Action

At Bure we won’t go mushroom-picking anymore.

At Bure we won’t go mushroom-picking anymore.

#Étédurgence

In a forest, machines pull out, uproot and tear down hundreds of trees. For the last few days, caterpillar tracks plough the ground still soaked with the many spring rains. Private security guards march through the mud. These busy people are kept safe by the shadow of the subtly preserved woods, but a few trees are not enough today to hide the ongoing disaster anymore.

These machines are from Andra, the National Agency for Nuclear Waste Management, which intend on digging out here their nuclear garbage dump. This forest is Lejuc Woods, the village woods from Mandres-en-Barrois. It was stolen from the villagers last summer after an absurd trade-off, the legality of which they contest : they have already laid two judicial pleas to stop the process. Andra expects to dig two huge wells here, which makes these pleas a critical issue. These wells would eternally be exhaling the hydrogen produced by the containers forgotten in the depths of the Earth.

We are now drawing a red line. This new territorial hold-up would mark the beginning of CIGEO, a burial project for 99% of the French radioactivity. And yet, their atomic garbage dump doesn’t have any legal existence. It is based only on crazy scientific speculations and the will of stupid politicians to perpetuate the ongoing nuclear disaster.

Twenty years of internal colonisation, using bribes, political pressure and bullshit theories hidden behind technocratic language didn’t succeed in turning off the anger of a land chosen for its weak population density. The last sham public debate, in 2013, was happily boycotted . Two years later, IN THE SUMMER OF 2015 hundreds of people came to this little part of France to join in an anti-authoritarian and anti-capitalistic camp. Since then, in the depth of winter, a new base for resistance was grounded. Our vegetables are now squatting on a piece of ground bought by the atomic dump project. In early June, over a thousand opponents gathered in front of the lab for a joyful weekend of punk concerts, active hikes and a little bit of fence-shaking now and then.

We cannot stand the sound of trees cracking under their machines’ assaults. We are still only few, but in the last days, we have been reactive and have multiplied the walks in the woods. We left behind their security guards, avoided the cops, and faced an anti-riot police line. On the field that they imagined open and free, we tried to raise barricades, dug trenches with pickaxes and pushed their fences down. What we modestly opened in this forest is a front, the one they carefully try not to offer us anymore.

We have to defend it together. All means are necessary to prevent the woods from being destroyed and fenced out with sharp barbed wires. Its destruction would create a new desert, which is the necessary environment for nuclear proliferation. We are thinking in terms of picnics, walks, and inclusive protests. We are also imagining sabotages, occupations, and other decentralized actions.

This round is being played right now and we know that this summer will be critical. Our only limit is in our numbers. Some have already begun to join us. As we have learned from the ongoing protest movement: when we are many, we do as we like.

Let’s meet right now and take back the forest!
And let’s be many on June 19th, 11a.m. in Mandres-en Barrois, where we will head out for an endless picnic.

Information: vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org / pandore.at

Contact: sauvonslaforet@riseup.net

À Bure, nous n’irons plus aux champignons

Un appel à nous rejoindre dès maintenant pour empêcher l’installation de l’ANDRA et les début des travaux de CIGEO dans la forêt de Mandres, et à être nombreus-e-s pour une grosse manif’ le dimanche 19 juin !

 

À Bure, nous n’irons plus aux champignons

#Étédurgence

IMGP0873 Dans une forêt, des machines arrachent, déracinent et jettent à terre des centaines d’arbres. Depuis quelques jours, des chenillards labourent un sol encore gorgé des pluies abondantes du printemps. Des vigiles traînent dans la boue leurs allures de mercenaires. Ce sinistre monde s’agite à l’abri d’une lisière de forêt subtilement préservée, mais ces quelques arbres ne suffisent plus aujourd’hui à cacher le désastre en cours.

Ces machines, ce sont celles de l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui entend construire ici sa poubelle nucléaire. Cette forêt, c’est le bois Lejuc, bois communal du village de Mandres-en-Barrois. Elle a été volée l’été dernier au terme d’un échange absurde dont la légalité est contestée par les habitant.e.s qui ont déjà déposé deux recours juridiques. S’il s’agit d’un enjeu crucial c’est que lAgence projette d’y creuser deux énormes puits. Ils recracheraient à jamais l’hydrogène dégagé par les colis mis à l’oubli dans les entrailles de la Terre.

Nous affirmons qu’une ligne rouge a été franchie. Cette nouvelle emprise territoriale marquerait le début de Cigéo, projet d’enfouissement de 99 % de la radioactivité française. Pourtant leur décharge atomique ne dispose d’aucune existence légale. Elle ne repose que sur les spéculations scientifiques les plus délirantes et la volonté politique la plus crasse de perpétuer la catastrophe nucléaire. Vingt ans de colonisation intérieure, à coup de pognon, de pressions et de foutages de gueules camouflés sous le verbiage technocratique n’ont pas éteint les colères d’une région choisie pour sa faible densité. Le dernier simulacre de débat public, en 2013, a été joyeusement sabordé.

Deux ans plus tard, des centaines de personnes ont afflué dans ce coin de la Meuse pour un camp anti-autoritaire et anti-capitaliste. Depuis, dans la rigueur de l’hiver, un nouveau lieu d’organisation a commencé à se construire. Nos cultures squattent maintenant un bout de terre accaparée par le projet. Début juin, plus d’un millier d’opposant.e.s se sont rassemblé.e.s devant le labo lors d’un week-end réjouissant entre concerts punk, randonnées actives et secouage de grilles.

Le bruit des arbres qui craquent sous les assauts de leurs machines nous est insupportable. Si nous sommes encore peu, nous avons été réactifs et multiplié ces derniers jours les balades dans le bois. Nous avons semé leurs vigiles, esquivé les poulets et fait face à une ligne de gendarmes mobiles. Sur la voie qu’ils pensaient toute tracée, nous avons tenté de monter des barricades, creusé des tranchées à la pioche et fait tomber leurs grilles. Ce que nous avons modestement ouvert dans cette forêt c’est un front, celui qu’ils avaient pris soin de ne plus nous offrir.

Nous devons l’investir ensemble. Tous les moyens sont nécessaires pour empêcher qu’un bois ne soit bientôt rasé et clôturé de barbelés tranchants. Sa destruction créerait un nouveau désert, condition indispensable à la prolifération nucléaire. Nous pensons pique-niques, balades, manifestations populaires. Nous imaginons sabotages, occupations, actions décentralisées.

Cette manche se joue dès maintenant et nous savons que cet été sera décisif. Notre seule limite, c’est le nombre. Certain.e.s commencent déjà à nous rejoindre. Comme nous l’a appris le mouvement de contestation en cours : quand on est nombreux, on fait c’qu’on veut.

Retrouvons-nous dès à présent et reprenons la forêt !

Et soyons nombreux-euses le 19 juin à Mandres-en-Barrois !

A partir de 11h, pique-nique interminable au départ de Mandres-en-Barrois, rendez-vous près du lavoir.

Infos – vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org / pandor.at

Mail : sauvonslaforet@riseup.net                Tel – 0758654889

Télécharger l’appel en A4 pdf

 

Bure
tract pour la journée du 19 : tracts A5

Bure : La résistance sort du bois contre la poubelle nucléaire de l’ANDRA !

