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Témoignage de l’expulsion de la cabane du grand chêne à 25 m de hauteur

Nous avons été réveillé.e.s par un coup de téléphone à 6h30 du matin. Il faisait encore nuit mais par terre à 25 mètres en dessous de nous on voyait des lumières. On s’est demandé si c’était des copain.e.s mais les projecteurs éclairaient la cabane, il faisait clair comme en plein jour, ce ne pouvait être que des gendarmes. Au téléphone, la même nouvelle est confirmée, vigie sud, vigie sud est et barricade nord sont cernées et envahies par les militaires.

Quand le soleil s’est levé on a vu une vingtaine de gendarmes en dessous de notre arbre. Parmi eux, deux gradés. Nous sommes sorti.e.s sur les branches pour avoir une meilleure vue, on restait en contact avec les copain.e.s en dehors du bois grâce au téléphone. On s’est fait du thé et  et on s’est dit qu’on allait rester là des semaines. Il faisait moins 2 dans la cabane mais on avait de bonnes couvertures et beaucoup de nourriture ! De quoi tenir un siège !

Malheureusement tout est allé beaucoup plus vite. Vers 8 h, il y a eu la relève de l’équipe de gendarmes et peu après des militaires spécialisés dans la grimpe, ils ont d’abord lancé une corde sur une arbre qui était connecté au nôtre par une tyrolienne. Un gendarme est monté et a voulu couper la tyrolienne. Mais en se mettant sur la tyrolienne de l’autre côté, et après quelques échanges tendus où les gendarmes se rendaient bien compte du risque qu’ils nous faisaient encourir, ils ont abandonné l’idée.

Déçus de leur défaite, ils se sont rabattus vers un autre arbre relié par le pont de singe et ont déployé un long bras qui était sans doute un sécateur télescopique pour couper les cordes.  A nouveau, l’un.e de nous s’est mis dessus. Une deuxième équipe a entrepris de lancer leur corde directement sur le grand chêne avec une catapulte.

Ils ont aussi pointé leurs armes contre nous en disant qu’ils pouvaient tirer si on bougeait ou si on s’approchait de leur matériel. L’un.e d’entre nous toujours sur le pont singe était visé.e mais malgré les menaces et la tension, ille est retourné.e dans la cabane où nous nous sommes retrouvé.e.s.

On a masqué toute les fenêtres laissant les gendarmes dans le doute de ce qu’il se passait à l’intérieur. On a attendu longtemps, on s’est demandé si on se mettait nu ou pas.  Nu, ça avait aussi un sens, une occupation c’est de mettre son corps face à la machine, c’est de défendre la vie, montrer notre vulnérabilité et mettre les gendarmes face à leur violence. Finalement on s’est dit qu’ils allaient rien comprendre et il faisait quand même moins 2 degrés !

On a opté pour quelque chose de plus didactique. On a fait chauffer de l’eau, on a ouvert des biscuits et une tablette de chocolat. On s’est donné de la force l’un à l’autre. Les gendarmes sont arrivés sur la plateforme, devant la porte.

– Madame monsieur on va rentrer !

– Faites comme tout le monde toquez !

Le gendarme était seul et un peu gêné, il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il a ouvert la porte, il semblait décontenancé par la situation et a commenté la beauté du lieu. Assez ironique vu la raison de sa visite…  S’en est suivi une conversation de plus d’une heure qu’on peut vous épargner, on en garde  juste quelques pépites :

– Chacun a ses convictions mais tout le monde fait son travail. Par contre pour changer les choses il faut tout changer d’un coup

-Vous êtes pour la révolution alors ? Silence. Fermez la porte et coupez la corde !

Malheureusement, il n’est pas allé au bout de ses propos et un de ses collègues est arrivé. On leur a donné l’ordre de nous faire descendre. Il a obéi et a coupé court à la discussion. On a pris nos affaires personnelles et ils nous ont accrochés les bras dans le dos. Puis on a été descendu. A terre, on a subi un contrôle d’identité. Ils ont enchainé les blagues mesquines sur la destruction de notre maison. Ils jetaient du haut les couvertures qui explosaient dans un nuage de plume. Un gendarme ricane  » on dirait un oiseau mort ». Un autre sac s’écrase au sol dans un bruit de verre cassé.

