Discussion + projection du film « Pas res nos arresta » sur la lutte de l’AMASSADA
Samedi 27 Mai – Rencontre/film/discussion sur la lutte dans l’Aveyron contre le méga transfo et les éoliennes industrielles
Lutte contre le projet d'enfouissement de déchets nucléaires
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Depuis quelques jours nous avons repéré des trajets de camions entre Luméville et Horville, hier, nous avons constaté qu’une pelleteuse travaillait à construire une route praticable pour camions le long de l’ancienne voie de chemin de fer, 4 vigiles de l’Andra accompagnaient la manœuvre prétextant une piste cyclable…(lol)
– Entre Luméville et Horville, le long de la nationale 32, 300 m de longs sur 3 mètres de large ont étés creusés de manière à accueillir les gravats de Chardot TP, le même genre de route que dans la forêt. Cela s’est produit aujourd’hui.
– Entre Horville et Gondrecourt, une voie de gravats est déjà aménagée sur plus d’un kilomètre. Un arrêté municipal signale une interdiction temporaire de circuler sur ces voies. Voir lien vidéo MPEG0007
Tôt ce matin, des opposants se sont rendus sur place et ont été rapidement rejoins par un véhicule de police.
à partir de 7h30 – Arrivée sur les lieux et constatation de l’avancée des travaux.
8h14 – On remarque l’arrivée d’un véhicule de gendarmerie et de véhicules de vigiles, Hance est présent. On se déplace à l’entrée de la voie en construction pour leur faire face.
9h05 – Cinq véhicules de police arrivent en renfort (dont 1 fourgonnette), présence de Dubois.
9h30 – Arrivée de la pelleteuse qu’on commence à bloquer.
10h20 – Fin du blocage sous la pression des gendarmes présents en grand nombre qui arrivent à nous repousser. La pelleteuse reprend son travail.
11h10 – Retour à la maison, pas d’interpellation 😉
Plan du tracé du projet de voie ferroviaire entre Gondrecourt-le-château, Horville-en-Ornois et l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, sur le parcours de l’ancienne voie ferrée :
Plan imprimable : fond de carte en A3 (clip droit sur l’image puis Enregistrer l’image sous) (suite…)
Le 2 mai à Bar-le-Duc aura lieu le procès de Jean-Pierre Simon, poursuivi pour complicité dans la première occupation du Bois Lejuc. Nous serons des centaines à répondre à l’appel de la confédération paysanne en nous rassemblant devant le TGI dès 9h.
19 juin – 19 avril : 10 mois aujourd’hui que le Bois Lejuc est occupé ! Occupant.e.s résolu.e.s des lieux, ou plutôt casanier.e.s à BZL, nous avons tou.te.s appris, chacun.e à notre rythme, à connaître et aimer la forêt communale de Mandres-en-Barrois. Nous en connaissons les sentiers et les clairières, les zones déjà détruites et celles menacées, celles qui sont stratégiques pour une cabane, pour une barricade, pour une entrée discrète, pour un repli sûr… Nous l’avons connue en été, en automne, en hiver (déter’!) et au printemps. Nous avons vu le lieu changer, nous avons vu les bourgeons éclater jour après jour et les parterres de primevères s’étendre.
En prêtant une telle attention au Bois Lejuc, en nourrissant jour après jour un peu plus le désir de le protéger des ravages de l’industrie nucléaire, nous avons appris beaucoup nous aussi, et notre détermination à enterrer Cigéo est plus grande que jamais.
S’il y a une chose que l’on apprend en luttant pour une forêt, c’est que les arbres changent plus vite que le papier : les charmes ont eu beau perdre et retrouver leurs feuilles, l’institution judiciaire, elle, mâche et digère encore et toujours le même épisode. L’actualité parfois brûlante, l’attaque de l’écothèque en février 2017 et maintenant le début des travaux sur la voie ferrée, ne doivent pas nous faire oublier que certaines suites judiciaires de la première occupation (juin – juillet 2016) sont encore devant nous : nous vivons aujourd’hui les remous de l’expulsion du 7 juillet. Il y a moins d’un mois, nous parlions du cas de Florent, interdit de Meuse a cette occasion, et qui a choisi de transgresser publiquement sa peine. Le 2 mai à Bar-le-Duc aura lieu le procès de Jean-Pierre Simon, agriculteur céréalier en lutte contre Cigéo : l’Andra lui reproche d’avoir soutenu la première occupation du Bois en mettant son tracteur et sa bétaillère à disposition des opposant.e.s.
