On relaie un appel à actions décentralisées alors que le 17 mai s’ouvre une discussion parlementaire sur la proposition de loi de Gérard Longuet (le M. Cigeo de la Meuse, ancien Ministre de la Défense, ancien du GUD et d’Occident, nostalgique de l’Algérie française et facho notoire). Alors que la scène médiatique est occupée par le passage en force du 49-3, les incendies au Canada et les Panama Papers voilà une nouvelle tentative de passer en douce pour lancer le pire projet industriel que la France ait porté. La proposition ci-dessous n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres pour affirmer notre détermination.
De la loi « travaille ! » à Bure nous sommes partout, ils ne nous enterreront pas !
Appel à actions décentralisées contre la proposition de loi Cigéo examinée au Sénat le 17 mai 2016
Parlementaires, enterrez cette loi, pas les déchets nucléaires !
Mardi 17 mai 2016, les sénateurs vont examiner une proposition de loi visant à précipiter la mise en route du centre d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à BURE (Meuse/Haute-Marne). Cette nouvelle loi, si elle est votée, autoriserait le lancement industriel de la méga-poubelle nucléaire en le faisant passer pour une énième phase de « recherche », baptisée « phase-pilote ». 30 ans d’opposition à ce projet de méga-poubelle atomique imposée sans concertation, des montagnes de risques industriels, la condamnation du sous-sol, un désastre financier annoncé et la mort programmée de tout un territoire, tout cela ne peut pas être enterré !
Des actions partout pour lancer un message aux faiseurs de loi !
A partir du 11 mai, partout en France et ailleurs, de multiples formes d’actions sont possibles pour affirmer notre détermination, interpeller les parlementaires et rendre visible notre refus légitime de la poubelle nucléaire et son monde. Nous proposons ici une action simple pour mettre sur la scène publique les déchets nucléaires qu’ils pourraient enfouir en votant cette loi.
Remplissons des sacs poubelles et coller le logo Bure/Stop imprimable sur A4 ou A3 (téléchargeable ici)
Empilons-les devant la porte de la permanence des députés ou sénateurs
Protégeons-nous, si possible, des émanations radioactives et du déni de « démocratie » avec des combinaisons blanches et des masques.
Prenons une photo de ce joli tas, et si possible la plaque de permanence du lieu
Imprimons et scotchons sur la porte notre interpellation des parlementaires, ou donnons leur en main propre (téléchargeable ici)
Envoyons la photo, en indiquant le lieu, par mail à : compresse55@orange.fr ou enterronscigeo@riseup.net avant lundi 16 mai, 8h. Toutes ces photos pourront être jointes à un communiqué de presse qui partira le jour même.
Coordination Burestop (Burestop55, Bure Zone Libre, Habitants vigilants de Gondrecourt, Eodra, MNE, Mirabel Lorraine Environnement) + Amis de la Terre France
Malgré la pluie, le ciel lourd et la terre argileuse collant aux bottes, dimanche 17 avril des centaines de personnes ont planté 100 kg de patates et semé à la volée 1ha d’orge et d’avoine pour enraciner la résistance à la poubelle nucléaire CIGEO et l’accaparement des terres de l’ANDRA. Sur le bord du terrain, une belle ambiance résonne entre accordéon, construction d’une cabane et cuisson d’un méchoui. Les participant-e-s plongent leurs mains dans la terre du champ délimité par des drapeaux claquant au vent (BureStop, la Confédération Paysanne, et le drapeau noir…) : « Des semis radieux, pas des champs irradiés ! »Retour en texte, photos et vidéo sur un super week-end… Et prochain rendez-vous à partir du 3 juin pour le Chantier buttage des patates puis pour les manifestations du week-end !
16 avril – « Rencontrer des alliés et partager ma situation »
Le 16 avril se tenait une journée de discussion sur le thème des résistances aux accaparements de terres et à l’artificialisation des sols : quelles sont les luttes en cours dans l’est de la France et au-delà ? quels sont les acteurs impliqués ? comment mieux se relier ? Alors que les Semis radieux du 15 novembre s’étaient déroulés sur une après-midi, l’objectif de cette journée était de prendre un plus long temps pour se rencontrer.
A cause de la pluie et de petits retards logistiques, les discussions du matin ont eu lieu à la Maison de résistance entre 15 à 20 personnes. L’occasion de refaire le point sur le processus d’appropriation foncière mené par l’ANDRA depuis des années : 3000 ha accaparés, 2000 ha de forêts, 1000 ha de terres agricoles (avec la complicité des SAFER et la menace de contrôles et d’expropriations) pour environ 15 millions d’euros, entraînant augmentation des prix et difficulté d’accès à la terre pour de nouveaux-elles agriculteur-ice-s. Cinq fois plus que les « besoins réels » en surface, estimés à 600 ha (estimations qui ne cessent de grimper : 300 ha en 2013, et 100 ha 2011). L’opportunité, aussi, de présenter les dossiers rédigés à cet effet (en version complète ou version résumée).
L’occasion, aussi, de rencontrer de nouvelles personnes comme Pascal (prénom changé), ancien agriculteur venu de Stenay, à la frontière bruxelloise, qui lutte contre un « projet de zone commerciale » menaçant son terrain, « alors que les autres sont vides ». « C’est la première fois que je viens ici, pour rencontrer des alliés et partager ma situation » explique-t-il.
Tout au long de la matinée les participant-e-s arrivent, de Dijon, des Vosges, d’Alsace, de Paris, de Rouen, d’Albertville, de Meuse, de Haute-Marne, etc. L’après-midi, après un retour sur la dynamique du collectif Terres de Bure, la soixantaine de personnes présentes a prolongé les discussions en plus petits groupes : comment habiter nos territoires, s’ancrer localement et se relier ? comment « faire réseau » entre les différentes personnes et collectifs en lutte contre les accaparements de terre, et comment toucher les mondes agricoles ?
Au retour des commissions, quelques perspectives s’échangent pour les mois à venir pour que cette rencontre ne reste pas lettre morte. « Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous laisser repartir chez vous tranquille et butter les patates tou-te-s seul-e-s ? Il nous faut un prochain rendez-vous pour entretenir notre champ ! » annonce un des organisateurs de la journée. Un autre participant, venu d’un collectif des Vosges, propose aux motivé-e-s la création d’un collectif Reclaim the Fields Nord-Est. Une prochaine grande assemblée est aussi évoquée à l’occasion des 200 000 pas du 5 juin. Les gouttes perlent sur le barnum, les rires et les propositions fusent, et la fête se prépare. « Le bar est ouvert ! » sonne le début de la soirée.
