Automedia

Compilation des témoignages sur la perquisition du 20 septembre et le quotidien policier

flics devant le bâtiment de la Gare

porte d’entrée de BZL fracturée et vitres brisées

flics au fond du jardin tout près de notre « arme à gros calibre » (notre éolienne)

caravane défoncée

camion blanc qui a servi à voler les affaires des habitant.e.s

occupation du village par 16 fourgons de GM

COMPILATION DES TÉMOIGNAGES SUR LA PERQUISITION ET LA PRESSION POLICIÈRE

Une opération comme une perquisition d’ampleur laisse des traces, et bien plus que des bris de verres, un atelier retourné, des portes et des vitres fracturées, d’énormes quantités de matos collectif ou personnel saisi. Ça laisse des traces en nous, ça nous touche, ça nous brise le coeur là où on vit, on dort, on se réveille, on vibre, on mange ensemble… Dans des espaces qui sont notre quotidien, un cocon, là où on se sent protégé malgré l’omniprésence policière. D’un coup ils sont là, à agiter leur sale gueule juste notre nez, alors qu’on se réveille. Ils sont là, au coeur d’un lieu inébranlable et inviolable depuis plus de 12 ans.

Une perquiz’ comme celle-là ça ébranle, ça déchire. Ça isole. Physiquement, puisque des camarades ont du rester confiné dans leurs caravanes, leurs chambres, pendant 5 à 9h, le temps de la perquiz’. Et dans son ressenti.

Ces témoignages donnent un aperçu de ce que c’est que vivre une perquiz’, et restituent un peu de l’expérience commune, comme on range une cuisine ou un atelier dévasté, morceau par morceau, avec patience. Parce qu’on vit là.

À l’heure où on commence à taper ça, la nuit est tombée. Un long débrief s’est tenu en forêt. Il y avait quelque chose dans les regards qui était extrêmement fort, qui est difficile à nommer – peut-être même qu’il ne faut pas chercher à le faire.

La maison a déjà été un peu rangée, balayée. Le bureau informatique fait tout vide. L’atelier est encore en vrac. Les vitres sont toujours cassées. Mais sur la table les sales pattes des bleus sont déjà un vieux souvenir – là, maintenant, y’a plutôt un grand repas collectif et des gens qui trinquent en rigolant, « à la perquiz’ », et qui chantent, et qui rient.

La vie reprend coûte que coûte.

On essaiera d’enrichir cet article de témoignages au fur et à mesure, pour composer une histoire à plusieurs voix de cette journée malheureusement hors-norme – une de plus à Bure…

F., habitant-e de la Maison de Résistance depuis plus d’un an

« Une opération comme ça, ça te laisse très peu de temps pour agir, c’est impressionnant, d’un coup tu te réveilles, tu te retrouves dans l’urgence, t’es dans la mezzanine, dans le dortoir, chez toi, et tu te retrouves au milieu de keuf. Tu te rends compte que t’es la seule personne à pouvoir intervenir légalement, en tant que personne de la collégiale. C’est dur de réussir à verbaliser et imposer les choses aux flics. J’ai demandé plusieurs fois « comment ça se passe ? Est-ce que c’est une perquisition ? ». C’est resté lettre morte.

La première chose qu’ils ont fait c’est de prendre le contrôle de toute la maison. Ils ont forcé la porte de l’atelier, la porte de grange, la porte de la cuisine.

Ça s’est passé très rapidement, en 10 minutes c’était bouclé, toutes les pièces étaient remplies. T’es submergé par les gendarmes de tout les côtés, un mélange de PSIG, de GM, de brigade cynophile. T’arrives pas à savoir qui commande au début. Y’avait tellement de groupes et de brigades différentes qu’ils se paumaient. Y’a eu cette impression très particulière qu’ils connaissaient déjà les lieux approximativement, notamment par rapport à l’atelier.

Une fois que j’ai pu dire que j’étais membre de la collégiale de l’association Bure Zone Libre, j’ai pu circuler avec eux. J’ai vu où était les copain-e-s, certain-e-s allaient bien, d’autres partaient en contrôle d’identité, certain-e-s dans leur lit à invectiver les flics.

Tu te sens complètement dépossédé dans un lieu dans lequel tu vis depuis un an. Tu dois rester stoïque, alors qu’à des moments t’as juste envie de choper un truc pour leur faire du mal. T’as l’impession qu’ils sont en train de dépiauter tout ce que tu as construit.

Tu les vois fouiller, regarder partout…

À un moment de flottement j’ai pu jouer de la guitare, des mélodies de résistance… Tu te sens très seul pendant la journée, c’est surtout ça, une sensation de solitude. Je me suis retrouvé isolé avec les keufs pendant la journée.

J’ai l’impression que les gradés savaient la structure juridique de la maison, pas les petits.

Le premier tour que j’ai fait dans la maison c’est avec les chiens renifleurs d’explosifs…Y’avait parfois un manque de coordination entre eux. Quand ils faisaient la perquiz’ sur les scellés c’était complètement à l’arrache. Ils ont fait ça en mode bourrin, sinon y’en aurait eu pour trois jours. La première étape d’une perquiz’ c’est fouiller/rassembler. Après ils comptaient, faisaient l’inventaire, posaient les scellés.

On devait signer les étiquettes pour les scellés, j’ai imposé le fait que tant que tout ne serait pas écrit précisément sur les étiquettes je ne signerais pas. Ça m’a donné un peu de force devant tout leur manège à démonter ton lieu de vie.

C’est un lieu fort, où t’as vécu pas mal d’émotionnel, t’as vécus des trucs forts avec des gens. Et puis j’ai craqué quand ils sont partis. J’ai tellement tenu pendant, tellement de pression, une fois que c’est redescendu, qu’ils sont repartis, tu constates tranquillement l’ampleur des dégâts.

Dans la cuisine ils ont fouillé le haut de la cheminée etc. Ils ont à peine fouillé le salon. Y’avait des objectifs, des listes précises, sur lesquels se focaliser : l’atelier pour des trucs à montrer comme « craignos »,

Ils faisaient des petites piques régulières en mode « ah tiens ça c’est intéressant dis donc ! ». Des sous-entendus disant que j’étais à la manif’ du 15 août etc. Moi j’étais avec une équipe qui s’occupait précisément de dossier sur la manif du 15. Ils ne se concentraient pas que sur l’hôtel-restaurant.