Depuis mi-avril beaucoup de choses se passent dans ce territoire niché entre la Meuse et Haute-Marne en résistance contre un projet de méga-poubelle nucléaire promettant d’enfouir 100 000 m3 des pire déchets radioactifs, soit 99,9% de la radioactivité française, dans 300 km de galeries creusées à 500 m sous terres, pendant plus de 100 000 ans, pour 130 ans de mise en œuvre industrielle, un coût estimé entre 25 et 35 milliards voire plus, bref, le plus gros projet industriel d’Europe ! Début juin, juste après le grand rassemblement des 200 000 pas le 5, l’ANDRA a accentué les hostilités dans un bois hyper stratégique : elle ne passera pas.

Jeudi 9 juin 2016, 5 h du matin. L’aube se lève peu à peu dans d’immenses flaques de brume. Bure se réveille bruissante d’activités. 35 personnes sont déjà sur place et une grosse vingtaine de renforts arrivent, répondant à un texto d’appel à renfort envoyé massivement la veille au soir. La foule se munit de pelles, pioches, enfile combinaisons blanches et masques de protection, prépare les banderoles, prend du bois pour les piquets, affute la caméra Super 8 des Scotcheuses qui tournent un film post-apocalyptique avec nous depuis le début de la semaine…

Objectif ? Arriver en masse dans le bois communal de Mandres-en-Barrois et bloquer les travaux préparatoires à la construction d’une des deux infrastructures cruciales de la poubelle nucléaire CIGEO : 300 ha de « zone des puits ». Ce bois, ce sont 220 ha de forêt de feuillus que l’ANDRA s’est accaparé depuis juillet 2015 au mépris de la volonté des habitant-e-s de la commune dont le recours juridique (non suspensif) est à l’étude depuis décembre 2015. À terme, les puits que l’agence entend y installer serviront à ventiler les rejets gazeux de la catastrophe en fûts entreposée 500 m en dessous dans 300 km de galeries. Depuis mai, alors que CIGEO n’a aucune déclaration d’autorisation de création ou d’utilité publique, des travaux de défrichement, de déboisement et de forages ont donc commencé ici. Des vigiles ont élu domicile, une large plateforme grillagée de barbelés-rasoirs abrite machines et bungalow, l’accès au bois est maintenant réglementé et les habitants doivent désormais montrer une carte d’identité pour passer les nouvelles barrières.

Promenons-nous dans les bois pendant que l’ANDRA n’y est pas !

5h40, le signal est donné, notre troupe d’une soixantaine de personne se met en mouvement, une quarantaine à pied et 4 voitures qui suivent. Différentes composantes de la lutte sont réunies dans une belle ambiance : ça faisait bien longtemps qu’un appel à action urgente n’avait plus réuni autant de monde – pour Bure – en si peu de temps. Nous ne sommes toutefois pas les seul-e-s à être matinaux : en surplomb le vrombissement d’un hélicoptère nous annonce que nous serons accueillis comme il se doit à l’orée du bois. Au loin le soleil rougeoie déjà dans l’horizon brumeux et laisse apparaître le tournoiement inquiétant des pales des éoliennes. Une dizaine de silhouette se dessinent en contrejour lorsque nous arrivons à hauteur du dernier carrefour. Les bleus sont déjà postés. Premier temps d’arrêt : que fait-on ? Va-t-on pouvoir passer ? Va-t-on vers la confrontation ? On continue d’avancer en passant à travers champ : nous les débordons sur les côtés. Ils n’ont visiblement pas consigne de nous bloquer physiquement le passage.

IMG_20160609_061201Quelques centaines de mètres plus loin nous arrivons à l’entrée du bois. Notre objectif est de s’avancer au plus proche de l’horrible plateforme grillagée qui abrite la logistique de chantier, pour empêcher l’accès des ouvriers aux machines. Deux fourgonnettes sont postées devant la barrière et nous empêchent l’accès au chemin principal, et donc à la plateforme. Encore une intimidation. Qu’importe, la contention des flux est plus difficile en forêt : nous nous enfonçons dans la parcelle d’à côté. Précisément celle qu’ils ont déboisé les jours précédents, prélude probable à l’installation d’énormes piquets de clôture sur tout le périmètre.

100_4084Les flics semblent décontenancés par ce changement de terrain qu’on leur impose : « on se regroupe ! » avance l’un des agents ! « Non les gars, on s’écarte là, c’est du rural ! ». Les stratégies de pacification et de maintien de l’ordre ne semblent pas encore parfaitement affinées en campagne. Elles restent des machines rôdées à mutiler l’incontrôlé urbain. Mais là, nous sommes en forêt. Et l’histoire récente nous a confirmé que les pouvoirs ont toujours eu du mal à encadrer les peuples des forêts.

Après la parcelle déboisée, nous continuons d’avancer dans le taillis et contournons les keufs. Nous voici de l’autre côté, derrière la plateforme. Gendarmes en Robocop et vigiles aux chiens méchants sont à nouveau postés pour nous empêcher l’accès. Qu’à cela ne tienne : il est 6h30, nous nous installons pour un bon moment.

« Pas de foreuses dans nos forêts ! »

Le massacre perpétré par l’ANDRA a laissé sur le bas-côté des chemins de grandes piles de bois, cadavres entassés de ceux qui vivaient encore en début de semaine. En guise d’hommage nous en ferons de bien belles barricades. Il a beaucoup plu lors des derniers jour, les bois peinent à s’enflammer, tant et si bien que nos chercheurs barricadiers testent des méthodes alternatives pour réchauffer les bois mouillés en les plaçant à l’intérieur de larges tubes en aluminium préalablement démontés de l’énorme remorque grumière en contrebas.

IMG_20160609_071046Remorque de grumier ? Plus bas sur le chemin qui s’enfonce dans la forêt, derrière la ligne de vue des keufs, une grosse remorque rouge dédiée au chargement des arbres arrachés est stationnée, quasi vide, à demi de travers, balourde et incongrue. Ses grosses roues ont griffé le chemin d’énormes ornières boueuses. Des troncs entiers fraîchement coupés sont empilés pour qu’elle les charge. Probablement pour du bois énergie, même si on ne sait pas encore très bien où part tout le bois que l’ANDRA est déjà en train de raser. L’énorme remorque se fait donc dépouiller comme il se doit : les pneus sont dégonflés, les phares brisés, les barrières métalliques arrachées.

IMG_20160609_065952IMG_20160609_082746Pendant ce temps là, une équipe de chercheurs d’or munis de pelles et de pioches entame une tranchée derrière la barricade. L’occasion de tester in situ nos propres forages subversifs et d’apprécier à sa juste valeur la qualité géologique de la couche superficielle : elle s’effrite en de multiples pierres calcaires dont il faudrait tester la qualité balistique. Mais aujourd’hui ça n’est sûrement pas l’enjeu.

IMG_20160609_070911Notre but collectif est d’empêcher, au moins par notre présence, le début des travaux. L’heure tourne et toujours aucun ouvrier à l’horizon, les machines restent bien gardées dans la large plateforme. En première ligne, une troupe de camarades entame un véritable show devant les keufs pour les humilier avec humour. Conférence gesticulée sur le nucléaire, chorégraphie « Je mets l’ANDRA devant, je mets l’ANDRA derrière ! », 1-2-3 soleil, etc. Les boucliers de quelques tristes vigiles sont d’ailleurs repeints comme il se doit.