A la nuit tombée, après de difficiles réglages, une projection du court-métrage Anomalie du collectif des Scotcheuses (sur la lutte contre le puçage des moutons) se lance sous l’imposant préau en bois construit par des copain-e-s de Roybon lors du dernier chantier collectif. La belle cathédrale boisée se fait cinéma en plein air. « On voit que ça a beaucoup évolué depuis le campement, c’est chouette ! » s’exclame un ami parisien, qui n’était pas revenu depuis l’été, devant la construction. C’est la première rencontre publique sur le terrain de l’ancienne gare de Luméville depuis le campement antiautoritaire et anticapitaliste d’août 2015. Entre temps, de nombreux chantiers collectifs ont aménagé le terrain en le dotant d’espaces d’accueil et d’organisation.
Plus tard, alors que les discussions s’éternisent près de la tireuse à bière ou du grand braséro, une clameur de trompette retentit dans le lointain. Une foule se masse, en procession carnavalesque, derrière un mannequin en paille grandeur nature bricolé à la hâte. « Brûlons Manu ! » « Brûlons Manu ! » clame le cortège dans de grands cris d’allégresse. La moustache griffonnée sur le sac blanc qui mime la tête permet de reconnaître l’effigie du bonhomme de paille : celle d’Emmanuel Hance, le négociateur foncier de l’ANDRA, symbole vivant de l’accaparement des terres de l’agence et de son travail de nettoyage du territoire dans les villages.En août 2015 durant le campement une action anonymeavait ciblé le domicile de ce personnage unanimement craint ou détesté dans les villages alentours. Mais ce soir c’est un grand feu symbolique. « Un peu rapide », juge un participant, sourire en coin « on aurait pu imaginer un jury populaire avant de jeter le mannequin au feu ! Et ça aurait pu prendre du temps, car il y aurait beaucoup de choses à dire contre l’ANDRA et son négociateur foncier ! ».
La nuit se termine dans le rougeoiement des flammes, tandis qu’une boum improvisée est lancée en deux temps trois mouvements grâce à une rallonge, un poste, un groupe électrogène téméraire, une antenne minutieusement réglée et, surtout, Nostalgie et sa disco nocturne.
17 avril – « On ne nous atomisera jamais ! »
Rendez-vous est donné sur le terrain dès 9h du matin pour le petit déjeuner et la préparation des semis collectifs. Au bord du terrain, des paysans lèvent-tôt surveillent depuis l’aube un méchoui d’agneau qui cuit grâce aux braises du grand feu de la veille. Une longue file de voiture envahit peu à peu le bord du champ. « C’était pas facile de trouver, vous auriez pu mieux indiquer ! » : si beaucoup de gens connaissent la Maison de résistance à la poubelle nucléaire à Bure, c’est pour bien d’autres la première venue à proximité du terrain de l’ancienne gare de Luméville. Les sacs de pommes de terres, de céréales et les outils sont apportés peu à peu. Un premier tracteur arrive, applaudi par les manifestant-e-s, et creuse les sillons de la plantation rebelle. Un deuxième engin muni d’une remorque plateau se gare au bord du champ : « Il a beaucoup plu, ça va être compliqué de l’utiliser » explique l’agriculteur du coin qui l’a prêté. Il ne servira pas de la journée sinon pour le symbole.
Le 15 novembre, 12 tracteurs avaient ouvert le cortège pour semer 2 ha de céréales à un jet de pierres des locaux de l’ANDRA. Ce jour-ci, ils sont moins nombreux mais l’objectif n’est pas le même. Romain, paysan soutien des Vosges explique : « Pendant les Semis radieux du 15 novembre, on a fait des semis symboliques pour affirmer que les 3000 ha de terres accaparées par l’ANDRA, dont 300 retirées à l’usage des agriculteurs au nom des travaux préparatoires, devaient rester à vocation agricole et nourricière. Aujourd’hui, 6 mois après le début des travaux, fini le symbolique : on compte bien défendre notre champ de patates pour nourrir la révolte contre CIGEO ! » Le choix de la parcelle, qui jouxte l’espace d’organisation de l’ancienne Gare, n’est pas anodin : « Ca permettra de mieux surveiller le champ des nuisibles… les doryphores mais surtout l’ANDRA ! »
La présence de l’agence sur le terrain est diffuse, et ne se fait pas uniquement sentir par le ballet incessant des gendarmes au bord du champ. Car fin mars un tracteur a travaillé le sol de ce terrain mis en réserve par la SAFER pour le compte de l’ANDRA, sous les yeux médusés des paysans qui l’utilisaient auparavant. La même scène s’est produite sur l’ensemble des 300 ha concernés par les travaux préparatoires. Emmenés par Emmanuel Hance, l’ANDRA, non contente de s’accaparer les terres, a commencé à en travailler le sol, voire y faire des semailles. « C’est incroyable ! On ne comprend pas bien ce qu’ils veulent en faire ! Ils ont peut-être semé de l’herbe… » confie un agriculteur voisin, qui espérait sans doute, comme beaucoup d’autres, pouvoir récupérer ces terres pour la campagne du printemps. L’incertitude plane maintenant sur le devenir de ces terres pour la campagne d’hiver à partir de septembre 2016 : seront-elles rétrocédées aux agriculteurs-ices ? Si oui, pour combien de temps ? Où laisseront-elles places à d’autres travaux ?
A côté des planteur-euses de pomme de terres qui s’affairent sur les buttes modelées par les griffes du vieux tracteur, des dizaines de personnes découvrent le geste universel du semeur et tentent de se coordonner. « Alors on se met en ligne ? Attention, on y va ! ». Chacun y va de son commentaire sur le bon coup de poignet, la densité optimale, et demande parfois conseils aux paysans. Les graines de révolte jaillissent en pluie sur le champ bosselé par le labour de l’ANDRA. « Il faudrait passer un coup de cultivateur pour casser les mottes, mais la terre est trop lourde. On y reviendra dans quelques jours » explique un agriculteur d’un village d’à côté. « Pas facile de travailler le sol ici quand il a plu ! »
La parcelle est située dans un grand fond de vallée, une zone considérée par les paysan-ne-s comme « des terres à vache », aux sols lourds, humides, argileux. « Les prairies, progressivement remplacées par des céréales dans le reste de la zone à cause de la crise de l’élevage, y subsistent sur une grande partie. Avec ces actions on apprend aussi à découvrir les terres de la région et l’histoire de l’agriculture en discutant avec les paysans du coin. » commente Jean, du collectif Terres de Bure. « Il faudrait d’ailleurs penser à mettre quelques brebis un de ces quatre », plaisante un autre paysan en regardant un autre champ en friche un peu plus loin.