N., habitant-e de la Maison de résistance à Bure depuis plus de 2 ans

« Moi quand ils m’ont isolé ils m’ont demandé comment on montait à l’étage…J’ai été isolé tout seul de 6h jusqu’à 11h30. »

« je me sens violé dans mon intimité, là où je vis. ».

« Ils m’ont pas posé de questions, ils ont tout de suite compris que c’était pas la peine. Ils m’ont dit « asseyez-vous là », et 2 GM sont restés pour me surveiller. J’avais juste le droit d’aller pisser ou fumer des clopes. J’entendais leurs discussions sur comment ils entraient dans la maison, comment l’un avait raté son film de la fracture de porte. Et l’autre qui dsait « ah oui je savais que la maison était ouverte. »

« après j’étais isolé, ils ont pris mes affaires perso, un tel et un ordi, et comme j’étais pas membre de la collégiale j’avais pas de raison de sortir. »

M., habitant-e de la Maison de résistance depuis un an

Je n’étais pas là quand ils ont débarqué. On est arrivés sur place à 6h45 avec des potes. Je me suis senti touchée dans mon coeur. Quand j’ai vu que je pouvais pas rentrer, et contacter les gens que j’aimais à l’intérieur, j’ai pété un câble, je pouvais plus m’arrêter, j’ai eu peur de me taper un outrage. Tu cries, tu reconnais même plus ta voix. Y’avait un keuf qui me regardait et me filmait, qui se foutait de ma gueule… j’avais envie de tout péter.

Je pouvais pas m’empêcher d’imaginer des scènes hyper violentes, des scènes de film. Des flics qui débarquent à l’aube alors que les gens dorment encore, simplement ça, c’est tellement violent. Et les flics en train de grouiller dans les pièces si familières de cette maison. J’avais besoin d’être à l’intérieur avec les autres, alors que ça servais pas à grand chose. Je voulais juste sentir leur chaleur.

Et puis j’ai fini par rentrer dans BZL, voir ces lieux que j’avais imaginé saccagés. Ils l’étaient, mais on était ensemble pour réparer. Les carreaux de la porte de la cuisine avaient étaient cassés, y avait des bouts de verre partout. Tout a été retourné partout… c’est un peu comme dans les films, mais c’est ici, là où tu vis.

Toute la journée plein de gens ont été séparés les un-e-s des autres, isolé-e-s et enfermés à l’intérieur de leur propre maison. Tu te sens impuissant-e, et ta colère s’accumule..

C’était tellement fort de se retrouver après. J’ai gueulé à des flics quand ils sont partis. « Votre répression elle marche pas, on s’aime encore plus maintenant. On vous hait à la mesure qu’on s’aime les un-e-s les autres, qu’on est encore plus fort-e-s. C’est contreproductif votre merde ! »

P., habitant du bois Lejuc

« Moi j’étais dans le grand chêne toute la journée, j’ai dormi, et j’ai pu lire mes livres. C’était, pour une fois, le privilège de la forêt !! »

L., habitante d’un appart à Mandres depuis quelques mois.

« Ils avaient les clés de chez nous » « Ils ont pointé les flingues droit sur nous. »

Un pote m’appelle en stress en me disant « y’a une perquiz à BZL », je me lève et réveille pote en lui disant la nouvelle. Je retourne à la fenêtre de la chambre, et là je vois une file de mecs casqués. Une trentaine environ. Genre avec les casques comme en manif. Tournés vers notre porte. « Ça c’est pour nous » je me dis. Je reviens et jlui dis, ça arrive. J’éteins la lumière de la chambre.

On entend vite fait un cliquetis dans la chambre, on est pas sûr, on se dit « ils sont là ou pas ? ». Et d’un coup un bruit précipité dans les escaliers et hurlent, une fois dedans « GENDARMERIE NATIONALE, PERQUISITION EN COURS, NE BOUGEZ PAS ! ». Ils ont traversé le salon en silence et grosse pression après.

Ils avançaient dans l’escalier avec leur flingue, en mode film, « NE BOUGEZ PAS, NE BOUGEZ PAS. » Une fois qu’ils étaient en haut ils nous ont entouré et dit « Dans la chambre !! Ne bougez pas !! ». Je leur gueule « qu’est ce que vous foutez là, vous avez un papier ? Vous avez pas le droit !! ». Ils n’en ont rien à foutre.

Je pense que c’est le PSIG qui a fait l’intervention du début, et après c’est des gars en civil qui sont venus prendre nos identités. Toujours entourés de 5 robocops chacun. Je redemande le papier et ils disaient « plus tard, ça arrive ! ». Je redemande les papiers à l’OPJ. Je cherche ma pièce d’identité partout dans la chambre… parce que je suis bordélique. Je finis par donner ma carte de train, de toute façon ils connaissent parfaitement votre identité.

Quand les OPJ la reçoit il me dit « ah c’est vous ****** ! ». Il finit par me filer la commission rogatoire. L’accusation c’est : « Association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un ou plusieurs délits punis d’une peine supérieure à 10 ans, dégradation volontaire d’un bien, par moyen incendiaire. » Quelque chose comme ça.

Mais sur ce papier y’a pas d’adresses, de nom, rien ne justifie qu’ils doivent être ici. «  vous vous êtes trompé, vous aurez du aller chez le voisin ! ».

Ils ont d’abord ratissé tout le haut de l’appart’. T’as les OPJ qui font un tri, qui mettent de côté dés que ça a l’air intéressant pour eux. Par ex dans la chambre des papiers, des bouts de papier avec des numéros de téléphone dessus, des comptes-rendus de réunions, des dizaines de carnets, des clés USB, des cartes sim, ordinateur, téléphone.

J’ai plus rien, ça sert plus à rien d’essayer de me contacter.

Ils s’amusent aussi à feuilleter toutes les BDS, regarder sous le lit, sous le matelas, derrière les meubles.

Dés qu’ils mettent un truc de côté t’as une femme – la seule de l’équipe d’ailleurs – qui consignait dans un carnet ce que c’était.