IMG_20160609_090442On aperçoit une énorme de pile d’au moins 20 stères d’énormes tronçons dans la plateforme : cela ressemble furieusement à des grands piquets de clôture. On sait que l’agence se prépare à clôturer tout le pourtour du bois dans les semaines à venir, justement pour éviter de telles incartades subversives. On se serait attendu à d’énormes grillages métalliques, mais on est toujours étonnés de voir à quel point elle peaufine sont intégration paysagère. Finalement, clôturer une forêt de 220 ha pour la transformer en désert nucléaire, c’est comme clôturer une jolie petite prairie, n’est-ce pas ?

IMG_20160609_071308A 8h30, alors que certain-e-s ramènent une goûteuse cueillette d’asperge sauvage, on prend la décision de contourner les flics, par la forêt, pour accéder à la plateforme par derrière. C’est aussi l’occasion de tester nos déplacements collectifs dans les taillis. On se met donc en marche aux cris de « Et la forêt elle est à qui ? Elle est à nous ? » « ANDRA, dégage, résistance et sabotage ! ». On traverse un chemin boueux pour pénétrer dans la parcelle derrière la plateforme, les keufs traversent et manquent pour certains de glisser, ils ne semblent pas vraiment habitués à ce terrain.

IMG_20160609_085057On avance péniblement dans le taillis touffu et nous nous hissons sur les monticules de boue derrière la plateforme. Les flics et vigiles ont déjà eu le temps de s’y poster. Nous nous faisons face pendant une bonne dizaine de minutes avant de décider de repartir, non sans avoir lancé quelques capsules de peinture. Nous revoici sur le chemin principal, à côté de l’entrée de la forêt. Il est 10h, les travaux n’ont toujours pas commencé : l’objectif du matin est atteint. Nous refluons tranquillement en lançant quelques mottes de terres sur la ligne de flics pour perfectionner leur camouflage forestier car enfin, « c’est du rural », comme ils disent. Sans compter que la boue sur les visières empêche une bonne visibilité.

Au retour dans nos bases, un long débriefing au soleil conclut l’action et permet d’avancer sur quelques points de frictions, faire en sorte que tout le monde soit à l’aise pour les actions futures. Pas à pas, actions après actions, assemblées après assemblées, la constellation des groupes et individus luttant contre la poubelle nucléaire se transforme en mouvement.

Bloquer les travaux dans ce bois, c’est bloquer le début de la poubelle nucléaire de Bure !

Il faut être clair : si l’ANDRA parvient à grillager puis raser le bois de Mandres-en-Barrois, cela serait une première défaite contre la poubelle CIGEO, et plus seulement contre l’implantation du laboratoire de recherche qui s’est implantée lors des vingt dernières années. Toutes les conditions sont réunies pour s’opposer : les habitant-e-s du village sont furieux et certains d’entre eux s’organisent depuis près d’un an pour tenter de le récupérer (ce qui n’est jamais arrivé dans aucun village de la zone en vingt ans d’implantation de l’ANDRA), un flou juridique total encadre l’intervention de l’agence, et c’est la première attaque concrète contre une forêt communal dont tous les habitant-e-s ont l’usage ! Comme le résumait un des habitants résistant à l’accaparement du bois : « on y flâne, on y chasse, on y fait les affouages, on y cueille… elle fait partie de notre vie ».

IMG_20160609_080113Le temps est donc venu de résister physiquement à l’avancée sur le terrain de la méga-poubelle nucléaire. De trouver des cibles concrètes sur lesquelles avoir prise, se sentir fort-e-s ensemble, déjouer les stratégies d’impuissance affinées par l’ANDRA en vingt ans de colonisation et de politiques d’acceptabilité sociale. En 2013, lors du Débat Public sur CIGEO, des appels massifs à bloquer les sessions de cette parodie de « démocratie citoyenne » avaient largement circulé. On disait le mouvement anti-poubelle nucléaire moribond ? Il se réveilla avec une grande fougue, redynamisé par l’évidence de la cible (qui ne rêve pas de verser de grands seaux d’étrons sur les imbéciles heureux des « forums citoyens » ?). Enfin il était possible d’obtenir une victoire contre le rouleau compresseur des nucléocrates.

Depuis lors on parle de « renouveau de la lutte », marqué par les multiples temps forts des dernières années : campement anticapitaliste en août 2015, manifestations larges en juin 2015 et 2016, actions d’occupation agricole des terres de l’ANDRA, etc. Mais disons-le clairement : le « renouveau » lutte à Bure ne suffira pas s’il se contente de manifestations ou d’occupations symboliques de terres, c’est-à-dire s’il ne transforme pas en un mouvement se fixant stratégiquement des objectifs clairs de blocage de l’avancée de l’agence atomique ; en parallèle de l’énorme travail juridico-communicationnel et de l’ancrage local. S’il ne cherche pas à prendre à bras le corps, collectivement, des cibles logiques de la colonisation du territoire par l’ANDRA.

Sur le terrain tout le monde le dit, un peu comme une manière de conjurer les défaites sur les autres plans : « de toute façon ça finira sur le terrain à bloquer concrètement les machines ». Encore faut-il s’en donner les moyens et s’y préparer dès maintenant, en multipliant, sous différentes formes, des actions de blocage, de présence collective sur les lieux des travaux, etc.

#Eté d’urgence en Meuse… les rendez-vous à venir

D’autres appels suivront bientôt, tenez-vous au courant, d’ores et déjà les rendez-vous sont :

  • Samedi 11 juin, rendez-vous à 12h à la Maison de Bure pour faire le point sur la situation, ramène ton pique-nique
  • Mercredi 15 juin, 18h, Maison de Bure : assemblée stratégique pour faire le point sur le mouvement ; et préparer le départ à Notre-Dame-des-Landes le 9 & 10 juillet
  • Dimanche 19 juin, à 11h, rendez-vous là où tout à commencé (http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article715) : dans le village de Mandres-en-Barrois, près du lavoir. Un pique-nique et une grande ballade vers la forêt est prévue. Venez en masse, il y a plus que jamais besoin de monde sur place d’ici au 19, et tous les jours et semaines à venir pour continuer de les harceler et les bloquer !

 

La résistance sort du bois : l’ANDRA ne creusera pas son trou atomique dans la forêt de Mandres-en-Barrois !

ANDRA, dégage, résistance et sabotage !

 

Contact : sauvonslaforet@riseup.net           Tel : 0758654889

Infos : www.vmc.camp  / www.burestop.eu /  www.burezonelibre.noblogs.org

Alerte à Bure : l’ANDRA ne creusera pas son trou dans la forêt de Mandres-en-Barrois !

Ca bouge à Bure autour de la forêt de Mandres-en-Barrois, une zone hyper stratégique pour la construction de CIGEO, sur laquelle l’ANDRA tente de passer en force depuis plusieurs mois…

COMMUNIQUE DE PRESSE – Alerte à Bure : l’ANDRA ne creusera pas ses trous dans la forêt de Mandres-en-Barrois !

L’agence entame des travaux pour étendre une nouvelle zone stratégique : elle ne passera pas.

 

Jeudi 9 juin à 6h, nous nous sommes réunis sur les routes d’accès au bois communal de Mandres-en-Barrois, dit « bois Lejuc », pour ralentir et bloquer les travaux débutés par l’ANDRA (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) depuis mai 2016, en retardant l’accès des ouvriers à leurs engins.

Ce bois de plus de 200 ha est un terrain extrêmement stratégique pour l’agence. Elle le raserait pour y construire sur près de 300 ha une infrastructure cruciale pour son projet de méga-poubelle nucléaire CIGEO : la « zone des puits » ventilant l’hydrogène et les rejets radioactifs des 300km de galeries creusées à 500m sous terre. Les travaux en cours sont les premières coupes de ce qui serait bientôt un désert nucléaire si on laisse faire.

