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5 juillet – Rencontre autour de Fukushima

Salut à tou.te.s,

Comme annoncé il y a quelques temps, on recevra le JEUDI 5 JUILLET
prochain la visite de personnes ayant écrit le livre « Fukushima & ses
invisibles », paru récemment aux Editions des Mondes à Faire (dont on me
dit qu’il est rudement bien).

Elles font une petite tournée de présentation à l’occasion du passage en
France d’une dizaine d’activistes japonais.e.s dont certain.e.s ayant
participé à écrire ce livre. Elles précisent ceci :

« Le but de la tournée n’est pas de faire la promotion du livre mais de
se servir de la sortie pour provoquer une rencontre entre les amis que
nous avons rencontré là-bas depuis quelques années maintenant pour
certains et des collectifs engagés dans des dynamiques politiques
situées ici en France. Toutefois, l’idée c’est quand même de présenter
non tant le contenu du livre mais au moins l’analyse collective que l’on
fait de la catastrophe de Fukushima, de la gestion gouvernementale dont
elle est l’objet et enfin des prises délicates auxquelles elle ouvre. On
ne présentera pas stricto sensu le contenu des textes sinon un faisceau
d’anecdotes, d’histoires et de propositions théoriques qui, nous
semble-t-il, peuvent nous aider à penser et agir adéquatement dans cette
situation. »

Pour cette soirée meusienne, elles proposent :
– une projection du film « Kamagasaki. La bataille du grand chaudron »
– une discussion autour des problèmes politiques et existentiels posés
par la contamination des territoires par la radioactivité.
– un repas japonais (vegan)

Rendez-vous à la Maison de Mandres (2 rue de Vinelle,
Mandres-en-Barrois) à partir de 19h.

A très vite,
Belles bises !

16 rendus de procès – une attaque à la défense libre

Aujourd’hui, le tribunal de Bar-le-Duc, sous la présidence de Isabelle Dréan-Rivette, rendait les verdicts des audiences du 23 mai (pour des faits du 03-04 mars et du 14 mars) et du 12 juin (pour des faits du 22 février et du 09 avril) qui n’ont pas donné lieu à un report.

 

Nous attendions donc 16 rendus.

Pour la personne interpellée le 03 mars, le parquet a renoncé à ses poursuites.

Pour les 6 personnes interpellées le 04 mars, 5 d’entre elles ont obtenu la relaxe suite à des nullités de procédure (notament l’absence des Procès Verbaux d’interpellation). La dernière a été condamné à une peine de 3 mois de sursis simple (sans inscription au B2).

Les 6 personnes inculpées pour les faits du 14 mars ont été relaxées pour des nulités similaires (toujours cette fameuse absence du PV d’interpellation).

La personne qui passait pour les faits du 09 avril a aussi été relaxée pour des nulités de forme également.

Une personne a été condamnée à 2 mois de sursis assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans avec une interdiction de paraître dans le territoire de la Meuse.

La dernière personne qui a été condamnée pour des faits du 22 février, pour un outrage a pris 1 mois de sursis avec 2 ans de mise à l’épreuve : obligation de payer ses frais de justice et interdiction du terristoire de Meuse. Cette peine peut paraître légère, mais elle est en fait comme une épée de Damoclès sur la tête de personnes qui est installé dans le territoire meusien.

Ce jugement en particulier est une atteinte à la défense libre. Cette personne inculpée est en effet la seule à avoir choisi de venir sans être représentée par un avocat. La présidente du tribunal avait ignoré ses nullités, l’avait complétement censurée et il n’avait pas pu proprement développer sa défense, interrompu définitivement dès que le tribunal considérait qu’il ne parlait pas des faits. (Nous ne reviendrons pas sur le fait que les avocats avaient pu parler de Cigéo, et encore moins sur les longues tirades du procureur Olivier Glady, dans lesquelles ce dernier passe de Proust à la stratosphère tout en traîtant « les gens de Bure » de drogué.e.s…). (Lors du procès du 23 mai, la même juge avait déjà empeché, à 5 reprises, la lecture d’une déclaration par les prévenu.e.s du 4 mars. )

Ceci est clairement une attaque à la défense libre. Cette peine comprenant 2 ans de mise à l’épreuve avec interdiction de territoire est démesurée et éminament politique.

