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Communiqué – A Mandres, un feu d’artifices d’actions joyeuses et partagées
Après la chute du mur de la honte ceinturant une partie du bois Lejuc dimanche 14 août, l’ANDRA et la Préfecture ont rapidement contre-attaqué en focalisant l’attention médiatique sur des « tirs de fusée d’artifice » ayant visé des hélicoptères ou de supposées « violences ». Nous rappelons que cette journée d’action était joyeuse et collectivement assumée, et que personne n’est dupe de cette stratégie de fabrique de la peur et de la tension.
Après l’écho national déclenché par la mise à bas collective du mur d’1 km construit par l’ANDRA dans le bois Lejuc par 450 personnes dimanche 14 août, l’agence nucléaire et la préfecture ont décidé de rapidement contre-attaquer en construisant une image anxiogène de la journée. Focaliser l’attention médiatique sur quelques tirs de fusées d’artifice pour éloigner un hélicoptère et agiter l’épouvantail, une fois de plus, des « violences » est une manœuvre grossière pour éviter de dire que, dimanche 14 août, nous avons littéralement fait sa fête à l’ANDRA et son mur. L’ambiance sur place était festive, joyeuse, accessible, avec comme d’habitude des personnes très différentes, masquées ou à visage découvert, et les cheveux blancs n’étaient pas les derniers à détruire ce symbole massif de l’arrogance de l’agence, tandis que d’autres pique-niquaient à l’ombre ou replantaient de jeunes arbrisseaux.
Si les médias évoquent un tir de fusée dissuasif, ils devraient aussi mentionner la voiture de gendarmerie locale qui a foncé sur un cortège de 60 personnes lundi 15 août au soir à proximité de Bure, blessant une personne au pied. Cette voiture de patrouille n’est qu’un élément du déploiement extrêmement pesant de présence policière dans la région depuis plusieurs semaines, avec des contrôles omniprésents qui exaspèrent tout le monde, y compris les agriculteurs auxquels ils font perdre un temps précieux en période de moisson. Un habitant de Mandres s’est fait contrôler 36 fois en un mois, un jeune de 14 ans à vélo en balade sommé de vider ses poches. Cette militarisation du territoire n’est pas liée au mouvement d’opposition mais intrinsèque à la nature même de l’industrie nucléaire, qui va de pair avec une surveillance policière massive.
Si l’on mentionne les plaintes contre les militants, alors il faut aussi mentionner les plaintes contre l’Andra (notamment la plainte contre les violences des vigiles lors de la manifestation du 16 & 17 juillet) et les infractions dont elle s’est rendue coupable, au premier chef desquels des défrichements illégaux réalisés sans autorisation et violant le code forestier.
Les manifestant-e-s portaient des bâtons, des pioches et des masses non pas pour cibler des personnes mais un mur de la honte, dont même les tribunaux suggéraient que l’Andra devait le détruire elle-même. Il est vrai qu’on a pu dernièrement observer dans le bois Lejuc des violences contre les personnes à coup de bâton… mais celles-ci étaient le fait des vigiles de l’Andra, qui ont agressé violemment des personnes à terre le samedi 16 juillet.
Alors qu’on assiste à un passage en force, sur le terrain et dans les couloirs du Parlement, pour imposer un projet dangereux et démentiel par tous les moyens, il ne faut pas s’étonner de voir le mouvement d’opposition se raffermir et allier les recours juridiques et le travail de sensibilisation à la résistance physique et l’action directe. Cela fait plus de vingt ans que des personnes refusent la poubelle atomique de l’ANDRA et le mouvement actuel montre que ce feu n’est pas prêt de s’éteindre. La criminalisation des militant-e-s n’est qu’un moyen d’occulter les méthodes mafieuses insupportables de l’Andra et de tenter de faire peur pour empêcher la résistance de continuer à grandir.
Enfin, puisqu’il faut bien rétablir la vérité, la photo ci-dessous prouve que la seule chose qui était « tendue » dans le bois Lejuc ce week-end était les bras levés de dangereux individus cagoulés en maillot de bain qui improvisaient une petite fête sur les centaines de pans de mur abattus transformés en transats, narguant le fameux hélicoptère de leur joie de vivre et d’une éphémère « ANDRA-plage » arrachée au désert de béton et de police.
Discussion avec Jef Klak : « Il faut avoir créé un désert agricole pour bâtir un cimetière du nucléaire »
article paru sur le site de Jef Klak et reproduit ici
Discussion croisée avec des opposant.e.s au nucléaire et au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure
Propos recueillis par Émilien Bernard et Ferdinand Cazalis
Depuis plus de dix ans, la Maison de la Résistance de Bure est le lieu emblématique de l’opposition au projet d’enfouissement de déchets nucléaires et au monde qui l’accompagne. Elle sert autant de dortoir aux personnes de passage que de salle de réunion ou de lieu d’information. Un endroit vaste et chaleureux, couvert d’affiches et d’autocollants divers, rempli de pancartes, de caisses de jus de quetsche et de militant.e.s de tous horizons. Ces derniers temps, outre les voitures de flics en patrouille à ses abords, il y a eu beaucoup d’agitation et de visiteurs, plus qu’à l’accoutumée.
Il faut dire qu’il y a urgence. Le projet remonte certes à très longtemps (1994 pour les premières décisions étatiques, 1999 pour la construction du laboratoire), mais il est désormais en phase d’accélération, notamment suite à un pitoyable vote de l’Assemblée nationale le 11 juillet dernier1. Il n’est désormais plus question de laboratoire, mais bien de passage forcé à une phase-pilote industrielle, conduite par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et appelée Cigéo (Centre industriel de stockage géologique). Dans les faits, cela implique l’enfouissement programmé, à 500 mètres sous terre, des déchets les plus dangereux produits par la filière nucléaire française (dits de moyenne ou haute activité à vie longue). 3% du volume total des déchets pour plus de 99% de la radioactivité. Rien que ça. En clair, cette poubelle nucléaire forcément instable restera nocive pendant plusieurs millions d’années si le projet est mené jusqu’à terme. Ce qui n’est heureusement pas gagné…
L’Andra et ses supplétifs pensaient sans doute qu’il serait aisé d’imposer le passage à cette nouvelle phase : populations isolées, territoires sinistrés, syndicats absents, arrosage de subventions par les Groupement d’Intérêt public (GIP)2… Il y avait tout pour foncer. Si bien qu’ils n’ont pas pris de pincettes. La création de Cigéo n’était même pas officiellement avalisée (cela devrait être le cas en 2018), qu’ils ont commencé des travaux dans le bois Lejuc adjacent, censé accueillir une plateforme d’acheminement pour le labo souterrain. Ils ont déboisé plusieurs hectares, installé des engins de chantier, etc. Quand les opposants s’en sont rendu compte, ils ont appelé à un grand « pique-nique interminable » et ont une première fois envahi le bois le dimanche 19 juin 2016, s’installant pendant trois semaines, construisant des refuges et discutant des alternatives. Une fois expulsés manu militari, ils ont appelé à une manif de réoccupation, le 16 juillet, mobilisant des centaines de personnes. Rebelote : malgré la violence des flics et des vigiles privés de l’Andra (une vingtaine de blessé.e.s côté manifestant.e.s), ils ont repris le bois pendant quelques jours.
Aujourd’hui, alors qu’un vilain mur de deux mètres de haut ceinture une partie du bois pour cacher le chantier, les opposant.e.s viennent de remporter une belle victoire judiciaire3 : le tribunal de Bar-le-Duc a suspendu les travaux dans le bois, car l’Andra avait jugé pouvoir se passer de l’autorisation légale auprès de la préfecture. L’agence est donc tenue de faire machine arrière et de remettre le bois dans l’état où elle l’avait trouvé. Le mur qui enclot la forêt est quant à lui encore là, et le reboisement ne se fera pas du jour au lendemain. De quoi continuer la lutte pour les anti-nucléaire et pro-forêts, du coin ou de l’extérieur, qui appellent d’ores et déjà à un « week-end de mobilisation » les 13, 14 et 15 août prochains, avec notamment une « grande manifestation autour du bois » le samedi (11h pétantes, radinez vos tontons et tatas, plus d’infos ici).
Et si leur agenda semble aussi chargé que leur détermination, quelques-un.e.s d’entre eux/elles ont trouvé le temps de discuter en groupe pendant quelques heures, pour nous retracer l’historique de la situation sur place et nous livrer quelques joyeux instantanés de lutte.
À titre individuel, pourquoi et comment vous êtes-vous engagé.e.s dans cette lutte ?
Nicolas : J’ai grandi en Lorraine, et aujourd’hui j’habite près d’ici. Je viens régulièrement à la Maison de la Résistance depuis deux ans. Je fais partie du collectif Terre de Bure, qui s’intéresse aux conséquences locales du centre d’enfouissement des déchets sur le foncier. Une problématique majeure. L’Andra possède déjà – ou a en réserve – 3 000 hectares, ce qui correspond au double de la surface du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Avec le collectif, on a par ailleurs réalisé des semis (de pommes de terre par exemple) en novembre et en avril derniers.