03Après avoir convoité ce bois communal pendant plusieurs années, l’agence se l’est accaparé en juillet 2015 par une délibération litigieuse du conseil municipal de Mandres, votée à 6h du matin, acceptant la proposition de l’agence d’échanger la forêt contre un bois mitoyen. En janvier 2013, lors d’une consultation publique, les habitants avaient pourtant déjà refusé un premier projet d’échange. Mais l’ANDRA, qui se comporte comme un colon dans son empire, n’en a que faire.

Depuis l’été 2015 les habitants et leurs soutiens se sont organisés pour récupérer la forêt. Des réunions publiques d’information ont été tenues. Un recours gracieux demandant l’annulation de la délibération, signé par 31 habitants a été envoyé au maire et au préfet de la Meuse. Constatant leur surdité, des habitants ont porté l’affaire au tribunal administratif depuis décembre 2015.

Aujourd’hui, l’Andra se fiche de notre opposition et continue sa politique du rouleau compresseur. Depuis mai elle a rasé une première parcelle de la forêt pour y installer une plate-forme grillagée où sont installés engins de chantier, foreuses, bungalows, véhicules, le tout protégé par des grilles, des barbelés et des vigiles. Depuis le 6 juin, le lendemain des 200 000 pas, elle a commencé des coupes rases sur une nouvelle parcelle à l’entrée. D’ici moins de deux mois, l’agence souhaite grillager tout le bois. Au rythme où elle avance il sera rasé en un rien de temps, avant d’être transformé en désert nucléaire !

100_4084C’est inacceptable ! Cette forêt est communale, elle appartient à toutes et tous : les gens s’y promènent, y chassent, y font des affouages pour le bois de chauffe, cueillent, flânent… elle fait partie de la vie locale.

Nous bloquons ces travaux car nous refusons que notre territoire devienne un désert nucléaire, proie des sales pattes d’une agence qui répand aujourd’hui ses largesses financières et demain ses pollutions mortelles.

Nous bloquons ces travaux car l’ANDRA est illégitime : elle se comporte en propriétaire alors qu’un recours juridique est en cours depuis plusieurs mois.

Nous bloquons ces travaux car l’ANDRA est illégale : le projet CIGEO n’a aucune existence juridique, ni déclaration d’autorisation de chantier, ni déclaration d’utilité publique. Et les deux défrichements entamés ne sont probablement pas conformes au plan de gestion prévu par l’ONF que l’agence s’est engagée à respecter tant que le projet n’était pas autorisé.

Nous appelons d’ores et déjà à un large rassemblement pique-nique et ballade le dimanche 19 juin à 11h dans le village de Mandres-en-Barrois pour continuer d’ancrer notre résistance.

Des habitants, soutiens et collectifs en colère contre CIGEO et la destruction du territoire par l’ANDRA

Infos : burestop.eu / vmc.camp / burezonlibre.noblogs.org

Contact mail : sauvonslaforet@riseup.net / Tel  : 07 58 65 48 89

 

Rassemblement devant le consulat honoraire de Finlande à St Nicolas de Port.

Jeudi 11 mai à 14h, une dizaine de personnes se sont rassemblées devant le consulat honoraire de Finlande à saint Nicolas de Port, près de Nancy, en soutien aux participant-e-s au camp anti-nucléaire de Pyhäjoki qui ont subi une violente répression.

Des tracts d’infos ont été distribués aux passant-e-s et automobilistes, sur des banderoles on pouvait lire « stop repression, stop rosatom » et « liberté pour toutes, solidarité avec Pyhäjoki ».

Les participant-e-s ont pu s’entretenir avec le consul honoraire agacé car sa façade venait d’être repeinte la nuit précédente (http://consulat-finlande-nancy.fr/un-message-aux-auteurs-du-tag/), ce qui selon lui est contraire aux « valeurs humanistes profondément ancrées dans la culture finlandaise », à savoir la tolérance et la liberté.. . sans blague!!consulat st nic.

 

 

Appel à actions décentralisées – Parlementaires, enterrez la loi pas les déchets nucléaires !

On relaie un appel à actions décentralisées alors que le 17 mai s’ouvre une discussion parlementaire sur la proposition de loi de Gérard Longuet (le M. Cigeo de la Meuse, ancien Ministre de la Défense, ancien du GUD et d’Occident, nostalgique de l’Algérie française et facho notoire). Alors que la scène médiatique est occupée par le passage en force du 49-3, les incendies au Canada et les Panama Papers voilà une nouvelle tentative de passer en douce pour lancer le pire projet industriel que la France ait porté. La proposition ci-dessous n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres pour affirmer notre détermination.

De la loi « travaille ! » à Bure nous sommes partout, ils ne nous enterreront pas !

Bandeau BurestopAppel à actions décentralisées contre la proposition de loi Cigéo examinée au Sénat le 17 mai 2016

Parlementaires, enterrez cette loi, pas les déchets nucléaires !

Mardi 17 mai 2016, les sénateurs vont examiner une proposition de loi visant à précipiter la mise en route du centre d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à BURE (Meuse/Haute-Marne). Cette nouvelle loi, si elle est votée, autoriserait le lancement industriel de la méga-poubelle nucléaire en le faisant passer pour une énième phase de « recherche », baptisée « phase-pilote ». 30 ans d’opposition à ce projet de méga-poubelle atomique imposée sans concertation, des montagnes de risques industriels, la condamnation du sous-sol, un désastre financier annoncé et la mort programmée de tout un territoire, tout cela ne peut pas être enterré !

Des actions partout pour lancer un message aux faiseurs de loi !

A partir du 11 mai, partout en France et ailleurs, de multiples formes d’actions sont possibles pour affirmer notre détermination, interpeller les parlementaires et rendre visible notre refus légitime de la poubelle nucléaire et son monde. Nous proposons ici une action simple pour mettre sur la scène publique les déchets nucléaires qu’ils pourraient enfouir en votant cette loi.

  • Remplissons des sacs poubelles et coller le logo Bure/Stop imprimable sur A4 ou A3 (téléchargeable ici)
  • Empilons-les devant la porte de la permanence des députés ou sénateurs
  • Protégeons-nous, si possible, des émanations radioactives et du déni de « démocratie » avec des combinaisons blanches et des masques.
  • Prenons une photo de ce joli tas, et si possible la plaque de permanence du lieu
  • Imprimons et scotchons sur la porte notre interpellation des parlementaires, ou donnons leur en main propre (téléchargeable ici)
  • Envoyons la photo, en indiquant le lieu, par mail à : compresse55@orange.fr ou enterronscigeo@riseup.net avant lundi 16 mai, 8h. Toutes ces photos pourront être jointes à un communiqué de presse qui partira le jour même.

La suite

Soyons nombreux-euses à nous mobiliser à partir du 11 mai puis retrouvons-nous le terrain le dimanche 5 juin aux 200 000 pas à Bure et pour les autres réjouissances à venir !