Pendant que les semeur-euses s’activent, les coups de marteaux retentissent au bord du champ. Une dizaine de personne s’activent depuis le matin et construisent « la cabane Vigipatate pour surveiller notre champ ! ». En quelques heures un petit cabanon muni d’une table de bar sort de terre, ainsi que des poteaux prêt à accueillir une plateforme de vigie. A 16h, le clairon de la trompette retentit. Cette fois ce n’est pas pour un bûcher mais pour ouvrir la marche à un homme en vête de costard et casque de chantier. « Je suis représentant de l’ANDRA et je suis venu ici pour inaugurer votre magnifique construction ! ». A sa main, une plaque du Groupement d’Intérêt Public, l’instrument qui distribue la manne financière de l’agence dans les villages pour acheter les consciences. Sous les huées rigolardes de la foule, l’ingénieur d’opérette cloue ce funeste symbole « l’ANDRA est très heureuse de financer votre initiative de semis collectif, dans la droite lignée de nos expositions culturelles et écologiques ».
La journée s’achève dans cette ambiance de fête. A 19h, éclairés par la lueur rasante du soleil crépusculaire qui se montre pour la première fois du week-end, les dernier-e-s- semeurs-euses installent au milieu du champ une large banderole.
« On ne nous atomisera jamais » : une affirmation, mais aussi une promesse. Celle de revenir très vite pour entretenir et récolter le champ. Celle de continuer de faire croître, souterrainement, les résistances à l’ANDRA et à son monde dans toutes les directions. Comme des rhizomes de patate !
Des semis radieux, pas des champs irradiés !
ANDRA, dégage !
Une écoute sonore de la journée
C’est dans l’excellente émission Actualité des luttes de Fréquence Paris Plurielle ==> ici !
Oh la belle surprise !
C’est le printemps, tout fleurit même les routes !
Solidarité avec les participant-e-s du campement anti-nucléaire « Reclaim the Cape » à Pyhäjoki en Finlande, contre la construction d’une centrale nucléaire financée par le russe Rosatom !
« ANTI NUKE TOUT PYHÄJOKI BURE GORLEBEN »
Le camp d’action antinucléaire en Finlande violemment expulsé par les flics.
À Pyhäjoki, en Finlande, se déroulait la semaine dernière un camp d’action antinucléaire près du site de construction d’une nouvelle centrale nucléaire par les sociétés Fennovoima-Rosatom. La police a violemment attaqué les participant.es jeudi et vendredi, faisant des blessé.es. Aux dernières nouvelles, 9 personnes sont encore détenues pour une durée indéterminée. Un appel à soutien a été lancé.
On vous propose une traduction des dernières publications ici :
Communiqué suite à la journée du 28 avril
Ce 28 Avril, vers 15h, des flics anti-émeute et une brigade cynophile ont commencé à approcher le camp. Nous leur avons bien fait comprendre avec un mégaphone qu’illes n’étaient pas les bienvenues, et que nous ne souhaitions pas entrer en conflit avec elleux. Illes n’ont rien dit ni répondu à aucune question.
La police a commencé à tirer sur les gens au flash ball et les personnes dans le camp se sont défendues en jetant des pierres. Elle cherchait clairement à atteindre la tête des activistes ou à les atteindre à la poitrine. Des gens ont été atteints plusieurs fois à la poitrine. À notre connaissance, personne n’est touché à la tête… La police a été touchée plusieurs fois avec des pierres, et une de leurs voitures a brûlé.
Après avoir été longtemps retardée, la police est finalement parvenue à pénétrer dans le camp, alors que les personnes qui le défendaient disparaissaient dans la forêt. Dans le camp, la police a tiré des projectiles sur les personnes de la cuisine collective. Les flics ont évacué toutes les personnes du camp et emmené certaines en détention provisoire.
Il y a eu 35 arrestations dans la journée. Il y a encore 9 personnes en détention provisoire dont entre 4 et 6 menacées d’expulsion. On réactualisera la situation prochainement.
La police a aussi menacé d’évacuer un autre lieu que nous occupons toujours.
Nous ne céderons pas à la répression et aux violences policières, et la lutte contre Fennovoima continue. Maintenant nous allons avoir besoin de monde pour aider à reconstruire le camp et continuer le combat et les actions. Nous vous invitons à rejoindre la lutte où que vous soyez, ciblons les entreprises qui travaillent avec/pour Fennovoima, les ambassades de Finlande, ou la police locale.
La répression contre les opposant-es au projet de centrale nucléaire de l’entreprise Fennovoima-Rosatom s’aggrave. Le vendredi 29 avril, deux camps d’opposant-e-s ont été expulsés à Pyhäjoki, en Finlande. À l’échelle du pays, les opérations de police ont été massives. Pas grandes. Massives. Il y avait environ 20 camionnettes de police, des agents en équipement anti-émeute, un hélicoptère de la police aux frontières, des sections des deux équipes nationales d’élite, des brigades cynophiles et des camionnettes anti-émeute.
La police a déclaré l’expulsion des deux campements en présentant un mandat confu d’un point de vue légal, ne spécifiant aucun lieu ou d’autres informations. Seulement un ordre de quitter les lieux et une précision que la police arrêterait « sous couvert de la loi » toute personne considérée « liée à ces lieux » ou « susceptible de troubler l’ordre public ».
La majorité des campeurs-euses et des participant-es à la semaine d’action Reclaim the Cape se sont regroupé-es et ont disparu dans les forêts sans négocier avec la police.
À l’heure où nous écrivons ce texte, les deux campements sont vidés des infrastructures et des objets personnels qui y restaient. Des camarades sont recherché-es et capturé-es dans les bois. Celleux qui sont en détention sont soutenu-es et attendu-es à l’extérieur des cellules. Un nouveau campement est en construction.
Pour rappel, le jeudi 28 avril, une action non-violente de blocage du chantier de Fennovoima-Rosatom a eu lieu à l’aide de lock-on. Après plusieurs heures de blocage, la police est arrivée mais s’est vite désintéressée de cette action pour se diriger vers le campement. 11 personnes sont encore en détention, dont 8 camarades internationales-aux. Certain-es d’entre elleux sont menacé-es d’emprisonnement. Les chefs d’inculpation actuellement connus sont « sabotage aggravé », « participation à une émeute » et « agression sur agent de police ».
