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le contexte anti-nucléaire de l’affaire tarnac

« Plus près de nous, hier au petit matin, des centaines de flics en armures sont venus déloger les occupants du site de Bois-Lejuc à Bure dans la Meuse, site qu’ils occupaient en protestation contre la construction d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires ultimes. Aujourd’hui donc, ce fait passé sous silence par tout le monde à l’époque mérite d’être rappelé : les sabotages de caténaires de voies TGV dont la police a voulu nous faire porter le chapeau, participaient d’une action coordonnée à l’échelle de la France et de l’Allemagne tout le long du chemin du train de déchets nucléaires CASTOR qui se rendait cette même nuit du centre de retraitement de déchets de La Hague au centre d’enfouissements de déchets nucléaires ultimes de Gorleben dans le Wendtland, en Allemagne. Et ces crochets dont l’image est devenue célèbre après nos arrestations et leur indécente médiatisation n’étaient pas les armes ridicules de terroristes nihilistes cherchant à mettre la France à genoux en faisant dérailler des trains mais bien le symbole bien plus ancien de la résistance opiniâtre du mouvement anti-nucléaire allemand qui au terme d’une lutte acharnée combinant toutes sortes de moyens de lutte des plus pacifiques aux plus offensifs est parvenu à arracher la sortie du nucléaire en Allemagne. »

Extrait du texte lu par Manon et Benjamin, à l’occasion de la soirée de soutien « Le bal des inculpés » du 23 février 2018 au Villard (Royère-de-Vassivière). https://tarnac2018.noblogs.org/interventions-diverses/

Pourquoi les médias en parlent ils si peu? parce que l’état nucléaire !

http://https://www.youtube.com/watch?v=i1N64L8QnmQ

Bilan de la répression un mois après l’expulsion

Depuis l’expulsion de la forêt, le 22 février dernier, une répression sans pareille s’abat sur les militants anti-Cigeo. Ce jour-là l’État s’est senti obligé de nous montrer son vrai visage en mobilisant plusieurs centaines de flics pour à tour de rôle venir jouer à la reconstitution de la campagne française sous occupation millitaire. Tout l’arsenal punitif s’est actionné : surveillance, condamnations judiciaires, emprisonnement, coups et blessures, intimidations, peur…

Aucun mot ne peut expliquer le bouillonnement d’émotion que nous ressentons, ce bilan restera le plus factuel possible.

Les informations sont incomplètes, nous savons combien de nos ami.es sont en prison mais nous n’avons pas connaissance ou nous n’avons pas enregistré de nombreux actes répressifs de la part de la police. Ces chiffres doivent donc être vus à la hausse, particulièrement sur le nombre de vérifications d’identités.

Du 22 février au 19 mars :

Plusieurs dizaines de contrôles routiers + fouilles du véhicule
1 nuit au commissariat en cellule de dégrisement et une amende pour visage masquée et ivresse sur la voie publique (personne arrêtée à 20 m de la maison)

73 vérifications d’identité, la plupart ayant duré 4 heures.

25 gardes à vues :

  • 8 gav de 24 heures
  • 17 gav de 48 heures
  • 5 comparutions immédiates
  • 2 détentions provisoires

Interdictions administratives :

  • 1 interdiction de Meuse et Haute-Marne
  • 1 interdiction de Meuse et Haute-Marne + pointage deux fois par semaine dans l’attente du procès
  • 6 interdictions de Meuse + pointage au comico toutes les 2 semaines dans l’attente de procès
  • 1 interdiction de Mandres-en-Barrois

Peines des procès passés pour des faits ayant eu lieu à partir du 22 février :

  • 3 mois de prison ferme avec mandat de dépot (1 mois déjà fait en détention provisoire) + 5 mois de prison avec sursis et 18 mois d’obligation de travailler, d’interdiction de territoire de la Meuse et de la Haute-Marne (alors qu’il avait un hébergement à Bure).
  • 3 mois de prison ferme avec mandat de dépot
  • 4 mois de prison avec sursis après 1 mois de provisoire
  • 3 mois de prison avec sursis + 1 an d’interdiction de Meuse et Haute-Marne

Jeudi 8 mars, un camarade arreté à Bure il y a quatre mois, écoppe de 8 mois fermes supplémentaires (après avoir déjà passé 4 mois en prison pour une autre affaire) + 4 mois de prison avec sursis + 2 ans de mise à l’épreuve avec obligation de suivi psychologique et obligation de suivre une formation ou d’avoir un emploi