Plus d’infos et contact

  • Plus d’infos sur le projet de loi Longuet  : ici
  • www.burestop.eu

Coordination Burestop (Burestop55, Bure Zone Libre, Habitants vigilants de Gondrecourt, Eodra, MNE, Mirabel Lorraine Environnement) + Amis de la Terre France

« On ne nous atomisera jamais ! » – Retour sur le Printemps des luttes paysannes

Malgré la pluie, le ciel lourd et la terre argileuse collant aux bottes, dimanche 17 avril des centaines de personnes ont planté 100 kg de patates et semé à la volée 1ha d’orge et d’avoine pour enraciner la résistance à la poubelle nucléaire CIGEO et l’accaparement des terres de l’ANDRA. Sur le bord du terrain, une belle ambiance résonne entre accordéon, construction d’une cabane et cuisson d’un méchoui. Les participant-e-s plongent leurs mains dans la terre du champ délimité par des drapeaux claquant au vent (BureStop, la Confédération Paysanne, et le drapeau noir…) : « Des semis radieux, pas des champs irradiés ! »Retour en texte, photos et vidéo sur un super week-end… Et prochain rendez-vous à partir du 3 juin pour le Chantier buttage des patates puis pour les manifestations du week-end !

 

La vidéo de la journée (disponible sur Le nouveau jour J)

16 avril – « Rencontrer des alliés et partager ma situation »

Le 16 avril se tenait une journée de discussion sur le thème des résistances aux accaparements de terres et à l’artificialisation des sols : quelles sont les luttes en cours dans l’est de la France et au-delà ? quels sont les acteurs impliqués ? comment mieux se relier ? Alors que les Semis radieux du 15 novembre s’étaient déroulés sur une après-midi, l’objectif de cette journée était de prendre un plus long temps pour se rencontrer.

A cause de la pluie et de petits retards logistiques, les discussions du matin ont eu lieu à la Maison de résistance entre 15 à 20 personnes. L’occasion de refaire le point sur le processus d’appropriation foncière mené par l’ANDRA depuis des années : 3000 ha accaparés, 2000 ha de forêts, 1000 ha de terres agricoles (avec la complicité des SAFER et la menace de contrôles et d’expropriations) pour environ 15 millions d’euros, entraînant augmentation des prix et difficulté d’accès à la terre pour de nouveaux-elles agriculteur-ice-s. Cinq fois plus que les « besoins réels » en surface, estimés à 600 ha (estimations qui ne cessent de grimper : 300 ha en 2013, et 100 ha 2011). L’opportunité, aussi, de présenter les dossiers rédigés à cet effet (en version complète ou version résumée).

L’occasion, aussi, de rencontrer de nouvelles personnes comme Pascal (prénom changé), ancien agriculteur venu de Stenay, à la frontière bruxelloise, qui lutte contre un « projet de zone commerciale » menaçant son terrain, « alors que les autres sont vides ». « C’est la première fois que je viens ici, pour rencontrer des alliés et partager ma situation » explique-t-il.

Tout au long de la matinée les participant-e-s arrivent, de Dijon, des Vosges, d’Alsace, de Paris, de Rouen, d’Albertville, de Meuse, de Haute-Marne, etc. L’après-midi, après un retour sur la dynamique du collectif Terres de Bure, la soixantaine de personnes présentes a prolongé les discussions en plus petits groupes : comment habiter nos territoires, s’ancrer localement et se relier ? comment « faire réseau » entre les différentes personnes et collectifs en lutte contre les accaparements de terre, et comment toucher les mondes agricoles ?

DSC_0017Au retour des commissions, quelques perspectives s’échangent pour les mois à venir pour que cette rencontre ne reste pas lettre morte. « Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous laisser repartir chez vous tranquille et butter les patates tou-te-s seul-e-s ? Il nous faut un prochain rendez-vous pour entretenir notre champ ! » annonce un des organisateurs de la journée. Un autre participant, venu d’un collectif des Vosges, propose aux motivé-e-s la création d’un collectif Reclaim the Fields Nord-Est. Une prochaine grande assemblée est aussi évoquée à l’occasion des 200 000 pas du 5 juin. Les gouttes perlent sur le barnum, les rires et les propositions fusent, et la fête se prépare. « Le bar est ouvert ! » sonne le début de la soirée.

A la nuit tombée, après de difficiles réglages, une projection du court-métrage Anomalie du collectif des Scotcheuses (sur la lutte contre le puçage des moutons) se lance sous l’imposant préau en bois construit par des copain-e-s de Roybon lors du dernier chantier collectif. La belle cathédrale boisée se fait cinéma en plein air. « On voit que ça a beaucoup évolué depuis le campement, c’est chouette ! » s’exclame un ami parisien, qui n’était pas revenu depuis l’été, devant la construction. C’est la première rencontre publique sur le terrain de l’ancienne gare de Luméville depuis le campement antiautoritaire et anticapitaliste d’août 2015. Entre temps, de nombreux chantiers collectifs ont aménagé le terrain en le dotant d’espaces d’accueil et d’organisation.

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Plus tard, alors que les discussions s’éternisent près de la tireuse à bière ou du grand braséro, une clameur de trompette retentit dans le lointain. Une foule se masse, en procession carnavalesque, derrière un mannequin en paille grandeur nature bricolé à la hâte. « Brûlons Manu ! » « Brûlons Manu ! » clame le cortège dans de grands cris d’allégresse. La moustache griffonnée sur le sac blanc qui mime la tête permet de reconnaître l’effigie du bonhomme de paille : celle d’Emmanuel Hance, le négociateur foncier de l’ANDRA, symbole vivant de l’accaparement des terres de l’agence et de son travail de nettoyage du territoire dans les villages.Bure_042016©Fabrice_Caterini_Inediz-1En août 2015 durant le campement une action anonyme avait ciblé le domicile de ce personnage unanimement craint ou détesté dans les villages alentours. Mais ce soir c’est un grand feu symbolique. « Un peu rapide », juge un participant, sourire en coin « on aurait pu imaginer un jury populaire avant de jeter le mannequin au feu ! Et ça aurait pu prendre du temps, car il y aurait beaucoup de choses à dire contre l’ANDRA et son négociateur foncier ! ».

La nuit se termine dans le rougeoiement des flammes, tandis qu’une boum improvisée est lancée en deux temps trois mouvements grâce à une rallonge, un poste, un groupe électrogène téméraire, une antenne minutieusement réglée et, surtout, Nostalgie et sa disco nocturne.

17 avril – « On ne nous atomisera jamais ! »

Rendez-vous est donné sur le terrain dès 9h du matin pour le petit déjeuner et la préparation des semis collectifs. Au bord du terrain, des paysans lèvent-tôt surveillent depuis l’aube un méchoui d’agneau qui cuit grâce aux braises du grand feu de la veille. Une longue file de voiture envahit peu à peu le bord du champ. « C’était pas facile de trouver, vous auriez pu mieux indiquer ! » : si beaucoup de gens connaissent la Maison de résistance à la poubelle nucléaire à Bure, c’est pour bien d’autres la première venue à proximité du terrain de l’ancienne gare de Luméville. Les sacs de pommes de terres, de céréales et les outils sont apportés peu à peu. Un premier tracteur arrive, applaudi par les manifestant-e-s, et creuse les sillons de la plantation rebelle. Un deuxième engin muni d’une remorque plateau se gare au bord du champ : « Il a beaucoup plu, ça va être compliqué de l’utiliser » explique l’agriculteur du coin qui l’a prêté. Il ne servira pas de la journée sinon pour le symbole.Bure_042016©Fabrice_Caterini_Inediz-3