Nous n’étions pas les seuls habitants du grand chêne. Un loir hibernait dans notre maison. Nous n’imaginons pas son réveil.

Les gendarmes pensent avoir détruit une simple cabane aujourd’hui. Ils obéissent aux ordres. En fait, par l’enfouissement des déchets les plus toxiques sous les racines du grand chêne, c’est toute une région et pour l’éternité qu’ils condamnent.

Appel à matos prioritaire suite à l’expulsion

Salut, si tu viens amène en priorité :

  • Couvertures +++++
  • Téléphones fonctionnant en 3G (la 2G ne marche plus ici) : urgent !!
  • Appareils photo
  • Frontales et lampes (type spot maglight, etc.)
  • Piles AAA et chargeurs de piles
  • Matos d’escalade (baudriers, corde, petit matériel)
  • Bouffe : café, chocolat, noix et fruits secs en « rations », biscuits
  • Chaussettes chaudes, collants, et de manière générale des vetements chauds et moins chauds.
  • Thermos
  • Matelas
  • Bâches
  • Outils de toutes sortes
  • Plateformes pré-construites
  • (en option) Petite voiture téléguidée sns fil
  • Papier Toilette

TOUT CE QUE TU IMAGINES QU’ON A BESOIN, CE DONT VOUS AVEZ BESOIN POUR CE QUE VOUS VOULEZ FAIRE.

Si t’as encore de la place, regarde un peu la liste de matos générale

Lettre ouverte à M.Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire

Monsieur,

Mardi 20 février 2018, nous avons appris votre déplacement de deux jours sur le site de Bure. Mercredi 21 février 2018, nous avons pris fortuitement connaissance que vous rencontriez les associations d’opposant.es et d’élus ce vendredi de 9h à 10h30 en préfecture de Bar le Duc, par l’intermédiaire d’un communiqué/planning envoyé aux rédactions des médias. Quelques associations ont été contactées en effet, mais seulement en fin de journée.
Nous avons fait l’effort de répondre positivement à cette demande, malgré ces manières cavalières et le peu d’espoir que suscitait une rencontre aussi tardivement préparée et sans ordre du jour.
Ce jeudi 22 février à 6h du matin, les « Hiboux de Bure » ont du affronter 500 gardes mobiles, venus les déloger sans sommation, au bois Lejuc, sur leurs lieux de vie. La maison de résistance de Bure a fait elle aussi l’objet d’une nouvelle effraction policière.

Etiez-vous au courant de cette opération musclée, qui accompagne votre visite de façon si peu glorieuse, crédible, honorable ? Opération filmée, dont les images passent en boucle sur les médias, preuve que tout était bien anticipé, et que la propagande est plus importante que l’information…

Qui pilote l’avion ? Qui décide quoi ?
Intérieur et Transition écologique ou Intérieur contre Transition écologique ?

Du côté du ministre de l’Intérieur, celui-ci a clairement annoncé la couleur : répression aveugle et sans concession, au nom de l’Etat de droit. Même si il s’agit de conforter une agence de gestion des déchets radioactifs dont la présence dans ce Bois Lejuc est contestée devant les tribunaux (4 recours juridiques en attente). Même si l’on sait que le projet Cigéo est un désastre technologique, financier et sociétal annoncé.
Ce ministre a tenu, le jour de votre visite, à montrer les dents et à affirmer son mépris total de toute concertation. Cette opération de communication de grande ampleur met en danger la liberté d’expression et de contestation dans ce pays. C’est la leçon que l’Etat veut faire passer. Vous aussi ?

Qu’en est-il de la position de Nicolas Hulot, en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire, membre de ce gouvernement ; en tant qu’homme soucieux de l’avenir de la planète ?

Vous ne nous rencontrerez pas demain vendredi, car il ne peut plus être question comme annoncé, de volonté de concertation, ni de reprendre le dialogue dans ce lourd dossier Cigéo. 