Ils n’arriveront pas pour autant à brîser nos vies et nos luttes!

Vague de perquisitions et arrestations: tentative de synthèse

Mise à jour du 10 juillet : on dénombre en fait (au moins) 15 perquisitions avec non pas 2 mais 3 compléments de perquisition.

Etat des lieux de la dernière grosse vague de répréssion (depuis mercredi 20 juin)

 

On dénombre 14 perquisitions dont 12 simultanées le mercredi 20 juin à 7h du matin et 2 compléments de perquisition ayant eu lieu lors de gardes à vue. Certaines perquisitions ont eu lieu sans mandat de perquisition, et une perquisition n’as pas pu avoir lieu, par manque du bon papier.

Ces perquisitions ont donné lieu à 10 gardes à vue. Une de ces gardes à vue étaient liée aux conditions de la perquisition et n’a pas donné de suite. Pour les autres,

5 ont donné lieu à des mises en examen avec contrôle judiciaire: interdictions de territoire, interdiction de voir les autres personnes liées à l’instruction, et interdiction de quitter le territoire nationale;

2 personnes sont sorties comme témoins assistés;

2 personnes sont sorties sans suites pour le moment.

Les gardes à vue et déferrements des 9 personnes précitées se sont terminées entre jeudi et vendredi soir.

Plus d’une douzaine de personnes ont été convoquées pour des auditions en tant que témoins.

Ces perquisitions, arrestations et auditions, font suite à l’ouverture d’une instruction pour association de malfaiteurs après des faits qui ont eu lieu en 2017. On rappelle qu’une première vague de perquisitions avait eu lieu dans ce cadre le 20 septembre 2017.

Une instruction, kezako?

Une instruction, c’est une enquête en cours, qui peut durer plusieurs années, durant lesquelles un.e juge (le/la juge d’instruction, ici : Kevin Lefur) avec l’aide du/ de la procureur (ici : Olivier Glady), instruisent un dossier (le dossier d’instruction). Afin de trouver les coupables et de les inculper, ielles ont à leur disposition tout plein de façons de rassembler des informations en fonction de la qualification de l’instruction (association de malfaiteurs, terrorisme, bande organisée, série de meurtres…). Dans le cas qui nous intéresse ici, écoutes téléphoniques, géolocalisations des téléphones, traçage des véhicules, perquisitions, gardes à vue de 96h, font partie de leur arsenal. Tant que l’instruction est en cours (et c’est toujours le cas), il est possible pour les mis.e.s en examen, les témoins assistés et leurs avocat.e.s de consulter leurs dossiers. Celleux-ci sont alors soumis.e.s au secret d’instruction et ne peuvent pas parler de ce qu’ielles y ont lu.

L’association de malfaiteurs, kezako?

L’association de malfaiteurs est un délit qui se caractérise par la participation à un groupement d’individu.e.s formé en vue de préparer un ou plusieurs crimes ou délits passibles de plus de 5 ans d’emprisonnement.

 

Nous ne laisserons pas Bure devenir la nouvelle affaire Tarnac !

Appel à rassemblement partout en France mercredi 27 juin à partir de 19h !

 

Alors qu’une nouvelle vague de répression sans précédent touche le mouvement de lutte contre le projet Cigéo et que nous voyons se construire de toute pièce sous nos yeux une nouvelle affaire Tarnac, nous faisons appel à vous pour : 
– relayer l’appel à rassemblement partout en France mercredi 27 juin à partir de 19h – plus d’informations prochainement 
– signer le communiqué commun que nos associations ont diffusé ce jour 

Merci de nous faire connaître d’ici le lundi 25 juin à 14h les démarches de soutien que vous comptez mettre en place et de nous communiquer votre accord pour signer le communiqué commun à l’adresse suivante : soutiensbure@riseup.net  [merci de préciser le nom de l’orga, collectif, comités etc dans l’objet du mail pour un traitement plus rapide)

 

Le point en bref sur la situation

Mercredi 20 juin, une nouvelle vague de répression sans précédent touche le mouvement de lutte contre le projet Cigéo. Au moins 11 perquisitions, 8 personnes placées en GAV et des convocations pour audition à la pelle. Les personnes arrêtées ont en commun d’être fortement investies dans la lutte contre le projet Cigéo et ne sont pas ciblées au hasard : avocat de la lutte, membres d’associations historiques, habitants locaux et personnes qui se sont implantées localement.