Ensuite ils sont descendu en bas, ils avaient installé leur bureau sur la table de la cuisine en bas. Ils étaient avec un ordinateur pour établir le PV, et tout le matériel pour sceller.

Chaque truc ils les prennent et marquent sur le P.V., font des petits cartons à l’ordi et mettent tout sur scellé.

Il fallait toujours que y’en ai un de nous deux qui soit là, on buvait des cafés et on bouffait des gâteaux. On pouvait aller voir nos potes dans la maison juste en face, qui étaient assis sur le trottoir à filmer les flics.

J’avais désossé mon téléphone, enlevé la carte SIM, mais j’ai fait la connerie de le laisser sur le lit.

Le chargé du matos informatique des flics, un certain Stéphane, tenait absolument à me montrer les prouesses de son nouveau joujou « Soit je récupère toutes les données maintenant et je te le rends après, soit je te l’embarque et tu le reverras pas avant plusieurs mois. » Il était tout guilleret. Il a été cherché son matos pendant 3/4 d’heure. Avant de se rendre compte que ça marchait pas. Puis il a mis le téléphone sous scellé.

Il a vérifié tous les CD-ROM sur lesquels y’avait rien marqué. À un moment il voit un CD d’installation de Debian et crie « ah c’est génial ça, on peut complètement s’anonymiser, on retrouve rien dessus ». Et il explique à son collègue, hyper enthousiaste, comment il utilise ça pour s’anonymiser.

À un moment donné il tombe sur un sac d’une dizaine de clés USB. « Wouah ! ». Du coup il va chercher son tout nouveau matos spécial police, payé par le contribuable et tout et tout.Et il a littéralement passé une demie-heure à chercher le bon câble le plus basique pour une clé USB. Du coup toutes ses tentatives de me vanter la prouesse informatique de la police étaient plutôt édifiantes. Ça a duré 5h, pour un appart d’environ 50 m². 8H pour la Maison de résistance, qui est au moins 8 fois plus grande.

À un moment ils veulent prendre un papier concernant la manif du 18 février. Ça concernait une autre instruction en cours, du coup ils devaient absolument appeler le Proc, ça a pris des plombes, c’est une juge des libertés qui a fait le papier, comme quoi on n’était pas coopératif et qu’on risquait de détruire des pièces, donc il fallait les détruire tout de suite.

Le truc un peu fou c’est qu’ils avaient un double des clés. Ce que je crains le plus, maintenant, c’est qu’on soient mis sous écoute. Je serais pas tranquille dans cet appart tant que je serais pas sûre de l’être. S’ils ont les clés ils sont venus n’importe quand.

T., gravitant de passage à la Maison de résistance

À un moment un flic nous demande d’attacher un chien. Vu que c’est un bébé chien ça prend du temps. Et le flic il nous dit « vous savez, on a une arme, on peut s’en servir ». « Un chien c’est une arme, si il mort c’est une arme : c’est normal qu’on vous dise ça ! ».

G., habitant de Mandres depuis quelques mois

À l’issue de la perquisition dans le communiqué de la Préfecture on lit qu’ils ont trouvé des « armes de gros calibres ». C’est complètement dingue, on ne sait pas à quoi ils font référence. Ils atténuent leur violence et hyperbolisent la notre…

Pendant ce temps là, ils débarquent chez nous en nous pointant du doigt avec leurs Famas.

La violence policière je la vis au quotidien depuis que je suis installé là. Je n’imagine plus mon quotidien sans la police, elle rythme ma vie. Elle filme les moindres instants que je fais, que je passe de la peinture dans ma maison, que je jardine, que je boive une bière avec des ami-e-s, ils me prennent en photo, que je m’endorme en étant réveillé à 2h du mat par leur lampe torche.

On dit souvent en blaguant « on se radicalise sur internet ». Mais en fait c’est avec leur présence qu’on se radicalise. Ça pousse à une rage, une haine, que je ne ressentais pas avant et aujourd’hui qui est là, dans mes tripes et mon coeur. Mon évolution avec la police a changé, avant je leur parlais beaucoup en espérant les convaincre que le projet était mauvais, maintenant je ne veux plus leur parler. Je ne crois plus au dialogue.

Comme le disait un voisin, « ne vous étonnez pas après si on vous lance des pierres ». Pour moi à travers cette stratégie de tension ils sont en train de créer les conditions de l’amplification de la révolte.

Tu sens l’exaspération quotidienne chez les gens du coin qui en parlent de plus en plus, de la violence, des flics, comme une litanie.

La Préfecture joue le jeu du pourrissement et fait tout pour que ça dégénère.

L., gravitant de passage à la Maison de résistance

C’est un peu exutoire pour moi de faire ce témoignage. Ça arrive hyper tôt par rapport à mon histoire ici et j’ai pas tellement de ressources affectives fortes encore. C’est hyper compliqué à détricoter. Déjà c’est ma première perquiz…

En fait non… les deux trucs qui m’ont révolté, en fait, dans les moyens développés tu vois clairement l’héritage de la police et de ses pratiques. Le nombre qu’ils étaient et les moyens déployés tu vois directement que ça alimente un commerce. La quantité de moyen, pour le peu qu’on était dans la maison… Forcément, c’était violent.

Je trouve que c’est vachement différent de choisir une confrontation, occuper quelque part, aller en manif , donner une fausse identité. Mais là c’est vraiment l’état policier qui s’invite dans ton lit. Et ça c’est… ouf ! Ça m’a fait prendre conscience de ma position de blanc issu de la petite bourgeoisie, et ressentir ce que ça fait de vivre dans des quartiers où t’as pas le choix de cette confrontation. À la fois c’est traumatisant, à la fois tu prends conscience que « ah ouais en fait, y’a des gens qui vivent ça dans leur quotidien ». et du coup c’est…

Ça m’amène des questionnements de ouf. Plus je grandis moins j’ai envie que le militantisme soit « une partie de moi ». Émotionnellement je suis plutôt quelqu’un d’assez non-violent, j’ai un rapport hyper émotif au monde. C’est ça qui me tire dans la vie. Et vivre des trucs comme ça… ça dépasse… y’a une partie de moi qui se demande si je suis capable de le gérer. Je sais pas encore si je suis capable de le gérer. Y’a ce truc, tu retrouves tes affaires… mais c’est vraiment un vol légal. Tu t’es fait dépouiller ton sac et t’as rien à dire.