Un-e camarade est toujours hospitalisé-e et dans un état grave, apparemment suite à un passage à tabac par la police.
Comme d’habitude, la majorité des grands médias ne se soucient pas de neutralité ou d’éthique professionnelle. La diffamation systématique des opposant-es à Fennovoima-Rosatom émane surtout de l’Yle Oulu (l’échelon local de la radio-télévision nationale).
Comme toujours, nous ne courberons pas l’échine sous la répression d’état et la violence physique. Cette opération de police à grande échelle était la troisième dirigée contre les opposant-es à Fennovoima-Rosatom en l’espace de quatre jours. L’ampleur immense de ces attaques a une explication simple : nous avons considérablement nui à Fennovoima-Rosatom et, ce faisant, franchi la limite entre simplement gênant-es et potentiellement dangereux-ses. De plus, nous avons réveillé une culture de résistance que la Finlande n’avait plus vue depuis la guerre civile de 1918, ce qui a sans aucun doute effrayé le pouvoir en place.
S’il n’a jamais été possible que tout le monde participe directement à cette lutte, il est maintenant temps d’appeler à la solidarité. Dans cette situation d’urgence, nous appelons au soutien des inculpé-es et des constructeur-ices et occupant-es du nouveau campement ici à Pyhäjoki, ainsi qu’à rejoindre la lutte en donnant à la firme Fennovoima-Rosatom ce qu’elle mérite. Dans le profond respect de la diversité des modes d’action, nous encourageons chacun-e à se faire entendre par cette entreprise et toutes celles qui lui sont liées ; de même pour les ambassades finlandaises et les représentant-es de la police locale.
La solidarité est un verbe. Pratiquez-la. Nous appelons à un soutien de tous-tes, partout.
Message original reçu le 30 avril : Repression against the opposers of Fennovoima-Rosatom nuclear power plant project continues : and it’s getting worse and worse. On Friday 29.4. two protest camp sites got evicted at Pyhäjoki, Finland. Police operations were, on Finnish scale, massive. Not big. Massive. Present were roughly 20 police vans, officers in riot gear, border patrol’s helicopter, sections from both national SWAT teams, dog units and specially equipped riot vans.
Police decleared the eviction of both camp sites by presenting a legally vague, written police order without even specified locations of the camp sites or other information. Just an order to leave and a decleration that police weill arrest everyone “under the police law” it considers to “be connected to locations” or “able to disrupt public order”.
Majority of protest campers and Reclaim the Cape -action week participants grouped up and vanished into the forests without negotiating with the police.
As we speak, both sites are being emptied of infrastructure and belongings. Comrades are being searched and picked from the woods. Those been detained are being helped and awaited outside the cells. New campsite is under construction, but no public.
Thursday 28.4. several participants did a classical non-violent lock-on blockade against the Fennovoima-Rosatom construction. After several hours of blocking, police arrived but soon lost interest to the blockade, and instead advanced towards the action week camp. After police had forcefully taken over the campsite, 11 are still arrested after detention, eight of them international comrades. Some of them under a threat of imprisonment. So far charges are about “aggravated sabotage”, “participating in violent riot” and “(violent) assaulting of a police officer”.
One comrade is still hospitalised and in a severe condition, apparantly due to been assaulted by police.
As usually, majority of mainstream media has not taken interest to be neutral or professional. Systematical defaming against the Fennovoima-Rosatom opposers is being carried out expecially from YLE Oulu’s (local department of national broadcast service) behalf
As usually, we shall not bend our heads when confronted by state repression and physical violence. This police operation was a third large-scale operation against the Fennovoima-Rosatom opposers within four days. The sheer volume of police and state reourcers that have been put to work against us tell a simple story : we have been able to considerably harm Fennovoima-Rosatom and cross the line from inconvenient to possibly dangerous. Alongside, we have managed to spark up a culture of resistance not seen in Finland since the civil war on 1918 : wich undoubtebly has spooked those in power.
If there never was a time to invite every possible comrade to participate this struggle : this is the time to call out for practical solidarity. In our hour of need we call for support for the arrested and to builders and defenders of the new campsite here at Pyhäjoki – and to join the struggle by giving Fennovoima-Rosatom what its asking for. With deep respect to diversity of tactics, we encourage everyone to present this company and every firm connected to it with feedback : and to present Finnish embassyes and local police representatives with their share.
Solidarity is a verb. Practice it. We call everyone everywhere to remember your captivated and wounded comrades here up north.
Pour celles et ceux qui en doûte encore, c’est fou ce qu’on apprend sur un lieu en y allant en stop. Récit d’un voyage vers bure : BureAutostop
Suite de la mobilisation à Notre Dame Des Landes le 27 Fevrier : https://zad.nadir.org/spip.php?article3549
Encore plein de monde lors de la derniere assemblee de lutte. pleins d’idées, RDV pris,.. on a besoin de tout le monde! rejoignez nous à la prochaine les 5 et 6 mars!
Semaine du 18 au 24 janvier
On relaye le texte de Emilie Sievert et Laura Blanchard, « En juin de cette année, nous avions envoyé une lettre ouverte à Yannick Rousselet, responsable des campagnes sur le nucléaire à Greenpeace France […] cette lettre était surtout un prétexte […] » il n’y aura pas de règlement de compte à ok corral
Lundi 18 janvier, sans gène, les tractopelles de l’ANDRA sont passés en catimini sur les semis radieux de novembre. Avec un mepris totale pour la forte mobilisation locale qui s’est constituée. Un mepris totale pour tous les arbustes, arbres, fruitiers, plantes, moutardes, aromatiques que des gens, familles, voisin-e-s, enfants, agriculteurs et agricultrices avaient soigneusement emmené avec eux ce jour là. Il se dit ici et là, que cela ne va pas changer grand chose à la determination des un-e-s et des autres à faire tomber CIGEO !
Encore un article super chouette sur les semis radieux dans la revue « campagnes solidaires » : Campagne_Solidaire_122015_Action_Lorraine_SemisRadieux . La suite de cette mobilisation dès le dimanche 24 janvier lors de la reunion du groupe foncier !
Semaine du 4 au 10 Janvier 2016
Changement de date pour Notre Dame des Landes – Suite à l’annonce de l’audience en expulsion des habitan-e-s et paysan-ne-s historiques de la ZAD pour le 13/01/2016, la mobilisation générale des opposant-e-s au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est avancée au 09 janvier 2016, au programme : tracto-vélo de Notre-Dame-des-Landes à 8h30, qui ira jusqu’au périphérique de Nantes et manifestation piétonne (les deux se rejoindront) + pour les gens plus loin appel à toutes formes d’actions en solidarité contre les expulsions..