 

Les chefs d’accusation qui pèsent sur nos ami.e.s et compagnon.e.s de lutte sont insensés, amalgamant pêle-mêle : association de malfaiteur, violence en réunion, accusation d’avoir « dirigé le black block » au G20 de Hambourg… Ce à quoi rime ce délire, nous le savons trop bien : en réponse aux critiques fondées formulées à l’encontre de Cigéo, à la montée d’une exaspération légitime contre ce projet imposé, les promoteurs du projet n’ont d’autre recours que de saisir n’importe quel prétexte et instrumentaliser des faits isolés pour criminaliser les opposant.e.s. Nous voyons ici se monter sous nos yeux une nouvelle « affaire Tarnac », dont l’objectif est de détourner l’attention des risques réels du projet Cigéo, de construire de toute pièce des suspects et d’affaiblir la lutte … Surtout, en frappant des personnes fortement impliquées, l’état criminalise celles et ceux qui s’organisent et tente de semer la peur et la division dans les milieux militants.

 

A l’heure qu’il est plusieurs de nos ami.e.s sont encore en GAV et nous ne savons pas si ils et elles seront ou non libérées.

 

En réponse à cette construction politique et policière délirante, nous réaffirmons notre unité et notre solidarité. N’en déplaise aux promoteurs de Cigéo, notre mouvement ne se laissera pas écraser ainsi et nos associations ne plieront pas par peur d’être les prochaines sur la liste. 
  

Communiqué de soutien à faire circuler et à signer par vos collectifs, associations, comités de soutien, organisations…

 

Communiqué commun – Réseau « Sortir du nucléaire », Bure Zone Libre, BureStop55, Cedra 52, EODRA, ACDN- 22 juin 2018

Nous ne laisserons pas Bure devenir la nouvelle affaire Tarnac !

Ce mercredi 20 juin, le mouvement d’opposition au projet Cigéo à Bure a été frappé par la vague de répression la plus massive que nous ayons jamais connue en plus de 20 ans de lutte. 11 lieux militants, lieux de vie et lieux de travail ont été perquisitionnés, des portes ont été défoncées sans sommation, des militants jetés à terre et menottés, des intimités ont été violées, du matériel et des documents personnels et militants ont été embarqués. 10 personnes de notre mouvement ont été arrêtées. À l’heure où nous écrivons, plusieurs sont encore en garde à vue et nous ne savons pas si elles vont être libérées ou placées en détention.

Militant.e.s membres des associations ou sans-étiquette, investi.e.s de longue date ou ayant récemment fait le choix de s’installer sur le territoire pour y vivre : dans leur diversité, les personnes arrêtées ont en commun un fort engagement contre le projet Cigéo. Parmi elles, on compte également un avocat de la lutte, qui assistait nombre de militant.e.s. Son bureau a été perquisitionné, suite à quoi il a été arrêté : or comme l’ont rappelé 50 de ses confrères, cette arrestation porte atteinte au droit de défendre et d’être défendu. Il s’agit donc d’un acte extrêmement grave.

Les chefs d’accusation qui pèsent sur nos ami.e.s sont insensés, amalgamant pêle-mêle : association de malfaiteurs, violence en réunion, accusation d’avoir « dirigé le black block » au G20 de Hambourg… Nous savons trop bien à quoi rime ce délire : en réponse aux critiques fondées formulées à l’encontre de Cigéo, à la montée d’une exaspération légitime contre ce projet imposé, les promoteurs du projet n’ont d’autre recours que de saisir n’importe quel prétexte et instrumentaliser des faits isolés pour criminaliser les opposant.e.s. Nous voyons ici se monter sous nos yeux une nouvelle « affaire Tarnac », dont l’objectif est de détourner l’attention des risques réels du projet Cigéo, de construire de toute pièce des suspects et d’affaiblir la lutte. En s’attaquant à des personnes engagées, l’État criminalise celles et ceux qui s’organisent et tente de semer la peur et la division dans les milieux militants.

En réponse à cette construction politique et policière délirante, nous réaffirmons notre unité et notre solidarité. N’en déplaise aux promoteurs de Cigéo, notre mouvement ne se laissera pas écraser ainsi et nos associations ne plieront pas par peur d’être les prochaines sur la liste.