Gertrude : Je viens de Moselle, à une heure et demie d’ici, et j’ai longtemps suivi la lutte à distance via les copains qui allaient à la Maison de la Résistance. Il y a un mois, une semaine avant le début de l’occupation, je suis venue pour la Journée de 200 000 pas4. Au final, je suis restée, parce que je me suis rendu compte de l’ampleur de ce qu’il se passe ici. J’ai pris conscience de l’aberration du projet par rapport aux gens qui habitent le coin. Ne rien faire contre Cigéo, ce serait laisser la porte ouverte à d’autres projets tout aussi monstrueux dans des endroits ruraux tels que celui-ci. Les gens de l’Andra comptent beaucoup sur la faible densité d’habitant.e.s et la ruralité des lieux pour mener leur sale besogne dans un silence relatif : il n’est pas question de les laisser faire.
Marius : Je suis sur la route depuis un bail, sans attaches depuis un peu plus de deux ans, et j’avais en tête de passer par ici depuis un moment. Je suis venu pour la première fois en janvier, à l’occasion d’un chantier pour construire un plancher dans le bâtiment de l’ancienne gare qui a été racheté par les militant.e.s d’ici, à Luméville5. Même dans cette période assez creuse en termes de lutte, j’ai pu me rendre compte des enjeux. C’était juste après la mort d’un ouvrier sur le chantier6 et j’ai pu voir l’ampleur des dispositifs de répression engagés pour museler la contestation à ce moment-là. J’étais de retour le jour où l’on a découvert le chantier d’abattage dans le bois Lejuc début juillet. On a alors pris la mesure de l’arrogance de l’Andra, puisque tout se déroulait en catimini. Comble du cynisme : la semaine précédant la destruction du bois, l’agence organisait une exposition dans son siège local sur la beauté des écosystèmes en forêt. Avec des arbres en plastique à l’intérieur…
En faisant pas mal d’autostop dans la région, j’ai par ailleurs pu me faire une autre image du nucléaire, qui jusqu’ici était une question plutôt lointaine et théorique pour moi. Les villages alentour ont tous été inondés d’argent par les GIP, afin de faire accepter le projet. Partout, on voit des bâtiments refaits, des salles municipales rutilantes, des éclairages publics flambant neufs.
Au-delà de la spécificité de cette lutte contre le nucléaire, il y a aussi une dimension anticapitaliste forte : la manière dont se comportent l’État et les nucléocrates sur ce projet recoupe d’autres méfaits commis ailleurs de manière plus isolée. Ici, on peut observer à la fois une concentration des nuisances, un mépris total pour les populations non urbaines, une corruption légalisée des consciences, la destruction des territoires et la violence d’État – tout se recoupe. L’Andra fait un peu figure d’entreprise infernale, comme Skynet dans Terminator ou E-Corp dans Mr. Robot. Il m’apparaît donc logique de lutter depuis ce territoire.
Violette : Je suis arrivée ici en m’intéressant aux aspects juridiques du problème. J’avais participé à quelques actions contre l’Andra dans le domaine de la géothermie. L’agence ment sur les réserves géothermiques en dessous de Bure : pour contourner les interdictions légales, elle a nié que le centre de stockage est prévu sous des réserves d’eau chaude7. J’étais aussi présente l’année dernière au Camp anticapitaliste, lors duquel j’ai découvert une ambiance activiste à laquelle je n’étais pas habituée. Puis j’ai fait des allers-retours entre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Paris où j’habite, et ici. Finalement, j’ai décidé de passer un peu de temps à Bure à l’occasion de l’occupation du bois Lejuc, car je trouvais très beau le geste de défendre une forêt, un bois communal auquel les habitant.e.s d’ici sont très attaché.e.s. Cette occupation a été un des plus beaux moments de ma vie. Trois semaines aussi longues qu’intenses. J’ai fait partie des équipes qui ont mené plusieurs démarches plutôt légalistes et citoyennistes pour éviter l’expulsion, mais rien n’y a fait. Au final, elle s’est déroulée dans une grande violence.
Ces travaux dans le bois ont été réalisés sans autorisation8. Toute cette entreprise de destruction menée par l’Andra depuis une vingtaine d’années n’est même pas fichue de se donner une vitrine légale conforme à ce qui est attendue d’elle. Bien entendu, on se battrait quand même si elle pouvait produire l’autorisation, mais le fait qu’elle s’en passe est d’autant plus stupéfiant. Au fond, on a affaire à des bandits en col blanc qui tabassent la population civile avec des agents de milice privée9, lesquels prennent plaisir à taper sur du militant pacifiste. Leur manière d’agir correspond à ce qu’ils sont au fond : des crapules, des véreux.
Comment vous inscrivez-vous dans l’histoire de la lutte menée contre ce projet depuis une vingtaine d’années ?
Nicolas : Il y a effectivement plusieurs générations qui se sont opposées à ce projet, depuis ses balbutiements. Cette histoire nous porte. À l’époque, ces personnes-là avaient déjà subi des pressions très agressives. Si l’Andra est venue installer son projet d’enfouissement ici, c’est parce qu’elle s’était fait dégager de partout ailleurs. L’Andra, c’est une institution qui n’a au final quasiment qu’une seule mission : trouver un endroit où enterrer la poubelle du nucléaire, puisque la France n’a plus le droit de jeter ses déchets en mer10.
Car en cinquante ans de progrès technique, les technocrates n’ont eu qu’une idée : passer de la mer à la terre. Et quand l’État a vu que l’idée d’enfouir les déchets ne plaisait pas aux populations habitant à proximité, ils ont alors fait la proposition d’un laboratoire, histoire de préparer les habitant.e.s à avaler la pilule. Une fois le laboratoire installé, le site devait venir naturellement, sans faire de vagues…
Avec l’Andra, il y a toujours un avancement qui n’en est pas un, un faux départ permanent qui déjoue la contestation. C’est ainsi qu’au fur et à mesure le territoire a été occupé : ici un mur, là un trou, là un musée, et plus loin un bâtiment d’archives… Reste qu’à les écouter, ils ne font rien : ils se contenteraient d’étudier la « possibilité de ». Les règles du jeu ne sont jamais définitives, et l’annonce officielle du début du chantier toujours reportée.
En débarquant à Bure, ils avaient annoncé aux élus qu’il y aurait construction de deux autres laboratoires de recherche souterrains, affirmant qu’ils décideraient plus tard lequel des trois serait le plus propice à un chantier. Mais une fois le premier bâti, il n’a plus jamais été question d’en construire d’autres !
Pourquoi s’installer ici en particulier ?
Nicolas : Cigéo est avant tout un laboratoire politique, qui se fonde sur une domination de classe : ils sont venus ici car il y a peu de gens, plutôt pauvres, peu organisés et de plus en plus âgés. Même au niveau agricole, il y avait très peu de syndicalisme, avec une population vieillissante. Enfin, le lieu choisi est loin des grands axes de circulation et situé aux frontières de trois départements, donc avec des classes politiques divisées.
Au début de son histoire, l’industrie nucléaire était sous la houlette du ministère de l’Industrie. Elle est finalement passée sous celle du ministère de l’Environnement, ce qui dit beaucoup en matière de discours. En arrivant ici, les nucléocrates se sont empressés de construire une « Écothèque », de promouvoir des actions pour l’environnement : l’Andra accueille notamment les établissements scolaires pour des sorties pédagogiques sur la forêt. Il s’agit d’un plan pensé sur plusieurs générations.
Heureusement, on a vu de notre côté aussi plusieurs générations de militant.e.s se passer le relais sans jamais abandonner la résistance. C’est un début de victoire.
Vous parliez de la dimension foncière. Quelle est son importance ?
Nicolas : Elle est fondamentale. Ici, le remembrement a été fait dans les années 1950 – assez tôt, donc. Il n’y en a plus eu jusqu’aux années 1990 et l’arrivée de l’Andra, qui a pris le rôle d’animateur foncier. En restructurant les exploitations agricoles avec l’aide de la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural), l’agence a fondé ses premières alliances : ses « experts » ont compris avec qui il fallait se mettre bien, à qui il faudrait graisser la patte, lesquels des petits propriétaires ils pourraient dégager. Ils ont patiemment acheté des lopins de terre, notamment aux gens qui partaient. C’était souvent des terrains un peu ingrats, où l’agriculture ne donnait rien. C’est comme ça qu’ils ont installé le labo. Puis, peu à peu, ils ont acheté plus loin, partout dans la région, pour pouvoir faire des échanges. Un jeu hyper patient, mené plus particulièrement par un ingénieur en agriculture, siégeant à la Chambre d’agriculture de Lorraine et catapulté négociateur foncier pour le compte de l’Andra. Il a passé dix ans à sillonner les lieux en 4×4, à manier la carotte et le bâton, les coups de pression et le chéquier : Emmanuel Hance – l’Andra personnifiée11.
C’est votre super-vilain ?
Marius : Oui, il y a de ça. Les gens du coin en parlent comme d’une forme de diable, avec un côté un peu médiéval : « S’il vient frapper à ta porte, tu ne t’en sortiras pas… » Il est vraiment craint par ici.
Nicolas : Et il a fait un boulot très important pour eux. Aujourd’hui, sur les 3 000 hectares qu’ils ont accaparés, on en compte 2 000 de forêt et environ 1 000 agricoles. Avec des bouts de friche, de voies ferrées, quelques bâtiments. Bien entendu, tout cela a été acheté au-dessus du prix du foncier, ce qui a rendu les choses plus acceptables : « Ton terrain vaut 3 000 et tu te demandes si tu en tireras 2 000 ? N’aie crainte, l’Andra te l’achète 5 000. » C’est une méthode mafieuse. Au final, pour le budget de l’Andra, ces prix ne représentent que des cacahuètes.