Que vous soyez pour ou contre cette opération de communication opérée sur le compte d’une opposition juste, légitime et inébranlable depuis trois décennies, sachez que l’Etat vient d’envoyer un signal d’une brutalité inouïe, indigne d’un Etat de droit, qui présage tout le contraire.

Expulser les acteurs d’une cause juste est un acte d’une gravité certaine, qui ne peut éteindre, soyez-en assuré, la contestation.

Nous espérons que vous en saisirez, à temps, toute l’importance.

Le 22 février 2018

Les associations d’opposant.es citoyen.nes et élu.es : Burestop55, Bure Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE,
et des Hiboux de Bure

Liste des rassemblements après l’expulsion !

Svp envoyez vos rassemblements à l’adresse burepartout at riseup.net ou sauvonslaforet at riseup.net ! On essaie d’actualiser les listes et les rendez-vous au plus vite ! N’hésitez pas à nous envoyer des photos, des textes, des commnuniqués qu’on pourra publier par la suite !

Beaucoup de rassemblement partout en France et ailleurs ! Ca fait chaud au coeur.

 

  • à Bar-le-Duc, rassemblement devant la préfecture, à 18h, Conférence de presse prévue là-bas à 18h également (à confirmer).
  • à Paris, 18h30 place Saint-Michel, https://devnull/events/1893293687411055
  • à Nantes, 18h, devant la Préfecture
  • À Saint-Nazaire à 18h devant la sous-préfecture
  • À Blois devant la Préfecture à 18h
  • À Toulouse à 18h devant la Pref
  • À Rouen à 18h devant la Pref
  • À Nîmes à 18h devant la Préfecture
  • À à Fougères à 18h devant la sous-préfecture
  • À Lyon à 18h devant la Préfecture, https://devnull/NDDL69/
  • Au Puy-en-Velay à 18h devant la Pref,
  • À Longwy à 18h devant la permanence du député 17 route nationale Villers-la-Montagne
  • À Quimper à 18h devant la Préfecture
  • À Épinal, 18h, devant la Préfecture
  • À Dijon, 18h, place du Bareuzai
  • À Limoges, 18h, place de la Préfecture 
  • À Grenoble, 18h, devant la Préfecture ; entre 80 et 100 personnes se sont rassemblées, lecture de la lettre ouverte à Lecornu
  • À Lille, 18h, place de la République devant la Préfecture
  • À Saint-Brieuc, 18h, rassemblement place de la Préfecture
  • Châteaubriand (44), rassemblement devant la sous-préfecture, 14 rue des Vauzelles
  • Tours, 18h, place Jean Jaurès
  • Poitiers (86), 18h, rassemblement devant la Préfecture
  • Agen, 18h, rassemblement devant la Préfecture (adresse à confirmer)
  • Autriche, Vienne, 18h, rassemblement devant l’Ambassade
  • Belfort, 18h devant la préfecture
  • Chambéry, 18h, devant la préfecture, Trois générations sont venues soutenir les hiboux du Bois. Un appel a été lancé pour converger vers Bure et former un comité de soutien en Savoie
  • Troyes, 18h, devant la Préfecture à Troyes
  • Orléans, 18h devant la préfecture
  • Bourges, 18h devant la préfecture
  • Montargis, 18h devant la préfecture
  • Lorient, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
  • La-Roche-sur-Yon, 18h, rassemblement devant la Préfecture
  • Strasbourg, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture 
  • Colmar, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
  • Mulhouse, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
  • Loches, 18h, appel à rassemblement devant la Maison d’État
  • Gap, 18h, devant la Préfecture
  • Bayonne, 18h, devant la Préfecture
  • Mâcon, 18h, devant la Préfecture
  • Évreux, 18h, devant la Préfecture

