En #étédUrgence ça se fête en lisière du Bois Lejuc !

Sur les chemins qui traversent la lande, un convoi enjaillé et chamarré de plusieurs voitures a pris la direction de la nouvelle et rutilante vigie, depuis la Maison de la Résistance. A la croisée des sentes champêtres et de la triste route qui mène au Bois colonisé et emmuré par l’ANDRA, sous la protection de la bleusaille, un checkpoint militarisé à souhait a temporairement interrompu notre joyeuse équipée. Une quarantaine de gendarmes disposés tout autour de leurs monotones carrosses a tenu a s’assurer que nous ne transportions pas d’armes de dérision massive. À notre insistance, leur n+2 (n-2 du commandant Dubois qui dirige toute la martiale clique), a bien voulu nous laisser lire la réquisition préfectorale les autorisant à fouiller tout véhicule et contrôler toute âme à 10 km à la ronde de 19h à 1h du matin. Rassurés que ce contrôle fortuit au milieu des champs était seulement motivé par la conscience professionnelle et le soucis de prévenir toute conduite sous emprise stupéfiante, nous avons pu poursuivre notre route en laissant derrière nous quelques litres d’essence en consigne.

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Arrivés au pied de la vigie, nous avons installé écran, projecteur, sono, tables, instruments et bonne humeur outrancière devant la gendarmesque décontenancée par tant d’impudeur. Au clair de soleil déclinant, une ecocup de cocktail-vigie à la main, nous avons fait sa fêIMG_3978te à l’excellent repas de notre cantine autogénéreuse. Quelques branchements improvisés plus tard nos voix se sont élevées dans une dysharmonie parfaite pour entonner Piaf, Brassens, merci patron, Aufray et quelques florièges moins avouables du patrimoine de la chanson française. Seule fausse note : contre toute attente, vigiles atteints de sinistrose et gendarmesque intimidée ne se sont pas joints à la fête et sont restés dans leur coin de bois, sous le faisceau livide des projecteurs. Nous remercions toutefois ces derniers d’avoir assuré la technique lumière et le service de sécurité. Et, il faut le reconnaître, sans ces derniers, venus en force (de l’ordre), nous aurions été moitié moins nombreu.ses.

IMG_4144 Bref, un moment riche qui, malgré la fraîcheur du soir, quelques interruptions techniques, s’est prolongé jusqu’à une heure indue, dans la joie et le bon humour (quolibets avinés à moitié pardonnés …).

Comme il se doit, au retour, le checkpoint militarisé de l’aller a tenu à s’assurer que le quota d’éthylotest serait respecté et que nous n’allions pas sillonner les routes la bouche pateuse et l’oeil luisant. Un sens aigu du devoir qu’il faut reconnaître à nos compagnons de routes, qui les pousse à s’attarder au-delà de l’heure de la réquisition pour nous souhaiter une nuit peuplée de rêves bleus. Il faut noter aussi que deux de nos ami.es restés dormir à la vigie ont eu le droit à quelques petits blagues de bon goût des « timides gendarmes »(1) qui ont mis un peu de temps à seIMG_4154 dérider : au cours de la nuit un petit « alors ça s’encule ? » est venu bercer leur sommeil et à l’aube un retentissant concert de « cocorico » a entouré la vigie. Le bon humour est rare de nos jours, nous saluons la force et richesse créative de nos voisins de vigie qui savent maintenir nos relations à un niveau stimulant, malgré les ingratitudes d’une vie frustre dans les bois, avec les (mous)tiques, l’oppression de l’obscurité bruissante de la forêt et la fraîcheur humide des nuits meusiennes.

Allez, sans rancunes, on remet ça la semaine prochaine, avec les foules que le récit de cette folle soirée ne manquera pas de drainer à Bure !

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(1) dixit le maréchal des logis interrogé le lendemain sur le manque d’entrain de ses collègues lors de cette mémorable soirée. 

 

Le week-end du 12 au 15 août, remettons la forêt de Mandres en état !

Le 13/14/15 août, remettons la forêt de Mandres en état !

