BURE, PREMIERE SEMAINE D’OCCUPATION
#OCCUPYBURE #ETEDURGENCE
Depuis dimanche 19 juin, nous, habitant-e-s de Mandres en Barrois, ami-e-s, habitué-e-s de Bure et de ses environs, collectifs, associations, paysan-ne-s, occupons de mille manières la forêt communale de Mandres-en-Barrois pour bloquer les travaux de la poubelle nucléaire CIGEO. Bloquer, c’est enfoncer des coins de résistance dans l’empire flasque de l’ANDRA. Si le capitalisme est un tube digestif, alors Bure est ce rectum que nous devons constiper.
On aura vu, dans cette forêt libérée, des paysan-ne-s, habitant-e-s d’ici et d’ailleurs, associations, collectifs, faire corps ensemble pour, la première nuit, tenir les barricades sous un halo de brume lunaire.
On aura vu, dans cette forêt libérée, plus d’habitant-e-s de Mandres-en-Barrois en une semaine qu’en plusieurs mois de réunions publiques, porte à porte et grandes manifestations.
On aura vu, dans cette forêt libérée, des kilos de victuailles et de matériel s’acheminer, malgré les contrôles policiers. Un préau de 50 m2 et une cuisine collective s’installer en un clin d’œil.On aura vu, dans cette forêt libérée, un ami paysan tenir la barricade toute la nuit durant puis, à 4h du mat’, se sentant pousser des ailes, enfourcher son vélo pour aller faire sa traite 50 km plus loin.
On aura entendu et lu des appels en pagaille à occuper, saboter, banqueter, et bloquer les travaux.
On aura vu, dans cette forêt libérée, un ami déprimé regagner le sourire et accrocher ses yeux aux étoiles.
On aura vu d’autres ami-e-s passionnés de plantes cueillir, dans les sous-bois, quelques merveilles, asperge sauvage, aspérule odorante, et autres secrets de la forêt.
On aura entendu, à toute heure du jour et de la nuit, résonner « Et la forêt elle est à qui ? », « Elle est à nous ! ». Et le « nous », chaque jour, s’incarner un peu plus.
On aura vu, dans cette forêt libérée, des gestes de sabotages collectifs assumés, joyeux, circuler des visages masqués aux visages découverts. On aura vu des tronçonneuses sortir d’on ne sait où pour abattre toutes les clôtures et barricader plus fort. On aura vu, sur des visages inattendus, flotter dans l’air des sourires et des grosses masses pour saboter d’énormes tubes métalliques de forages. On aura vu des disqueuses à batterie déboiter les barrières d’entrée, sous le regard bienveillant des camarades et des charmes.
On aura senti, dans l’air du soir, dans les complicités naissantes des apéros, dans les ballades collectives, les concerts de grindcore et les murmures frôlés des aliziers, une immense sérénité. Et l’intuition que la force de ce qu’on vit est, contrairement aux fausses promesses du stockage de l’ANDRA, irréversible.
On aura vu, dans cette forêt libérée, des occupant-e-s filer un coup de main à un paysan du coin pour rentrer ses affouages, et découvrir une parcelle lointaine surveillée par un hêtre vénérable.
On aura vu, dans cette forêt libérée, l’ANDRA et les autorités tenter d’installer une stratégie de la tension en envoyant leurs vigiles-mercenaires, sommés de dégager ; en intimidant grossièrement paysans et habitant-e-s du coin, qui pourtant viennent.
On aura vu, dans cette forêt libérée, le début d’un équilibre, précaire, pleins de complémentarités et de tensions, toujours à retravailler, entre l’autodéfense, la construction, et le lien vers « l’extérieur ». On aura sué au soleil pour creuser des tranchées dans les routes d’accès ; marché des centaines de mètres pour transporter des centaines de planches de bois par-delà les barricades ; mouliné des bras pendant des heures au téléphone entre médias, soutiens, ami-e-s de partout.
On aura vu, dans cette forêt libérée, des cabanes pousser dans les arbres plus vite que les champignons.
On aura vu des médias avides de sensationnalisme tenter de nous plaquer l’étiquette de ZAD et l’imaginaire des occupant-e-s cagoulés sur ce qui est une occupation-libération, une occupation en continuité avec 20 ans de lutte contre la poubelle nucléaire, avec un an de réunions publiques et recours juridiques des habitant-e-s de Mandres.
On aura vu, dans cette forêt libérée, au réveil, des yeux écarquillés d’être toujours là, de le faire, de tenir cette petite victoire. Et de bloquer conséquemment leur travaux pour la première fois depuis des années. « Mais on est vraiment en train d’occuper cette forêt ! » Petit dej’ au soleil et douceur de vivre sur leur plateforme libérée des barbelés.
On aura vu des grilles barbelées mettre des vigiles en cage, puis faire tout le chemin depuis le bois pour enfermer les nucléocrates et leur propagande à l’intérieur du CLIS (l’institution de lubrification citoyenne). On aura vu l’ANDRA renforcer ses contrôles à l’entrée et fermer ses portes le week-end du 25 au 26 juin, tandis que les notre sont grandes ouvertes.
On aura vu cette forêt libérée devenir le lieu commun qu’il nous manquait pour transformer l’agrégation de groupes et d’individus luttant contre la poubelle nucléaire en mouvement de lutte.
CONTINUONS LE DEBUT ! CONSTIPONS LE CAPITALISME !
ANDRA, DEGAGE ! RESISTANCE ET AFFOUAGES !
Contact sauvonslaforet@riseup.net / 07 58 65 48 89
Tous les week-end, rendez-vous pour des banquets et des balades les dimanches !
Week-end du 2 et 3 juillet, d’autres rencontres sont à venir : marché paysan, convergence des résistances Verdunoises, déambulation circassienne, etc. Programme à venir sur vmc.camp !
Tout l’été, et au-delà, enracinons dans ce bois la subversion à l’ANDRA et à son monde !
L’article en anglais disponible ici.