Soutien à l’occupation, vraiment ? Mais occupation de quoi, appartenant à qui ? Le 28 février 2017, la justice a rendu caduque l’acte administratif qui avait permis l’échange du terrain entre la commune de Mandres et l’Andra. Ce coup de tonnerre juridique ébranle en cascade toutes les procédures de l’Andra : comment pourraient-ils faire expulser Sven d’un lieu qui ne leur appartient pas ? Quant à Jean-Pierre… Si la forêt n’a jamais été à l’agence, qu’a-t-il fait de plus que de mettre son tracteur en lisière d’un bois communal ? Non seulement rien de répréhensible, mais même quelque chose de tout à fait louable : empêcher une entreprise de détruire illégalement la forêt des habitant.e.s de Mandres ! Le condamner dans ces circonstances serait décidément un très mauvais signal quant à la l’indépendance de la justice vis-à-vis de l’industrie nucléaire. Pourtant, parce que ce premier acte de l’ « été d’urgence » a redonné une formidable impulsion à la lutte contre Cigéo, on peut craindre que les autorités aient à cœur de le faire payer chèrement à la seule personne qu’ils ont sous la main…
Après 20 ans de lutte contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, la détermination des militant-e-s ne cesse d’augmenter.
L’année 2016 a permis grace à diverses stratégies (bataille juridique, occupation de la zone des travaux, manifestations…) d’entraver la mise en oeuvre par l’ANDRA (l’agence national pour la gestion des déchets radioactif) de centaines de forage dans la foret du bois Lejuc. Les murs que l’ANDRA a érigés n’ont pas suffit à contenir notre colère qui les a fait exploser.
2017 apporte sont nouveaux lot de combat : empêcher l’ANDRA de continuer le massacre du bois, les empêcher d’en récupérer la propriété aujourd’hui contestée par les habitants de la commune, étendre l’occupation sur place, défendre la vingtaine d’espèces protégées récemment découverte dans la forêt. En effet, chauve souris, reptiles, sangliers, hiboux, cerfs et chats sauvages se trouvent menacés par l’agence qui entend bien déposer sa demande d’autorisation pour le stockage en profondeur (500 mètres) en 2018, sans se soucier des dégâts qu’elle cause, à court comme à long terme. Laconiquement, l’ANDRA indique qu’elle règlera les compensations financières en lien avec la perte de biodiversité qu’elle engendre.
Mais rien n’est joué pour l’ANDRA qui croyait pouvoir appliquer ses méthodes mafieuses sans résistance de notre part. Aujourd’hui, le réseau de notre lutte qui date de plus de 30 ans s’étend et s’internationalise. De Notre-Dame-des-Landes à Pyhajoki en passant par Gorleben, les liens se renforcent chaque jour.
Dates et lieux :
16. April: Hambacher Forst, (Skillsharing Camp)
18. April: Bielefeld, Autonomes Jugendzentrum
20. April: Bremen, Altes Sportamt
24. April: Wendland, Gasthof Meuchefitz
26. April: Leipzig, Meuterei
28. April: Berlin, Wagenplatz Lohmühle
Pour nous contacter, vous pouvez nous joindre sur l’adresse mail suivante : sauvonslaforet@riseup.net
A bientôt, ici ou ailleurs
Les beaux jours reviennent et Bure grouille de projets en maraîchage et constructions divers. Il fait bon vivre en Meuse, alors célébrons cette énergie en musique, les 14 et 29 avril, à l’ancienne Gare de Luméville. Pour celles et ceux qui se remémorent avec nostalgie les grands moments musicaux des 18 et 19 février, sous le chapiteau et en salle multi, il est temps de revivre l’aventure!