Le pire, c’est que cette politique permet de diviser les gens. Quand on a commencé à dresser un diagnostic foncier, à travailler sur cette question de la terre, on s’est rendu compte que les gens disaient tous la même chose : il y avait toujours un voisin qui avait craqué plus tôt, qui, lui, mériterait un coup de fusil. Ils tournent leur colère vers ce voisin. Et parfois vers eux-mêmes, sous la forme de regrets. Mais jamais contre l’Andra. C’est là que l’agence a réussi son coup : elle n’est pas perçue comme responsable. Emmanuel Hance a certes cristallisé un peu de cette rage, mais c’est tout. La colère est diffuse, parce que tout le monde a soit vendu, soit quelqu’un dans sa famille l’a fait. Et cela ne concerne pas que les agriculteurs, mais également les propriétaires fonciers, ce qui fait beaucoup de monde. Sans oublier les quelques emplois créés par l’Andra pour les ménages ou la sécurité des sites.
Marius : Pour comprendre la situation actuelle du foncier, il faut remonter plus loin que ça, avant l’arrivée de l’Andra, et analyser ce qui a permis à l’agence de prendre les terres agricoles aussi facilement à des familles paysannes. C’est la modernisation et la concentration du secteur agro-alimentaire qui a rendu possible l’installation d’une entreprise telle que celle-ci, avec de telles pratiques. Les copains et les copines nous parlent des vieilles traditions de Lorraine ou de Meuse : les gens se réunissaient le soir, des terrains étaient partagés, du matériel collectivisé. C’est l’anéantissement de ces pratiques durant les quarante ou cinquante années ayant précédé l’arrivée de l’Andra qui a préparé le terrain. La disparition des entraides, de cette vie communautaire, a ouvert la voie. Ce n’est pas l’Andra qui est concrètement responsable de ça, mais l’agence vient s’enchâsser dans une logique globale, qui remonte à l’époque où apparaît le nucléaire, marquée par une offensive du capitalisme sur les territoires ruraux et les formes de vie qui y perdurent.
Violette : Concernant ces modes de vie collectifs locaux en danger, il faut quand même dire qu’il y a eu quelques résurgences ces derniers temps dans les luttes pour le bois Lejuc. Notamment sur les affouages, le fait d’aller chercher son bois dans le bois communal. Certain.e.s y restent très attaché.e.s parce qu’ils/elles faisaient ça gamin.e.s avec leur père, que leur mère le faisait avec leur grand-mère, etc. Il y a quand même un attachement à ces reliquats, à ces restes de communs. Je trouve ça très beau que la lutte anti-nucléaire réactive un peu ça.
Nicolas : Les paysanneries peuvent être vues comme des groupes organisés de résistance, porteurs d’autres mondes12. Elles partagent par exemple la pratique des « communs » – comme les affouages13 – et une relation pacifiée à la nature. Bref, elles vivent et proposent d’autres façon de se penser et d’agir au monde que celui de la marchandise et du court-termisme. Et c’est effectivement la fin des paysanneries, l’individualisme triomphant et l’essor du monde industriel qui ont ouvert la voie. Il faut avoir créé un désert agricole pour bâtir un cimetière du nucléaire. Aujourd’hui, on vit l’aboutissement du capitalisme, et pour ça, il a fallu des formes douces, patientes ; des stratégies de dépossession des mots et des pratiques populaires. Au point que l’on s’y perd. Qu’est-ce que ça veut dire 130 ans de projet ? 35 milliards de travaux ? 300 kilomètres de galerie ? On est face à des chiffres qui dépassent l’entendement. C’est vicieux, parce qu’on ne sait pas manipuler ces échelles. Et on voit bien que concernant un bon nombre d’éléments de la question nucléaire, ils ne maîtrisent rien non plus. Ils ne sont même pas capables de fermer un réacteur ! Mais c’est pas grave, ils ne seront pas là pour ramasser la merde… Ce qui est important pour eux, c’est que ça se fasse, que ça avance, ou du moins qu’on en ait l’impression, et tout ça en mobilisant une novlangue, en parlant par exemple de « synergie avec le territoire ».
Dans leurs discours dirigés vers les entreprises et les actionnaires, Cigéo est présenté comme le plus gros projet du siècle, le cluster nucléaire du troisième millénaire – pendant ce temps, ici, ils continuent à dire qu’ils ne font rien, qu’ils explorent avec la curiosité du gentil scientifique… Et surtout, ils pensent avoir endormi tout le monde avec un chantier aussi long. Lorsque nous avons occupé la forêt, ils ont été surpris, car ils pensaient que quelques bûcherons et une poignée de vigiles suffiraient à raser un bois en toute discrétion. Quand ils ont vu qu’on n’avait pas lâché la lutte et qu’on pouvait montrer les muscles, ils ont sorti les très gros muscles : c’en a été fini de la discrétion et de l’ouverture démocratique. Fin juillet, ils ont rameuté des compagnies de gendarmes mobiles, des porte-chars, des hélicoptères et des milices privées pour expulser violemment la vingtaine de militant.e.s qui pique-niquaient dans un bois. Au fond, nous les avons obligé à recourir à la force et à construire un mur de trois kilomètres au milieu de nulle part pour se cacher des regards. Avec ce mur, ils révèlent leur vrai visage. Finis les débats publics, les conférences de citoyens, les processus démocratiques : quand les gens s’opposent autrement qu’en paroles, la matraque revient.
Qu’est-ce qui fait obstacle à une diffusion plus massive de la lutte ?
Marius : D’abord, il y a le regard posé sur le territoire. Quand tu viens ici en juin et qu’il fait 6 degrés, un temps de merde, que tu vois ce paysage de monoculture, que t’as des éoliennes partout, et que tu te dis que c’est vraiment dégueu, c’est une victoire pour eux. Pareil quand tu ne viens pas parce que c’est le bout du bout de la France : ça leur donne raison. Ils se sont installés ici pour ça.
Par ailleurs, ce qui revient beaucoup dans le discours des habitant.e.s de la région, c’est la soumission à la fatalité, que je n’avais jusqu’ici rencontrée que dans des systèmes narco-étatiques comme au Mexique, ou mafieux comme en Corse ou au sud de l’Italie. Les gens ne veulent pas s’opposer au projet, car ils/elles ont le sentiment que, quel que soit l’endroit par lequel on l’attrape, ce qui est en face est plus fort qu’eux. Ils/elles nous disent « C’est super ce que vous faites, vous avez raison de vous opposer, c’est pas clair leur histoire », mais ils/elles restent coincés entre la crainte et la fatalité. À leurs yeux, l’Andra a toutes les cartes en mains pour creuser ce trou et y enterrer ce qu’ils veulent. C’est ce que nous voulons contrer en résistant : créer des moments, des lieux, des envies, faire en sorte que ça soit plaisant, parvenir à donner envie aux gens – par exemple – de rester avec nous cet été. Parce qu’en habitant ici, on se met aussi à apprécier la Meuse, des vallées verdoyantes, des ciels étoilés et les baignades dans les rivières !
Nicolas : Il ne faut pas oublier qu’on fait face à un projet gigantesque bâti sur des fondations scientifiques fragiles – remettre la résolution d’un problème dans les mains des générations futures s’oppose à toute rigueur méthodologique – et qui peut s’effondrer à tout moment. L’accélération qu’on connaît aujourd’hui est politique, notamment via les lois qui s’enchaînent pour avancer les travaux. Il faut dire que l’Andra commence à avoir peur de fatiguer les notables et les patrons locaux, qui ne voient pas arriver les emplois et la croissance promis depuis si longtemps. Et tout cela s’insère dans une sale période pour le nucléaire : les projets d’EPR sont à l’arrêt, les centrales vétustes ne sont pas fermées faute de savoir-faire et de plans de secours, EDF est en déficit, Areva licencie, on découvre que certaines cuves ont des malfaçons, etc14. Du coup, accélérer sur Cigéo relancerait la machine.
La filière nucléaire est passée maître dans la colonisation des esprits. Parvenez-vous à faire face au discours marketing de l’Andra ?
Nicolas : C’est étonnant à dire, mais il y a un élément qui revient souvent comme argument en faveur du nucléaire, c’est la télé. La télé et la machine à laver. La perspective d’une catastrophe nucléaire militaire a disparu de l’imaginaire. Ce à quoi les gens pensent quand on leur parle du nucléaire, ce n’est plus la bombe ou les irradiations accidentelles, c’est leur confort. Mais comment on va faire marcher la télé ou la machine à laver sans les réacteurs ? Cette déviation des obsessions – qui parle encore du danger nucléaire militaire ? – est une grande victoire de la filière. Ou alors, on nous renvoie à l’énergie à base de lignite15 utilisée en Allemagne, en nous disant que c’est une source d’énergie dégueulasse. Bien sûr. Mais on n’a jamais dit que le pétrole ou la lignite étaient propres. On dit juste que le nucléaire est sale.
Marius : Dans les luttes de territoire, il y a toujours une limite un peu cliché vers laquelle les gens finissent par te renvoyer. Si tu parles du refus de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les gens te demandent « mais t’as jamais pris l’avion, toi ? ». À l’encontre des gens qui luttent contre la maxi-prison de Bruxelles, c’est « mais qu’est-ce qu’on fait des pédophiles ? ». Il y a toujours ces arguments extrêmes que les gens balancent au comptoir et qui leur évitent d’avoir à penser la chose. Concernant le nucléaire et son marketing, j’ai par exemple été impressionné par les commentaires des articles consacrés à Bure, dans Marianne, Libé, L’Express, etc. Chaque fois revenait cette idée que se montrer responsable passe par accepter de sacrifier un territoire pour réaliser cette poubelle nucléaire. Il n’y aurait pas d’autre solution. Et ils nous mettent directement en accusation : si on ne stocke pas ici, alors on laisse en surface où c’est plus dangereux, et c’est notre faute. En clair : c’est nous qui mettons en danger les générations futures.