Le 15 novembre, 12 tracteurs avaient ouvert le cortège pour semer 2 ha de céréales à un jet de pierres des locaux de l’ANDRA. Ce jour-ci, ils sont moins nombreux mais l’objectif n’est pas le même. Romain, paysan soutien des Vosges explique : « Pendant les Semis radieux du 15 novembre, on a fait des semis symboliques pour affirmer que les 3000 ha de terres accaparées par l’ANDRA, dont  300 retirées à l’usage des agriculteurs au nom des travaux préparatoires, devaient rester à vocation agricole et nourricière. Aujourd’hui, 6 mois après le début des travaux, fini le symbolique : on compte bien défendre notre champ de patates pour nourrir la révolte contre CIGEO ! » Le choix de la parcelle, qui jouxte l’espace d’organisation de l’ancienne Gare, n’est pas anodin : « Ca permettra de mieux surveiller le champ des nuisibles… les doryphores mais surtout l’ANDRA ! »

La présence de l’agence sur le terrain est diffuse, et ne se fait pas uniquement sentir par le ballet incessant des gendarmes au bord du champ. Car fin mars un tracteur a travaillé le sol de ce terrain mis en réserve par la SAFER pour le compte de l’ANDRA, sous les yeux médusés des paysans qui l’utilisaient auparavant. La même scène s’est produite sur l’ensemble des 300 ha concernés par les travaux préparatoires. Emmenés par Emmanuel Hance, l’ANDRA, non contente de s’accaparer les terres, a commencé à en travailler le sol, voire y faire des semailles. « C’est incroyable ! On ne comprend pas bien ce qu’ils veulent en faire ! Ils ont peut-être semé de l’herbe… » confie un agriculteur voisin, qui espérait sans doute, comme beaucoup d’autres, pouvoir récupérer ces terres pour la campagne du printemps. L’incertitude plane maintenant sur le devenir de ces terres pour la campagne d’hiver à partir de septembre 2016 : seront-elles rétrocédées aux agriculteurs-ices ? Si oui, pour combien de temps ? Où laisseront-elles places à d’autres travaux ?Bure_042016©Fabrice_Caterini_Inediz-2

A côté des planteur-euses de pomme de terres qui s’affairent sur les buttes modelées par les griffes du vieux tracteur, des dizaines de personnes découvrent le geste universel du semeur et tentent de se coordonner. « Alors on se met en ligne ? Attention, on y va ! ». Chacun y va de son commentaire sur le bon coup de poignet, la densité optimale, et demande parfois conseils aux paysans. Les graines de révolte jaillissent en pluie sur le champ bosselé par le labour de l’ANDRA. « Il faudrait passer un coup de cultivateur pour casser les mottes, mais la terre est trop lourde. On y reviendra dans quelques jours » explique un agriculteur d’un village d’à côté. « Pas facile de travailler le sol ici quand il a plu ! »

La parcelle est située dans un grand fond de vallée, une zone considérée par les paysan-ne-s comme « des terres à vache », aux sols lourds, humides, argileux. « Les prairies, progressivement remplacées par des céréales dans le reste de la zone à cause de la crise de l’élevage, y subsistent sur une grande partie. Avec ces actions on apprend aussi à découvrir les terres de la région et l’histoire de l’agriculture en discutant avec les paysans du coin. » commente Jean, du collectif Terres de Bure. « Il faudrait d’ailleurs penser à mettre quelques brebis un de ces quatre », plaisante un autre paysan en regardant un autre champ en friche un peu plus loin.Bure_042016©Fabrice_Caterini_Inediz-4

Pendant que les semeur-euses s’activent, les coups de marteaux retentissent au bord du champ. Une dizaine de personne s’activent depuis le matin et construisent « la cabane Vigipatate pour surveiller notre champ ! ». En quelques heures un petit cabanon muni d’une table de bar sort de terre, ainsi que des poteaux prêt à accueillir une plateforme de vigie. A 16h, le clairon de la trompette retentit. Cette fois ce n’est pas pour un bûcher mais pour ouvrir la marche à un homme en vête de costard et casque de chantier. « Je suis représentant de l’ANDRA et je suis venu ici pour inaugurer votre magnifique construction ! ». A sa main, une plaque du Groupement d’Intérêt Public, l’instrument qui distribue la manne financière de l’agence dans les villages pour acheter les consciences. Sous les huées rigolardes de la foule, l’ingénieur d’opérette cloue ce funeste symbole « l’ANDRA est très heureuse de financer votre initiative de semis collectif, dans la droite lignée de nos expositions culturelles et écologiques ».

DSC_0037La journée s’achève dans cette ambiance de fête. A 19h, éclairés par la lueur rasante du soleil crépusculaire qui se montre pour la première fois du week-end, les dernier-e-s- semeurs-euses installent au milieu du champ une large banderole.

DSC_0049« On ne nous atomisera jamais » : une affirmation, mais aussi une promesse. Celle de revenir très vite pour entretenir et récolter le champ. Celle de continuer de faire croître, souterrainement, les résistances à l’ANDRA et à son monde dans toutes les directions. Comme des rhizomes de patate !

Des semis radieux, pas des champs irradiés !

ANDRA, dégage !

 

Une écoute sonore de la journée

C’est dans l’excellente émission Actualité des luttes de Fréquence Paris Plurielle ==> ici !

Crédits photos et/ou vidéo
  • Fabrice Caterini, agence Inediz
  • Sebastien Bonetti
D’autres retours sur le week-end

Toutes et tous au Printemps des luttes paysannes à Bure le 16 & 17 avril !

Toutes et tous au Printemps des luttes paysannes à Bure !

Le 16 & 17 avril, enracinons définitivement notre refus du projet CIGEO !

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Depuis l’été 2015 et le campement VMC, le collectif Terres de Bure s’est cristallisé à l’occasion d’une discussion contre l’accaparement des terres de l’ANDRA. Ce collectif réunit différentes composantes de la lutte contre CIGEO. Nous sommes des paysan-ne-s de la région et d’ailleurs révolté-e-s par le futur saccage des terres agricoles et des forêts que promet l’installation de la poubelle nucléaire. Nous sommes des habitant-e-s des environs de Bure, de la Maison de résistance à la poubelle nucléaire et ailleurs, dont la simple existence s’oppose à la désertification contrôlée du territoire. Nous sommes des « militant-e-s », nouveaux ou « historiques », individus, membres de collectifs informels, d’associations, décidé-e-s à nous réapproprier ce territoire des mains voraces de l’ANDRA. Les 16 & 17 avril, à l’occasion de la journée internationale des luttes paysannes, nous appelons au Printemps des Luttes paysannes, un week-end de rencontres et d’action.

Depuis 20 ans, l’ANDRA nettoie le territoire pour creuser sa poubelle nucléaire

Depuis 20 ans l’Agence Nationale de Gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) prépare l’implantation de son projet insensé de gigantesque poubelle nucléaire CIGEO en Meuse et Haute-Marne. 300km de galeries à 500 m sous terre pour déverser les pires déchets concentrant 99,9% de la radioactivité française. 600 ha d’installations de surface, 130 ans de travaux, 35 à 40 milliards d’euros de coût annoncé. La promesse absurde d’un risque zéro pendant 100 000 ans alors que les galeries s’effondrent déjà, tuant des travailleurs. Pour faire accepter l’inacceptable, l’agence fabrique le désert et confisque le territoire à toutes celles et ceux qui l’habitent et le cultivent.

fouillesarcheo7La confiscation des terres

La dépossession du territoire, c’est l’accaparement de 2000 ha de forêts et plus de 1000 ha de terres agricoles orchestré « à l’amiable » depuis des années par l’ANDRA et les SAFER. C’est un harcèlement quotidien des propriétaires et agriculteurs pour l’achat ou l’échange de leurs parcelles.