Les fonds récoltés lors de ces événements serviront :
Au programme : Le collectif anarkorap La Vermine nous viendra de Toulouse, El Prolo et La Bergerie les rejoindront de Metz, et une partie du collectif Nid d’guêpes, de Nancy, partagera la scène avec eux ! (K-Listo de Soledad est annulé)
Et bien sûr, la soirée terminera en open-mic. Venez mettre le feu (à l’Andra (et à son monde (pourri))) !
La gare se prépare à accueillir du monde à partir de 18h30 environ, et les concerts commenceront vers 21h, après un bon repas ! Il y aura de la bière au bar (à prix fixe), des jus et sirops (à prix libre) et du riz thaï vegan à la cantine (à prix libre).
Le terrain accueille sans soucis véhicules et tentes pour celles et ceux qui veulent rester dormir. Essayons de le garder propre et en bon état pour les prochaines fois !
Si vous voulez venir en avance pour aider (signalétique, cantine, envoyez un mail à sauvonslaforet !)
L’affiche du concert (avec une petite erreur sur la destination des bénéfices…), à diffuser !
L’événement se déroulera sur 4 jours et mêlera thématiques agricoles, thématiques anti-rep / anti-carcérales, et convergence avec la lutte contre l’extractivisme en Moselle. Le tout en musique ! Le programme peut encore évoluer mais les grandes lignes sont là .
Programme des concerts:
Il y aura également un stand « Anarchist Bure Cross » (anti-carcéral) et anti-répression, ainsi qu’un infokiosque sur la lutte à Bure. Et bien évidemment à boire (bière et cocktails à prix fixe, sirops et jus à prix libre) et à manger (pizzas maison).
Comme pour le 14, vous pouvez vous garer et camper sur le terrain : essayons seulement de le garder en état !!
L’affiche des concerts, à imprimer diffuser massivement !!
A partir de 15h, à Bure : plusieurs discussions sur les luttes paysannes, l’accaparement foncier par l’Andra, les pressions subies etc. (programme à préciser)
A la même heure à Pontpierre (à 2h de route), rassemblement gaznavalesque contre l’extraction des gaz de couche. Remplissons les voitures et partons groupés depuis Bure ! Contact : ingazables (at) riseup (point) net
A la gare, concert d’Enfance Sauvage et Black Heroin
A Pontpierre : Marche aux flambeaux + hébergement sur place (prévoir tentes) avec des retours sur bure lundi dans l’après midis.
Depuis l’année dernière, 2ha sont squattés sur les terres mises en réserves par la SAFER pour l’ANDRA. On y cultive déjà du blé et des oignons : profitons du festival pour planter ensemble joyeusement les patates. Si vous étiez à Reclaim the Fields en novembre, profitez-en pour voir si les arbres que vous avez planté ont repris ; )
Une partie de la journée sera également consacrée à la préparation du rassemblement du lendemain.
Un ami agriculteur, Jean-Pierre, est accusé de complicité dans la première occupation du Bois Lejuc en Juin-Juillet 2016. Sa bétaillère avait été saisie lors de l’expulsion et ne lui a toujours pas été restituée. Son procès est clairement une manœuvre visant à faire porter la répression de tout un mouvement par un individu unique. Répondons à l’intimidation par la solidarité et soyons nombreux-euses pour répondre à l’appel de la Confédération Paysanne à le soutenir, à partir de 9h devant le TGI de Bar le Duc.
L’affiche et le tract de la Confédération Paysanne
Suite à l’expulsion mouvementée du Bois Lejuc en Juillet 2016, Florent avait été condamné, outre ses six mois de sursis, à deux ans d’interdiction de territoire. Ce lundi 27 mars, pour enrayer la mécanique de la répression, il transgresse publiquement la contrainte en franchissant symboliquement la frontière Haute-Marne – Meuse. Nous publions ici sa déclaration, suivie de quelques réflexions.