Quels souvenirs gardez-vous de la première occupation du bois Leduc, en juin ?
Marc : Dès le premier jour, nous avons construit un grand préau, dont les plans et les pièces avaient été préparés à l’avance. Un groupe l’a monté pendant que d’autres mettaient en place la cantine, et que certain.e.s s’affairaient à démonter les clôtures barbelées mises en place par l’Andra autour du bois. Dans les jours qui ont suivi, beaucoup de gens sont passés, des habitant.e.s du coin ou des ami.e.s venu.e.s de loin, avec des discussions dans la forêt qui nous changeaient du cadre de la Maison de la Résistance. On a ensuite construit La Rurale, un sleeping fait de branchages qui pouvait accueillir les gens de passage dans le bois pour dormir, puis des cabanes comme la Hutte des classes, et des barricades, etc.
La nuit, autour du feu, la parole se libérait, et nombre de sujets étaient abordés : le sexisme, les paysan.ne.s, la clandestinité, etc., sans que ce soit vraiment formel. Nous avions le temps de pousser loin certaines discussions. Même si l’occupation n’a duré que dix-huit jours, nous avons eu le temps de nous réapproprier peu à peu la forêt. Nous la vivions de l’intérieur, ce n’était pas seulement un espace à défendre, ni un foyer de sabotage, mais un lieu où nous avions nos marques.
Martha : Quand on est arrivé.e.s, il y avait des pyramides d’immenses tuyaux d’acier prévus pour le forage. Pendant l’occupation, on les a utilisés comme instruments de musique. On jouait des rythmes dessus. On en a même fait une flûte de pan géante en criant dedans…
Gertrude : Pendant un temps, ces matériaux de mort ont été transformés en jeu collectif.
Martha : Et puis un soir, on a sorti la disqueuse et on a joyeusement percé tous ces tuyaux pour les rendre inutilisables. On a allumé un feu dessus et dansé tout autour…
Gertrude : Dans la forêt, chacun.e trouvait sa place, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Tu pouvais te retrouver à faire la cuisine, à construire des chicanes défensives, à faire la vigie, à construire une cabane, etc. Sans forcer une organisation formalisée. On a appris à se connaître les un.e.s les autres, à travailler ensemble, à fabriquer plein de choses. On se sentait à l’aise, malgré les coups de stress et la peur de voir les gardes mobiles nous expulser. C’est assez paradoxal : tout en sachant au fond que ça n’allait pas durer longtemps, on construisait de plus en plus, comme si nous allions nous installer là pour de bon. Juste avant l’intervention des gendarmes, on projetait de bâtir une maison en rondins… En fait, on se disait que plus on construisait, plus on entraverait leur récupération des lieux. Donc on y allait gaiement.
On a d’ailleurs vite donné des noms aux lieux, et ils nous sont devenus familiers. Chaque barricade avait son petit nom. Par exemple l’entrée principale, qu’on considérait comme un véritable guêpier, a été rebaptisée la Guêpière, ce qui en changeait totalement le symbolisme.
Nicolas : L’expulsion a été d’autant plus violente qu’en plus de ces constructions et de cette réappropriation en cours, une partie d’entre nous était en train de négocier avec la préfecture – et disons-le clairement de se faire mener en bateau – depuis deux jours. Bref, on commençait à espérer rester plus longtemps. La fin a été violente et on a tou.te.s ressenti de la colère et de la rage, mais pas d’abattement.
Heureusement, on a enchaîné sur la manifestation de réoccupation une dizaine de jours plus tard. Il a alors fallu tout refaire, car les gendarmes nous avaient pris notre matériel. Lors de cette deuxième occupation, beaucoup plus courte, on a été plus sévèrement réprimé.e.s. Les vigiles ont été clairement mandatés par l’Andra pour nous mater, sous l’œil complice des gardes mobiles, lesquels ont regardé les vigiles nous tabasser. Ces derniers étaient même équipés comme des CRS, avec boucliers renforcés, casques et gourdins en bois.
Marc : Jusqu’à ce que les caméras de France 3 commencent à tourner, les gendarmes ont laissé la voie libre aux vigiles de l’Andra pour « casser du gauchiste ». C’était effrayant. Les flics, on commence à les connaître, à savoir quelles sont leurs limites – même si en ce moment, elles sont sans cesse repoussées. Tandis que les vigiles sont comme des chiens fous : ils imitent nos cris pour se faire passer pour des copains, ils passent de la tenue de civil à celle de guerrier en un rien de temps, et surtout, tous les coups sont permis pour eux.
Mais il n’y avait pas que les vigiles. Avant et après cette scène de violence brute, il faut rappeler toutes les tactiques qu’ils ont employées pour nous casser : un siège permanent de notre campement, des hélicoptères qui couvraient nos voix, des interruptions d’AG intempestives pour des motifs de vérification saugrenus, les contrôles routiers, etc.
On a l’impression que ces occupations vous ont permis de prendre prise sur une lutte qui jusqu’ici s’étalait dans le temps, de la rendre concrète…
Vincent : Lors de la première occupation, nous étions partagé.e.s entre l’extrême fragilité et précarité de la situation (au niveau juridique ou du quotidien) et l’extrême puissance de pouvoir bloquer un projet aussi titanesque que Cigéo. Au final, cette forêt nous a enfin donné une prise sur un projet qui avance en se rendant invisible. Nous avions notre piquet de grève. Un lieu commun, un point de ralliement qui nous manquait dans la lutte antinucléaire, pour nous retrouver et avancer ensemble. La ligne qui nous a permis de tenir pendant ces deux occupations passe selon moi par trois points. D’abord la nécessité de nous défendre et de protéger un lieu, contre les vigiles de l’Andra, le dispositif policier et l’avancement du chantier. Ensuite, la nécessité de construire : cabanes, lieux de vie et de rassemblement. Et enfin, la nécessité de relier : ne pas oublier que c’est en habitant un territoire, en étant ancré.e.s localement qu’on peut créer une force.
Le lien avec les habitant.e.s alentour a été très fort, on avait des visites pour l’apéro tous les soirs, ou bien pour les projections de films qu’on a organisées, la déambulation de cirque, etc. Alors qu’ici tous les espaces ont été privatisés, répartis entre quelques grands exploitants, durant quelques jours la forêt est redevenue un commun. Mais pas seulement dans les mots : aussi dans les pratiques et dans les usages. On a d’ailleurs baptisé le préau monté le premier jour le Couarail, ce qui renvoie au lieu et au temps des veillées villageoises dans le patois lorrain. On tenait à ce que ce préau symbolise le rassemblement de toutes les composantes de la lutte, dans leur diversité.
Il y a une chape de plomb énorme sur ce territoire, de la résignation, de la fatalité. Certains pensent même que les déchets sont déjà enterrés, tant ils ont abandonné l’idée de s’informer et de résister. Mais cette chape de plomb peut se fissurer par des moments d’intensification, comme lors des occupations de la forêt. Certes, on est fragiles, on n’est pas nombreux, on a les gardes mobiles en face et des vigiles qui pèsent quatre fois plus lourd que nous, mais on peut avoir de la force qui s’étend au-delà de nous. Les gens commençaient à venir quand on a été expulsé.e.s, et c’est à peu près certain qu’avec plus de temps, quelque chose de beau et de fort se serait construit dans ce bois. On est content.e.s que personne ne soit poursuivi en justice, mais du coup, on réfléchit à présent aux perspectives de long terme : comment durer après le temps permis par la forêt ?
Les médias parlent à votre sujet uniquement de lutte contre l’enfouissement des déchets, comme si vous refusiez de chercher une solution. Alors qu’au fond vous luttez davantage contre le problème, à savoir ce qui produit ces déchets extrêmement dangereux dont on ne sait rien faire de mieux que de les planquer sous le tapis…
Marius : Les médias majoritaires ne présentent jamais la réalité, à savoir que nous menons une lutte pour la fin du nucléaire, point. C’est le préalable à toute revendication : qu’on arrête de produire cette énergie, qu’on arrête de consommer dans des proportions telles que ça rend délirants les besoins d’énergie. C’est seulement après qu’on discutera de ce qu’on fait des déchets qu’on a sur les bras.
Nicolas : Pour l’instant, notre but et de pointer les incohérences, les mensonges et le système mafieux employé par la filière électronucléaire. On veut créer un débat public qui ne vise pas l’acceptation par les populations de ce qui est décidé pour elles, mais qui prenne en compte leur avis. Et cela passe par la création d’un rapport de forces avec une occupation sur le terrain. On ne peut pas se contenter de faire des chaînes humaines le long de la vallée du Rhône comme cela a été organisé au moment des élections présidentielles par le réseau Sortir du nucléaire. Non seulement de telles actions n’inquiètent en rien le gouvernement ou les entreprises du nucléaire, mais cela crée un grand sentiment d’impuissance collective. Tout le monde est là, à attendre dans le vent, jusqu’à devenir à moitié fou, qu’un mec passe en moto ou en vélo pour te filmer en train de donner la main à ton voisin ou ta voisine… Avec des actions de ce type, on n’obtient que de fausses promesses comme celles émises par Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 en faveur de réduction de la part du nucléaire dans la production énergétique française16. En occupant la forêt, non seulement on crée du commun, entre nous et avec les habitant.e.s du coin, mais on leur montre qu’on est prêt.e.s à s’interposer physiquement face à leur volonté de cacher sous terre les déchets gênants, et avec eux le problème du nucléaire.