Procès à venir pour des faits ayant eu lieu à partir du 22 février :

  • 3 avril 2018 : 1 personne en procès au TGI de Bar le Duc à 15h (procédure de comparution immédiate avec demande de délai). Le procureur avait demandé sa mise en provisoire jusqu’à son procès, la juge lui a mis un contrôle judiciaire (pointe 2 fois par semaine dans le comissariat de son lieu d’hébergement) avec interdiction de territoire de la Meuse et de la Haute-Marne.
  • 27 avril 2018: une personne en procès au TGI de Bar le Duc. Un peu moins de 24h de garde à vue. Procès pour refus de se disperser après sommation, participation à une manif interdite. Procureur en charge : Olivier Glady.
  • 23 mai 2018 : 12 personnes en procès :

– Procès de 6 personnes arrêtées à la manif du 4 mars. 48h de garde à vue. Procès pour participation à un attroupement après sommations avec visage dissimulé, certaines personnes pour refus de sygnalétique et d’adn. Procureur en charge : Olivier Glady.
– Procès de 6 autres personnes arrêtées à la balade en forêt le 14 mars. 48h de garde à vue. Procès pour participation à un attroupement en vue de la préparation de violences volontaires contre les personnes ou de destruction ou dégradation de bien (et beaucoup de phrasées de décoration). Procureur en charge : Olivier Glady.

  • 12 juin 2018: 3 personnes en procès au TGI de Bar le Duc pour outrage (suite à l’expulsion du bois lejuc)

Arretés préfectoraux :

De nombreux bouts de papier remplis de pouvoir tous plus époustouflants les uns que les autres sont apparus sur le site de la préfecture jours après jours.

  • Du 22 février au 26 février : arrêté préfectoral d’interdiction de circulation des piétons et automobilistes sur divers chemins autour du Bois Lejuc
  • Les 2,3,4,5 mars : arrêté préfectoral d’interdiction de manifestation, interdiction de circulation en véhicule et de stationement sur les communes de Bure et Mandres, interdiction de survol
  • Du 22 février au 22 mars : interdiction de transports de matériaux combustibles et pyrotechniques, interdiction de transports de matériaux de constructions : bois, paille…

Si on additionne, suite aux arrestations de ces 30 derniers jours, cela donne 1300 heures de mise en cellule (gardes à vue + vérifications d’identité), 18 mois de prisons distribué et 17 procès ces deux prochains mois.

À cela nous rajouterons :
– Les menaces de procès et de perquisitions aux voisin.es qui soutiennent la lutte
– L’instruction en cours qui n’a encore mis personne en charge et mettra d’ici quelques mois / années des personnes à charge. Pour inf o: mettre une personne à charge leur oblige à ouvrir l’accès au dossier d’instruction, c’est une stratégie de nous laisser dans le flou au sujet du contenu (ou du vide) de ce dossier. En attendant ça leur donne plus de pouvoir pour réouvrir d’anciens dossiers ou pour lancer des perquisitions quand ils le souhaitent par exemple.
– Et tous les anonymes qu’on ne connait pas directement mais qui subissent le harcélement policier/judiciaire de la Meuse sous occupation étatique. (amendes, procès divers). Un exemple sur le site de l’Est-Républicain.

Ielles n’ont été Ni acteur Ni actrices. Retour sur le procès du Lundi 19 Mars de 3 copaines.

Quelques photos de l’intérieur du tribunal de Bar-le-Duc après la journée de procès

 

Ce Lundi 19 mars le théatre de l’injustice était en représentation une nouvelle fois à Bar, voici les declarations de deux copaines qui comparaissait ce jour , l’un-e pour « faits de rébellion et refus de se soumette aux opérations de relevés signalétiques commis lors de l’expulsion du bois Lejuc », l’autre pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens » (si ça vous parait incompréhensible et ridicule c’est normal):

 

Déclaration de L. (condamné à 4 mois de prison avec sursis):

Mes amies, ma famille que j’affectionne,

Je me sens détachée de toute identité, n’en déplaise au procureur et à son « dieu »,je suis un être multiforme et une réalité complexe et donc irréductible à cet artifice.

Comme vous le savez la racine du mot a donné aussi idem, identique. Aucune identité ne peut me figer car je suis une réalité vivante et mouvante. INDISCERNABLE.