Ces derniers jours à Bure, un verrou a sauté. Celui de la rage contenue et de la résignation. La manifestation du 18 février a vu tou.te.s les opposant.e.s à Cigéo se rendre ensemble aux grilles de l’ANDRA et les renverser. Même si encore de nombreuses années de luttes nous attendent, nous sommes déterminé.e.s. Le moment me parait venu d’assumer publiquement ma décision de me soustraire à mon interdiction de territoire.
En effet, interpellé le 7 juillet dernier lors de l’expulsion du bois Lejuc, j’ai été condamné en septembre à 6 mois de prison avec sursis et 2 ans d’interdiction d’apparaître dans le département de la Meuse. Ne voulant pas donner corps à la répression, j’ai continué d’aller et venir à Bure et ses environs comme bon me semblait, et de renforcer les liens avec mes copains et mes copines de lutte. Si quelques photos pixelisées doivent dormir dans quelque service de renseignement, les gendarmes ne m’ont pas remis la main dessus.
Si aujourd’hui je me positionne publiquement, c’est pour garder l’initiative et ne pas rester à la merci du premier contrôle routier venu. C’est pour dénoncer et combattre, ici comme ailleurs, une arme répressive qui se systématise et qui repose sur l’intimidation. Je veux ainsi dire aux autorités : « Nous n’avons plus peur. Libre à vous de vous enfermer dans votre course en avant répressive. Je vous laisse penser que votre désert nucléaire se construira à coup d’interdictions de territoire. Nous continuerons à lutter !”
Parce que si le projet Cigéo se réalise, nous serons tou.te.s à terme interdit.e.s de territoire, soyons solidaires et dénonçons la répression.
Tou.te.s interdit.e.s de territoire ? C’est peut-être effectivement ce qui nous guette dans une Meuse que les autorités nucléaires promettent à des millénaires de radioactivité. Car si l’Andra est venue chargée de promesses de croissance et d’emplois pour mieux faire accepter l’inacceptable dans une région déjà désertifiée, la réalité de sa présence est tout autre. Qui voudra vivre dans un territoire accaparé, années après années, par l’agence (plus de 3000 ha en 2015) ? Qui voudra vivre entouré de projets nucléaires (le stockage Cigéo à Bure, l’usine « Bison » à Gudmont, la blanchisserie à Joinville…) ? Cultiver une terre souillée par des colis radioactifs à vie longue ? Subir chaque nuit les envahissantes lumières du laboratoire ?
C’est bel et bien d’une lutte de territoire qu’il s’agit, une lutte dans, par, et pour un territoire : en interdisant Florent de Meuse, le tribunal ne s’y est pas trompé. Face à la logique mortifère d’invasion et d’aménagement que met en place l’Andra, nous voyons au contraire une Meuse vivante et tissée de solidarités. Nous avons fait le choix de l’habiter, d’y construire nos cabanes et d’y retaper nos maisons. En un mot, nous nous projetons gaiement dans le futur dont on aimerait nous chasser. Et comme partout où il y a résistance, il y a répression. Le 18 février des centaines de grenades (lacrymogènes, assourdissantes et de désencerclement) ont été tirées par la police, deux personnes ont été blessées, deux autres interpellées. Pourtant Bure n’a pas connu son opération César comme Notre-Dame-des-Landes, Bure ne connaît pas la violence et l’humiliation quotidienne des banlieues. Nous sommes une goutte de plus dans un océan de colère.
Il est chaque jour plus difficile de nier cette répression généralisée. La criminalisation des opposant.e.s à la Loi Travail et la violence (physique, administrative et judiciaire) à laquelle ils et elles ont fait face ne le permet plus. Parmi l’ensemble des dispositifs de contrôle dirigés ces dernières années contre les militant.e.s, le pouvoir semble affectionner tout particulièrement les plus insidieux : ceux qui font de nous nos propres gardiens et nous obligent à restreindre notre propre liberté. Lors de la COP 21, 26 militant.e.s avaient été assigné.e.s préventivement à résidence et les interdictions de manifester pleuvent désormais avant chaque rassemblement d’ampleur : la marche pour la justice et la dignité du 19 mars n’a pas fait exception à la règle. Quant aux interdictions de territoire comme celle dont Florent a fait l’objet, la justice en a prononcé plus de 1600 en 2015 ! Cette mesure, longtemps utilisée pour éloigner les agresseurs des victimes (notamment dans le cas de violences sexuelles), devient ainsi l’un des moyens de contrôle politique les plus prisés par la police et les tribunaux.