Je commençais à découvrir un peu les énergies qu’il y a là, le truc positif qui se construit autour de cette lutte. Et aujourd’hui c’était hyper violent, ce truc de réalité où en fait, bah nan… sentir à ce point l’État policier, toutes les logiques de répression c’est ouf. C’est pas la même violence qu’un coup de matraque ou une grenade, ça te marque dans ton esprit.

Faut avoir un truc vachement fort en terme de détermination pour rester et pour créer. J’ai eu envie de partir… et puis je me suis assis dans la cuisine et me suis dit « ah en fait non, j’ai envie d’aller à Nancy ». J’ai cette année fait un virage dans ma vie, je voulais pas que ça aille trop vite, que ça soit une fuite. Là ça me fait un peu peur.

Dés fois je me dit que personne peut vraiment comprendre. Dans ce collectif je sens une force à faire d’un moment hyper triste et sale quelque chose d’assez positif. Voir que des gens ont fait le déplacement dans la journée c’est assez cool.

Y’a un truc ici que j’ai jamais senti dans les autres milieux, les autres endroits. Que ça soit des milieux autonomes, le monde associatif, y’a un truc très différent ici. Ce genre de trucs tu sais jamais si tu es prêt à l’affronter et si tu sais réagir. Et là, en fait, ça va. Et j’ai envie de rester quand même. C’est hyper bizarre de vivre un truc comme ça sans ses proches, mais je me découvre des forces que je soupçonnais pas.

A. Habitant.e du Bois et de la Maison

Réveillée par des coups sur la porte de la caravane. Je vois les lumières blanches à travers les fenêtres. On crie « Ouvrez ! Ouvrez! » – »Qui ce qui se passe ? » – »Ouvrez tout de suite! »

J’ouvre, je suis en pyjama, éblouie par des spots et flashs, ils sont déjà en train de me filmer.

« Vous êtes seule ? » – »Oui. » « Restez ici, ne sortez pas, assise là. » Un flic posté pour me surveiller pendant que je fume ma clope. « Un OPJ va venir vous expliquer ce qui se passe ». Je m’habille, attend 40 minutes. J’en interpelle certains, demande où est l’OPJ en question. Pas de réponse, des sourires moqueurs. De l’intérieur j’entends, verre qui se brise, bois des portes de la grange qui craque et cède, portes des camions vides ouverts au pied-de-biche.

De ma porte, me penche le plus possible en gardant les pieds à l’intérieur, je compte 6 gros fourgons et une 4Oaine d’officiers.

Après l’attente, ils arrivent à 7 binômes, en rang le long de la caravane, ils se massent devant moi , 3 caméras qui me fixent, je suis prise par l’absurde. « Bon mademoiselle, on va vous demander de décliner votre identité. Si on peut la vérifier il n’y aura pas de problèmes. » Pas les mêmes qui ceux qui m’ont réveillée en hurlant. Les voir comme ça, me fixer avec toutes ces paires d’yeux et caméras, je n’ai pas pu. Je refuse. Ne pas leur donner la satisfaction.M’expliquent gentiment qu’ils vont devoir m’amener au poste, ce serait plus simple pour vous de coopérer, où est votre carte d’identité elle est à vous cette caravane ? Je hausse les épaules. Insupportable, ces êtres vides qui piétinent notre lieu de vie, marchent chez nous comme des soldats sur un empire, tellement fiers d’eux-même, de nous avoir pris par surprise, de nous rendre impuissantes. Qui osent venir exiger mon identité comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Incapables de comprendre pourquoi je dis non.

Il fait froid. Je fume des clopes, une chape de brume posée sur la rue devant moi, éclairés par les beaux lampadaires neuf payés par l’ANDRA. Même lumière blanche aveuglante que celle des flics.Suis en pantoufles, demande à aller chercher mes chaussures. Celui posté à côté de moi refuse. Refuse aussi encore de me dire ce qui se passe. Part à la gendarmerie. En contournant la maison, vois deux copaines dans la cuisine éclairée, l’air hébété, la pièce est envahie de flics. Colère. Je voudrais leur crier un mot, quelque chose, mais quoi ? Le temps d’atteindre le véhicule, je compte 17 fourgons et au moins autant de voitures. Flics en bleu, flics en noir, flics en civil.

Voitures aussi sur toute la route jusqu’à Ribeaucourt, où ils sont postés au croisement menant à vigie nord. J’imagine qu’ils sont en train d’expulser la forêt, que nos cabanes et barricades brûlent. Je pense au désarroi et à la peur des potes. Et encore, la haine de ces hommes-machines qui abandonnent leur libre arbitre pour obéir à des ordres. Toute la journée j’entends « On exécute juste les ordres. »

Je les oblige à moitié à me ramener après, je ne pouvais pas quand même rentrer en pantoufles. J’apprends au téléphone qu’ils sont en train de perquisitionner la maison, et 4 autres de nos lieux. Ils me laissent en haut de la rue, il est plus de midi, le soleil chauffe pour la première fois depuis des semaines. Je marche dans l’attente terrible de voir. Des copaines sur le trottoir, face à une ligne d’eux. Tout le monde a faim. Je veux aller aux toilettes, ils m’en empêchent, sans dire pourquoi, sans me regarder dans les yeux.

Pareil plus tard, pour aller remplir ma bouteille d’eau. « Vous n’avez qu’à ne pas boire. » Une voisine accepte, et revient avec trois bouteilles, « J’espère que ce sera assez. » Un peu de douceur.

Pendant cette après-midi, des potes passent nous voir, on rit pour décompresser, on pleure devant la violence de l’intrusion, on se prend dans nos bras, partage du chocolat. On guette de loin ce qui se passe. Ce qui fait le plus de bien, c’est de voir les potes retenus à l’intérieur qui passent par moments. On est trop loin pour se parler, alors on crie des petits riens, on fait des gestes. On tient pour ces regards, ces sourires. La vie collective au quotidien peut être dure, elle vient avec son lot de conflits et de contraintes, mais aujourd’hui nous ressentons la même peine, la même douleur, à les voir violer notre intimité, saccager nos espaces, parader là où l’on mange, pleure, rit, dort, s’engueule, ces endroits empreints de nous. Et de les voir rire et se moquer, se prendre à parti, ils nous trouvent ridicules. Mais nous, on sait que ce qu’on vit est bien plus vrai que ne le seront jamais toutes leurs petites vies fermées, scellées d’ignorance et de bêtise.
Au bout de plusieurs heures, je tempête assez pour qu’ils m’accordent (grande générosité) le droit d’aller aux toilettes.Et avec escorte ! Je fais remarquer à mon chaperon la gloire qu’il se doit de ressentir, chargé d’une pareille mission. Regard vide.