Photos : Ferdinand Cazalis
Notes :
- « Déchets radioactifs à Bure: Le parlement vote la poursuite du projet controversé », 20 minutes, 12 juillet 2016.
- « 60 millions d’euros par an pour Meuse et Haute-Marne, ce n’est pas rien, alors qu’aucun déchet n’est arrivé. Depuis 1994, les subventions compensatoires augmentent d’année en année, objet de marchandage de la part des conseils généraux. Cet argent du nucléaire (fonds AREVA, CEA et EDF) est versé via un Groupement d’Intérêt Public (GIP) au service officiel du développement et de l’excellence du territoire ; autrement dit au service de l’installation de cette poubelle impossible à installer sans appât financier sérieux. Objectif : amadouer les élus locaux et en faire profiter tous les habitants, à leur insu. Tous futurs coupables sans le savoir ? Le piège est “parfait”, presque tous les projets doivent passer par une demande d’aide financière partielle au GIP. En 2011, le GIP Meuse a traité 437 dossiers et 212 communes sur 500 ont touché une subvention. Collectivités, entreprises, associations sont aussi largement concernées. Les dossiers traités sont multiples, touchant tous les domaines, habitat, urbanisme, culture, loisirs, écoles… » « Acheter tout un territoire », printemps 2013, Réseau Sortir du Nucléaire.
- Lire « La justice suspend le projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure », Le Monde, 1er août 2016 et « Après leur victoire juridique, les associations et habitants déposent un nouveau recours », Bure Zone Libre.
- « 200 000 pas à Bure, contre CIGÉO et son monde : pari tenu ! »
- Cette gare a été achetée il y a dix ans par un groupe d’opposant.e.s, via la SCI (Société civile immobilière) Les amis du rail. Comme elle est située sur le tracé initial des convois Castor transportant les déchets nucléaires, l’Andra a dû dévier de quelques dizaines de mètres le circuit d’acheminement des substances. La gare est actuellement un lieu en cours de réhabilitation par les opposant.e.s et sert d’outil de lutte, de lieu de rencontre pour les assemblées générales ou grandes mobilisations.
- « Meuse: un mort et un blessé sur le chantier du site d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure », La Dépêche, 26 janvier 2016.
- « Pour imposer le site de déchets nucléaires Cigéo, l’Andra aurait dissimulé une source géothermique », Reporterre, 5 janvier 2015.
- Voir note 3.
- « La répression gouvernementale commence à se servir de vigiles privés armés », Reporterre, 25 jiullet 2016.
- « Les déchets immergés », Andra, Inventaire 2012.
- Voir « Une action contre l’accaparement des terres par l’ANDRA », Indymedia Nantes, 10 août 2015.
- À ce sujet, voir Sylvia Pérez Vitoria, Les paysans sont de retour, éd. Actes Sud, coll. « Essais sciences humaines et politiques – Questions de société », 2005.
- Possibilité donnée par le Code forestier à un conseil municipal, pour que celui-ci réserve une partie des bois de la forêt communale pour l’usage domestique des habitants.
- Lire « EPR : la question de l’arrêt des travaux se pose “très clairement”, selon l’ASN », et « Défauts de la cuve EPR : les experts s’inquiètent depuis 2006 » Actu-environnement.com
- Roche sédimentaire composée de restes fossiles de plantes (vient de Lignine), le lignite est un charbon composé de 65 à 75 % de carbone. Il est utilisé pour le chauffage et pour produire de l’électricité. Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) du lignite séché se situe aux alentours de 20 000 kJ/kg, ce qui fait qu’il est considéré comme un carburant peu rentable. Sa forte teneur en eau résiduelle et le PCI faible rendent le transport du lignite rapidement onéreux, son utilisation restant donc limitée aux alentours immédiats des exploitations.
- Il s’était engagée à diminuer de 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie française d’ici 2025. Un objectif qui ne sera de toute évidence pas atteint.
Fil info du 8 au 14 août
Vendredi 11 août
Aujourd’hui, rendez-vous 16 h à la Maison de Bure pour aller construire une nouvelle vigie dans un nouvel endroit pour surveiller les travaux illégaux de l’Andra !
À partir de 21h, repas partagé et concert à la gare !
Jeudi 10 août
Surprise aujourd’hui : nous apprenons que l’arrêté du maire de Mandres prétendant « régulariser » les travaux vient d’être retiré par le préfet : le maire n’était pas compétent pour produire un tel acte !
Cependant, le préfet nous aurait apparemment pondu son propre arrêté, qu’on refuse cependant de nous montrer car il n’aurait pas vocation à être publié (acte fantôme ou irrégularité du côté de la préfecture ?). Qu’importe : en l’absence de texte rendu public, l’Andra ne peut pas se prévaloir d’une régularisation de ses travaux !
En revanche, la préfecture a bien voulu publier quelques petits actes préparés spécialement pour ce week-end, qui interdisent notamment sur le territoire de Bure et Mandres l’utilisation de bouteilles en verre, les feux d’artifices, la consommation d’alcool sur la voie publique, etc.
À la gare, les gens continuent d’arriver, près d’une centaine maintenant. On bricole, on scie, on discute, on se retrouve…
Mercredi 10 août
Rendez-vous à 9h30 pour une réunion logistique et de vie collective au terrain de la Gare de Luméville.
Rendez-vous à 16h devant l’ANDRA pour un pot de départ en retraite anticipée du Directeur adjoint de l’ANDRA et Directeur du site de Bure, Jean-Paul Baillet. Petits fours et champagne au rendez-vous…
Retour sur le pot de départ de Jean-Paul Baillet
Ambiance détendue pour le pot de départ de notre amis Jean-Polo. Dans un premier temps, la pluie fait son entrée puis la musique se met à résonner. Comme dit l’adage, départ pluvieux, départ heureux. A la fin de l’averse, on installe les tables qui vont accueillir les petits fours et les cadeaux pour célébrer la fin des annuités de Mônsieur Baillet. Au final, y’avait plus d’invités que prévu, sont tous venus déguisés en bleu les cons!!! Au moins, ils ont pu assister au discours d’adieu émouvant rédigé par les plus proches collègues de l’intéressé. Il a ensuite été rappelé les minimisation qui ont été déclarées suite à la mort en janvier d’un ouvrier. S’en suit un diaporama comme tout bon départ qui se respecte. La boom reprend, les renforts arrivent de l’intérieur des grilles: ce sont les gorilles qui sortent. On s’approche de l’entrée, on cotillone, on re-décore, on fait la chenille et puis on chante Baillet ciao, ciao, ciao. Après, ce sont les collectifs des femmes à trois seins, irradiées de Kukushima qui prennent la parole. Gertrude de la Duboissinière et son amie gallicisme dans le 16e qui s’expriment tour à tour sur leurs tourments depuis leur exposition aux radiations. Elles souffrent du regard des gens qui se posent trop souvent sur cette partie de leur poitrine. Soudain le dispositif décide de casser la décor et de nous pousser sous prétexte de laisser sortir les employés. Soit, une fois qu’ils sont bien rangés, ils prennent volontiers a pose pour les portraits. C’est qu’on commence à se reconnaître à force de se retrouver dans les mêmes soirées. Ce soir à la gare, par contre, c’est soirée privée. Joyeux départ en retraite quand même et bienvenue l’amie Therez.
Mardi 9 août
À l’ordre du jour, chantiers à la gare (point accueil, tables, signalétique dans et autour du terrain, château d’eau, raccordement eau, etc.), une réunion de préparation du pot de départ de Jean-Paul Baillet et une grande réunion plénière à la Gare en soirée.
10h : ce matin une partie des patates semées à l’automne, dans un champ racheté par l’ANDRA pour y faire passer une future voie ferrée d’acheminement de déchets nucléaires, ont été récoltées. Bien que petites, elles promettent une belle session frites pour tout le monde. Opération #fritonslAndra imminente…
13h : lors d’un tractage à destination des habitant.es dans le village de Mandres, un ami qui salue de la main les gendarmes à leur millionième passage de la journée se fait contrôler par eux. Une dialogue de sourd s’engage entre mauvaise foi et a priori sur ce que nous sommes et défendons. On a le droit pour la énième fois à la caricature de l’écologiste pas cohérent parce qu’il utilise sa voiture et fume des cigarettes qui produisent des gaz à effet de serre. Bref, encore un grand moment de paternalisme condescendant…
19h : un véhicule ami est contrôlé, papiers demandés. La réquisition autorisant le contrôle des passagers est demandée, une voiture de gendarmerie est mobilisée spécifiquement pour l’amener. Durant ce temps, des renforts arrivent d’une autre voiture. La réquisition enfin arrivée, elle s’échappe malencontreusement des mains d’un ami, les gendarmes s’énervent et veulent contrôler tout le monde. En vain : refusant le contrôle, tout le monde s’éloigne à pieds, les gendarmes renoncent.
Soirée : réunion avec une cinquantaine de personnes, dont plusieurs habitant.es des villages voisins. On précise le programme des 5 jours à venir : mercredi pot de départ de Jean-Paul Baillet, jeudi réunion des différentes composantes de la lutte et préparation des promenades du samedi, vendredi concert en pied de vigie, samedi présentations des enjeux de la lutte locale et promenade de découverte des environs, dimanche manifestation !
