Il n’y aura pas de Ministre de l’Intérieur va-t-en guerre à Bure !

Après être devenu un « marqueur » politique et l’objet d’une négociation entre Hamon et Jadot, voici que la lutte à Bure s’invite dans l’hémicycle du Sénat. Quand ils ne sont pas occupés à pantoufler leur retraite dorée, quelques sénateurs ont interpellé le ministre de l’Intérieur Bruno le Roux sur l’occupation actuelle du site du bois Lejuc à Bure, sans doute obligés de se positionner suite à la couverture médiatique conséquente de la manif’ du 18 février.

Le Roux, peu inspiré, nous a donc gratifié d’une prestation de sous-Valls, affirmant, bien entendu que « l’autorité de l’État et la loi » seraient respectés. On aurait au moins aimé que, entre Notre-Dame-des-Landes et Bure, la partition change légèrement pour avoir l’impression de ne pas réécouter une énième fois des disques rayés.

Nous rappelons donc à M. Bruno Relou et tous les sinistres encravatés qui l’accompagnent, que jusqu’à présent, sur le terrain, c’est l’Andra qui ne respecte pas l’autorité de l’État et la loi : en étant condamné par le TGI de Bar-le-Duc pour avoir défriché 7 ha de bois de manière illégale ; en obtenant au forcing une forêt à l’issue d’un échange jugé illégal par la rapporteur publique du tribunal administratif de Nancy ; en maquillant les potentiels géothermiques d’ampleur du sous-sol ; en inventant des conclusions jamais prononcées à l’issue de débats publics bidons.

Non, vraiment, la seule « occupation » illégale et illégitime de territoire qu’il faille évacuer est bien celle que, depuis 25 ans, l’Andra inflige à toute la population meusienne et haut-marnaise, vues comme les poubelles d’une filière nucléaire en quête de relance, au mépris du consentement local, des manifs de milliers de personnes des années 90, des pétitions agrégeant plus de 100 000 signatures, des délibérations de certains conseils municipaux, de tous les refus massifs exprimés. Nous avons ainsi évacué l’Andra de son occupation illégale du bois Lejuc depuis juin 2016, et le 18 février, nous avons à 500 entamé le chantier, autrement plus conséquent, de l’expulsion du faux « laboratoire de recherche », une mascarade qui cache la vraie poubelle.

Que l’on ne s’y trompe pas : les politicien-ne-s et préfectures, d’un mandat à un autre, pourront bien jouer l’éternelle scène de la république bafouée rétablissant l’ordre dans les « ZADs », « kystes » et autres « territoires perdus », nous ne nous positionnerons pas par rapport à leurs fantasmes guerriers. Il n’y a pas de ZAD à Bure, mais 25 ans de lutte continue de tout un territoire contre un projet qui s’est implanté au mépris des gens, et 10 ans de vagues de militants qui s’installent peu à peu dans la région. Pas de hordes de cagoulés radicaux arc-boutés sur des cabanes, mais des centaines et des milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, de tous horizons, déterminées et solidaires pour bloquer physiquement l’Andra dans la forêt depuis des mois et à s’en prendre aux grilles de son laboratoire pour mettre un frein à la fuite en avant de l’industrie nucléaire.

Il n’y aura pas de ministre de l’Intérieur va-t-en-guerre à Bure ! Expulsons le Sénat et l’Andra, pas le bois !

Des opposant.e.s au projet d’enfouissement de déchets nucléaire à Bure.

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