Et là enfin, je peux à nouveau respirer. D’abord de loin, leurs visages fatigués, traits blancs et tirés. Je réalise que comme moi, iels n’ont pas dormi, pas mangé (alors que les plateau-repas courent côté bleu), qu’iels ressentent comme moi la douleur de ce qui arrive à notre maison. Et puis, nos regards se croisent, le soulagement de se voir.

Une copine arrive vers moi, on s’engueulait la veille au soir. Elle m’ »ouvre les bras et on s’enlace, et ça fait du bien. Quelques rapides touchers, mots, sourires, pendant que mon escorte me pousse à avancer. A chaque visage, le soulagement, je compte, le temps d’arriver aux toilettes je sais que tout le monde est là, choquées mais safe. Pour l’instant ça me suffit.

 

ALERTE – Perquisitions en cours à la Maison de Bure, la Gare et des domiciles !

FIL INFO – VAGUE DE PERQUISITIONS À BURE, LA GARE ET DANS DES DOMICILES & RASSEMBLEMENTS PARTOUT

==> Nous appelons dés aujourd’hui et dans les jours à venir, en fin de journée, à des rassemblements de soutien partout en France devant les Préfectures, de la part de toutes celles et ceux qui portent Bure en elles et eux, qui se sentent touché-e-s par ce qui se trame par chez nous ! Informez à l’adresse sauvonslaforet at riseup.net qui centralisera les appels à rassemblement ici ! Nous appelons également à la constitution,  ou la réactivation, de comités de soutien décentralisé. Car ce soutien sera plus que jamais crucial dans les temps à venir pour empêcher la stratégie d’atomisation de se mettre en place à Bure. Envoyez vos photos, banderoles etc!  Le suivi  des rassemblement se fait ici !! <==

RECENSEMENT DE NOS ARTICLES SUR LA PERQUISITION ET LE SOUTIEN

Suivi des rassemblements

Compilation des témoignages sur la perquisition à Bure

Fil info et suivi perquisition

Compilation des messages de solidarité

Premier appel à organiser le soutien décentralisé, des rassemblements, des comités

Appel à don financier

LES RASSEMBLEMENTS DE SOUTIEN

Les jours suivants

Tout le suivi est ici !!

LES MOMENTS À VENIR À BURE ET AUTOUR

==> Perquiz’ ou pas, le 21 septembre, quelques habitant-e-s de Bure investiront la rue à Nancy à 14h dans le cortège autonome au côté du Front Social et toutes celles et ceux qui s’auto-organisent (de manière déter’ et joyeuse) pour faire face à l’exploitation et la répression. Et proposent en fin de manif un appel à AG de rencontres sur la Place Stanislas ! Un texte appelant à « Construire les autonomies » a été publié sur Manif-est !

==> Liste à jour de tous les rassemblements ici.

==> Samedi 23 septembre, Assemblée de lutte du mouvement contre la poubelle nucléaire à 14h à la Salle des fêtes de Couvertpuis. Un moment hyper important pour continuer de construire la lutte tous-tes ensembles dans les mois et années à venir.

==> Dimanche 22 octobre : Journée ballade et construction de cabanes en forêt à l’appel des associations de lutte contre CIGEO, pour renforcer les habitats pendant l’hiver !  Plus d’infos bientôt !

==> Mardi 24 octobre – Rassemblement à Bar-le-Duc. En soutien à nos amis agriculteurs pressurisés par les flics : JP reçoit le délibéré de son procès, un autre ami doit répondre d’un « outrage » à agent. PLus d’infos bientôt !

==> Samedi 28 octobre – Marché paysan à Bure : Parce que quand on est pas perquisitionné, en procès, en train de défendre une forêt ou d’organiser des manifs, on tente aussi de faire croître, ne serait-ce qu’un peu, l’autonomie alimentaire et matérielle ! Plus d’infos bientôt !

APPEL À DONS SOUTIEN MATÉRIEL

La Maison de Résistance est plus ou moins dépouillée. On va constituer progressivement un appel à matos un peu précis, mais d’ores et déjà, si vous avez/pouvez, on a grand besoin de:

  • matos informatique : écrans, unités centrales, claviers, PC portables, etc.
  • matos de reprographie : si vous avez une énorme photocopieuse fonctionnelle qui traîne, n’hésitez pas 😉
  • à suivre.

Un appel à soutien financier est lancé !

REVUE DE PRESSE, TEXTES, TÉMOIGNAGES

FIL INFO

POINT INFO À 7H

Depuis environ 6h20 du matin les flics sont en train de perquisitionner la Maison de Résistance & le terrain de la Gare de Luméville, ainsi qu’un domicile situé à Commercy, un autre à Mandres, et un autre aux alentours de Verdun. Environ 150 gendarmes ont été déployés.

À la Maison de résistance, ils ont justifié leur entrée par la commission rogatoire d’un juge d’instruction du TGI de Bar-le-Duc, relativement à une action sur l’hôtel-restaurant du laboratoire de l’Andra en juin dernier. Ils sont actuellement une quarantaine.

Ils sont rentrés dans la Maison au pied de biche, ont pété la porte d’entrée, et apparemment également des vitres de caravane. Ont relevé l’identité des gens présent. Ils sont en train de fouiller les placards avec un chien actuellement. ILs ont forcé les camions garés sur le terrain, ainsi que les caravanes.

À la Gare, il y a une quinzaine de gendarme, le procureur, une équipe avec des chien anti-drogue. Ils sont en train de fouiller la Gare. Ils ont auditionné deux personnes pour la perquis’. Ils sont rentrés avec un ordre de la commission rogatoire pour les stupéfiants !! Pour l’instant ils auraient saisi, sur place, une paire de menottes cassées…

À Commercy, ils sont arrivés également à 6h à une quinzaine et ont saisi un ordinateur, un disque dur et un téléphone portable.