La dépossession du territoire, ce sont les faux débats publics, les mensonges et les manipulations politiques. C’est le mépris qu’essuient les habitant-e-s du village de Mandres-en-Barrois qui tentent de résister à l’échange de leur forêt communale où seraient construits les gigantesques puits de ventilation de la poubelle.

La dépossession du territoire, ce sont les griffes des tractopelles qui occupent depuis septembre 2015 les terres retirées aux agriculteurs pour les « travaux préparatoires » de fouilles et de sondages. Ce sont des milliers de tranchées lacérant ces terres, qui évoquent l’histoire meurtrière de la région, et témoignent de la guerre menée par l’ANDRA à toutes celles et ceux qui habitent et cultivent ce territoire.

Nous reprendrons ce territoire des mains voraces de l’ANDRA et des aménageurs ! 

Nous, habitant-e-s, paysan-ne-s de la région et d’ailleurs, individus et collectifs opposé-e-s à la nucléarisation du territoire, refusons cette fabrique du désert !  Le 15 novembre 2015 lors des« Semis Radieux » nous étions plus de 200, emmenés par 11 tracteurs, à enraciner notre résistance sur 2 ha de l’ANDRA, à un jet de pierres de ses locaux. Blé, orge, avoine, moutarde, arbres fruitiers, arbres de haies, fleurs : le champ que nous avons semé ce jour-là est celui des possibles ! Champ de la réappropriation des usages agricoles et nourriciers, champ de vies en résistance, champ de l’organisation commune !

IMGP0250Le 15 novembre pour les Semis Radieux : sus à l’ANDRA et à son monde !

Soyons encore plus nombreux à semer les terres le 17 avril 2016 pour nous réapproprier ce territoire que les aménageurs souhaiteraient vide et contrôlable ! Pour défendre l’usage agricole des terres. Pour nourrir la résistance à CIGEO et à son monde. Pour construire un mouvement large et joyeux de résistance à l’artificialisation des terres, aux projets imposés et à la marchandisation du monde.  Et dès le 16 avril, une journée de rencontres sur les résistances à l’accaparement des terres et l’artificialisation des sols se tiendra à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, pour prendre le temps de la discussion, partager des analyses et élaborer des stratégies communes.

Programme & modalités pratiques

Rendez-vous durant tout le week-end sur le terrain de l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, à 6 km de Bure ! Arrivées possibles dès le vendredi 15 avril au soir (de préférence pour celles et ceux qui viendraient de loin), les places de couchage sont limitées donc merci d’écrire à terresdebure (at) riseup.net pour qu’on s’organise.

Samedi 16 avril – Rencontre des résistances à l’accaparemment des terres et l’artificialisation des sols

A partir de 10h à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois. L’enjeu est d’échanger sur nos luttes et construire des liens pour nous renforcer, imaginer et mettre en œuvre des stratégies de résistance à différentes échelles sans s’enfermer dans le « local ». Il s’agit également de croiser les perspectives et partager des analyses entre différentes composantes des résistances aux accaparements de terres.

10h – Discussion – Partage d’expériences sur les résistances aux accaparemment de terres

Présentation libre par les différentes personnes présentes des dynamiques dans leurs territoires : quels sont les projets d’artificialisation et d’accaparement de terres ? Où en sont les résistances ? Quels enseignements en tirer ?

13h – Repas – Cantine à prix libre et/ou pique-nique
Après-midi – Discussions en petits groupes puis restitution en assemblée

A partir de thèmes réfléchis en amont puis reprécisés lors des discussions du matin. Quelle composition des collectifs en résistance ? Quels liens avec les mondes agricoles ? Comment continuer de grandir et faire force à l’échelle francophone et au-delà ? Etc.

Soirée

Boeuf musical, chorales, lectures de texte, cantine à prix libre, tables d’infos sur les luttes paysannes…

Dimanche 17 avril – Collons des patates à l’ANDRA !

A partir de 10h on s’approprie à nouveau les terres de l’ANDRA pour y planter la révolte ainsi que de multiples cultures ! Rendez-vous à l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois. Ramène tes plants, tes outils, ta joie et un pique-nique !

Midi – Cantine à prix libre + pique-nique en auberge espagnole.

Il y aura une cantine à prix libre mais si vous ne venez que pour cette journée ramenez tout de même de quoi grignoter !

Des semis radieux, pas des chantiers irradiés ! ANDRA, dégage !

L’affiche et l’appel à diffuser et imprimer
Appel détaillé et programme

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Action soutenue par : des personnes et des collectifs d’ici et d’ailleurs, BureStop 55, CEDRA, Mirabel Lorraine Environnement, Confédération Paysanne de Meuse, de Haute-Marne et de Lorraine, La Graine, Bure Zone Libre, ASODEDRA, Habitants Vigilants de Gondrecourt-le-Château, Habitants Vigilants de Void-Vacon.

Plus d’infos :  Pour mieux comprendre le processus d’appropriation foncière et de nettoyage du territoire de l’ANDRA, un document de travail partisan a été rédigé au cours des derniers mois, le voici en version complète ou résumée.

Contact : terresdebure@riseup.net (prévenir de l’arrivée le 15 et/ou le 16) / Téléphone média : 07 58 13 18 61

IMGP0307Terre et Liberté !

Retour sur les Semis radieux du 15 novembre 2015 !

Avant de remettre le couvert lors du Printemps des luttes paysannes le 16 & 17 avril à Bure, retour sur les Semis Radieux du 15 novembre 2015 ! …

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Figure 1 : Les tracteurs ouvrent la marche en direction du laboratoire de l’ANDRA

Les cris enthousiastes des manifestants retentissent dans le calme dominical du village de Saudron. « Les tracteurs avec nous ! » : douze engins arrivent en conquérants sur la place de l’église, munis d’outils de travail du sol et de généreux sacs de semences. Dimanche 15 novembre, malgré la tristesse post-attentats et les interdictions de manifester, près de 200 opposants au projet CIGEO (Centre Industriel de Stockage Géologique) se sont réunis pour occuper temporairement les terres de l’ANDRA lors des « Semis radieux », sous un soleil qui ne l’est pas moins.

« L’ANDRA a dépensé près de 15 millions d’euros et s’est accaparée environ 3000 ha de terres agricoles et forêts en sept ans pour nettoyer le territoire de ceux qui y vivent et y cultivent. » explique Romain Balandier, le porte-parole de la Confédération Paysanne de Lorraine. « Depuis la fin de l’été les travaux se sont intensifiés avec le début de fouilles archéologiques. 300ha ont déjà été retirés à l’usage des agriculteurs qui en bénéficiaient auparavant au titre de prêts gratuits. A terme, c’est près de 600 ha qui seraient rasés par la poubelle nucléaire ! Il faut réagir en occupant le terrain ! »

« Des semis radieux, pas des champs irradiés ! »

Le top du départ est donné : les tracteurs ouvrent la marche direction l’ANDRA, suivis par les manifestants, fourches et pioches brandies vers le ciel. Les chants révolutionnaires des chorales se mêlent à la batucada et aux slogans offensifs. L’ambiance est joyeuse et la présence policière discrète. Au loin, on aperçoit le site du laboratoire : une excroissance urbaine bardée de grillages, de caméras et de vigiles, qui a surgi de terre depuis 10 ans pour préparer le projet de poubelle nucléaire.