Panneau_chantierLundi 1er août, l’ANDRA a été condamnée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc à interrompre ses travaux de défrichement illégaux. Ce que nous répétons depuis des mois a été confirmé par la justice, et l’agence doit maintenant « remettre en état » le saccage qu’elle a perpétré dans le bois Lejuc pour commencer les travaux préparatoires à CIGEO. C’est la première fois en 20 ans que l’agence est condamnée par les tribunaux : toutefois, nous savons que les barricades juridiques sont précaires et ne suffisent pas face à l’ANDRA et la mafia nucléaire. Dès le lendemain, dans la forêt, comme si de rien n’était, des camions acheminaient du matériel, des dizaines de gendarmes étaient toujours en faction, et les vigiles continuaient de rôder autour du chantier illégal. Condamnation ou pas, la partie est loin d’être gagnée.

Si cette petite victoire nous galvanise, nous ne nous reposons pas sur ces fragiles lauriers. Sur le terrain, même si nous sommes peu nombreux-euses, la mobilisation ne faiblit pas : le 3 août une grande cabane-vigie a été construite sur un champ face à la forêt pour surveiller les travaux, de multiples actions de blocages ont eu lieu, un pot de départ du directeur adjoint démissionnaire l’ANDRA Jean-Paul Baillet s’organise pour le 10 août, de nouveaux recours sont lancés pour contester d’autres aspects des travaux et ne pas lâcher l’agence d’une semelle. Des dizaines de personnes continuent de passer pour quelques jours, tandis que d’autres s’installent pour plus longtemps. Nous sommes, plus que jamais, déterminé-e-s et appelons donc toujours avec force à une convergence massive le long week-end du 12/13/14/15 août pour enfouir l’ANDRA, ses travaux et son rêve de poubelle sous une irréversible marée humaine !

Dans la foulée de la manif’ d’occupation du 19 juin et de la réoccupation temporaire du 16 & 17 juillet, ce troisième week-end de résistance est particulièrement nécessaire : l’ANDRA ne va sans doute pas interrompre ses travaux toute seule, alors soyons sympa, aidons-la !

On commence dès vendredi 12 août au soir avec un grand concert, puis le samedi 13 août, plusieurs balades se dirigeront vers la forêt, ses chemins et ses vallées pour repérer la zone, constater l’avancée des travaux, observer la faune et la flore… Dimanche 14 août, à partir de 11h, au départ du village de Mandres-en-Barrois, une grande manifestation convergera vers le bois pour commencer sans plus attendre la « remise en état » imposée à l’ANDRA : ramenez des arbrisseaux, pelles, pioches, peinture, cordages, outils en tout genre et tout ce que vous jugerez bon pour réhabiliter le site ! Et il y a du boulot ! Des dizaines de tonnes de gravats à déplacer, un mur de la honte d’1 km à démonter, 7 ha de défrichements illégaux à reboiser : il s’agit de se retrousser les manches ! Montrons aux nucléocrates que la « participation du territoire » à leur projet, comme ils aiment à s’en gargariser, est exemplaire lorsqu’il s’agit de le faire disparaître !

Enfin pour inscrire ce week-end dans le long-terme, lundi 15 août se tiendra un grand temps de discussion autour des perspectives de la lutte contre la poubelle nucléaire ici et ailleurs : comment continuer la lutte partout où on est, créer des comités de soutien, etc !

Continuons de maintenir la pression sur l’ANDRA et retrouvons nous nombreux-euses à Bure le 13/14/15 août !

Et la forêt elle est à qui ? Elle est à nous !

Contact : sauvonslaforet@riseup.net / 07 58 65 48 89 (telephone media)

Programme du week-end (et du 8 au 19 août inclus) est disponible ici.

Infos : vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org

Et tout au long du 8 au 19 août un grand campement autogéré se tiendra à l’ancienne gare de Luméville pour accueillir toutes celles et ceux qui veulent s’opposer au projet de poubelle nucléaire, construire ensemble, partager des savoir-faire, organiser des actions, et continuer d’enraciner la lutte sur le long-terme ! Venez y nombreux-euses !