Lundi 8 août
Midi : du monde commence à arriver un peu du côté de la gare et de la maison. Des renforts bienvenue pour les innombrables tâches logistiques qui nous attendent avant ces deux semaines de campement-chantiers-actions.
Aprèm : du côté de la gare cuisine collective, atelier, toilettes sèches et coin vaisselle sont déjà en place
On apprend que le commandant Dubois a « averti » l’agriculteur qui nous prête généreusement quelques mètres carrés de son champ pour la vigie que si une quelconque action de ce week-end, entraînant des troubles à l’ordre public, partait de la vigie vers le mur, il en serait tenu responsable, pourrait se voir confisquer son champ et être entendu mardi dans le cadre d’une enquête judiciaire.
Nous sommes allés trouver le commandant à l’orée Dubois afin qu’il précise ses sources d’information concernant les troubles à l’ordre public de ce week-end. Nous lui avons par ailleurs rappelé qu’un champ de blé est plutôt ouvert, qu’il arrive que des gens y passent donc à pied, quelles que soient leurs intentions, et qu’on ne peut donc pas en tenir responsable le propriétaire, sauf à exiger de tous les paysans qu’ils clôturent leurs champs d’un mur de 3km, embauchent des vigiles pour y patrouiller et le fassent protéger par une brigade de gendarmes mobiles.
L’occasion aussi de réévoquer les intimidations et contrôles incessants que subissent certains riverains, particulièrement celles et ceux qui sont un peu trop proches de nous.
Soirée : réunion logistique avec la douzaine de personnes nouvellement arrivées aujourd’hui, on retrouve peu à peu le fourmillement qu’on a connu durant tout le mois de juillet.
Bure night fever
Récit non objectif d’une virée karaoké à l’orée du Bois Lejuc
Vendredi 5 août nous étions quelques’un.es à nous dire qu’un anniversaire d’ami ça se fête, mais pas n’importe où ni n’importe comment. En #étédUrgence ça se fête en lisière du Bois Lejuc !
Sur les chemins qui traversent la lande, un convoi enjaillé et chamarré de plusieurs voitures a pris la direction de la nouvelle et rutilante vigie, depuis la Maison de la Résistance. A la croisée des sentes champêtres et de la triste route qui mène au Bois colonisé et emmuré par l’ANDRA, sous la protection de la bleusaille, un checkpoint militarisé à souhait a temporairement interrompu notre joyeuse équipée. Une quarantaine de gendarmes disposés tout autour de leurs monotones carrosses a tenu a s’assurer que nous ne transportions pas d’armes de dérision massive. À notre insistance, leur n+2 (n-2 du commandant Dubois qui dirige toute la martiale clique), a bien voulu nous laisser lire la réquisition préfectorale les autorisant à fouiller tout véhicule et contrôler toute âme à 10 km à la ronde de 19h à 1h du matin. Rassurés que ce contrôle fortuit au milieu des champs était seulement motivé par la conscience professionnelle et le soucis de prévenir toute conduite sous emprise stupéfiante, nous avons pu poursuivre notre route en laissant derrière nous quelques litres d’essence en consigne.
Arrivés au pied de la vigie, nous avons installé écran, projecteur, sono, tables, instruments et bonne humeur outrancière devant la gendarmesque décontenancée par tant d’impudeur. Au clair de soleil déclinant, une ecocup de cocktail-vigie à la main, nous avons fait sa fête à l’excellent repas de notre cantine autogénéreuse. Quelques branchements improvisés plus tard nos voix se sont élevées dans une dysharmonie parfaite pour entonner Piaf, Brassens, merci patron, Aufray et quelques florièges moins avouables du patrimoine de la chanson française. Seule fausse note : contre toute attente, vigiles atteints de sinistrose et gendarmesque intimidée ne se sont pas joints à la fête et sont restés dans leur coin de bois, sous le faisceau livide des projecteurs. Nous remercions toutefois ces derniers d’avoir assuré la technique lumière et le service de sécurité. Et, il faut le reconnaître, sans ces derniers, venus en force (de l’ordre), nous aurions été moitié moins nombreu.ses.
Bref, un moment riche qui, malgré la fraîcheur du soir, quelques interruptions techniques, s’est prolongé jusqu’à une heure indue, dans la joie et le bon humour (quolibets avinés à moitié pardonnés …).
Comme il se doit, au retour, le checkpoint militarisé de l’aller a tenu à s’assurer que le quota d’éthylotest serait respecté et que nous n’allions pas sillonner les routes la bouche pateuse et l’oeil luisant. Un sens aigu du devoir qu’il faut reconnaître à nos compagnons de routes, qui les pousse à s’attarder au-delà de l’heure de la réquisition pour nous souhaiter une nuit peuplée de rêves bleus. Il faut noter aussi que deux de nos ami.es restés dormir à la vigie ont eu le droit à quelques petits blagues de bon goût des « timides gendarmes »(1) qui ont mis un peu de temps à se dérider : au cours de la nuit un petit « alors ça s’encule ? » est venu bercer leur sommeil et à l’aube un retentissant concert de « cocorico » a entouré la vigie. Le bon humour est rare de nos jours, nous saluons la force et richesse créative de nos voisins de vigie qui savent maintenir nos relations à un niveau stimulant, malgré les ingratitudes d’une vie frustre dans les bois, avec les (mous)tiques, l’oppression de l’obscurité bruissante de la forêt et la fraîcheur humide des nuits meusiennes.
Allez, sans rancunes, on remet ça la semaine prochaine, avec les foules que le récit de cette folle soirée ne manquera pas de drainer à Bure !
(1) dixit le maréchal des logis interrogé le lendemain sur le manque d’entrain de ses collègues lors de cette mémorable soirée.
10 août : organisons le pot de départ de M. Baillet !
Après des années de bons et loyaux services en tant que directeur adjoint de l’ANDRA et directeur du site Meuse-Haute Marne, nous apprenons avec regret que M. Jean-Paul Baillet nous quitte en septembre pour d’autres horizons irradieux. Nous avons décidé d’organiser son pot de départ mercredi 10 août à 16h.
Jean-Paul Baillet déserte. Pourtant, cet homme nous assurait encore il y a peu de la sûreté du projet CIGEO, allant jusqu’à dire que « s’il n’en était pas persuadé, il ne serait pas resté à l’ANDRA ». Nous espérons donc que ce départ soudain, qui nous a tous énormément surpris, n’est pas dicté par l’intégrité incontestable de M. Baillet, et une brutale prise de conscience d’un intolérable défaut de sécurité du projet.
Il faut dire que rien n’aura été épargné à Jean-Paul cette année, entre le décès d’un ouvrier d’Eiffage en janvier, qui est allé malencontreusement s’ensevelir dans l’argile des tunnels creusés sous le laboratoire, et le zèle de vigiles qui ont du rudoyer des manifestants dans le Bois Lejuc le 16 juillet dernier pour leur rappeler les limites de la propriété privée. Dans un cas comme dans l’autre nous saluons le sang-froid et l’abnégation dont il a su faire preuve dans ces moments éprouvants d’adversité. Avare de paroles mais toujours les mots justes, il n’avait pas hésité à nous rassurer sur les « conditions habituelles d’exercice des ouvriers » et à vanter les mérites de vigiles « qui ont très bien fait leur travail ». Une direction exemplaire qui sait mouiller la chemise pour protéger ses employés !
Avec Jean-Paul c’est un pan de notre histoire collective qui s’en va : les dialogues de sourds, une discrétion presque maladive, un art consommé de l’omerta. Décidément Jean-Paul, tu laisseras un trou (de 500 mètres) derrière toi … Nos pensées vont à Manu (Hance) et Eric (Sutre) qui seront un peu orphelins sans ton aile paternelle pour couvrir leurs 400 coups de pression. Nous saurons prendre soin d’eux, sois tranquille.
Rejoignez-nous à 16h devant le labo de l’ANDRA mercredi 10 août pour trinquer au départ de Jean-Paul ! Nous y partagerons champagne et petits fours avec Manu, Eric, et, bien sûr, notre bon ami le commandant Dubois avec lequel M. Baillet a si brillamment nettoyé et emmuré le Bois Lejuc.
Découvrez la vidéo que nous lui avons spécialement dédiée pour l’occasion
Fil info du 1 au 7 août
Week-end 6-7 août
- Ca s’active entre la Maison et la Gare de Luméville pour préparer l’accueil lors de toute la semaine à venir, et bien sûr le grand week-end de résistance et de « remise en état » de la forêt de Mandres le 13/14/15 août ! Rangements, réunions, bouffes collectives, bains de poussière (et de soleil) !
- Samedi matin : en amont de la vigie les gendarmes contrôlent systématiquement les allers et venues, les identités, les véhicules. Un ami passé par les champs et n’ayant pas sa carte d’identité a été emmené au poste de Ligny-en-Barrois pour vérification d’identité. Il a été relâché près de deux heures après.
- Dimanche : rangement intensif de la Maison de la résistance en prévision de l’afflux de la semaine à venir. Des barnums sont installés du côté de la gare de Luméville. Ca s’active de tous les côtés.
Vendredi 5 août
La vigie continue d’être occupée, ce soir un karaoké s’y organise pour fêter comme il se doit l’anniversaire d’un ami.