À Mandres, ils ont perquisitionné un appartement et saisi des livres d’autodéfense juridique et le manuel « Face à la police, face à la justice »: de bien belles pièces à conviction pour justifier une opération foireuse.

Des barrages et des contrôles sont mis en place à Ribeaucourt, Mandres.

Nous actualisons l’information dés que nous pouvons en dire plus.

C’est un scandale absolu qui montre à quel point la Préfecture et l’État sont engagés dans une stratégie de la tension à Bure visant non seulement les militants mais toute la population. Il y a quelques jours, un jeune du coin 18 ans a été arrêté et menotté à Bonnet par une patrouille en civil du PSIG puis auditionné pour « violences volontaires » envers les forces de l’ordre, tout ça pour avoir réagi au harcèlement quotidien dont les gens sont victimes.

ACTUALISATION À 08H30

Plusieurs personnes auditionnées dans la rue autour de BZL, et dans la maison. Une personne a priori dans un camion de GM, soit auditionnée soit interpellée. Un gros camion blanc viens d’arriver près de la Maison. « On dirait qu’ils veulent vider toute la maison » témoigne une habitante. Les flics sont en ce moment dans l’atelier et dans le bureau et récupèrent tout ce qui les intéresse pour justifier leur opération absurde.

Un autre domicile privé a été perquisitionné à 6h du matin au nord de la Meuse, également au nom de l’affaire de l’hôtel-restaurant. Des téléphones portables et des ordinateurs ont été embarqué, des questions posées sur la vie personnelle et familiale de la personne.

Sur place à BZL, le commandant Bruno Dubois, le procureur de Bar-le-Duc…

Bure encerclé par les flics au petit matin, plus d’une centaine de GM déployés dans toute la zone

ACTUALISATION À 10H30

Les opérations se poursuivent à la Maison de Résistance. Une personne a été interpellée et embarquée à Bure, a priori pour une vérification d’identité, car elle n’avait pas ses papiers.

La perquisition est sur le point de se terminer à la Gare de Luméville, elle est également terminée a priori dans les 3 domiciles ciblés dont nous avons été informé.

Les flics ont saisi la quasi intégralité du bureau de BZL : des unités centrales, plusieurs écrans, et la gigantesque photocopieuse qui nous servait à imprimer tracts, etc, etc… C’est une saisie énorme.

Dans l’appart de Mandres, des livres ont été saisis, des ordis…

Lien vers le communiqué de soutien du réseau Sortir du Nucléaire.

 

ACTUALISATION À 12H30

Plus aucune nouvelle des gens à l’intérieur de la Maison de Résistance à Bure… Les soutiens sont cantonnés à l’extérieur !

Confirmation d’une personne en garde-à-vue à Ligny-en-Barrois pour rebellion.

ACTUALISATION À 16H30

L’opération de police est en train de toucher à sa fin. Pas mal d’habitant-e-s sont assez choqué-e-s, certain-e-s ont du rester confiner pendant près de 10h dans leurs caravanes, ou la pièce de la maison où ils étaient lorsque les flics ont débarqué.

La personne embarquée en garde-à-vue à Ligny vient d’en sortir: !

 

 

Plus d’informations, d’analyses et de témoignages suivront dans la journée. Cette vague de perquisition est une provocation supplémentaire pour essayer de pousser à bout l’opposition à la poubelle nucléaire, diviser, isoler, comme d’habitude. La Préfecture, l’Andra, l’Etat tentent par tous les moyens, à grands renforts de répression et d’opérations massives, d’escamoter la faillite technique, économique, sociale du projet CIGEO, étrillé dans les mois derniers sur le terrain, dans les prétoires, et les rapports techniques. Encore une fois, gageons que son effet – même s’il est très difficile à vivre sur le moment, que cela nous fatigue et nous fait sentir fragiles – sera l’inverse : renforcer notre mouvement de vie et de lutte d’une solidarité qui tient chaud et dont tout le monde a bien besoin dans des moments comme ceux là ; et acculer toujours plus l’Andra à une fuite en avant éperdue et dérisoire, jusqu’à ce qu’elle s’enfouisse dans son propre trou.

 

Une conférence de presse commune du mouvement de résistance se tiendra demain jeudi 21 septembre à 11h à la Maison de résistance à la poubelle nucléaire de Bure.

==> Nous appelons dés aujourd’hui et dans les jours à venir, en fin de journée à partir de 17h30, à des rassemblements de soutien partout en France devant les Préfectures, de la part de toutes celles et ceux qui portent Bure en elles et eux, qui se sentent touché-e-s par ce qui se trame par chez nous !!  Nous appelons également à la constitution,  ou la réactivation, de comités de soutien décentralisé. Car ce soutien sera plus que jamais crucial dans les temps à venir pour empêcher la stratégie d’atomisation de fonctionner à Bure. Écrivez à l’adresse sauvonslaforet at riseup.net et nous nous chargerons de compiler les appels. <==

APPEL À ORGANISER DES RASSEMBLEMENTS ET DES COMITÉS DE SOUTIEN DISPONIBLE ICI EN FRANÇAIS ET ANGLAIS ==> DISPONIBLE ICI.

Retours sur le 15 août : témoignages, presse, textes

La manifestation du 15 août a suscité bien des réactions, si on en juge par le nombre de témoignages reçus, de textes écrits et la presse qui en a été faite. Hiérarchisation chronologique des publications oblige, il est difficile de rendre compte de tous ces retours équitablement. Aussi, nous avons tenté de faire ici un tour d’horizon non-exhaustif de ceux-ci (signalez-nous toute autre publication ou adressez-les nous sur sauvonslaforet@riseup.net) :

Lettres et témoignage de Robin

Témoignages

* gravitant-e-s est le terme par lequel sont désigné-e-s celles et ceux qui passent plus ou moins de temps, régulièrement, dans les alentours de Bure, y habitent, y luttent contre le projet CIgéo.

Actions de soutien

Publications militant-e-s :

 Communication des autorités & Andra

Revue de presse

Galerie de photos

D’autres photos à venir …

Action de soutien à Robin et contre la violence de l’état

A la suite de la manifestation du 15 août, au cours de laquelle plusieurs d’entre nous furent blessé.e.s, il nous a été difficile de savoir comment réagir à une telle violence.