Je ne me defends pas aux yeux d’une institution dont je rejette l’autorité. Sur 1 acte, j’affine mes perceptions en me référant à mes propres critères, à mon vécu, à mon sens critique.

On se retrouve réunies ici (et je pense ne pas me tromper en disant ça) parce qu’on est à la recherche permanente de source de joie et de beauté.

Parce qu’on nourrit un lien intelligent, sensible et subtil au monde.

Et quand ce rapport est brutal, insensé, c’est un amas d’immonde, qu’on s’acharne à étaler.

Nos corps tiennent en cage uniquement par coercition.

Comme a dit Ibn Arabî , bien avant les premières chasses massives aux errants et aux sorcières,

« Sois toujours en vol, ne te choisis pas de nid determiné, car c’est au nid que l’on capture l’oiseau »

Quoiqu’il arrive, on continuera à partager du pain avec les compagnon-nes à plumes.

 

Déclaration de Cristal Antem (condamné à 3 mois de prison ferme):

Je suis CRISTAL ANTEM, CRYZ pour les intimes. Je n’ai pas d’autres identité à donner.

Je ne représente personne si ce n’est moi-même. Rien ni personne ne me réprésente.

On va me demander si je souhaite être jugé aujourd’hui. OK, faites. Mais je ne participerais pas au procès.

Je rejette les codes/normes/règles/rôles du spectacle. Je ne serais ni acteur/collaborateur – ni martyr/victime – ni coupable/innocent.

J’espère que mes amis comprendront que je fais ce choix pour restez moi – même. Qu’iels ne m’en voudront pas pour cette absence imprévu et sûrement trop longue.

Je ne me soumettrai pas moi-même au contrôle de l’Etat.

Je refuse de me défendre.

 

Cette déclaration fuit suivi du refrain d’une chanson reprise par la salle malgrès les injonctions du juge au silence et Cristal a été sorti de la salle à ce moment en continuant à chanter , la salle a continuer à fredonner la chanson après sa sorti! « Ça ne vaut pas la peine… »

Voici le lien (le refrain chanté dans la salle dure de 1:04 à 1:44) :

https://www.youtube.com/watch?v=nuUXJ6RfIik&w=426&h=256

Cristal ferait donc sa peine de prison sans avoir donné son identité!

Cristal a souhaité rendre son numéro d’écrou publique si vous souhaitait lui envoyer des lettres ou lui rendre visite! (ça permettra pour ielle que le temps soit moi long en prison et lui rechauffera le coeur)

Cristal Antem
n°ecrou: 14341

Centre pénitentiaire Nancy-Maxéville
300 rue de l’Abbé Haltebourg
54320 Maxéville

Visite touristique du bois Lejuc à 3000€

­On a entendu parlé de la nouvelle attraction touristique de la Meuse : Le Bois Lejuc où les balades coûtent 500€ par heure.

 

 

 

 

 

 

 

 

On s’ est dit qu’à ce prix-là ça devrait valoir le coup. On a commencé notre ballade en passant par le grand chêne. La cabane est toujours là mais l’augmentation du prix a été accompagnée par un abaissement de l ‘altitude de la cabane et ça ne paraît plus si confortable pour y dormir maintenant.

 

 

 

pas de trace de la route maintenant

Donc on a continué notre balade de luxe et on a vu que l’Andra a enlevé les routes qu’ils ont construit eux même il y a moins de deux ans et qui n’ont jamais servi à des véhicules. Mais ne vous inquiétez pas : si vous voulez vous balader en forêt en voiture, ils prévoient de les reconstruire dans les prochains mois.

 

 

 

 

D’ailleurs la commune de Bonnet construit aussi une route dans le bois d’en face. Il semblerait que la construction et la destruction des routes soient des activités très appréciées par ici.

 

 

 

A certains endroits où la végétation a pu repousser après leur défrichement illégal, l’Andra essaie de remettre en état en visant l’état avant que la végétation ait pu repousser.

 

 

 

 

 

Peut-être pour pouvoir justifier le prix de la visite du Bois Lejuc, l’Andra a décidé d’ajouter des attractions en construisant des montagnes avec le gravier de la route.

 

 

 

 

 

Un peu plus loin, on a pu constater qu’en effet il y avait des bandes de casseurs qui sont passées dans la forêt depuis l’expulsion.