Après-midi : les gendarmes mobiles contrôlent et fichent systématiquement les opposants et les habitants. Fouille de voiture, vérification d’identité. 3 personnes sont bloquées au carrefour de Mandres alors que la route est publique. Des camions de BTP ont accédé au bois.
16h : l’ANDRA a sorti son communiqué, on travaille à y répondre, mais ici tout le monde est consterné d’un argumentaire aussi minimaliste et inconséquent : « L’Agence reconnaît une erreur d’appréciation ». L’ANDRA reconnaîtra-t-elle aussi une simple erreur d’appréciation pour 100 000 ans de pollution radioactive ?
Soirée : une chouette soirée tout en joie malgré la forte présence gendarmesque pour assurer « que tout se passe bien ». On retiendra la mémorable danse « Je mets l’ANDRA devant, je mets l’ANDRA derrière » devant la ligne de keufs. Un super récit ici.
Jeudi 4 août
8h : Réveil humide pour ceux qui ont dormi à l’orée du bois : il pleut des cordes mais il y a bien longtemps que les caprices de la météo lorraine ne nous font plus peur ! On continue la vigie !
10h : Livraison de café, de petits déj’ et de bâche pour la vigie. Les flics contrôlent les voitures, qui ne font que se déplacer sur un chemin communal. Les gendarmes demandent aux gens d’ouvrir les coffres des véhicules et contrôlent les voitures. A la maison de la résistance, on coupe du bois pour l’hiver.
12h : Le repas de midi se prépare à la maison de la résistance pour être déposé à la vigie sous l’oeil de la cinquantaine de gendarmes en faction devant notre abri de fortune !
16h : Deux camions sont sortis du bois chargé de quelques engins de chantiers. Pendant ce temps là, on joue au tarot, on bouquine, on écrit, on cherche à s’abriter un peu plus de la pluie, on discute… et bien sûr, on surveille !
Toute la journée, la stratégie de la tension s’est accentuée. Alors que nous sommes à peine une dizaine autour de notre petite construction en palettes, on a vu défiler un nombre incalculable de forces de polices : autour du bois, c’est pas moins de 5 fourgons, 4 voitures banalisées, une cinquantaine de flics qui sont mobilisés. L’hélico a survolé de façon rasante pendant une bonne demi-heure, faisant des allers-retours entre la vigie et la maison de la résistance. Les encravatés ont même fait le déplacement dans leur rutilante berline. On ne fait même pas mention des vigiles qui nous surveillent, de loin, du coin de leur cabane ! Mais on ne lâche rien ! On reste dormir à la vigie ce soir !
Mercredi 3 août
Au programme : à 11h, édification d’une vigie en bordure sud du Bois Lejuc pour surveiller que les travaux ne se poursuivent pas dans la forêt.
11h : effervescence à la maison de la résistance, on finit de préparer le repas tandis qu’à la Gare de Luméville la vigie achève d’être chargée pour rejoindre bientôt son emplacement en lisière de forêt.
13h : Fin de la construction à l’orée du bois, à quelques dizaines de mètres des vigiles et des gendarmes mobiles. On mange, chante et danse au pied de leur mur de béton. Des ouvriers de chantier sont toujours présents dans le bois, ils consolident le mur.
16h : lecture collective de la supplication ( témoignages sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl) à l’ombre de la vigie.
Toute la soirée, contrôle des identités et des voitures, à plusieurs reprises pour certains, verbalisation pour des infractions anecdotiques ( insuffisance du nombre de gilets jaunes dans la voiture), le fichage et les menaces se poursuivent mais on lâche rien !!
Cette nuit, une petite dizaine de personnes a dormi à la Vigie, éclairée par le doux projecteur des forces de police…
Mardi 2 août
9h : une vigie a été mise en place pour surveiller les allées et venues autour de la forêt et s’assurer qu’aucun engin de chantier et de camions de matériaux n’entrent dans le bois, conformément à l’ordonnance prise hier par le TGI de Bar-le-Duc
12h : un camion transportant des pans de murs nous a été signalé, nous nous rendons à deux voitures à la forêt pour signifier aux gendarmes, ordonnance en main, qu’aucun chantier ne doit plus avoir lieu dans les bois, qu’aucun camion n’est plus censé acheminer quoi que ce soit, ni même sortir du bois coupé de la forêt. On nous répond que c’était la dernière livraison de pans de murs, que les prochaines ne seront pas faites dans la forêt et que tous les engins de chantier ont quitté les lieux ce matin, à l’exception d’un tracteur agricole et du camion qui a livré les pans de mur.
Lundi 1er août
15h : première historique : le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a rendu un jugement en notre faveur qui interrompt provisoirement tous travaux dans le Bois Lejuc et qui demande la remise en état des lieux dans un délai de 6 mois si aucun arrêté préfectoral ne vient autoriser les défrichements d’ici là.
16h : ça fuse dans les médias, on reçoit de nombreux appels de journalistes. Un communiqué unitaire entre toutes les associations à l’initiative de la plainte vient d’être publié. Rappel, on peut nous suivre sur twitter (@ZIRAdies] et facebook
18h : nous nous sommes rendus à l’entrée sud du Bois Lejuc pour nous assurer que les travaux avaient bien cessé et questionner les gendarmes sur les justifications de leur présence en protection d’un chantier jugé illégal. Une trentaine de gendarmes mobiles restent stationnés en permanence dans le bois, aux côtés de vigiles qui, à défaut de manches de pioches à la main, n’abhorrent toujours pas le nom de leur entreprise.
Soirée : fête à la Maison de la résistance ! Première victoire juridique en 20 ans de lutte ça se fête !
L’ANDRA est condamnée par le TGI de Bar-le-Duc !
Communiqué de presse commun du Réseau « Sortir du nucléaire, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Meuse Nature Environnement, ASODEDRA, CEDRA 52, Les Habitants vigilants de Gondrecourt, BureStop55, Bure Zone Libre et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre CIGÉO de Bure et d’ailleurs – 1er août 2016
L’ANDRA est condamnée par le TGI de Bar-le-Duc ! Les travaux de CIGÉO sont stoppés !
Un rappel à l’ordre cinglant et historique pour l’ANDRA, faisant suite à deux mois de mobilisation sur le terrain
Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc vient de donner raison aux huit associations et aux quatre habitants de Mandres-en-Barrois qui, dans un référé déposé le 25 juillet, exigeaient l’arrêt des travaux effectués par l’Agence pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) dans le Bois Lejuc, en vue de la construction de CIGÉO, ce projet de centre de stockage en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux. Ces travaux sont bien illégaux : l’ANDRA doit les suspendre et est condamnée à la remise en état du site.
Pour rappel, 7 hectares de feuillus avaient déjà été détruits, dont des chênes quasi centenaires, le sol avait été arraché et recouvert de gravier et l’édification d’un mur de 2m de haut et 3 km de long avait commencé, alors même que l’ANDRA ne disposait pas des autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes et n’avait même pas envisagé qu’une étude d’impact puisse être nécessaire !
Lors de l’audience, qui s’était tenue le jeudi 28 juillet, l’ANDRA s’était surpassée dans la mauvaise foi et les contradictions : tout en reconnaissant effectuer ces travaux dans la perspective de la construction de CIGÉO, elle prétendait n’effectuer que des travaux destinés à une gestion durable de la ressource forestière du Bois Lejuc ! Par ailleurs, arrivée en cours d’audience, l’ANDRA a sorti un pitoyable lapin de son chapeau, un arrêté municipal daté du jour même, signé du maire de Mandres-en-Barrois et autorisant les travaux de construction du mur commencés illégalement depuis plusieurs semaines ! Rendu le 1er août à 14h, le délibéré du tribunal est formel : il ordonne la suspension des travaux de défrichement jusqu’à ce que l’ANDRA obtienne une autorisation (sous astreinte provisoire de 10 000 euros par are nouvellement défriché). Il enjoint de même à la remise en état des lieux sauf autorisation obtenue par l’ANDRA dans un délai de 6 mois. D’après la décision du tribunal cette remise en état des lieux doit être entendue comme « une restitution de l’état boisé de l’ensemble des parcelles défrichées, nécessitant la suppression du géotextile, de l’empierrement et de la clôture en murs de béton – au vue de l’importance de son emprise – et la replantation dans le respect du plan d’aménagement forestier du bois Lejuc arrêté par l’Office National des Forêts pour 2007-2018 ».
Travaux illégaux, embauche de mercenaires pour « protéger » le mur : les manoeuvres et manipulations de l’Andra pour imposer CIGÉO sont maintenant exposées au grand jour. Cette décision marque également le bien-fondé et la légitimité de la mobilisation de plusieurs centaines de personnes et des habitants qui s’opposaient depuis plusieurs semaines aux travaux de l’ANDRA.
Les associations, habitants et opposant-e-s à CIGÉO se réjouissent de cette décision historique du tribunal et ne comptent pas en rester là. D’autres recours et actions sont en préparation pour enfin rendre le Bois Lejuc aux habitants de Mandres-en-Barrois et donner un coup d’arrêt au projet CIGÉO.
Un nouveau temps fort de manifestation est prévu du 13 au 15 août 2016 !
Contacts presse :
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Pour les opposants et associations : 06 88 27 16 06 / 06 73 49 33 84 / 06 85 23 05 11/ 07.58.65.48.89 (Collectif sauvons la forêt)
Chargée de communication : 06 64 66 01 23
Du 8 au 19 août : Deuxième manche de l’été d’urgence à Bure !