Alors que les lettres de soutien à Robin affluent, nous avons décidé de réaffirmer le nôtre grâce à des banderoles. L’une a été accrochée face à la fenêtre de sa chambre d’hôpital, l’autre dans le bois Lejuc, toujours occupé malgré la volonté des autorités de tuer la résistance par la peur.

Robin avec la banderole en arrière-plan

Nous refusons de laisser l’état nous intimider et de se déresponsabiliser quant à ses actions.

Au même moment, le gouvernement Macron vient de passer commande pour 22 millions d’euros « de grenades de maintien de l’ordre et moyens de propulsions à retard » sur 4 ans.

Plus la répression est forte, plus il est nécessaire de lutter.

Les chouettes hiboux du bois Lejuc soutiennent Robin

Soutien à Robin des Lentillères de Dijon

Si vous souhaitez écrire à Robin :

Robin

Maison de la Résistance

2, rue de l’Eglise

55290 Bure

Pour plus d’informations, voir aussi :

Article de mediapart

Communiqué de la zad

Néolithique, quand l’Andra tombe sur un os !

En octobre, novembre et décembre 2015 nous nous étions mobilisé.e.s face aux fouilles préventives réalisées par l’Andra sur les 300 hectares de terrain entourant l’actuel laboratoire. À l’époque nous n’étions qu’une poignée bien dérisoire pour faire face aux machines qui zébraient de larges fossés les champs prospectés..

Quelques mois plus tard, au printemps 2016, des plans plus précis commençaient à dessiner le projet d’implanter sur les surfaces explorées un ensemble de bâtiments caractérisés comme « zone à urbaniser ». En bref, l’implantation de commerces destinés à habituer les riverains à venir acheter les produits de première nécessité au point de ravitaillement le plus proche dans un rayon de 15-20 km. Se rendre incontournable, c’est ce que l’Andra nomme « l’acceptabilité sociale ».

C’est sans doute après avoir pris connaissance des résultats des fouilles archéologiques, durant l’année 2016, que l’agence a du se dire qu’elle avait une sacrée épine dans le pied de sa zone à urbaniser : ces satanés humains du néolithique ont eu le mauvais goût d’installer leur habitat à cet endroit précis, il y a 5000 ans ! Et, fidèle à son habitude de retourner à son avantage ce qui peut lui porter préjudice, la voilà qui lance du 8 octobre 2016 au 2 juillet 2017 une exposition pour les enfants sur l’archéologie, subtilement intitulée « Archéo, une expo à creuser » … comme CIgéo en somme.

On lit ainsi dans la plaquette de l’expo pondue par le service Communication & Dialogue : « l’archéologie préventive permet d’assurer la préservation du patrimoine archéologique lorsqu’il est menacé par des aménagements comme la construction d’une ligne TGV » … ou une poubelle nucléaire …

(suite…)

Paris – Bure : trajet Longuet…

Isolé.es, les chouettes hiboux? Pas vraiment. Pendant que les poulets du docteur Abidou s’usent les pattes autour de la Maison de Résisance et du Bois Lejuc, on observe une belle recrudescence d’actions antinucléaires parisiennes. Après l’enfarinage (sublime) du directeur de l’Andra le 13 juin, c’est cette fois tout un « forum mondial du nucléaire durable » (sic), en plein sixième arrondissement, qui a été perturbé le 12 juillet en soutien à Bure et au Bois Lejus. Notre bien aimé sénateur Gerard Longuet, ancien membre du mouvement d’extrême-droite Occident et fervent soutien de Cigéo, a d’ailleurs fait partie des premiers visés. Nous avons reçu un second récit de cette action, que nous publions ci-dessous : il complète et précise celui publié sur Paris-Lutte Info !

Le jour le plus Longuet

Un colloque intitulé « Un nucléaire soutenable » était organisé le 12 juillet à la mairie du 6ème arrondissement de Paris dans le cadre du – tenez vous bien – « Forum Mondial du développement durable », par la revue Passages. Cette revue, qui souhaite « en appeler plus à la raison qu’au militantisme » et défend « les énergies décarbonées, du nucléaire au renouvelable » doit facilement trouver des entreprises prêtes à lâcher les 1100 euros (sic) d’abonnement annuel.

Ce colloque avait invité un panel prestigieux de pontes de l’atome : Pierre-Marie Abadie, directeur de l’ANDRA, dont le regard bas et inquiet scrutait la salle pour repérer d’éventuels sacs de farine suite à une précédente mésaventure ; Brice Lalonde, ancien ministre et écologiste à vélo devenu ardent promoteur du nucléaire ; de nombreux directeurs, secrétaires généraux, administrateurs et ingénieurs en tout genre, du CEA, d’EDF, d’AREVA, de l’armée etc. En prime, quelques médecins et universitaires pour orner le tout d’un vernis de pensée profonde et d’humanisme. Enfin, le sénateur de la Meuse était visiblement l’invité le plus désiré de la journée, puisqu’il fut un peu longuet à arriver. Il a fallu attendre 15h pour qu’il puisse profiter de notre présence à ce colloque. Jusqu’à ce moment là, nous avons donc dû écouter ce que ces gens avaient à dire, en nous retenant d’exprimer, verbalement ou physiquement, ce que nous pensions de leurs propos.

(suite…)

14 juillet: No table is illegal

Petit retour de la soirée burienne du 14 juillet

Une fête à la peau lisse

L’air était doux en ce soir de 14 juillet, et les habitant.e.s de la maison de résistance, accompagnées de leurs voisin.e.s venues de tous les villages alentours, ainsi que les cyclistes de passage de l’écotopia biketour festoyaient gaiement, fêtant les récents revers de Cigéo et la joie d’être ensemble.