ACTUALISATION À 13H

  • Châlons-en-Champagne, 18h15 rassemblement devant la Préfecture
  • Valence, 18h, rassemblement devant la Préfecture
  • Albi (81), 18h, rassemblement devant la Pref
  • Millau (12), 18h, rassemblement devant la Pref
  • Angers, 18h, rendez-vous au Château, contact : soutien-bure49@lists.riseup.net 
  • Metz, 18h, devant la préfecture
  • Bordeaux, 18h, 2 place de l’esplanade (Préfecture)
  • Besançon, 18h, place de la Préfecture
  • Vannes, 18h, rassemblement de soutien devant la Préfecture  
  • Montpellier, 18h, rassemblement place de la Préfecture, 34 place des Martyrs de la Résistance https://devnull/events/215925415637447/
  • Coutances, 18h30, Hôtel de Ville
  • Reims, 18h, rassemblement sous-Préfecture
  • Redon, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • Alès, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • Laon (Aisne), 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • Foix (09), 18, rassemblement devant la Préfecture
    • Oloron-Sainte-Marie (84), rassemblement devant la sous-Préfecture
    • Châlons-sur-Saône (71), 18h, devant la sous-Préfecture
    • Auxerre, 18h, rassemblement devant la Préfecture https://yonnelautre.fr/spip.php?article13476
    • Saint Gaudens (31), 18h devant la sous Préfecture
    • Clermont Ferrand (63), 18h30 devant la Préfecture
    • Chaumont (52), 18h devant la Préfecture
    • Bruxelles, Belgique, 19h, rassemblement devant l’ambassade
    • Bressuire (79), 19h, devant la sous-préfecture 
    • Evreux, 18h, rassemblement devant la Préfecture
    • Rodez, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • La Rochelle, 19h, rassemblement devant la Préfecture

    EXPULSION BOIS LEJUC

    Premier fil info commencé juste après l’expulsion : fil info continu des événements

    Articles d’infos du 22 février au 1er mars environ : communiqué des hiboux 22 février à 11h / une cabane de nouveau occupée le 23 février à 7h / bilan anti-répression des 22 et 23 février / nouveau coup de pression à la Maison de Résistance le 24 février / nouvelle expulsion en cours le 24 février / J+3 après la tentative d’expulsion du bois Lejuc / topo sur les actions juridiques en cours / J+4 après la tentative d’expulsion du bois / promenades sous escorte en forêt l’après-midi du lundi 26 février / J+5 après la tentative d’expulsion du bois / 28 Février J + 6 après début d’expulsion du bois / Perte de la cabane du comité Dijon

    Appels publiés suite à l’expulsion : appel à rassemblements / appel à matos prioritaire suite à l’expulsion / appel à venir au WE intercomités

    Témoignages : témoignage de destruction de la barricade nord le 22 février / témoignage de l’expulsion du grand chêne le 22 février / photos de l’expulsion d’une cabane le 24 février au matin / témoignage d’un hibou sur le 22 février à BZL / vidéo de la journée du 22 février

    Emissions Ziradio : podcast 5 / podcast 5bis

    Arrêtés préfectoraux : Arrêté régulant la circulation aux abords du bois Lejuc / Arrêté concernant le transport de matériel aux alentours de Bure et Mandres-en-Barrois / Arrêté des hiboux invitant à circulation massive aux abords du bois / Quatre nouveaux arrêtés / Une réflexion sur les arrêtés

    Articles d’infos du week-end inter-comités du 3/4 mars : Fil info du 3 mars / Texte exprimé lors de la manifestation du 3 mars / Fil info du 4 mars / Vidéo sur la communication de la gendarmerie lors de la manif du 3 mars / Fil info du lundi 5 mars / Fil info du mardi 6 mars (bilan répression)

    N° legal team pour signaler violences policières ou arrestation : 07 53 28 29 44

    Contact presse : automedia.bure@riseup.net

    Expulsion de la forêt – destruction de la barricade Nord

    Témoignage de hiboux qui ont assisté à la destruction de la barricade nord.