Nous constatons qu’il n’est pas anodin que ce coup de force survienne précisément maintenant, quelques jours après la plus grande manifestation contre Cigéo survenue à Bar-le-Duc depuis une douzaine d’années, marquant un renouveau du soutien populaire à l’opposition à ce projet qui révèle de jour en jour son infaisabilité. Alors même que des ateliers devaient avoir lieu cette semaine à Bure pour ancrer la mobilisation dans la durée. Si cette mobilisation – qui prend de l’ampleur – gêne, c’est bien que le gouvernement est aux abois ! L’État réprime aujourd’hui ce qu’il a tenté d’étouffer pendant des années.

Il n’est pas anodin non plus que la répression frappe alors que la filière nucléaire est en pleine déconfiture, les failles de Cigéo ne faisant que s’ajouter aux retards de l’EPR de Flamanville et aux difficultés économiques d’EDF, qui poursuit sa fuite en avant et refuse de fermer des réacteurs.

Enfin, cette vague répressive survient alors que le gouvernement, suite à l’expulsion du Bois Lejus et à la vague d’émotion qu’elle a suscitée, a annoncé de nombreuses « consultations » et un débat sur les déchets radioactifs à l’automne. De qui se moque-t-on ? Qui peut prétendre que les conditions du débat sont réunies, alors que des personnes fortement impliquées contre Cigéo sont jetées en garde à vue pendant des jours et blessées dans les manifestations ?

Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous appelons toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cette lutte à dénoncer cette répression et à ne pas être dupes des discours du gouvernement.

Nous appelons d’ores et déjà à des rassemblements de protestation et de solidarité mercredi prochain 27 juin dans toute la France à partir de 19h pour soutenir nos ami.e.s, les modalités pratiques seront précisées au fur et à mesure.

La répression ne nous fera pas taire, nous sommes solidaires !

Déchets radioactifs : ni à Bure, ni ailleurs. Ne pas enfouir, arrêter d’en produire !

On ne nous atomisera jamais !

Suite sur la répression et les perquisitions

On a eu vent de nouvelles perquisitions liées à la lutte à Bure. On arrive à 14 lieux perquisitionnés.

A la liste précédement cité il faut ajouter un lieu de travail, un lieu dans l’isère avec encore des saisies de matériels numériques et manuscrites.

Toutes les personnes sont maintenant sorties de garde à vue dans la Meuse. 2 sans suite, 2 en témoin assisté, 5 qui sont mises en examens avec un contrôle judiciaire (Pour certain.es interdiction de sortie du territoire français, interdiction de territoire (2 Meuse et Haute Marne, 1 Meuse et Saudron, 2 Bure et saudron), interdiction de voir les autres personnes qui ont été mises à l’origine en garde à vue). Tou.tes ressorti sauf 1 qu’ils sont allés cherché en prison pour être mis en garde à vue est retourné en prison.

L’instruction est toujours en cours. Elle nous rappelle juste que beaucoup d’écoutes téléphonique, filatures, balise géolocalisation.

Une vague d’audition en tant que témoins a lieu. N’hésitez pas à contacter la legal team si vous avez des soucis (arr@riseup.net)

 

Vent de soutien suite aux perquisitions et interpellations du 20 Juin 2018

Faisant suite aux nombreuses perquisitions, gardes à vues, convocations et défèrements visant des militant.e.s et un avocat, des soutiens de toute la France nous ont été communiqués.

Merci à toutes celles et ceux qui continuent de lutter contre le mensonge nucléaire, dans le silence assourdissant des médias.

N’oublions pas que cette nouvelle vague de répression n’est qu’un moyen de faire oublier les échéances de la rentrée (défrichement du bois Lejus, voie ferrée, transformateur RTE). A Bure et ailleurs, nous ne nous laisserons pas enterrer par l’ANDRA et ses nervis !

Bar le Duc

Ligny en Barrois

Ppetit concert de soutien devant la Gendarmerie !