Sivens – La dernière brochure du collectif tant qu’il y aura des bouilles est sortie : « Paroles de paysannes et paysans contre le barrage de Sivens ». A lire ici : brochure-paysanszad
Programme des rencontres de personnes et collectifs en lutte contre la destruction des forets – Bure les 19 et 20 Mars
Vendredi 18 Mars
Accueil à partir de 18h à la maison de resistance à la poubelle nucléaire de Bure.
21H écoute sonore de la discussion « ça gronde dans les sous-bois » . Le 7 Août à Bure, lors du campement VMC, des personnes de Gardanne, de Bure et du Morvan ont pu échanger ensemble sur la question des forêts…
Samedi 19 Mars – Matin – 10h-13h
Présentation des differents collectifs et lieux de lutte et des attentes des un-e-s et des autres .. refléchir aussi à se coordonner dans l’Est au sujet des forêts, à populariser cette lutte et mener des actions communes..
Samedi 19 Mars – Aprés-midi – 14h30-19H
14h30-18h : petits groupes, plusieurs propositions à completer le matin :
Outils pour populariser la lutte des foréts, imaginaires des communaux et mise en perspective d’autres rapport d’usage. histoires des forêts..
Reflèchir à un socle et/ou un texte commun sur la vision de la gestion forestière et le bien commun qu’elle représente. Le texte des syndicalistes de l’onf, en pièce jointe, pourrait servir de point de départ
Envisager une stratégie commune de luttes suivant nos différents modes d’actions pour faire poids face aux lobbying de l’exploitation forestière
S’organiser contre le projet SYNDIESE
Partage d’experiences sur la transformation du travail des ouvriers du bois
…
18h : Retour en grand groupe pour un retour de ce qui s’est dit par là ..
Dimanche 20 Mars – Matin – 10h-13h
Promenons dans les bois .. ballades avec récits et histoires, prenez la votre aussi ! Et si le temps est clément, pique-nique sous les arbres ..
Dimanche 20 Mars – A partir de 14h30
Discussion sur le bois energie. Du coté de Bure, nous sommes tout particulierement sensibles à cette question avec la mise en place de SYNDIESE. Entres les granulés qui tendent à se generaliser, des pratiques comme celle de l’affouage qui nous sont chers, nous voyons bien que c’est surement l’industrialisation des processus qui nous pose problème..
ou atelier coupe de bois pour préparer le chantier de la semaine suivante à l’ancienne gare de Luméville!
Depuis l’été 2015 et le campement VMC, le collectif Terres de Bure s’est cristallisé à l’occasion d’une discussion contre l’accaparement des terres de l’ANDRA. Ce collectif réunit différentes composantes de la lutte contre CIGEO. Nous sommes des paysan-ne-s de la région et d’ailleurs révolté-e-s par le futur saccage des terres agricoles et des forêts que promet l’installation de la poubelle nucléaire. Nous sommes des habitant-e-s des environs de Bure, de la Maison de résistance à la poubelle nucléaire et ailleurs, dont la simple existence s’oppose à la désertification contrôlée du territoire. Nous sommes des « militant-e-s », nouveaux ou « historiques », individus, membres de collectifs informels, d’associations, décidé-e-s à nous réapproprier ce territoire des mains voraces de l’ANDRA. Les 16 & 17 avril, à l’occasion de la journée internationale des luttes paysannes, nous appelons au Printemps des Luttes paysannes, un week-end de rencontres et d’action.
Depuis 20 ans, l’ANDRA nettoie le territoire pour creuser sa poubelle nucléaire
Depuis 20 ans l’Agence Nationale de Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) prépare l’implantation de son projet insensé de gigantesque poubelle nucléaire CIGEO en Meuse et Haute-Marne. 300km de galeries à 500 m sous terre pour déverser les pires déchets concentrant 99,9% de la radioactivité française. 600 ha d’installations de surface, 130 ans de travaux, 35 à 40 milliards d’euros de coût annoncé. La promesse absurde d’un risque zéro pendant 100 000 ans alors que les galeries s’effondrent déjà, tuant des travailleurs. Pour faire accepter l’inacceptable, l’agence fabrique le désert et confisque le territoire à toutes celles et ceux qui l’habitent et le cultivent.
La confiscation des terres
La dépossession du territoire, c’est l’accaparement de 2000 ha de forêts et plus de 1000 ha de terres agricoles orchestré « à l’amiable » depuis des années par l’ANDRA et les SAFER. C’est un harcèlement quotidien des propriétaires et agriculteurs pour l’achat ou l’échange de leurs parcelles.
La dépossession du territoire, ce sont les faux débats publics, les mensonges et les manipulations politiques. C’est le mépris qu’essuient les habitant-e-s du village de Mandres-en-Barrois qui tentent de résister à l’échange de leur forêt communale où seraient construits les gigantesques puits de ventilation de la poubelle.
La dépossession du territoire, ce sont les griffes des tractopelles qui occupent depuis septembre 2015 les terres retirées aux agriculteurs pour les « travaux préparatoires » de fouilles et de sondages. Ce sont des milliers de tranchées lacérant ces terres, qui évoquent l’histoire meurtrière de la région, et témoignent de la guerre menée par l’ANDRA à toutes celles et ceux qui habitent et cultivent ce territoire.
Nous reprendrons ce territoire des mains voraces de l’ANDRA et des aménageurs !
Nous, habitant-e-s, paysan-ne-s de la région et d’ailleurs, individus et collectifs opposé-e-s à la nucléarisation du territoire, refusons cette fabrique du désert ! Le 15 novembre 2015 lors des« Semis Radieux » nous étions plus de 200, emmenés par 11 tracteurs, à enraciner notre résistance sur 2 ha de l’ANDRA, à un jet de pierres de ses locaux. Blé, orge, avoine, moutarde, arbres fruitiers, arbres de haies, fleurs : le champ que nous avons semé ce jour-là est celui des possibles ! Champ de la réappropriation des usages agricoles et nourriciers, champ de vies en résistance, champ de l’organisation commune !
Le 15 novembre pour les Semis Radieux : sus à l’ANDRA et à son monde !