10 août : organisons le pot de départ de M. Baillet !

meuse-manifester-oui-detruire-non-estime-jean-paul-baillet-directeur-general-adjoint-de-l-andra-et-directeur-du-centre-de-bure-1469052533Après des années de bons et loyaux services en tant que directeur adjoint de l’ANDRA et directeur du site Meuse-Haute Marne, nous apprenons avec regret que M. Jean-Paul Baillet nous quitte en septembre pour d’autres horizons irradieux. Nous avons décidé d’organiser son pot de départ mercredi 10 août à 16h.

Jean-Paul Baillet déserte. Pourtant, cet homme nous assurait encore il y a peu de la sûreté du projet CIGEO, allant jusqu’à dire que « s’il n’en était pas persuadé, il ne serait pas resté à l’ANDRA ». Nous espérons donc que ce départ soudain, qui nous a tous énormément surpris, n’est pas dicté par l’intégrité incontestable de M. Baillet, et une brutale prise de conscience d’un intolérable défaut de sécurité du projet.
Il faut dire que rien n’aura été épargné à Jean-Paul cette année, entre le décès d’un ouvrier d’Eiffage en janvier, qui est allé malencontreusement s’ensevelir dans l’argile des tunnels creusés sous le laboratoire, et le zèle de vigiles qui ont du rudoyer des manifestants dans le Bois Lejuc le 16 juillet dernier pour leur rappeler les limites de la propriété privée. Dans un cas comme dans l’autre nous saluons le sang-froid et l’abnégation dont il a su faire preuve dans ces moments éprouvants d’adversité. Avare de paroles mais toujours les mots justes, il n’avait pas hésité à nous rassurer sur les « conditions habituelles d’exercice des ouvriers » et à vanter les mérites de vigiles « qui ont très bien fait leur travail ». Une direction exemplaire qui sait mouiller la chemise pour protéger ses employés !
Avec Jean-Paul c’est un pan de notre histoire collective qui s’en va : les dialogues de sourds, une discrétion presque maladive, un art consommé de l’omerta. Décidément Jean-Paul, tu laisseras un trou (de 500 mètres) derrière toi … Nos pensées vont à Manu (Hance) et Eric (Sutre) qui seront un peu orphelins sans ton aile paternelle pour couvrir leurs 400 coups de pression. Nous saurons prendre soin d’eux, sois tranquille.
Rejoignez-nous à 16h devant le labo de l’ANDRA mercredi 10 août pour trinquer au départ de Jean-Paul ! Nous y partagerons champagne et petits fours avec Manu, Eric, et, bien sûr, notre bon ami le commandant Dubois avec lequel M. Baillet a si brillamment nettoyé et emmuré le Bois Lejuc.

Découvrez la vidéo que nous lui avons spécialement dédiée pour l’occasion

 

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ANDRA, we are watching you !

 

Nous, habitante.es et opposant.e.s au projet CIGEO, décidons, ce mercredi 3 août, de construire une vigie à l’orée du bois Lejuc pour contrôler les agissements de l’Andra. L’agence a été condamnée par le TGI de Bar le Duc et doit cesser impérativement ses travaux.

Qu’est-ce-qui justifie aujourd’hui la présence de dizaines de gendarmes sur notre territoire, les hélicoptères qui survolent les villages et les barrages de police au travers des routes?

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Pas de nucléaire sans répression policière

Nous, habitant.e.s de la Meuse, sommes exténué.e.s par ces mois de contrôle et de fichage généralisé. Filmé.e.s à longueur de journée, arrêté.e.s en permanence par des hommes armés de mitraillette, nous ne voulons plus que nos vies soient rythmées au son des gyrophares. Stop à la militarisation du  territoire !

Après la décision de justice du lundi 1er août qui oblige l’Andra à arrêter ses travaux, nous nous interrogeons sur les motifs de la mission des forces de l’ordre. La centaine de gendarmes mobiles postée en lisière du bois Lejuc défend-elle les intérêts d’un chantier illégal ?

Les entreprises doivent quitter la forêt

A l’entrée de la forêt, une quarantaine d’habitants et opposants au projet CIGEO ont décidé de construire une vigie en bois haute de quatre mètres. Tandis que certains posaient les murs ou écrivaient des slogans, d’autres chantaient et jouaient de la musique. Un pique-nique a conclu l’événement. La vigie, sur un champ ami n’est pas expulsable.