Briey

Lannion

Lons le Saunier

Lüchow (Gorleben, Allemagne)

Lien vers l’article en allemand

 

Nancy

Orléans

Paris

On était revenu plutôt content de Bar ce dimanche : y’avait du monde, une bonne ambiance, et ça avait permis aux parisiennes et parisiens de se voir, afin d’être plein d’idées et d’énergie pour pourrir les nucléocrates, qui sont tout de même avant tout planqués dans la capitale !
Alors les sms du mercredi matin annonçant les perquisitions ont fait mal, d’autant que c’est, pour certain-e-s, des gentes que l’on avait pu croiser pendant le WE…
Pour un RDV annoncé quelques heures avant, à St Michel toujours, on était tout de même une bonne cinquantaine de personnes présentes ; c’est pas beaucoup mais c’est déjà ça !
On serait restés un peu invisibles sur cette place, malgré la banderole, mais heureusement la maréchaussée est venue en masse assurer notre visibilité !
Après un début de nasse, tout le mond a pu – à priori – repartir tranquille.

Poitiers

22 juin 2018-Poitiers face à l’église Notre-Dame la Grande, nous étions 3 du Comité Poitevin de Soutien à Bure.
A l’heure de France-Pérou et de la fête de la musique, en fait on a vu beaucoup de monde !
Bien à vous là-bas.

Toulouse

Après perquisition, je me décline : exilé de l’Etat.

 Regardez-moi ces spectres, on dirait  qu’ils marchent à reculons pour déjà retourner à la mort.

 

  20 juin 2018 : 200 gendarmes mobiles font irruption dans nos chambres, dans une dizaine de lieux de vie. Ils embarquent une dizaine de personnes en garde-à-vue, audition ou vérification d’identité. Les membres d’associations historiques sont principalement visés. Le cabinet parisien de l’avocat des opposant-es est perquisitionné et l’avocat placé en garde-à-vue. Depuis le 16 juin déjà, deux personnes sont en prison, et pour un moment. Le 26 juin prochain, indépendamment de cela, nous attendons les verdicts contre 16 militants et militantes anti-CIGEO.

 Que veulent-ils bien nous faire ?

Déjà dix-huit perquisitions de lieux de vie et d’organisation ont été effectuées depuis dix mois. A quoi ça rime ? Tenter de réunir quelques preuves que de grandes manifestations d’opposition à CIGEO (18 février et 15 aout) ont bien été organisées depuis certains de ces lieux ? C’est le prétexte judiciaire. Dénicher des armes de destruction massive ? Interpeller des radis-cots ? C’est bien pour ça qu’ils perquisitionnent essentiellement les appartements de personnes adhérentes à des associations locales d’opposition. Ils savent très bien qu’ils ne vont pas trouver grand-chose, voire rien du tout. L’objectif est ailleurs. Il s’agit surtout de dire, de nous faire rentrer dans le corps, le plus profond possible, cette idée : vous, vous qui osez défier l’Etat nucléaire et militaire, vous ne serez nulle part à l’abri. Vous n’avez plus de forêt, et vous n’avez plus de lieux où vous réfugiez. Nous, Gendarmerie, « nous avons tous les droits ». Nous n’avons aucun papier pour justifier de s’introduire chez vous à 7h du mat’ ? Nous fouillons dans vos affaires intimes, nous volons vos objets de valeur ? Et alors ? Nous sommes l’Etat. Et vous son ennemi intérieur.

Là où il y a de la solidarité,, là où il y a du lien, l’objectif de l’Etat a toujours été de briser. C’est tout l’intérêt pour lui de l’accusation d’ « association de malfaiteurs ». Ce qu’elle criminalise, c’est précisément l’existence de liens entre des personnes, d’amitiés, d’entraides, de solidarités (écrits, matériels, affectifs…). Il devient criminel de s’organiser. Une tentative de fuite serait de se désolidariser, de se délier : « non, non, je ne suis associé à personne ». Piège d’enfer. L’État ne veut que des individus isolés, désespérément seuls, désespérément pauvres en vitalité et en relations. C’est ainsi que le gouvernement s’opère : qu’il ne reste de « sécurité » que dans les cages climatisées qu’il nous prépare à petit feu. Mutilé-es du sens, il nous reste comme unique « pouvoir », comme unique « responsabilité », de développer le capital humain que nous devenons. Il y en a – les petit-es gagnant-es de ce jeu – pour qui la carotte, la promotion, les likes, les loisirs suffisent à cajoler. Et il y a le reste : ce foutu reste qui ne croit pas et perd au grand jeu du devenir-marchandise de nos corps. Ce reste qui ne se laisse pas digérer. Ce reste-là, faut le mater.