Soyons encore plus nombreux à semer les terres le 17 avril 2016 pour nous réapproprier ce territoire que les aménageurs souhaiteraient vide et contrôlable ! Pour défendre l’usage agricole des terres. Pour nourrir la résistance à CIGEO et à son monde. Pour construire un mouvement large et joyeux de résistance à l’artificialisation des terres, aux projets imposés et à la marchandisation du monde. Et dès le 16 avril, une journée de rencontres sur les résistances à l’accaparement des terres et l’artificialisation des sols se tiendra à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, pour prendre le temps de la discussion, partager des analyses et élaborer des stratégies communes.
Programme & modalités pratiques
Rendez-vous durant tout le week-end sur le terrain de l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, à 6 km de Bure ! Arrivées possibles dès le vendredi 15 avril au soir (de préférence pour celles et ceux qui viendraient de loin), les places de couchage sont limitées donc merci d’écrire à terresdebure (at) riseup.net pour qu’on s’organise.
Samedi 16 avril – Rencontre des résistances à l’accaparemment des terres et l’artificialisation des sols
A partir de 10h à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois. L’enjeu est d’échanger sur nos luttes et construire des liens pour nous renforcer, imaginer et mettre en œuvre des stratégies de résistance à différentes échelles sans s’enfermer dans le « local ». Il s’agit également de croiser les perspectives et partager des analyses entre différentes composantes des résistances aux accaparements de terres.
10h – Discussion – Partage d’expériences sur les résistances aux accaparemment de terres
Présentation libre par les différentes personnes présentes des dynamiques dans leurs territoires : quels sont les projets d’artificialisation et d’accaparement de terres ? Où en sont les résistances ? Quels enseignements en tirer ?
13h – Repas – Cantine à prix libre et/ou pique-nique
Après-midi – Discussions en petits groupes puis restitution en assemblée
A partir de thèmes réfléchis en amont puis reprécisés lors des discussions du matin. Quelle composition des collectifs en résistance ? Quels liens avec les mondes agricoles ? Comment continuer de grandir et faire force à l’échelle francophone et au-delà ? Etc.
Soirée
Boeuf musical, chorales, lectures de texte, cantine à prix libre, tables d’infos sur les luttes paysannes…
Dimanche 17 avril – Collons des patates à l’ANDRA !
A partir de 10h on s’approprie à nouveau les terres de l’ANDRA pour y planter la révolte ainsi que de multiples cultures ! Rendez-vous à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois. Ramène tes plants, tes outils, ta joie et un pique-nique !
Midi – Cantine à prix libre + pique-nique en auberge espagnole.
Il y aura une cantine à prix libre mais si vous ne venez que pour cette journée ramenez tout de même de quoi grignoter !
Des semis radieux, pas des chantiers irradiés ! ANDRA, dégage !
Action soutenue par : des personnes et des collectifs d’ici et d’ailleurs, BureStop 55, CEDRA, Mirabel Lorraine Environnement, Confédération Paysanne de Meuse, de Haute-Marne et de Lorraine, La Graine, Bure Zone Libre, ASODEDRA, Habitants Vigilants de Gondrecourt-le-Château, Habitants Vigilants de Void-Vacon.
Plus d’infos : Pour mieux comprendre le processus d’appropriation foncière et de nettoyage du territoire de l’ANDRA, un document de travail partisan a été rédigé au cours des derniers mois, le voici en version complète ou résumée.
Contact : terresdebure@riseup.net (prévenir de l’arrivée le 15 et/ou le 16) / Téléphone média : 07 58 13 18 61
Figure 1 : Les tracteurs ouvrent la marche en direction du laboratoire de l’ANDRA
Les cris enthousiastes des manifestants retentissent dans le calme dominical du village de Saudron. « Les tracteurs avec nous ! » : douze engins arrivent en conquérants sur la place de l’église, munis d’outils de travail du sol et de généreux sacs de semences. Dimanche 15 novembre, malgré la tristesse post-attentats et les interdictions de manifester, près de 200 opposants au projet CIGEO (Centre Industriel de Stockage Géologique) se sont réunis pour occuper temporairement les terres de l’ANDRA lors des « Semis radieux », sous un soleil qui ne l’est pas moins.
« L’ANDRA a dépensé près de 15 millions d’euros et s’est accaparée environ 3000 ha de terres agricoles et forêts en sept ans pour nettoyer le territoire de ceux qui y vivent et y cultivent. » explique Romain Balandier, le porte-parole de la Confédération Paysanne de Lorraine. « Depuis la fin de l’été les travaux se sont intensifiés avec le début de fouilles archéologiques. 300ha ont déjà été retirés à l’usage des agriculteurs qui en bénéficiaient auparavant au titre de prêts gratuits. A terme, c’est près de 600 ha qui seraient rasés par la poubelle nucléaire ! Il faut réagir en occupant le terrain ! »
« Des semis radieux, pas des champs irradiés ! »
Le top du départ est donné : les tracteurs ouvrent la marche direction l’ANDRA, suivis par les manifestants, fourches et pioches brandies vers le ciel. Les chants révolutionnaires des chorales se mêlent à la batucada et aux slogans offensifs. L’ambiance est joyeuse et la présence policière discrète. Au loin, on aperçoit le site du laboratoire : une excroissance urbaine bardée de grillages, de caméras et de vigiles, qui a surgi de terre depuis 10 ans pour préparer le projet de poubelle nucléaire.
Après 1km, le cortège s’empare d’une parcelle située à un jet de pierre des locaux de l’agence. La foule effervescente contraste avec le triste paysage environnant : derrière les grillages du bâtiment, les tractopelles à l’arrêt sont gardées par des vigiles. Les engins reprendront le lendemain leur chantier en creusant les centaines de tranchées en contrebas. Mais pour l’heure, les manifestants se mettent en ordre de bataille et emboîtent le pas aux tracteurs qui avancent de front.
Figure 2 : l’arrivée du cortège sur les terres de l’ANDRA. En arrière plan le site de « l’espace technologique » où les tractopelles de chantier sont garés.
« Ca me rappelle ma jeunesse ! » Yves* (les prénoms des manifestants ont été changés), ancien agriculteur octogénaire habitant un village voisin, fait virevolter son poignet d’un geste sûr. Les graines de la résistance pleuvent sur le lit de semailles légèrement travaillé. Devant lui, de jeunes enfants, seaux de graines à la main, apprennent à leur tour le geste universel du semeur. Derrière eux, d’autres plantent des rangées d’arbrisseaux. « On comprend mieux pourquoi ils n’ont toujours pas réussi à creuser leur poubelle en 22 ans ! » plaisante Michel Marie, opposant historique du CEDRA, qui creuse avec effort un trou dans la terre sèche et rocailleuse pour y planter un jeune pommier.