L’état d’urgence, sous le régime duquel nous vivons depuis le 14 novembre 2015, a abattu certaines délimitations entre mesures administratives et mesures judiciaires. En moins d’un an et demi, ce qui n’était il y a peu qu’un scenario catastrophe (« et si le FN était élu et déclarait l’état d’urgence… ? ») est devenu une réalité quotidienne : on peut être puni en France préventivement et administrativement pour ce que l’on est (un militant politique), et pas seulement par un tribunal, postérieurement à une infraction supposée. Ainsi s’accélère le basculement d’un état de droit (fût-il bourgeois) à un état policier. Pour autant, critiquer l’état d’urgence ne suffit pas. Avant lui, un rapport parlementaire proposait déjà de mettre en place des interdictions administratives de manifester. Après lui, nous voyons dès aujourd’hui ce qui se profile à l’horizon : de loi sécuritaire en loi sécuritaire, l’inscription dans le droit commun de l’ensemble des dispositions de l’état d’urgence, jusqu’à le rendre superflu.
Dans ce contexte, passer la frontière entre la Haute-Marne et la Meuse alors qu’on est interdit de territoire, c’est d’abord refuser à cet état policier le droit de décider qui est légal ou illégal, où et pour combien de temps. Car les procédures administratives ou judiciaires restreignant la circulation ne sont pas seulement le lot des militant.e.s politiques : elles sont également un moyen de faire peser la menace répressive sur les migrant.e.s et de continuer à faire exister en nous-même les frontières.
La création de l’Espace Schengen promettait l’ouverture des frontières européennes et la libre circulation des individus en son sein. Mais si les frontières ont été dématérialisées, ce sont désormais des frontières administratives et policières qui les remplacent. Celles et ceux qui parviennent à les franchir se retrouvent une fois ici criminalisé.e.s et soumis.e.s à ces mêmes dispositifs de contrainte. Ainsi la procédure européenne dite « Dublin III » nie totalement les choix, les envies et besoins de l’individu qui, au hasard d’un contrôle pendant son voyage, se voit obligé de demander l’asile dans un pays où il ne faisait que transiter. Cette assignation à un territoire que l’on n’a pas choisi est en soi une violence : on ne se projette pas dans tel ou tel endroit par hasard ; on y rejoint souvent des ami.e.s, de la famille qui pourra nous venir en aide, on a une histoire avec le pays, des affects, des projections.
La vie de celles et ceux qu’on prive d’un territoire et/ou à qui on en assigne un est déjà marquée par l’interdiction d’accéder à des droits essentiels : interdiction de travailler, difficultés ou impossibilité d’accès à la formation, notamment pour l’apprentissage de la langue du pays. La rétention administrative de migrant.e.s dans des centres (48 000 personnes en 2015) et leur assignation à résidence (2274 en 2014) vont encore plus loin en réduisant le champ des possibles à néant pour l’individu. Sa vie est alors définie par son statut, rythmée par les impératifs judiciaires et par les mêmes déplacements répétés jour après jour : le quotidien devient la prison toute entière.