            Donc, je reviens à nos perquisitions. Toujours accompagnées de multiples arrestations, détentions, contrôles routiers, intimidations…, elles ont donc pour but majeur – outre d’offrir un parquet aux dents du proc-monsieur Olivier Glady – de DISTILLER LA PEUR. Je dis distiller parce que la peur  ça se donne par à-coups, ça s’inocule par doses successives, de plus en plus dangereuses. La peur ça doit s’insinuer partout. La peur de finir en prison, de finir tabassé, de finir en trombinoscope sur les tableaux de gendarmeries, de finir sur leur tableau de chasse, de finir séparé de ses ami-es, c’est-à-dire de sa famille. De la peur dans la rue, quand je marche d’un foyer à un autre. Dans les corps des habitants du coin, abreuvés au journal qui étale la « menace » des opposants. Derrière nos fenêtres, où passent toute la nuit les flics avec leurs projecteurs direct’ dans la cuisine ou la chambre. La peur encore dans nos canapés, derrière les rideaux, dans nos étagères, partout où leurs sales mains brutales et bureaucratiques ont ou pourront un jour farfouiller. De la peur encore dans nos lits, la nuit, où je ne rêve pas de sérial killers non, mais de flics, encore et encore de flics. De la peur partout, pire qu’un acarien, qui vous démange là, au fond de la gorge. Tout près, tout prêt, de la rage.

            La peur ça doit vous rendre tout recroquevillé sur vous-mêmes, méfiant de tout, de tous et toutes, barricadé dans nos habitudes. Ça fait ça sur beaucoup de gens, à qui on a désigné le voisin comme étranger, le sans-pap’ comme criminel… Au contraire ici, dans cette maison que j’ai choisie comme foyer, on s’est forcément resserrés avec les amies, on a dormi dans la même chambre, on s’est confiés et rassurés. On a soigné notre force, la force ridicule en même temps qu’indestructible de nos liens.

            Que pouvons-nous bien faire ?

            L’Etat nucléaire-militaire aimerait que je dresse un tableau tout noir tout noir de ce coin de Meuse. Vous, militant-es ou non, derrière vos écrans ou non, vous être censés avoir peur aussi, car il faut que vous restiez loin de ce qui se passe ici. Rien à voir. Sauf qu’ici, il y a beaucoup, beaucoup plus à voir que de la peur.

Il y a, tiens, ce concert extraordinaire qui a eu lieu près de Bure il y a quelques semaines J’y ai dansé comme un petit fou, comme dans un dédale de vagabondages. Et je n’étais pas seul. Encore avant-hier, avant que la maison où j’habite ne soit forcée, un ami en visite déclarait sa flamme au foyer où j’habite. Et je n’étais pas seul. Et un-e ami-e nous cuisinait justement un merveilleux plat, qu’iel a tenu à nous servir. Et je n’étais pas seul. Et les ateliers de clown auxquels j’ai participé, où l’on laisse effleurer nos fragilités et nos rires de gosses. Et le souffle chaud de l’ami qu’on serre fort dans ses bras. Et les cinquante crêpes préparées par d’autres pour le retour dans la Maison de résistance. Et les massages, les parties de tambour et les parties de tambouille. Les bouffes, les balades, les discu’, les fêtes, les actions, les manifs, les escales en bord de rivière. Tant qu’ils ne nous mettront pas tous et toutes en prison, tant qu’ils ne nous tueront pas, ils auront du mal à briser ça. Tant que nous ne devenons pas des Individus, je suis sauvé : je me sens invinciblement fragile.