 

 

 

on a juste pris une photo de leurs traces

Nous n’avons pas pu profiter de la quiétude de la nature à cause d’un bruit incessant de moteur de jeep, une honte à ce prix-là !

Pour compenser le fait que la balade était décevante jusque-là, nous avons eu la chance de voir un peu de la faune locale : deux chevaux de la garde républicaine habillés de leur joli gilet jaune fluo (gendarmes assortis). Nous avons été tellement ébloui-es par leur grâce et leurs gilets que nous avons oublié de prendre une photo.

 

On a eu du mal à sortir de la forêt à cause d’une énorme barricade en pierre nous bloquant le chemin ( les nouveaux occupant-es de la foret construisent des barricades plus solides que les anciennes)

Cette balade à deux nous a coûté 3.000€ mais malheureusement nous n’avons pas trouvé le guichet. On vous aurait bien proposé de de nous envoyer la facture mais vous avez détruit notre boite aux lettres en même temps que la barricade sud.

« non ça va pas »

je voulais écrire un texte perso sur la situation ici et comment je me sens en ce moment à Bure, depuis le 22 février, jour de l’expulsion.J’ai envie d’écrire quelque chose parce que j’ai l’impression que ce qui transparaît de la situation en ce moment sur vmc est super léger par rapport à ce que je vis et peut etre par rapport à ce que d’autre vivent.

La forêt me manque toujours. Je me suis pas remis du fait qu’on ai volé nos vies si facilement et sans que les flics en soient menacés plus que ça. Dans une vidéo où l’on voit une machine détruire nos lieux de vie, quelqu’un.e hurle « vous allez payer pour ça ». Ils n’ont pas payé pour ça. Ils n’ont pas payés non plus pour les deux ami.es qui sont en taule depuis l’expuls’ et la personne qui passe en comparution immédiate qui risque aussi la prison préventive. Et pour la personne qui vient de se manger 8 mois ferme alors qu’il est en taule depuis octobre, arrêté près de la forêt.

Évidemment notre vengeance ne peut pas être à la hauteur de ce qu’il nous font subir.

D’où la frustration et la pensée omniprésente dans ma tête que ce monde est dégueulasse, pourri et qu’il le sera éternellement.

Les flics occupent encore en permanence la place de la mairie devant la maison à bure. Comme d’hab ils patrouillent en permanence sur les routes et les villages alentour.

Ca fait tournure médiatique mais la répression à atteint un niveau sans précédent ici.

Y’a eu plus d’arrestation en 1 mois que dans les deux dernières années précédent l’expulsion.

Y’a eu une quarantaine de vérif’ d’identité
Y’a eu environ 25 garde à vues dont beaucoup on durée 48h

Et de ces GAV, il y a 22 procès.

La machine policière et judiciaire tourne à plein régime.

Difficile de pas se sentir impuissant.e

« La répression renforce notre détermination ». Y’a des moments où je sens que c’est que de la communication est que c’est pas vrai. Mais à d’autre moments je ressens ça comme une évidence. Bien sûr que j’ai plus la rage, que j’ai envie d’aller plus loin. Ça ancre en moi plus profondément des choses que je ressentais déjà. Par rapport aux flics, à la justice à l’etat, à la plupart des choses qui existent.

Je crois qu’on est beaucoup à être fatigué.e.

Je sais pas si ce qui ressort de ce texte c’est qu’il y a besoin de monde, interprétez comme vous le voudrez.

En ce moment quand on me demande banalement si ça va, je répond « non ça va pas ».

Fil info répression 14-16 mars 2018

Vendredi 16 mars :

1 personne envoyé à la prison de Nancy en attendant sa comparution immédiate lundi à Bar le duc.

Les 6 autres personnes sont sortis, procès le 23 mai. Tou.tes ont une interdiction de territoire de meuse et haute marne (ils ont eu la générosité de laisser les personnes chercher leurs affaires, l’interdiction s’applique à partir de dimanche), sauf une personne domiciliée dans la meuse qui a donc une interdiction de … la commune de Mandres. Tou.tes ont également une obligation de pointer toutes les 2 semaines dans les comissariats proches de leur domiciliation.

Jeudi 15 mars : les 7 garde-à-vue sont reconduites de 24h supplémentaires.

Mercredi 14 mars : suite à une balade en forêt, 7 personnes ont été interpellées pour dégradation en réunion. Les 7 personnes ont été placées en garde-à-vue.