Après 1km, le cortège s’empare d’une parcelle située à un jet de pierre des locaux de l’agence. La foule effervescente contraste avec le triste paysage environnant : derrière les grillages du bâtiment, les tractopelles à l’arrêt sont gardées par des vigiles. Les engins reprendront le lendemain leur chantier en creusant les centaines de tranchées en contrebas. Mais pour l’heure, les manifestants se mettent en ordre de bataille et emboîtent le pas aux tracteurs qui avancent de front.

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Figure 2 : l’arrivée du cortège sur les terres de l’ANDRA. En arrière plan le site de « l’espace technologique » où les tractopelles de chantier sont garés.

« Ca me rappelle ma jeunesse ! » Yves* (les prénoms des manifestants ont été changés), ancien agriculteur octogénaire habitant un village voisin, fait virevolter son poignet d’un geste sûr. Les graines de la résistance pleuvent sur le lit de semailles légèrement travaillé. Devant lui, de jeunes enfants, seaux de graines à la main, apprennent à leur tour le geste universel du semeur. Derrière eux, d’autres plantent des rangées d’arbrisseaux. « On comprend mieux pourquoi ils n’ont toujours pas réussi à creuser leur poubelle en 22 ans ! » plaisante Michel Marie, opposant historique du CEDRA, qui creuse avec effort un trou dans la terre sèche et rocailleuse pour y planter un jeune pommier.

« C’est vrai que la terre est dure, il n’a pas plu et elles sont confisquées à l’usage agricole depuis plus de deux mois. Mais peu importe… La terre à ceux qui la travaillent ! » lance Romain Balandier, bravache, du haut de son tracteur. « On sème de l’orge, du blé, de la moutarde, de l’avoine, et on fait même de l’agroforesterie avec des arbres fruitiers, des arbres de haies, et des plantes d’ornement : cette diversité est à l’image du mouvement de lutte ! »

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Figure 3 : les semeurs en herbe à l’oeuvre !

Résistance populaire et paysanne

Enfants et adultes, anciens et nouveaux militants anti-CIGEO, membres d’associations, d’AMAP, squatteurs des villes et des ZADs, habitants du coin : la foule est hétéroclite. « L’ANDRA menace la terre, qui est notre bien commun. Le semis collectif réunit beaucoup de gens différents pour se réapproprier des savoir-faire qui touchent tout le monde. Et puis la lutte de Notre-Dame-des-Landes a donné une nouvelle force à ce geste d’occupation vieux comme les luttes paysannes ! » explique Simon, animateur d’un groupe de maraîchers.

Les paysans, justement, sont venus en nombre : de la Meuse, de Haute-Marne, des Vosges et même d’Alsace. La douzaine de tracteurs présente est quasiment un record dans l’histoire des 20 ans de la lutte contre CIGEO : ils étaient 7 lors des 100 000 pas à Bure le 7 juin. « Il y a un département qui disparaît à cause de l’étalement urbain et des projets inutiles tous les 8 ans, et ici l’ANDRA s’accapare 850 hectares de terres agricoles ! » explique un éleveur venu d’Alsace. « Du coup les prix augmentent et ici comme ailleurs les jeunes ont du mal à s’installer, tout ça avec la complicité de la SAFER {Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural, organisme chargé de favoriser l’installation et/ou la consolidation des exploitations agricoles} ! » proteste-t-il.

A ses côtés, Paul hoche la tête. Ce jeune agriculteur d’un village voisin est directement impacté par les accaparements fonciers. Il cultivait une dizaine d’hectares parmi les 300 que l’agence a retiré à la fin de l’été. « La SAFER refuse systématiquement mes demandes d’obtention de terres, et le prix grimpe d’année en année à cause des échanges de l’ANDRA ». Pour inciter les propriétaires à céder leurs parcelles, l’agence fait monter les enchères des terres agricoles jusqu’à 7000 euros l’hectare, tandis que des forêts grimpent jusqu’à 11 000 euros, soit deux à trois fois le prix du marché.

Beaucoup d’autres agriculteurs directement impactés ont peur des représailles et préfèrent ne pas s’impliquer lors des manifestations. « L’ANDRA menace les propriétaires récalcitrants d’expropriations ou de contrôles d’exploitation pour les faire plier si les propositions d’échanges ne suffisent pas » explique Thierry Jacquot, éleveur venu des Vosges. Beaucoup des agriculteurs mobilisés viennent du reste de la sous-région, à 20km et plus. « Les échanges fonciers nous concernent moins directement, on se sent plus libre de soutenir les agriculteurs menacés et leur montrer qu’il ne sont pas seuls. Que c’est possible de résister tous ensemble. »

Ce soutien populaire et paysan commence à se faire sentir localement : c’est l’une des première fois que Paul participe à une manifestation contre CIGEO, tout comme de nombreux habitants des villages alentours. Un autre agriculteur du coin, qui a du échanger ses terres avec l’ANDRA il y a quelques années, a prêté pas moins de 4 tracteurs pour la manifestation…

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Figure 4: Les manifestants sous la lumière du crépuscule, avant de repartir…

« Cet été on fait les récoltes radieuses ! »

L’autre défi, pour Romain Balandier, c’est de mobiliser encore plus largement et placer les organisations professionnelles devant leurs responsabilités. « Je me demande bien quelle est la position des Jeunes Agriculteurs (JA) ou de la FNSEA sur le projet ? Pourquoi la semaine dernière les JA d’Alsace ont semé 40 ha de terres contre la construction d’une zone commerciale et aujourd’hui ils ne sont pas là ? Il y a des contradictions !».

Les forêts sont aussi dans la ligne de mire des opposants au projet. L’ANDRA reste très évasive sur la finalité des 2000ha de bois qu’elle s’est appropriée : compenser les futurs déboisements liés aux travaux ? Sécuriser ses financements ? Ou, pour Pascale Combettes, présidente de Mirabel Nature Environnement, « servir de ressource au projet opaque du CEA SYNDIESE, à 2km en contrebas, qui vise à transformer des forêts de Lorraine en biocarburant » ? L’agence a d’ores et déjà fait des coupes rases et des coupes préventives de grands arbres dans certaines parcelles. « C’est peut-être pour y empêcher la construction de cabanes en hauteur… » suppose Sylvie, habitante de la Maison de résistance à la poubelle nucléaire.

Au soleil couchant, manifestants et tracteurs quittent leur champ de lutte et laissent derrière eux 2ha de vie dans le désert nucléaire. « On sait que tout sera probablement détruit par les tractopelles dans quelques semaines. Mais depuis 1998 les agriculteurs n’étaient plus revenus occuper les terres de l’ANDRA. Et il fallait se retrouver pour ne pas céder à l’impuissance et la sidération, pour continuer à se réapproprier nos vies ensemble, pour semer la vie contre les semeurs de morts des industries de l’armement et du nucléaire. Ce qu’on a semé aujourd’hui c’est l’espoir et le renouveau de la lutte ! » proclame Claude Kayser, un opposant historique du collectif BureStop, très ému. Au retour à la Maison de résistance à Bure, devant un concert et une soupe chaude, Paul l’interpelle : « Alors cet été on fait les récoltes radieuses ? Et cette fois j’amène ma moissonneuse !

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Avant les récoltes radieuses à l’été, il y aura bien un Printemps des Luttes Paysannes ! Toutes et tous à Bure le 16 & 17 avril !