Aux confins de la Meuse, il se trame quelque chose. Depuis le début de l’été, nous avons multiplié les manifestations contre la poubelle nucléaire et son monde. Nous nous sommes rassemblé.e.s à plusieurs milliers devant le « laboratoire » et avons occupé, pendant 3 semaines, le bois Lejuc pour bloquer les travaux. La résistance au projet CIGEO a trouvé le point de ralliement qui lui manquait. Un nouveau front s’ouvre contre le diktat des aménageurs.
Tout au long de ces semaines, nous avons été de plus en plus nombreux-euses. Des personnes venues de toute la France et d’Europe ont convergé vers Bure pour de grands rassemblements festifs. Beaucoup de vies ont été bouleversées par les événements récents. Certain.e.s habitant.e.s se sont retrouvé.e.s à dormir sur les barricades, dans la chaleur du mois de juillet. Des paysan.ne.s ont bloqué les voies d’accès avec leurs tracteurs. Des gen.te.s d’ici et d’ailleurs sont présent.e.s au quotidien, pour quelques jours, ou pour s’installer progressivement. Ils plongent dans la lutte et s’attachent à cette terre qu’ils ne connaissaient pas il y a encore deux mois, décidés à peupler ce territoire hostile d’une joie indestructible.
Après nos premiers succès, nous avons aussi essuyé des coups au moral et sur les corps. Nous avons été expulsé.e.s de la forêt, puis nous y sommes retourné.e.s, fort.e.s d’une énergie collective encore jamais ressentie. L’intensité du mouvement a poussé l’Andra, derrière sa propagande bien rôdée, à révéler son vrai visage répressif : des manifestant.e.s ont été blessé.e.s par les flashballs des gendarmes, par les manches de pioche des vigiles ou placé.e.s en garde à vue. A l’orée du bois, l’agence érige maintenant des murs et des barbelés. Les hélicoptères de la gendarmerie survolent les villages. Plus que jamais, à Bure, l’été d’urgence est déclaré.
#Occupybure
Une première étape a été franchie. Nous devons désormais penser au coup d’après et enraciner la résistance. Nous appelons à deux semaines de rencontres, du 8 au19 août pour poursuivre les chantiers en cours, à l’ancienne Gare de Luméville (à 5 kilomètres de Bure). Nous y installerons un campement pour construire, échanger et s’organiser sur le long terme. Venez avec vos envies, vos idées et votre matériel. Nous imaginons promenades, blocages, débats, jeux grandeur nature, ateliers… Toutes les énergies seront les bienvenues pour faire le procès du nucléaire et de son monde !
Le week-end du 12-13-14 août sera le point d’orgue du campement. Vendredi 12 août au soir : concerts ; samedi 13 : ballades et présentation de la lutte et dimanche 14, à 11h : grande manifestation contre le projet CIGEO et l’accaparement du bois Lejuc. Retrouvons-nous massivement à Bure pour ensevelir la poubelle nucléaire sous une irréversible marée humaine !
C’est maintenant que ça se passe !!!
ANDRA, DEGAGE ! RESISTANCE ET AFFOUAGES ! CONSTIPONS LE NUCLEAIRE ET LE CAPITALISME !
Tract version « CIGEO ? Mon cul !«
Tract version champignon arbre atomique
À Mandres, l’ANDRA emploie une milice de mercenaires armés, avec la bénédiction de la gendarmerie
Jeudi 21 juillet, Jean-Paul Baillet a continué la contre-offensive médiatique de l’ANDRA débutée depuis quelques jours en accordant une interview rapide à l’Est Républicain, sous titrée « le droit de manifester, pas celui de détruire », où le directeur technique déplore « l’escalade de la tension chez les antinucléaires ». Interrogé sur les agissements très violents de la milice privée sur des manifestant-e-s lors du week-end du 16 & 17 juillet, filmés par France 3, il répond, de manière mensongère, que « les images (télévision) ne sont pas claires, il est toutefois possible qu’il y ait eu un geste maladroit, mais ce sont les manifestants qui se sont risqués dans le bois, dont ne sortent pas les gardiens ». Remettons les choses à leur place : ce week-end, la vraie violence était du côté de l’ANDRA et ses milices, et des plaintes vont bientôt être déposées, non pas pour « gestes maladroits », mais pour violences volontaires, ayant pour certaines entraîné des jours d’ITT.
Lors de la manifestation pour la réoccupation du bois Lejuc à Mandres-en-Barrois, les vigiles de l’ANDRA ont multiplié les agissements extrêmement agressifs et violents à l’encontre des manifestant-e-s, et ce sous l’œil bienveillant, voire avec la collaboration, de la gendarmerie nationale.
Il est nécessaire de souligner que ces « vigiles » sont en fait de véritables mercenaires, des nervis à la solde de l’ANDRA, dont le rôle n’est bien sûr pas d’assurer la protection du bois Lejuc, mais bel et bien de terroriser les manifestant-e-s et l’opposition populaire au saccage de ce bois par l’emploi de méthodes paramilitaires d’intimidation et d’agression.
En témoigne ainsi leur équipement, complètement hétéroclite, mélange de matériel militaire, de boucliers en plexiglas, de protections sportives, de lunettes de ski, etc. On est bien loin de la tenue particulière que doivent revêtir les agents de sécurité privée. On pourra notamment remarquer sur les photos prises ce week-end par divers journalistes l’absence totale d’identification ou d’insigne, pourtant obligatoire.
Mais, outre leur accoutrement, le plus frappant est probablement leur armement, comprenant bombes lacrymogènes d’importante capacité, gants plombés, voire manches de pioches et bâtons de fortune en guise de matraques. Les gendarmes sont à peine mieux équipés !
Et si, lorsque les caméras de France 3 filment les débordements violents de ces vigiles contre des manifestant-e-s pacifiques, les gendarmes ont tôt fait d’endosser le beau rôle et de s’interposer, il ne faut pas se leurrer : les hommes de main de l’ANDRA constituent pour les gendarmes mobiles un appui incontestable, prêts qu’ils sont à faire toute la sale besogne que les forces de l’ordre « officielles », bridées par leur « code de déontologie », ne peuvent se permettre.
Pour preuve, on pourra par exemple constater la présence de ces nervis de l’ANDRA au beau milieu des gendarmes mobiles sur les photos ci-dessus, prises samedi midi sur la Voie Romaine (une voie publique, donc, située hors du bois Lejuc), équipés et armés de bâtons, sans le moindre insigne ou brassard, avec la bénédiction du commandant de gendarmerie, positionné seulement à quelques mètres d’eux. Peu de temps après que ces images ont été prises, ces vigiles ont même été jusqu’à frapper des personnes assises à terre, comme l’attestent les images explicites diffusées par France 3.
Le samedi après-midi, ce sont des charges très violentes, indéniablement concertées et coordonnées entre gendarmes mobiles et vigiles, qui ont été menées contre les manifestant-e-s qui souhaitaient s’approcher de l’imposant mur d’enceinte en béton que l’ANDRA est en train d’ériger tout autour du bois Lejuc. À plusieurs reprises, les manifestant-e-s, pris-es sous une pluie de grenades lacrymogènes, furent attaqué-e-s sur le flanc par des groupes de vigiles frappant aveuglément tou-te-s celles et ceux qui passaient à leur portée.
Les personnes qui furent attrapées par les vigiles lors de ces charges ont alors été exfiltrées derrière leur position puis, maintenues au sol, elles ont été rouées de coups (pieds, poings, bâtons, etc.) et aspergées de gel lacrymogène à bout portant en plein visage. Plusieurs interminables minutes plus tard, leur supplice enfin achevé, ces personnes furent remises aux gendarmes, bien contents d’avoir pour une fois le beau rôle dans cette tactique éculée de manipulation psychologique du « good cop / bad cop ».
Les témoignages recueillis par l’équipe juridique, et les nombreuses blessures qui ont dû être soignées sur le terrain par les équipes médicales, attestent tou-te-s de l’extrême violence déployée par les mercenaires de l’ANDRA, et de l’impunité que les gendarmes leur accordaient.
Dimanche 17 juillet lors de l’après-midi, l’assaut de la barricade sud fut à nouveau une opération concertée et coordonnée entre forces de gendarmerie et miliciens de l’ANDRA, comme en témoigne la photo publiée le lendemain par l’Est Républicain. Encore une fois, les vigiles (situés sur la droite de la photo) ne portent aucun insigne ni brassard, mais sont bel et bien armés : un imposant gourdin en bois est très nettement visible, par exemple.
Dans un contexte électrique où la seule réponse du pouvoir aux mouvements sociaux massifs qui traversent le pays est une répression policière et judiciaire violente et systématique, sans cesse renforcée par un état d’urgence prolongé jusqu’à la nausée ;
Dans un contexte où l’opinion publique face à l’atome tend à s’inverser, et où le nucléaire civil ne pourra bientôt plus servir de cache-sexe aux intérêts militaires, économiques, industriels, et néo-coloniaux de la France ;
Nous ne pouvons que nous inquiéter de voir l’État et l’ANDRA recourir à des milices privées, formées de mercenaires armés et violents, agissant en toute impunité et hors de tout cadre légal. Nous dénonçons la présence de tels groupes paramilitaires au sein du bois Lejuc, ainsi que la connivence des forces de l’ordre qui profitent bien de cette situation.
« Quand le cirque politicien ne suffit plus à nous faire parler, à nous faire taire, on maintient l’ordre à coups de sabre, on lâche la bride à la flicaille. »
Infos : vmc.camp / sauvonslaforet@riseup.net / 0758654889