Nous soupçonnons l’Andra de continuer en catimini ses travaux sans respecter la décision de justice. Encore hier, un camion transportant des murs en béton a pu accéder à la forêt. Aujourd’hui des travaux divers se poursuivaient avec la présence d’une quinzaine d’ouvriers.

Désormais, nous surveillerons les allées et venues des différents prestataires et les alerterons du risque de poursuites judiciaires : ils se rendent en effet complice d’un défrichement et de travaux illégaux.

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Construire des barricades juridiques et physiques

La décision du tribunal de grande Instance de Bar le Duc est une victoire historique qui marque un tournant dans la lutte contre CIGEO. C’est la première fois, en vingt ans de lutte, que la justice donne raison aux opposants. Grâce à cette victoire, des habitants reprennent espoir. C’est un coup d’arrêt à la politique du fait accompli pratiquée par l’Andra sur le territoire.

Nous sommes déterminés.e. à continuer ce type de recours et à accroitre la pression. Mais nous sommes conscient.e.s que l’efficacité des actions juridiques est aussi liée rapport de force que nous exerçons sur le terrain et à la médiatisation de la lutte. L’occupation du bois nous a permis de récolter les preuves du défrichement. C’est ensemble, dans la diversité de nos pratiques – blocage, recours juridique, occupation, pétition – que nous continuerons de stopper le rouleau compresseur de l’Andra.

Retrouvons nous donc toutes et tous ensemble le week-end du 13 et 14 août pour un grand rassemblement contre la poubelle nucléaire et son monde.

Plus d’info sur le progamme sur vmc.camp

 

Attentifs ensembles : signalez-nous tous travaux illicites !

Mercredi 3 août à 11h, habitants et opposants à la poubelle nucléaire installeront une vigie en bordure de la forêt pour surveiller les agissements de l’Andra et son respect de la décision de justice du TGI de Bar le Duc. Nous invitons également tous les joueurs de Pokemon Go à venir capturer dans la forêt du Bois lejuc un spécimen rare de Sulfura. 

Évènement inédit et historique : en vingt ans de luttes à Bure la justice tranche pour la première fois en notre faveur et déclare le défrichement du Bois Lejuc illicite. Elle enjoint l’ANDRA à remettre en l’état la forêt, en enlevant le mur, le revêtement plastique et en replantant des arbres. Pour nous assurer que l’ANDRA respecte bien la décision rendue, nous avons mis en place des rondes qui surveillent qu’aucun camion de matériaux ou véhicule de chantier ne se rendent au bois. Selon la gendarmerie, toujours stationnée à l’orée du bois, les engins « auraient » tous quitté les lieux aujourd’hui, et les travaux seraient bel et bien gelés. À se demander comment on décharge un camion sans engin de chantier quand chaque pan de mur pèse 1 tonne …

L’Andra ou la stratégie de l’autruche meusienne

Pourtant ce midi, un riverain nous a encore signalé l’arrivée d’un camion transportant des portions de mur.  Nous avons joint par téléphone, en vain, le service de communication de l’Andra pour qu’il nous justifie cette dernière livraison. Comme à chaque moment de déconvenue, l’ANDRA communique peu ou pas. Le bientôt regretté M. Baillet, qui quitte son poste de Directeur du site Meuse – Haute-Marne et d’adjoint de l’ANDRA pour une retraite (ir)radieuse (1), nous gratifiera-t-il d’une ultime déclaration laconique dont il a le secret, en persistant à dire que tout le monde a « bien fait son travail »  ? Tellement bien que le Bois de Mandres devra bientôt avoir retrouvé son charme originel, à défaut de décision préfectorale …

Nous attendons avec impatience l’étude d’impact, précédant l’arrêté préfectoral, qui devra déterminer comment un mur de 3 km garantit à la faune une libre circulation, et comment un défrichage de dizaines d’ares de forêt contribue à préserver l’équilibre harmonieux d’une flore luxuriante. Nul doute qu’avec 3000 hectares de possessions en Meuse, l’ANDRA trouvera bien un petit recoin de compensation écologique (2) …

D’ici là, et parce que nous sommes convaincu.es que l’ANDRA est une entreprise de parole, d’une intégrité à toute épreuve, nous avons décidé d’installer, ce mercredi 3 août 2016 à 11h, en bordure sud du Bois Lejuc, une vigie afin de constater les allers et venues aux abords de la forêt. Nous invitons  les riverains à nous signaler tout mouvement de camions  et engins de chantier en direction du Bois de Mandres en appelant au 07.52.54.24.82.