Franchir la frontière et transgresser la contrainte, c’est donc aussi se libérer d’un emprisonnement psychologique, d’un conditionnement à l’auto-flicage. L’interdiction de territoire n’est pas une abstraction juridique. Elle marque le corps parce qu’elle amène les interdit.e.s à intérioriser en eux la frontière. En s’interrogeant constamment sur les lieux où il est possible d’aller, en s’inquiétant en permanence des contrôles de flics sur les routes, l’interdit.e doit devenir son propre geôlier. Tout comme dans le reste de la société, la « personnalisation des peines » pousse à l’hyper-responsabilisation de l’individu : je ne suis libre que de me contrôler… Il ne s’agit donc jamais pour l’État que de réprimer, de freiner, de bloquer, de neutraliser, mais aussi de nous fabriquer en tant qu’individus responsables : responsables de gérer, de mesurer, de contrôler nos propres déplacements… On sort des espaces disciplinaires de la prison, mais pour mieux construire des murs et des barbelés dans les têtes.
Lorsqu’un.e militant.e, pour parler du cas de Florent, est frappé.e d’interdiction de territoire, pour quelques semaines, mois ou années, c’est toute sa vie qui est chamboulée. Pour rendre l’individu transparent au pouvoir, il faut le priver des liens grâce auxquels il trouvait sa valeur, le priver des ami.e.s avec lesquel.le.s il ou elle vivait. Pour neutraliser : isoler. Dans l’imaginaire capitaliste, l’individu bien adapté est atomisé et surtout mobile, détaché de tout ancrage pour pouvoir mieux se livrer au flux de la marchandise, de l’information, de la communication, du tourisme : tu es interdit.e de Meuse ? Ce n’est pas grave, va sur la côte d’Azur… Le personnel judiciaire ou administratif chargé d’ « accompagner » les interdit.e.s veille également à ce qu’il ou elle devienne un.e bon.ne travailleur-euse et un.e bon.ne consommateur-rice.
Rappelons enfin que l’interdit.e ne l’est pas que du village ou de la zone restreinte où il militait, mais bien de tout un territoire, d’un département. Le message est clair : cet individu est présenté comme une menace pour toute la population, alors même que son « délit » était directement dirigé contre des institutions politiques ou économiques. Ainsi se construit le climat sécuritaire que nous connaissons : celui ou celle qui désobéit devient l’ « autre », qui fait peur et qu’on éloigne pour s’en protéger.
Refuser de suivre ce dispositif, comme le fait notre copain de Bure, c’est refuser de se retrouver seul.e, c’est refuser de devenir ce qu’ils voudraient que nous devenions tou.te.s. Et parce que ces gestes prennent d’autant mieux leur sens lorsqu’ils sont massifs, nous appelons tou.te.s les interdit.e.s de territoire à chercher du soutien pour initier à terme un mouvement collectif de refus.
Des chouettes hiboux libres et solidaires
Une brochure d’entretien avec Florent (alias Eric) sur les événements de l’été et la répression subie :
Une Interview de Florent sur Reporterre
Un entretien sur mediapart
La revue de presse Burestop et le communiqué de soutien des associations
Le communiqué de soutien de NDDL
Quelques photos de l’action :
… c’était plutôt tranquille, du jardinage et maraîchage quand il fait beau, des soirées jeux, du ménage, un peu de rénovation par ci par là…
Lundi dernier, on était plusieurs à assister à la passionnante conférence d’Isabelle Masson-Loodts sur la pollution environnementale liée aux déchets de la guerre de 14-18 et le lien avec CIGEO, sla continuité dans le projet prendre la Meuse comme poubelle, en déversant les déchets industriels d’aujourd’hui, ceux du nucléaire. Intervenaient également Claude Kaiser, Veit Stratmann et Corinne François pour élargir l’intervention sur les enjeux éthiques, artistiques et politiques du projet CIGEO.
Vous pouvez trouver plus d’information sur ses travaux au long cours sur : http://www.paysagesenbataille.be
10h15 Trois fourgons de gendarmerie sont passés à vigie sud, ont pris des photos. Ils sont également montés au Chaufour (pour admirer la vue ?), on les a vu passer devant la maison un peu après. Notre cher commandant Dubois était parmi eux !