« C’est vrai que la terre est dure, il n’a pas plu et elles sont confisquées à l’usage agricole depuis plus de deux mois. Mais peu importe… La terre à ceux qui la travaillent ! » lance Romain Balandier, bravache, du haut de son tracteur. « On sème de l’orge, du blé, de la moutarde, de l’avoine, et on fait même de l’agroforesterie avec des arbres fruitiers, des arbres de haies, et des plantes d’ornement : cette diversité est à l’image du mouvement de lutte ! »
Figure 3 : les semeurs en herbe à l’oeuvre !
Résistance populaire et paysanne
Enfants et adultes, anciens et nouveaux militants anti-CIGEO, membres d’associations, d’AMAP, squatteurs des villes et des ZADs, habitants du coin : la foule est hétéroclite. « L’ANDRA menace la terre, qui est notre bien commun. Le semis collectif réunit beaucoup de gens différents pour se réapproprier des savoir-faire qui touchent tout le monde. Et puis la lutte de Notre-Dame-des-Landes a donné une nouvelle force à ce geste d’occupation vieux comme les luttes paysannes ! » explique Simon, animateur d’un groupe de maraîchers.
Les paysans, justement, sont venus en nombre : de la Meuse, de Haute-Marne, des Vosges et même d’Alsace. La douzaine de tracteurs présente est quasiment un record dans l’histoire des 20 ans de la lutte contre CIGEO : ils étaient 7 lors des 100 000 pas à Bure le 7 juin. « Il y a un département qui disparaît à cause de l’étalement urbain et des projets inutiles tous les 8 ans, et ici l’ANDRA s’accapare 850 hectares de terres agricoles ! » explique un éleveur venu d’Alsace. « Du coup les prix augmentent et ici comme ailleurs les jeunes ont du mal à s’installer, tout ça avec la complicité de la SAFER {Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural, organisme chargé de favoriser l’installation et/ou la consolidation des exploitations agricoles} ! » proteste-t-il.
A ses côtés, Paul hoche la tête. Ce jeune agriculteur d’un village voisin est directement impacté par les accaparements fonciers. Il cultivait une dizaine d’hectares parmi les 300 que l’agence a retiré à la fin de l’été. « La SAFER refuse systématiquement mes demandes d’obtention de terres, et le prix grimpe d’année en année à cause des échanges de l’ANDRA ». Pour inciter les propriétaires à céder leurs parcelles, l’agence fait monter les enchères des terres agricoles jusqu’à 7000 euros l’hectare, tandis que des forêts grimpent jusqu’à 11 000 euros, soit deux à trois fois le prix du marché.
Beaucoup d’autres agriculteurs directement impactés ont peur des représailles et préfèrent ne pas s’impliquer lors des manifestations. « L’ANDRA menace les propriétaires récalcitrants d’expropriations ou de contrôles d’exploitation pour les faire plier si les propositions d’échanges ne suffisent pas » explique Thierry Jacquot, éleveur venu des Vosges. Beaucoup des agriculteurs mobilisés viennent du reste de la sous-région, à 20km et plus. « Les échanges fonciers nous concernent moins directement, on se sent plus libre de soutenir les agriculteurs menacés et leur montrer qu’il ne sont pas seuls. Que c’est possible de résister tous ensemble. »
Ce soutien populaire et paysan commence à se faire sentir localement : c’est l’une des première fois que Paul participe à une manifestation contre CIGEO, tout comme de nombreux habitants des villages alentours. Un autre agriculteur du coin, qui a du échanger ses terres avec l’ANDRA il y a quelques années, a prêté pas moins de 4 tracteurs pour la manifestation…
Figure 4: Les manifestants sous la lumière du crépuscule, avant de repartir…
« Cet été on fait les récoltes radieuses ! »
L’autre défi, pour Romain Balandier, c’est de mobiliser encore plus largement et placer les organisations professionnelles devant leurs responsabilités. « Je me demande bien quelle est la position des Jeunes Agriculteurs (JA) ou de la FNSEA sur le projet ? Pourquoi la semaine dernière les JA d’Alsace ont semé 40 ha de terres contre la construction d’une zone commerciale et aujourd’hui ils ne sont pas là ? Il y a des contradictions !».
Les forêts sont aussi dans la ligne de mire des opposants au projet. L’ANDRA reste très évasive sur la finalité des 2000ha de bois qu’elle s’est appropriée : compenser les futurs déboisements liés aux travaux ? Sécuriser ses financements ? Ou, pour Pascale Combettes, présidente de Mirabel Nature Environnement, « servir de ressource au projet opaque du CEA SYNDIESE, à 2km en contrebas, qui vise à transformer des forêts de Lorraine en biocarburant » ? L’agence a d’ores et déjà fait des coupes rases et des coupes préventives de grands arbres dans certaines parcelles. « C’est peut-être pour y empêcher la construction de cabanes en hauteur… » suppose Sylvie, habitante de la Maison de résistance à la poubelle nucléaire.
Au soleil couchant, manifestants et tracteurs quittent leur champ de lutte et laissent derrière eux 2ha de vie dans le désert nucléaire. « On sait que tout sera probablement détruit par les tractopelles dans quelques semaines. Mais depuis 1998 les agriculteurs n’étaient plus revenus occuper les terres de l’ANDRA. Et il fallait se retrouver pour ne pas céder à l’impuissance et la sidération, pour continuer à se réapproprier nos vies ensemble, pour semer la vie contre les semeurs de morts des industries de l’armement et du nucléaire. Ce qu’on a semé aujourd’hui c’est l’espoir et le renouveau de la lutte ! » proclame Claude Kayser, un opposant historique du collectif BureStop, très ému. Au retour à la Maison de résistance à Bure, devant un concert et une soupe chaude, Paul l’interpelle : « Alors cet été on fait les récoltes radieuses ? Et cette fois j’amène ma moissonneuse !