    Quand on est arrivés au niveau de la barricade, vers 9h du matin, le dispositif policier était en place, le bulldozer était démarré mais la destruction n’avait pas encore commencé. A notre arrivée ils ont éteint leur machine et s’en est suivi un long face à face entre nous et les flics. Au bout de 20 minutes de ce face à face, d’autres véhicules de police sont arrivés en renfort et ils ont remis en route la machine de destruction. Alors, on s’est postés au plus près de la barricade. On ne pouvait rien faire d’autre que de faire face, le coeur serré, sans croire ce qu’on voyait – et prendre un maximum d’images. On n’a pas pu prendre une vidéo de la destruction de la cuisine du Futur, faute de place dans l’appareil photo. Elle s’est effondrée avec une majesté incroyable,  sa boule à facette a tenu le coup.

    On a pas vraiment de mots pour décrire ce qu’on a ressenti et ce que représente la destruction de ce lieu qu’on a tant aimé.

    D’autres photos et vidéos viendront.

    On tient le coup.

     

    Perquisition en Wendland (Allemagne) à cause d’une affiche YPG/YPJ

    Le 20 février, à 9 heures la maison de la résistance de Meuchefitz (Wendland/Département Luechow-Dannenberg) a été perquisitionnée par mandat de perquisition par la police. Ce mandat, établi le 2 février se dirige vers une personne accusée. Une équipe de policiers cagoulés et équipés de mitrailleuses a saisi une affiche qui a été accrocher sur la façade de la maison et sur laquelle il y’avait écrit sous le titre, « Afrin tiens bon! » : « Troupes turques et armes allemandes assassinent à Rojava ! Vive YPJ/YPG ! ». Les noms des deux unités ont été écrits sur un fond rouge-jaune-vert. Tous les invités présents devaient passer par un contrôle d’identité, dont une famille et des enfants. Un emplacement adjacent de camping a été entouré. Pendant une courte période les habitants étaient interdits de quitter l’emplacement. Les plaques d’immatriculation de toutes les voitures garées ont été notées par la police.

    Dans le mandat de perquisition il est dit que le PYD (parti de l’union démocratique) dont le YPG (unités de protection du peuple) et le YPJ (unités de protection de la femme) forment le bras militaire seraient une sous-organisation dépendant du parti interdit PKK. C’est pourquoi le YPG serait également inclus dans l’interdiction.

    La coordination des associations kurdes en Allemagne, Nav-Dem, a été interdite de manifester à Cologne avec une argumentation semblable. Les responsables ont été informés que Nav-Dem serait l’organisation qui succède au PKK, étant interdit en Allemagne. Ni nouvel arrêté du ministère de l’intérieur ni une ordonnance de tribunal existent pour l’instant.

    Cette démonstration de force s’inscrit dans une série d’évènements qu’il y a eu ces dernières semaines dans le département : Passages réguliers de flics à Meuchefitz et tentative de mettre des gens sous pression pour diviser la résistance.

    Le 27 Janvier on a manifesté contre l’invasion de la Turquie à Afrin, quelques jours après un comité de résistance a été fondé.

    Vive le YPG/YPJ ! Venez à la manif aujourd’hui (20/02) à 17 heures sur la place du marché Luechow.

    Déclaration de Christian à son procès le 13 février

    Nos deux amis poursuivis pour avoir participé à la manifestation du 15 aout 2016 qui a vu voler en éclat un kilomètre du mur de l’Andra risquent 4 à 5 mois de prison avec sursis. L’Andra demande également une amende de 12 000 euros. Le rendu sera donné le 10 avril. Plusieurs messages de soutien nous sont parvenus de partout en France. 

    Voici la déclaration de Christian au tribunal :

    « Monsieur le Juge, je n’ai jamais aimé et je n’aime pas les projecteurs. Monsieur le procureur me contraint à la lumière. En gendarmerie de Commercy, le 21 novembre 2016, je n’avais rien à déclarer. Aujourd’hui, c’est mardi-gras. Je ne me déguise pas, je me mets à nu. 

    Accusé d’avoir dégradé ou détérioré volontairement un mur appartenant à l’Andra à Mandres en Barrois, je dis non, je n’en suis pas coupable. Oui j’étais dans le bois Lejuc, le week-end du 15 aout 2016, mais je n’ai pas détérioré le mur. Je suis pourtant solidaire de cette action et fier du résultat. 