Un souffle d’énergie revient sur la Maison, qui était pourtant ressortie un peu fatiguée de la grande semaine de mobilisation contre Cigéo (et son monde (de merde)). Au programme aujourd’hui : rangement dans la grange et dans l’atelier, travaux préparatoires au futur jardin de plantes aromatiques et médicinales, réunion non-mixte, discussions passionnées sur nos projets (agricoles et autres) à venir, et repas chaleureux dans une cuisine qui ne désemplit plus. Le mois s’annonce calme sur le plan juridique et médiatique, mais ce que nous construisons ici n’est pas prêt d’être mis en pause.
À Bure nous sommes en train de gagner une série de victoires importantes sur le terrain, avec une mobilisation importante dans le bois et lors de la manif du 18 février, et dans les tribunaux.
Plus que jamais, l’Andra est retardée dans ses « travaux préparatoires » dans le bois Lejuc. Elle doit mener à bien lesdits travaux, collecter des données environnementales, procéder à une batterie de forages et relevés géotechniques, etc, pour remplir le dossier de Demande d’Autorisation de Création à déposer courant 2018. Mais son calendrier risque d’être sérieusement compromis au vu de notre mobilisation, et aussi des manquements judiciaires de l’agence sur l’autorisation de défrichement, la validité de l’échange du bois, etc.
Cela nous donne donc encore un peu de temps pour continuer de construire une opposition déterminée et protéiforme ! En particulier, nous avons à coeur de relancer la dynamique « Naturalistes en lutte contre CIGEO », qui démarrée en 2016, avec des balades publiques organisées dans le bois Lejuc et la vallée d’Ormançon, et également des premières réunions pour poser les bases d’inventaires à venir de potentielles espèces à protéger.
Cette dynamique, agrégeant des centaines de curieux, passionnés, ou « professionnels » de la protection de l’environnement, a été cruciale à Notre-Dame-des-Landes pour ralentir le projet mais aussi partager largement des connaissances autour des écosystèmes, et populariser le bocage nantais : une belle brochure de témoignage est disponible ici (https://constellations.boum.org/spip.php?article117 ), sans compter tous les travaux notamment de François de Beaulieu, autour de l’histoire du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de l’usage des communaux (voir le blog très fourni des NEL de NDDL ici :
https://naturalistesenlutte.wordpress.com/ ).
Sans faire un « copier-coller », cela serait pertinent qu’une telle dynamique se crée autour de Bure et dans le Grand Est. Au-delà du projet CIGEO, c’est toute la région qui est menacée par une cancérisation nucléaire, des milliers d’hectares d’espaces naturels, de gigantesques bassins versants, etc.
En outre, au-delà des inventaires d’espèces, plus le milieu des associations de protection de l’environnement, des forestiers etc se positionnera publiquement autour du refus du projet de poubelle nucléaire / et de la nucléarisation du territoire, plus il deviendra difficile pour l’Andra d’imaginer y recruter des prestataires de service
pour réaliser ses études d’impact et autres relevés de données.
Nous sommes à un moment crucial, inédit de la lutte, où les forces vives qui se mêlent à la dynamique peuvent faire basculer le projet vers un coup d’arrêt.
/ Quelques naturalistes en lutte contre la poubelle nucléaire et des
hiboux de Bure. /
PROGRAMME
SAMEDI 1ER AVRIL
Matin : Prospections, balades et repérages libres
Midi : Repas tiré du sac à la Maison de résistance.
14h : Discussions (présentation des personnes et de la démarche, point
juridique, prospections [quand ? comment ?], positionnement des
associations…)
Soir : Sortie écoutes nocturnes (à confirmer)
DIMANCHE
Matin : Prospections, balades et repérages libres
Midi : Casse-croûte partagé au lavoir de Mandres-en-Barrois
14h : Balade familiale depuis Mandres dans la vallée de l’Ormançon et le
Bois Lejuc
20h : Bilan du week-end et suites à donner
Info pratiques :
Repas : tiré du sac pour le midi. Pour le soir, il faudra s’adapter à la vie de la maison de résistance : soit ses habitant-es ont le temps de préparer le repas, soit nous aurons la joie de le préparer collectivement pour mieux apprendre à nous connaître !