Pokemon go s’invite au bois Lejuc ! 

Nous invitons également tout.es celles et ceux qui le peuvent à nous rejoindre pour faire vivre la vigie aussi souvent que possible. Pour les joueurs de pokemon go, nous avons repéré dans le Bois Lejuc un spécimen rare de Sulfura, comme l’attestent les photos très authentiques ci-dessous parues respectivement dans Le Républicain Lorrain et l’Est Républicain.

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On vous attend demain à la maison de la résistance à 11h pour la construction de la vigie, suivie d’un pique-nique !

 

Contact presse : 07.58.65.48.89

Contact mail : sauvonslaforet@riseup.net

(1) Mercredi 3 août nous organisons son pot de départ à 16h devant l’ANDRA (cf. programme de la mobilisation du 8 au 19 août)

(2) Cf. l’article intéressant sur le sujet de la compensation écologique dans le dernier numéro de l’Utopik

 

Fil info du 1 au 7 août

 

Week-end 6-7 août

  • Ca s’active entre la Maison et la Gare de Luméville pour préparer l’accueil lors de toute la semaine à venir, et bien sûr le grand week-end de résistance et de « remise en état » de la forêt de Mandres le 13/14/15 août ! Rangements, réunions, bouffes collectives, bains de poussière (et de soleil) !
  • Samedi matin : en amont de la vigie les gendarmes contrôlent systématiquement les allers et venues, les identités, les véhicules. Un ami passé par les champs et n’ayant pas sa carte d’identité a été emmené au poste de Ligny-en-Barrois pour vérification d’identité. Il a été relâché près de deux heures après.
  • Dimanche : rangement intensif de la Maison de la résistance en prévision de l’afflux de la semaine à venir. Des barnums sont installés du côté de la gare de Luméville. Ca s’active de tous les côtés.

Vendredi 5 août

karaoke_mandresLa vigie continue d’être occupée, ce soir un karaoké s’y organise pour fêter comme il se doit l’anniversaire d’un ami.

Après-midi : les gendarmes mobiles contrôlent et fichent systématiquement les opposants et les habitants. Fouille de voiture, vérification d’identité. 3 personnes sont bloquées au carrefour de Mandres alors que la route est publique.  Des camions de BTP ont accédé au bois.

16h : l’ANDRA a sorti son communiqué, on travaille à y répondre, mais ici tout le monde est consterné d’un argumentaire aussi minimaliste et inconséquent : « L’Agence reconnaît une erreur d’appréciation ». L’ANDRA reconnaîtra-t-elle aussi une simple erreur d’appréciation pour 100 000 ans de pollution radioactive ?

Soirée : une chouette soirée tout en joie malgré la forte présence gendarmesque pour assurer « que tout se passe bien ». On retiendra la mémorable danse « Je mets l’ANDRA devant, je mets l’ANDRA derrière » devant la ligne de keufs. Un super récit ici.

 

 

 

Jeudi 4 août

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8h : Réveil humide pour ceux qui ont dormi à l’orée du bois : il pleut des cordes mais il y a bien longtemps que les caprices de la météo lorraine ne nous font plus peur ! On continue la vigie !

10h  : Livraison de café, de petits déj’ et de bâche pour la vigie. Les flics contrôlent les voitures, qui ne font que se déplacer sur un chemin communal. Les gendarmes demandent aux gens d’ouvrir les coffres des véhicules et contrôlent les voitures. A la maison de la résistance, on coupe du bois pour l’hiver.

12h : Le repas de midi se prépare à la maison de la résistance pour être déposé à la vigie sous l’oeil de la cinquantaine de gendarmes en faction devant notre abri de fortune !