    Car ce mur qui s’est inquiété du droit de l’Andra à le construire ? Qui a ordonné aux gendarmes mobiles de protéger sa construction ?

    Oui, nous étions dans la forêt, abandonnée par les vigiles puis par les gendarmes, le samedi 13 aout, suite à notre dénonciation de l’illégalité du saccage du bois, et suite au jugement de défrichement illégal puis de la construction illégale du mur du 1er aout 2016. 

    D’ailleurs l’Andra est elle réellement propriétaire du bois Lejuc ? Pourquoi cette affaire traîne-t-elle autant, alors que de nombreux procès, conséquents à cette histoire, nous tombent dessus et nous condamnent ? 

    Oui, j’étais dans la forêt et pas par hasard. Alors que je n’aurai sans doute jamais dû connaître ce coin de Bure. Pour me retrouver face à ce mur il a fallu qu’un jour de décembre 1993, je tombe sur la Une de l’Est Républicain informant que la Meuse était candidate à l’un des laboratoires souterrains destinés à étudier les formations géologiques profondes où seraient susceptibles d’être stockés ou entreposés les déchets radioactifs à haute activité et vie longue. Cette candidature était signée par les 31 conseillers généraux meusiens. Il a fallu que je m’informe dans une réunion à Verdun, proposée par des associatifs, sur ce fait accompli. 

    La Meuse n’a-t-elle déjà assez de tombes, qu’il lui fallut en plus un tombeau radioactif ? 

    Je savais dès la création des centrales nucléaires, que le problème évincé était celui des déchets radioactifs. Je savais que des manifestations dans d’autres régions avaient refusé l’implantation directe d’une poubelle nucléaire HAVL-MAVL (haute activité à vie longue, moyenne activité à vie longue) et qu’un moratoire avait accouché de la loi Bataille 1991 qui introduisait le leurre d’un laboratoire de recherche pour étudier l’enfouissement en grande profondeur. 

    Je me souvenais aussi que le président du Conseil général Rémi Herment avait réagi en mettant en avant qu’utiliser l’espace souterrain pour le stockage des déchets nucléaires, c’est faire courir aux générations futures un risque dont nous ne pouvons mesurer aujourd’hui la portée. Il ajoutait toujours en séance du Sénat du 6 novembre 1991, «  on constate que le fait d’avoir été choisi ou d’être ultérieurement choisi comme dépotoir du pays fait naitre une frustration profonde ».

    Alors je ne comprenais pas cette trahison meusienne et comme j’étais meusien, je me devais d’y répondre et dépasser mon statut de simple opposant occasionnel depuis l’installation des réacteurs des années 1970. Alors j’ai connu Bure et j’y suis venu souvent. J’étais content d’œuvrer à notre Maison de Résistance pour bénéficier d’un abri. Je suis Meusien mais de l’extrême nord.

    J’ai même manifesté le 17 décembre 1994 à Chaumont contre le labo avec Dominique Voynet qui nous trahira à son tour en signant la construction du labo le 3 août 1999, en qualité de ministre de l’environnement. 

    Et maintenant CIGEO apparaît tout beau mais nous n’en voulons pas de ce tombeau radioactif pour plus de 100 000 ans tout comme Nicolas Hulot photographié disant Non à CIGEO. Espérer que l’argile saura confiner la radioactivité évadée des fûts et des alvéoles de béton, oui, c’est du domaine de la croyance et non de la science. Est-il éthique d’oublier nos déchets, de les abandonner au future ? 

    Pour les nucléocrates, c’est la solution qui permet de relancer un nouveau cycle d’électricité nucléaire en prolongeant nos réacteurs ou en développant l’EPR. On ne sait quoi faire des déchets radioactifs mais on veut toujours en continuer la production. La baignoire déborde, on éponge, on ne ferme pas le robinet.

    Je ne peux me résoudre à attendre un accident, à imaginer que Cattenom pète et que Thionville, Luxembourg et peut-être Metz soient rayées de la carte pour des années. En cas d’accident qui seront les plus gros aboyeurs ?