L’hébergement est tout à fait possible (prévoir un sac de couchage), à la maison de résistance en forêt ou chez l’habitant-e militant-e du coin à la demande.
Après avoir assisté impuissante à la chute de ses grilles le 18 février, l’Andra s’est pris cette semaine une belle volée de bois vert devant les tribunaux. Procès de l’occupation, appel sur le défrichement de l’été dernier, procès sur l’échange du bois… Les procédures lancées de part et d’autre, étroitement entremêlées, forment un sac de nœuds juridiques dont l’agence ne semble plus savoir comment se dépêtrer. Si le rapport de force se maintient sur le terrain, ces revers pourraient retarder le projet pour un bon moment.
Le 28 février, le tribunal administratif de Nancy a donné raison aux habitant-e-s de Mandres-en-Barrois et opposant-e-s en invalidant, pour vice de procédure sur la forme, la délibération du 2 juillet 2015 conseil municipal du village autorisant l’échange du bois Lejuc contre un bois mitoyen. Après plus d’un an et demi de mobilisations autour du bois qui ont ravivé la lutte comme jamais,, c’est un nouveau coup dur qui pose une sérieuse épine dans le pied des égoutiers de l’atome.
Le conseil municipal a maintenant 4 mois pour se « régulariser », c’est à dire refaire une délibération dans les formes pour reprendre une décision sur l’échange du bois. Le contexte a évolué, sur place les langues se délient, des riverain.es s’engagent, de nouvelles personnes viennent s’installer, la mobilisation (inter)nationale s’amplifie et les projecteurs sont braqués sur ce village où l’avenir de la filière nucléaire française est jeu. Finie l’époque des réunions à huis clos dans une mairie barrée par des vigiles ; révolue le temps où l’Andra pouvait exiger qu’une poignée de conseillers municipaux engagent leur village pour 100 000 ans lors d’un vote discret à 6h du matin.
La veille, le 27 février, lors du jugement de l’appel de l’Andra sur la décision du 1er août du TGI de Bar-le-Duc annulant l’autorisation de défrichement, un autre coup de théâtre a eu lieu, puisque l’Autorité Environnementale, qui avait rendu un avis favorable à l’agence lui permettant de défricher et forer sans étude d’impact préliminaire, l’a tout bonnement suspendu : la procédure de demande pourrait reprendre à zéro et tombe sous le coup de nouvelles lois durcissant les contraintes pour l’Andra Le délibéré aura lieu le 22 mai. Et l’agence n’a toujours pas d’autorisation préfectorale de défrichement.
Le 22 février, le tribunal a sursis à statuer sur la demande d’expulsion de Sven Lindstroem, habitant déclaré du bois, et renvoyé sa décision au 5 avril, après une demande d’entrevue du fameux hibou avec le président du TGI le 29 mars.
Jamais, historiquement à Bure, la verrue du nucléaire et son projet de poubelle n’ont été autant contestés et délégitimés sur le terrain comme dans les tribunaux. Mais rien n’est joué. Contrairement à ce que titrait certains grands journaux reprenant la dépêche AFP du 28 février, le projet de stockage n’est pas (encore) gelé. La délibération du conseil est annulée, mais l’agence reste encore propriétaire sur le papier. Surtout, les membres du conseil municipal de Mandres pourraient reprendre une décision autorisant l’échange, car ils-elles subissent une forte influence des nucléocrates, que ce soit par l’emploi de membres de leurs familles ou l’attribution de baux de chasse ou agricoles. L’Andra peut continuer d’avancer sur tous les autres secteurs où elle doit faire ses relevés de donnés pour pouvoir déposer sa Demande d’Autorisation de Création avant 2018, même si le calendrier est compromis.
Face à tout cela, il va falloir continuer de se bouger, dans de nombreuses directions :
De prochains rendez-vous seront donc bientôt lancés début avril, pour un printemps résistant, joyeux et toujours aussi déter’ !
Infos : vmc.camp / Facebook Bure à cuire / Twitter ZIRADIES