16h : Deux camions sont sortis du bois chargé de quelques engins de chantiers. Pendant ce temps là, on joue au tarot, on bouquine, on écrit, on cherche à s’abriter un peu plus de la pluie, on discute… et bien sûr, on surveille !

Toute la journée, la stratégie de la tension s’est accentuée. Alors que nous sommes à peine une dizaine autour de notre petite construction en palettes, on a vu défiler un nombre incalculable de forces de polices : autour du bois, c’est pas moins de 5 fourgons, 4 voitures banalisées, une cinquantaine de flics qui sont mobilisés. L’hélico a survolé de façon rasante pendant une bonne demi-heure, faisant des allers-retours entre la vigie et la maison de la résistance. Les encravatés ont même fait le déplacement dans leur rutilante berline. On ne fait même pas mention des vigiles qui nous surveillent, de loin, du coin de leur cabane ! Mais on ne lâche rien ! On reste dormir à la vigie ce soir !

Mercredi 3 août

Au programme : à 11h, édification d’une vigie en bordure sud du Bois Lejuc pour surveiller que les travaux ne se poursuivent pas dans la forêt.

11h : effervescence à la maison de la résistance, on finit de préparer le repas tandis qu’à la Gare de Luméville la vigie achève d’être chargée pour rejoindre bientôt son emplacement en lisière de forêt.

13h : Fin de la construction à l’orée du bois, à quelques dizaines de mètres des vigiles et des gendarmes mobiles. On mange, chante et danse au pied de leur mur de béton. Des ouvriers de chantier sont toujours présents dans le bois, ils consolident le mur.

16h : lecture collective de la supplication ( témoignages sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl) à l’ombre de la vigie.

Toute la soirée, contrôle des identités et des voitures, à plusieurs reprises pour certains, verbalisation pour des infractions anecdotiques ( insuffisance du nombre de gilets jaunes dans la voiture), le fichage et les menaces se poursuivent mais on lâche rien !!

Cette nuit, une petite dizaine de personnes a dormi à la Vigie, éclairée par le doux projecteur des forces de police…

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Mardi 2 août

9h : une vigie a été mise en place pour surveiller les allées et venues autour de la forêt et s’assurer qu’aucun engin de chantier et de camions de matériaux n’entrent dans le bois, conformément à l’ordonnance prise hier par le TGI de Bar-le-Duc

12h : un camion transportant des pans de murs nous a été signalé, nous nous rendons à deux voitures à la forêt pour signifier aux gendarmes, ordonnance en main, qu’aucun chantier ne doit plus avoir lieu dans les bois, qu’aucun camion n’est plus censé acheminer quoi que ce soit, ni même sortir du bois coupé de la forêt. On nous répond que c’était la dernière livraison de pans de murs, que les prochaines ne seront pas faites dans la forêt et que tous les engins de chantier ont quitté les lieux ce matin, à l’exception d’un tracteur agricole et du camion qui a livré les pans de mur.

Lundi 1er août

15h : première historique  : le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a rendu un jugement en notre faveur qui interrompt provisoirement tous travaux dans le Bois Lejuc et qui demande la remise en état des lieux dans un délai de 6 mois si aucun arrêté préfectoral ne vient autoriser les défrichements d’ici là.

16h : ça fuse dans les médias, on reçoit de nombreux appels de journalistes. Un communiqué unitaire entre toutes les associations à l’initiative de la plainte vient d’être publié. Rappel, on peut nous suivre sur twitter (@ZIRAdies] et facebook

18h : nous nous sommes rendus à l’entrée sud du Bois Lejuc pour nous assurer que les travaux avaient bien cessé et questionner les gendarmes sur les justifications de leur présence en protection d’un chantier jugé illégal. Une trentaine de gendarmes mobiles restent stationnés en permanence dans le bois, aux côtés de vigiles qui, à défaut de manches de pioches à la main, n’abhorrent toujours pas le nom de leur entreprise.

Soirée : fête à la Maison de la résistance ! Première victoire juridique en 20 ans de lutte ça se fête !

L’ANDRA est condamnée par le TGI de Bar-le-Duc !