L’hiver, à l’Est et ailleurs, a été très intense : début des travaux préparatoires de l’ANDRA (voir le fil info et un article résumé sur le site Reporterre), résistance grandissante des habitant-e-s de Mandres-en-Barrois à l’échange de leur forêt communale, action d’occupation agricole des terres de l’ANDRA lors des Semis Radieux le 15 novembre 2015, convoi de l’Est des territoires en lutte jusqu’à la COP21, mobilisations de la COP21 et résistances à l’état d’urgence, soutien au mouvement de résistance des agent-e-s de l’ONF en lutte sur leur campus à Velaine-en-Haye mi-décembre, assemblées de lutte et coups de mains aux copain-e-s de l’ancienne Gare de Luméville en septembre, octobre et janvier… . Sans parler de l‘effondrement d’une galerie le 26 janvier qui a coûté la vie à un travailleur d’Eiffage, et blessé un autre – « un simple accident » selon les nucléocrates, la structure mortelle même de l’industrie nucléaire en réalité.
Du coup, on attaque le printemps avec la gnaque et pleins de moments collectifs à venir. Voici un premier programme à faire tourner, qui sera détaillé au fur et à mesure !
A très bientôt !
Quelques habitant-e-s de l’Est en résistance…
Sam 5 et Dim 6 Mars – Assemblée de lutte à la Maison de Résistance à la poubelle nucléaire. Assemblée du mouvement le 5 à partir de 14h, puis reunion des groupes de travail le 6
Continuons à faire du lien, c’est notre force ! Voyons-nous pour échanger sur les initiatives des un-e-s et des autres, voir le chemin parcouru et préparer la suite. A la suite, travail en petits groupes le dimanche. « C’est une Assemblée pour toutes et tous, habitant-e-s des environs, ami-e-s de plus loin, associations en lutte, toutes les personnes qui se sentent concernées et souhaitent se renseigner, prêter main forte ! … Soyons nombreus-e-s à montrer notre détermination. Nous avons besoin de nous voir pour être plus forts, nous connaître, se nourrir du travail des un-e-s et des autres. Cette assemblée nous appartient à tout-e-s, faisons-la vivre ! »
Dimanche 13 mars – Réunion du groupe de travail « Foncier / reprise du territoire »
Exceptionnellement la réunion du groupe de travail ne sera pas le lendemain de l’assemblée de lutte mais le dimanche 13 mars à 14h. Contact: reprendreleterritoire@riseup.net
Les 19 et 20 Mars – Rencontre de personnes et collectifs en lutte contre la destruction des forêts
Le 7 Août à Bure, lors du campement VMC, des personnes de Gardanne, de Bure et du Morvan ont pu échanger ensemble sur laquestiondes forets lors de la discussion: «ça gronde dans les sous-bois». Entre nouvelle gestion des forets, diagonale du vide, ouvriers du bois, histoire du peuplement d’essences depuis le début du siècle, mais aussi place de l’imaginaire, se sont tissées des histoires qui nous rassemblent autour d’une même inquiétude sur le devenir des forets.
Que nous vivions proches de centrales biomasse (SYNDIESE du coté de Bure, Tonnerre), de la création de CenterPark (Roybon, Poligny, etc),d’unités de production de bois (Morvan,…), que nous soyons forestier-e-s de l’ONF, nous constatons une attaque sur ce commun, entre fantasmes (nature sacralisée) et productivisme (rentabilisation des forêts).
Nous sommes plusieurs à penser qu’il est pertinent de continuer à mieux nous connaître afin d’élaborer des stratégies communes de lutte face à ces nouvelles politiques de gestion forestière. Retrouvons-nous entre territoires forestiers en lutte, les 19 et 20 Mars dans les environs de Bure ! Selon le temps, rendez-vous à l’ancienne gare de Lumeville-en-Ornois ou à la Maison de résistance à la poubelle nucléaire ! Lien vers l’appel complet ! Contact : luttedesforets@riseup.net
Du 21 Mars au 3 Avril – Chantier participatif à l’ancienne gare de Lumèville-en-Ornois organisé avec des copain-e-s de Roybon !
Samedi 26 mars – Repas et ballade sur les lieux potentiels de stockage des remblais à la poubelle nucléaire (A confirmer)
Puisqu’il va bien falloir stocker les 10 millions de m3 de remblais du chantier quelque part, autant en profiter pour engloutir au passage une jolie vallée ! Arpentons ces terres pour y découvrir ses secrets, les vies chuchotantes, chuintantes, résistantes, que l’ANDRA voudrait raser !
Samedi 16 et Dimanche 17 avril – Printemps des luttes paysannes et occupation agricole des terres de l’ANDRA
Accueil à partir du du 15 au soir entre la Maison de Résistance et l’ancienne Gare de Luméville. Samedi, café paysan sur la crise agricole et rencontre et discussions sur les luttes contre l’accaparement des terres et l’agriculture industrielle. Dimanche, ramène ta bèche : on sème la résistance sur les terres de l’ANDRA ! Plus d’infos à venir prochainement. Contact : reprendreleterritoire@riseup.net
Pendant les Semis Radieux du 15 novembre : Terre et Liberté !
3 & 4 juin – Rencontre des chorales révolutionnaires & des luttes anticapitalistes à l’ancienne Gare de Luméville
La Chorale des Sans Nom s’associe à la mobilisation des habitant.e.s et des militant.e.s anti-nucléaires en organisant des rencontres de chorales anticapitalistes. Divers syndicats, collectifs, associations ou groupes anticapitalistes et des chorales viendront de partout pour débattre et construire les résistances à ces projets, au monde qui les engendre et à celui qu’on cherche à nous imposer.
Programme:
Vendredi 3 juin : Accueil et soirée festive.
Samedi 4 juin : Répétitions des chorales et rencontres anticapitalistes (ateliers, tables de presse, débats, etc.)
Dimanche 5 juin : Marche le matin avec les habitants et concert des chorales l’après-midi pour la journée de mobilisation des « 200 000 pas » contre la poubelle nucléaire
Pour se retrouver à plein, discuter à l’ombre, le terrain de la gare a besoin d’un lieu, un grand préau pour accueillir nos discussions et nos fêtes. En lorraine, il y a un mot pour designer les moments que va permettre ce préau : Couarail ! … ( voir le bulletin du même nom). Durant ces deux semaines plusieurs chantiers : La construction d’un préau avec des copain-e-s de Roybon, petit maraichâge dans le jardin d’orties, amenagement des espaces collectifs, construction d’une cabane à outils, … Mais aussi : des discussions sur Roybon, la lutte de Bure, les forêts, des ballades…
Hébergement : pour camper sur le terrain prévoir d’etre autonome (frontale, duvets, tente, …), possibilités egalement de dormir à la maison de resistance. Pour qu’on s’organise c’est chouette de nous dire à combien vous arrivez à peu près.
Repas : On s’organise ensemble pour preparer les repas. N’hésitez pas à ramener des legumes avec vous 🙂 !