C’est l’indisposition causée par le passage de 3856ème patrouille de police de la journée, rappel de l’intimidation constante que constitue l’état de militarisation du territoire, qui pousse alors les convives à installer leur table sur la chaussée flambante neuve en face de la maison de résistance, pour y banqueter dans l’allégresse et proposer aux prochaines patrouilles un itinéraire alternatif. Après manger, une partie de foot improvisée fut interrompue par deux gendarmes, demandant instamment de bouger la table, qui « gênerait les déplacements sur la voie publique. » Après leur avoir opposé un refus cordial mais ferme, assurant que nous écarterions la table pour laisser passer les tracteurs et moissonneuses (promesse tenue avec assiduité et célérité tout au cours de la soirée) , la fête se poursuivit tranquillement avec une partie de bowling-pétanque, alors que la patrouille suivante contournait la maison, provoquant quelques rires.

 

La coupure Dubois

(suite…)

Récit de la confrontation du mardi 23 mai à Barricade Nord

Bure, 10h30 : un appel téléphonique et un épais nuage noir à l’horizon nous signalent qu’une barricade du bois Lejuc est en feu ; la police est à Vigie Sud. Nous nous équipons en vitesse, puis partons en courant ou en vélo pour rejoindre nos ami-e-s qui résistent.

Les hiboux ont enflammé une barricade devant Vigie Sud pour dissuader les gendarmes d’aller plus loin.

En approchant de Vigie Sud, nous constatons que la quinzaine de gendarmes – deux fourgons et trois voitures – est repartie, les hiboux sur place ont défié le coup de pression. La barricade la plus avancée vers la route n’a pas fini de brûler, qu’ielles sont déjà en train d’en faire une nouvelle, bravo les ami-es ! Pensant que l’escouade ira à Barricade Nord, nous nous y rendons massivement pendant que des copain-ines restent là au cas où les forces du désordre reviendraient. (suite…)

Fil info mai 2017

Dimanche 28 mai

Goûter en forêt à 16h avec le voisinage. Quelques contrôles de gendarmes dans l’après-midi au niveau du carrefour de Mandres, notamment envers des habitant.es de Mandres (une voisine de plus de 80 ans a du rechercher ses papiers chez elle alors qu’elle était à pieds en direction du bois). Une nouvelle démonstration de l’intimidation bête et mesquine de la préfecture de police.

Samedi 27 mai

Projection du film Pas Res Nos Aresta et discussion ce soir à la Maison de Résistance autour de la lutte de l’Amassada contre un projet de transformateur électrique en Aveyron avec les ami.es de là-bas venu.es nous en parler.

Vendredi 26 mai

Gérard Wecker Beaux-Arts Moselle

Bure est prise dans une belle effervescence ces jours-ci, on prépare les rencontres anticarcérales des 16-18 juin, avec pas mal de réponses positives déjà du côté des invités. On s’active aussi pas mal autour de la préparation de la semaine d’action du 19 au 26 juin, avec un tournage de petit film d’annonce, des chantiers en forêt et d’innombrables réunions de préparation.

La vie quotidienne poursuit son cours dans les potagers, on fait les foins et du bois avec le voisinage. Certain.es d’entre nous s’invitent ici et là dans les fêtes de villages environnants. Avec la chaleur et le soleil, baignades et soirées autour du feu en chansons et rires sont de retour. La vie est douce ces jours-ci, quand elle n’est pas rythmée par les pales des hélicos et les rondes de gendarmes.

Mardi 23 mai, provocation policière aux barricades du Bois Lejuc

11h20 : suite à un court face à face des ami.es veillant sur la barricade nord, avec une quinzaine de gendarmes mobiles accompagnés du Commandant d’escadron Bruno Dubois, ce dernier fait retirer ses troupes mais avertit que la pression policière se poursuivra. Il lui a été rappelé que de nouveaux recours viennent d’être déposés pour le Bois Lejuc. (suite…)

Nous n’avions plus peur

Ce texte est un récit situé de la journée du 18 mai, entre Bure et Mandres-en-Barois (Meuse), l’épicentre de la contestation autour du bois Lejuc. Le 18 mai a eu lieu un nouveau vote du conseil municipal de Mandres pour confirmer la spoliation du bois communal au profit de l’Andra et de son projet démentiel de cimetière radioactif.

Mandres sous état de siège

En 2013, les habitant-e-s de Mandres ont affirmé par référendum ne pas vouloir se séparer de leur bois communal (le bois Lejuc), malgré les promesses mirobolantes que l’Andra offrait en échange. En 2015, le maire et son conseil forcent malgré tout l’échange du bois, dans des conditions qui, même dans le cadre du fantoche « État de droit », ne valaient pas grand-chose. En avril dernier la justice administrative reconnaît certaines des irrégularités de ce premier vote, ce qui contraint la Mairie à en faire un nouveau. C’est contre celui-ci que nous avons marché jeudi 18 mai.

Nous avons voulu quelque chose de plutôt festif et carnavalesque. Ça changeait du noir un peu lassant des manifs et qui ne correspond pas trop au terrain. Et puis la dérision, ça rappelle aussi la grotesque absurdité de ce vote où six ou sept conseillers municipaux comptent engager l’avenir d’un territoire (ou plutôt son absence d’avenir…). L’idée était d’abord de faire un repas en fanfare devant la mairie pour contester la tenue du conseil. Et si la situation s’y prêtait, on espérait bloquer les entrées de la mairie pour empêcher la mascarade (pseudo/anti-)démocratique de jouer sa partition.

Mais voilà, Mandres-en-Barois, ce village de 130 habitants du sud-Meuse, était complètement quadrillé, accaparé, infesté de flics. Même si on s’y attendait à moitié, entrer dans un petit village où t’attend une centaine de Gendarmes mobiles, où les rues autour de la mairie sont bouchées par des grilles anti-émeutes, ça fait tout drôle… Imaginez une « zone rouge » de sommet international en version miniature, au fin fond de la campagne française. Au coeur des métropoles capitalistes, ça devient une habitude, un tel siège policier (et ça l’était bien plus tôt dans les quartiers populaires). Mais dans ce tout petit village, il n’y a rien d’autre hormis les maisons privées qu’un lavoir et un garage… Alors voilà, notre petit cortège musical arrive et il n’y a presque pas âme qui vive dehors. Rien que des robots bleus qui occupent le village et semblent dire : ce soir, il ne doit rien se passer. Ils espéraient que par leur simple présence, ils réussiraient non seulement à décourager et intimider tou-tes les villageois-es, mais aussi à nous construire comme une menace qu’ils auraient pour mission de conjurer. (suite…)