Communiqué de presse commun du Réseau « Sortir du nucléaire, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Meuse Nature Environnement, ASODEDRA, CEDRA 52, Les Habitants vigilants de Gondrecourt, BureStop55, Bure Zone Libre et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre CIGÉO de Bure et d’ailleurs – 1er août 2016

L’ANDRA est condamnée par le TGI de Bar-le-Duc ! Les travaux de CIGÉO sont stoppés !

Un rappel à l’ordre cinglant et historique pour l’ANDRA, faisant suite à deux mois de mobilisation sur le terrain

Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc vient de donner raison aux huit associations et aux quatre habitants de Mandres-en-Barrois qui, dans un référé déposé le 25 juillet, exigeaient l’arrêt des travaux effectués par l’Agence pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) dans le Bois Lejuc, en vue de la construction de CIGÉO, ce projet de centre de stockage en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux. Ces travaux sont bien illégaux : l’ANDRA doit les suspendre et est condamnée à la remise en état du site.

Pour rappel, 7 hectares de feuillus avaient déjà été détruits, dont des chênes quasi centenaires, le sol avait été arraché et recouvert de gravier et l’édification d’un mur de 2m de haut et 3 km de long avait commencé, alors même que l’ANDRA ne disposait pas des autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes et n’avait même pas envisagé qu’une étude d’impact puisse être nécessaire !

Lors de l’audience, qui s’était tenue le jeudi 28 juillet, l’ANDRA s’était surpassée dans la mauvaise foi et les contradictions : tout en reconnaissant effectuer ces travaux dans la perspective de la construction de CIGÉO, elle prétendait n’effectuer que des travaux destinés à une gestion durable de la ressource forestière du Bois Lejuc ! Par ailleurs, arrivée en cours d’audience, l’ANDRA a sorti un pitoyable lapin de son chapeau, un arrêté municipal daté du jour même, signé du maire de Mandres-en-Barrois et autorisant les travaux de construction du mur commencés illégalement depuis plusieurs semaines ! Rendu le 1er août à 14h, le délibéré du tribunal est formel : il ordonne la suspension des travaux de défrichement jusqu’à ce que l’ANDRA obtienne une autorisation (sous astreinte provisoire de 10 000 euros par are nouvellement défriché). Il enjoint de même à la remise en état des lieux sauf autorisation obtenue par l’ANDRA dans un délai de 6 mois. D’après la décision du tribunal cette remise en état des lieux doit être entendue comme « une restitution de l’état boisé de l’ensemble des parcelles défrichées, nécessitant la suppression du géotextile, de l’empierrement et de la clôture en murs de béton – au vue de l’importance de son emprise – et la replantation dans le respect du plan d’aménagement forestier du bois Lejuc arrêté par l’Office National des Forêts pour 2007-2018 ».

Travaux illégaux, embauche de mercenaires pour « protéger » le mur : les manoeuvres et manipulations de l’Andra pour imposer CIGÉO sont maintenant exposées au grand jour. Cette décision marque également le bien-fondé et la légitimité de la mobilisation de plusieurs centaines de personnes et des habitants qui s’opposaient depuis plusieurs semaines aux travaux de l’ANDRA.

Les associations, habitants et opposant-e-s à CIGÉO se réjouissent de cette décision historique du tribunal et ne comptent pas en rester là. D’autres recours et actions sont en préparation pour enfin rendre le Bois Lejuc aux habitants de Mandres-en-Barrois et donner un coup d’arrêt au projet CIGÉO.

Un nouveau temps fort de manifestation est prévu du 13 au 15 août 2016 !

Contacts presse :

Avocat Étienne Ambroseli : 06 09 30 80 67

Pour les opposants et associations : 06 88 27 16 06 / 06 73 49 33 84 / 06 85 23 05 11/ 07.58.65.48.89 (Collectif sauvons la forêt)

Chargée de communication : 06 64 66 01 23

 L’Ordonnance du TGI

 

Portes-ouvertes-Andra-detournement

Détournement de l’affiche des portes ouvertes de l’ANDRA de septembre, parue dans le dernier journal de l’ANDRA