    Je viens de tout cela et ce mur portait tout cela. Il portait toute l’arrogance de l’Andra, les diverses trahisons.

    Il portait les 31 signataires des conseillers généraux meusiens et la lâcheté de 7/8 élus qui ont lâché le conseiller général Arsène Lux au moment de demander en séance plénière une rediscution de la signature du labo reconnaissant une procédure plutôt cavalière. 

    D’ailleurs ce dernier, Arsène Lux, se réveille et a pétitionne contre Bure et l’enfouissement en grande profondeur. 

    Le mur portait les 40 000 signatures recueilles dès septembre 1994 contre le labo puis les 60 000 autres signatures pour un référendum – des signatures physiques, il n’y avait pas internet à l’époque. Des signatures physiques immédiatement ignorées des Conseillers Généraux. Il portait les 101 signatures de médecins contre ce projet. 

    Le mur portait aussi la perturbation de nos vies, notre temps sacrifié sur nos deniers personnels, toute la pression policière et tous nos risques encourus, et sans oublier la mort de deux ouvriers sur le chantier et surtout Sébastien Briat happé par un train de déchets radioactifs le 7 novembre 2004 à Avricourt. Je n’oublie pas les nombreux et nombreuses ami.e.s de lutte déjà décéd.e.s ou épuisé.e.s 

    Alors comment ne pas être fier.e.s de sa chute, il était si lourd, ce mur ! 

    Pouvait-on à sa libération du 13 aout simplement s’asseoir et pique-niquer puis repartir ? On nous l’offrait illégal, fictif. Il suffisait de tirer, de pousser, il tombait et se cassait. Il alignait ses dalles en un cimetière de l’Andra et les noms des signataires, à mes yeux, s’y incrustaient stèle à stèle. 

    Bien sur, l’Andra réduit ce mur à une valeur marchande mais vaut-il plus que nos pas, nos heures, nos kilomètres, notre éthique…L’Andra nous invitait dans sa publicité pour les portes ouvertes du 25 septembre à trouver plus simple pour venir les voir que se hisser en haut du mur. N’a t-on pas trouvé plus simple ? 

    Oui j’étais dans le bois Lejuc. Je n’ai pas dégradé le mur mais je suis solidaire de sa chute. 

    Je ne regrette aucunement ces trois jours et je me souviens qu’ils purent finir dans l’horreur quand un gendarme décida , après arrêt, à fendre de nuit, notre groupe encore fort d’une centaine de personnes avec son véhicule sur l’étroite route menant de Bure à l’antenne. C’était le 15 aout 2016. 

    Je suis aussi accusé d’avoir refusé de me soumettre à mon prélèvement biologique. 

    Suite à une convocation pour une audition libre, je me suis rendu à Commercy le lundi 21 novembre 2016. Je n’avais rien à y déclarer. J’essayais de comprendre pourquoi j’étais là. J’ai trouvé bizarre que mon questionneur interpellât plusieurs fois son collègue sur ordinateur pour savoir s’il n’avait pas trouvé mieux. Il ne trouva pas mieux. Au final, j’ai compris quand mon interlocuteur me présenta des photos sensées me représenter et m’accuser. Ils avaient hésité. Ils doutaient. Au premier regard j’ai compris que ce n’était pas moi. Je ne déclarai rien. 

    J’appris que je devais passer aux prises d’empreintes, de photos et d’ADN. Etonné, après avis, j’acceptais toutefois de donner mes empreintes et de passer aux photos, je ne pensais pas ressentir si violemment ces expositions anthropométriques. Je me sentais jugé, au seuil de la cellule. Je regrettai mon consentement. Je ne voulais pas du prélèvement ADN, que je juge abusif et du domaine de l’intime, pas seulement de mi-même mais aussi du familial.

    Sur ces photos, ce n’était pas moi. Jamais je n’ai été vêtu comme cela. Connaissant les tiques du bois Lejuc je veillais à m’en protéger. Je devais être jambes et bras couverts et avec des chaussures de marche.

