Après une journée de vendredi pour le moins tendue, où les gendarmes ont pris possession des routes le temps d’une matinée et de deux interpellations, la tension est retombée progressivement. L’ami interpellé pour un contrôle positif sur un joint fumé la veille est ressorti au bout des 4 heures de la vérification d’identité; on attend les suites pour son permis. À trois reprises nous sommes passé-es à la gendarmerie de Ligny-en-Barrois où on refusait de nous confirmer la présence de notre autre ami. Il a finalement été libéré après une comparution devant le juge des libertés à 10h dimanche matin, à l’issue de 48h de garde à vue. Ce qui lui était reproché : de ne pas pouvoir justifier son identité à l’aide d’un document, au cours d’un contrôle routier, alors qu’il n’était pas conducteur du véhicule. Verdict : un contrôle judiciaire d’interdiction de la Meuse et de la Haute-Marne, en attendant la date de son procès … le 11 août à Bar-le-Duc (comme les choses sont bien faites !) Le juge a conseillé de ne pas forcer le diable, que les contrôles comme celui de vendredi allaient se systématiser et qu’il serait difficile de passer au travers. Saurait-il quelque chose que le préfet nous cache (cf. ci-après) ? Voilà qui briserait notre idéal de justice indépendante.
Sinon il semblerait que la préfecture démente la présence d’un drone, il faudrait qu’elle accorde ses violons avec les gendarmes de la Brigade de Recherche (BR) de la Meuse qui ont procédé à l’interpellation. Au passage on se demande ce que la BR vient faire sur des contrôles routiers alors qu’ils sont censés s’occuper des investigations de cambriolages et autres crimes. La préfecture dément également avoir convoqué une conférence de presse pour ce lundi 27 juillet, la Voix de la Haute Marne (dans le § « Forces de l’ordre ») a du l’inventer. À défaut on pourra lire une interview du préfet dans l’Est Républicain qui souhaite « que ce rassemblement se passe dans un climat apaisé et respectueux des autres » mais qu’il n’y a « aucune volonté de faire plus que les missions et activités habituelles de la gendarmerie du secteur ». Tout au plus ce sont « quelques dizaines de personnes » qui constitueront le dispositif de surveillance avec des « moyens et matériels adaptés au terrain et à la circulation dans les environs de l’ANDRA ». On sort des épouvantails de l’antiterrorisme pour un discours policé qui laisserait presque croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes démocratiques, un monde où la loi pour le renseignement ne viendrait pas d’être adoptée et où Valls ne promettrait pas quotidiennement d’agir « avec la plus grande fermeté ». Un bel arbre bien touffu pour cacher la forêt de Mandres, attendons de voir ce qui sort du bois (pendant que l’ANDRA n’y est pas) …
L’agacement et les inquiétudes des gendarmes de Ligny (que notre ami a eu 48h pour partager) suite à l’opération de vendredi dernier, doivent aussi être le fruit de notre imagination : ils se disent peut-être que ce sont eux qui devront continuer à vivre avec la population qu’ils auront empêchée de circuler et inquiétée 3 semaines durant, sur ordre de leur hiérarchie. Quatre heures de contrôles intensifs sur route en période de moissons ça ne crée pas la sympathie… Sinon, si jamais on vous dit que c’est nous, nous nions par avance toute responsabilité dans ça.
En attendant le retour de l’armada, on a retrouvé un peu plus de tranquillité sur les routes autour de Bure. Ça a permis à pas mal d’amis de nous rejoindre sereinement sur le chantier. Nous sommes à présent plusieurs dizaines à oeuvrer à la mise en place du campement. Ça commence à fourmiller et s’organiser, avec quelques petites émotions ici et là. Comme par exemple, jeudi soir, cette histoire de récup. de légumes à l »Intermarché de Joinville qui a failli tourner mal parce que le gérant a tenté de séquestrer nos ami-es. Samedi dernier, un concert était organisé en soutien au campement à la Maison de la Résistance, l’occasion pour tous, permanent-es, associatifs, Ami-es de Silence et autres trublions du terrain de Luméville, de partager une soirée en musique (et en cris, comme dans toute soirée qui se respecte).
Côté presse, on a de plus en plus de contacts sur le téléphone et par mail, bons et moins bons. Des ami-es et d’autres dont on se passera bien. Une conférence de presse est prévue pour le 3 août, à plusieurs voix, pour tenter, en quelques mots, d’expliciter notre présence et notre projet (lieu et heure à préciser dans un communiqué imminent). Et certain-es continueront à n’écrire que ce qu’ils en pensent, perçoivent ou comprennent. Comme cet article de Rue89 qui nous a tellement peu fait plaisir que nous avons pris un peu de temps à le décortiquer (dans l’espoir un peu fou que ça pourrait contribuer à ce que toutes les publications futures soient plus rigoureuses et de meilleure qualité).
Quoi qu’il en soit, nous sommes heureusement surpris du nombre de personnes qui nous écrivent, soutiennent et nous promettent bien de belles choses pour ces 10 jours à venir ! C’est pour nous de très bon augure. Nous n’aurons pas trop de têtes, bras, épaules, sourires et connaissances pour construire ce campement et le faire vivre dix jours durant.