Et vous qui habitez loin mais qui êtes scandalisé-es par ce qui se passe ici ? Que pouvez-vous faire ? Nous n’avons pas de consignes à donner. L’Etat nucléaire-militaire veut forcer la poubelle atomique à coups de grenades, d’argent sale et de barreaux : pour ça il doit briser et isoler les êtres-collectifs et les individus qui vivent encore là où devrait déjà poussé un désert de barbelés. Alors il faut peut-être désenclaver Bure. Ne pas les laisser croire que la lutte anti-CIGEO se fomente dans quelques maisons. La faire surgir partout où la mort et la dépossession s’insinuent. Si partout des comités de lutte sont entretenus, des rassemblements et des actions de types infiniment divers sont menés, alors ils ne pourront plus asphyxier Bure. Ils auront beau s’acharner sur mon corps et notre liberté, je saurai qu’ils n’ont pu empêcher et ce sit-in là, et ce sabotage-ci, et cette occupation, et ce concert de soutien où des corps-plus-fous-que-moi ont dansé toute la nuit. Je ne regarderai plus autour de moi, là où j’ai peur, mais beaucoup plus loin. Au loin, là des ami-es que je ne connais même pas – encore ! – ont pris le bâton de relais, frappent le sol et surmontent des collines d’impuissance. Et la prochaine fois qu’une patrouille militaire me contrôlera, je regarderai au loin. Et je sourirai.

Vague de perquisitions et d’arrestations à Bure

Mercredi 20/06 : perquisitions et arrestations à Bure

Résumé de la vague de perquisitions et arrestations

Le mercredi 20 juin entre 7h et 18h, des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs lieux de vie (collectifs ou non) à Bure et aux alentours. Au total, 11 perquisitions ont eu lieu à partir de 7h du matin à :

  • La Maison de Résistance à Bure (deux arrestations, nombreux contrôles d’identité, du matériel saisi)
  • Cirfontaines-en-Ornois (une arrestation, du matériel saisi)
  • Verdun (une arrestation)
  • Montier-sur-Saulx (pas d’arrestation, du matériel saisi)
  • Commercy (deux arrestations)
  • Biencourt-sur-Orge x 2 (une première perquisition le matin et une seconde l’après-midi dans une autre maison et une arrestation)
  • Ancerville (convocation à une audition libre)
  • Chennevières (convocation à une audition libre)
  • Paris au domicile d’un avocat (une arrestation)
  • Joinville

Il y a déjà au moins 10 interpellations, 2 personnes sorties, 8 garde-à-vue confirmées encore en cours et deux auditions libres dans cette journée. Les opérations sont terminées.

Fil info :

Vendredi 22/06

Mise à Jour 21h

Toutes les personnes ont finalement été relachées, après près de 60h de garde à vue pour les dernières. Certaines ont un contrôle judiciaire.

Mise à Jour 19h

3 des 4 personnes encore en garde à vue ont été libérées entre cette nuit et aujourd’hui.

Ces libérations ont été accompagnées d’un défèrement pour deux des personnes, la troisième ayant été libérée sans suite immédiate.

Jeudi 21/06

Soirée : 4 personnes (arrêtées respectivement à Bure, Biencourt-sur-Orge, Paris et une de Commercy) sont sorties de garde à vue. 4 personnes ont vu leur garde à vue prolongée au delà de 48h.

Mercredi 20/06

19h30 : sortie d’une des personne interpelées à Bure sans suite.

18h : la perquisition se termine à la Maison de Résistance à Bure (2 arrestations).

13h12 : Acab

11h55 : arrestation ciblée d’une personne aux alentours de Bure par des gendarmes stationnés dans un village.

10h : fin de la perquisition à Biencourt-sur-Orge. Pas d’arrestation. Des choses ont été saisies (matériel informatique etc).

9h : plus personne n’est dans la Maison de Résistance (à part les flics et les personnes témoins de la perquisition). Les flics sont en train de fouiller les camions et caravanes.

8h30 : fin de la perquisition à Cirfontaines-en-Ornois. Une personne arrêtée. Des choses ont été saisies (matériel informatique, peinture etc).

7h30 : À la Maison de Résistance, les flics font sortir les personnes une par une avec contrôle d’identité et photo. Les flics semblent vouloir évacuer tout le monde et commencer la perquisition. Il y aurait une cinquantaine de flics et un camion de déménagement. À Mandres-en-Barrois la présence policière est accrue (quelques flics aux coins des rues, un camion de gendarmes mobiles devant l’Affranchie, ils ne contrôlent pas quand on passe devant eux).

Infos obtenues via les médias

Les perquisitions, qui ont débuté à 7H, sont effectuées « dans le cadre d’une commission rogatoire d’un juge d’instruction » portant sur trois faits commis en 2017″, a indiqué à l’AFP le procureur de la République à Bar-le-Duc, Olivier Glady.

(article de France24 qui reprend une dépêche de l’AFP) (suite…)