     Je n’étais pas coupable. Ma seule présence dans le bois Lejuc, suffisait-elle à justifier la prise d’ADN ? Je refusais d’entrer dans ce fichier particulier, qui résonne avec violeur, criminel, terroriste dans ma tête. Je quittais le bureau après deux heures d’audition. J’avais 15 jours pour me décider à ce prélèvement. Aux termes des deux semaines, je n’ai pas téléphoné.

    J’ai douté que l’Andra condamnée plusieurs fois ait accepté sa prise d’ADN, cette ANDRA invisible dont on ne connaît que les avocats, les publications et les vigiles. 

    Aujourd’hui encore Pierre-Marie Abadie, directeur général en exercice de l’Andra refuse de témoigner et de s’expliquer, se réfugiant encre derrière une possible amende de 3750 euros qui le libère de la justice. 

    Me voici donc aujourd’hui devant vous, toujours aussi étonné. Je n’ai pas dégradé le mur, j’en étais physiquement incapable. Je n’ai pas consenti au prélèvement ADN, parce que ce n’était pas moi sur les photos sensées m’accuser. Je ne veux pas être une erreur judiciaire. 

    Dans ma vie, j‘ai souvent payé au pris fort ma liberté. Là je défends ma fierté de dénoncer les agissements de l’Andra et depuis 24 ans, avec mes seules armes de citoyens, avec mes seuls droits. Là se joue notre fin de vie plus ou moins agréable. Sommes nous des malfaiteurs à nous soucier des générations futures, futures, futures… En refusant de leur léguer un tombeau nucléaire qui tombera dans l’oubli ? Je ne veux pas être une erreur judiciaire.

    Visite du secrétaire des 500 mètres sous terre

    Communiqué publié avant la venue du secrétaire d’Etat le 29 janvier : Lecornu n’achètera pas nos âmes

    *

    Récit de l’après-midi du 29 janvier :

    Mr.Lecornu, secrétaire d’état auprès de Nicolas Hulot, s’est rendu ce 29 janvier à l’ANDRA, pour déblatérer devant un public conquis d’élu.e.s et de journalistes accrédité.e.s, l’habituel discours consistant à présenter Cigéo comme la seule solution viable de gestion des déchets nucléaires. Une trentaine d’opposant.e.s tentèrent de porter un autre son de casserole mais furent repoussé.e.s par un nombre impressionnant (même selon les normes locales actuelles) de gendarmes mobiles. Quelques retours sur cette journée et les déclarations de notre secrétaire des tas d’ordures : (suite…)

    Appel à contribution pour un livre d’or de la chute du mur

    NOUS SOMMES TOUS.TES DES TOMBEUR.SE.S DE MUR !

     

    Le 13 février, deux amis passeront en procès au tribunal de Bar-le-Duc : ils sont accusés de la destruction du fameux mur de béton érigé par l’Andra autour de la forêt à l’été 2016. Quand on songe à la vague d’espoir et de joie, au sentiment profond d’unité et de force qui avaient accompagné ce moment historique, il est clair que nous ne pouvons pas ne pas réagir ! Nous sommes tous.tes des tombeurs de mur ! Des informations suivront donc bientôt sur ce procès scandaleux, et sur notre appel à mobilisation. Restez aux nouvelles sur vmc.camp !

    D’ici là, nous vous invitons à mettre à profit les 21 jours qui nous séparent de l’audience, en rédigeant ensemble un livre d’or de la chute du mur. En une phrase ou en dix pages, que vous ayez été là ce jour là ou non, partagez vos souvenirs, dites-nous ce que cela vous a inspiré, et envoyez vos contribution à livredordumur@riseup.net.

    Montrons leur que nous n’avons clairement pas vécu la même journée, ce 14 aout 2016, et que ce qu’ils voudraient réduire à une « déterioration » commise par deux personnes a en fait fait vibrer à l’unisson des centaines voire des milliers de personnes. Individus, collectifs ou associations, nous y étions tous et toutes, ou nous aurions voulu y être : faisons-nous entendre !

    On compte sur vous !

    Des chouettes hiboux.